mardi 29 octobre 2019

Je me suis fort réjoui des frères qui sont venus (3Jn 3)

ἐχάρην γὰρ λίαν ἐρχομένων ἀδελφῶν
echarèn gar lian erchoménôn adelphôn

Chers amis,
En effet, j’ai vu beaucoup de monde !
Vendredi matin, comme à l’accoutumée, j’ai célébré la messe à l’Ecce Homo. J’y ai retrouvé Arnaud, Julie et leurs deux enfants Manon et Louis. Vous devez vous souvenir de Manon que j’ai baptisée dans le Jourdain, il y a trois ans et demi. C’est maintenant une grande petite fille de presque quatre ans et son petit frère Louis en a deux.
D’abord, je les ai accueillis au Collège pour admirer le panorama et prendre ses repères. Puis nous sommes allés tranquillement au Cénacle, où il n’y avait pas trop de monde. Enfin, en ce moment, il ne faut pas être difficile sur les foules. Octobre est un des mois les plus fréquentés : il n’y fait plus les températures infernales de l’été et on peut encore espérer échapper à la pluie… Ensuite, petit à petit, nous sommes allés au Saint-Sépulcre. Horreur ! Pour monter au Golgotha, il y avait la queue dès la grande porte de la basilique… Nous avons donc pris notre mal en patience qui fut donc récompensée par un bref passage sous l’autel orthodoxe d’où l’on peut toucher le rocher du Calvaire.
Puis nous avons fait le tour de la basilique pour un autre type de “sanctuaire” mais il n’était plus temps de faire la queue pour la tombe : au moins une heure. En plus, les enfants étaient bien fatigués. Nous sommes donc sortis en regardant à travers l’entrée de la tombe.
Puis, un hummus chez Lina, le meilleur de la Vieille Ville mais peu connu des touristes car la devanture n’est pas très engageante. On s’est refait une santé avant de sortir (il avait plus entre temps !). Nous nous sommes dirigés vers Gethsémani, où curieusement les foules avaient disparu. Pas grand monde. Nous avons un peu prié dans la basilique sans pouvoir nous approcher du rocher dans le chœur, occupé par un groupe de religieuse qui assistaient à la messe.
Puis montée au Dominus Flevit. Je croyais que cela fermait à 17 heures mais en fait, on a pu jouer les prolongations, devant la jolie vue, les belles couleurs du soir et surtout un calme ! Tout le monde devait être au Saint-Sépulcre… On a même pu prendre LA photo du Dominus Flevit sans pèlerin-touriste devant la fenêtre.
Dominus Flevit, 25 octobre 2019, 17 h 31...
Retour à l’Ecce Homo où mes amis logeaient pour un temps de discussion sur la terrasse avec le jour qui baissait. Puis repas chez Basti, un restaurant pas cher, formaté touristes… Il se trouve au croisement devant la IIIe et la IVe stations du chemin de Croix. Juste en face, il y a un piquet de police qui assure la surveillance et la sécurité. Julie, habituée aux théâtres de crise, m’a fait remarquer que spontanément, elle n’allait jamais dans des restos près des lieux exposés. De fait, une énorme voiture de police s’est garée devant la terrasse et on a vu sortir le gars avec sa mallette de prélèvement, les gants en caoutchouc et tout le tintouin, dans le genre Les Experts : Jérusalem.
Une fois sortis de table, nous avons jeté un coup d’œil. Le bonhomme s’occupait d’un scooter garé contre l’abri des policiers. Il avait mis de la poudre à empreinte partout et faisait ses prélèvements.
Passage à la porte de Damas, puis recherche d’un distributeur de billets, denrée rare côté est mais inopérante côté ouest pour cause de shabbat. Puis mes amis m’ont ramené à la porte Neuve (le but était de crever les enfants pour qu’ils ne se réveillent pas trop tôt le lendemain matin !).
Samedi matin, matinée à la bibliothèque, puis j’ai travaillé un peu l’après-midi avant d’aller me balader. Il a plu toute l’après-midi (11 mm).
Dimanche, une sorte de grasse mat' insatisfaisante à cause de ce fichu changement d'horaire, qui va faire se coucher le soleil avant 17 h, amis neurasthéniques, réjouissez-vous !
Dimanche, dernier d’octobre, c’était la solennité de Notre-Dame, reine de Palestine, patronne principale du patriarcat latin. Avec les Frères, nous y sommes allés en voiture. Il y avait pas mal de monde cette année. J’ai retrouvé quelques têtes connues, dont le P. Voltaggio, supérieur du séminaire Redemptoris Mater de Galilée. La messe de conclut par une procession qui est toujours un peu “décousue”…
Après la messe, retour à Jérusalem. Nous avions évoqué l’idée d’un pique-nique mais la menace de pluie nous en a dissuadés même si elle ne s’est pas réalisée. Cela m’a permis une bonne sieste avant d’aller au Cénacle retrouver le groupe de paroissiens de Lattes (la paroisse de mes parents). Ils avaient la messe. Je retrouve des têtes connues, dont celles des deux prêtres de la paroisse et celle de Christine, la cousine de mon père, et son mari Henri. A l’improvisade, je fais au groupe un topo sur mon travail de thèse et les manuscrits de la mer Morte. J’ai cru comprendre que leur guide n’est pas tout à fait à la hauteur. Puis nous sommes rentrés à pied à leur hôtel qui se trouve complètement de l’autre côté de la Vieille Ville. Passage à travers le quartier juif, pour moi retour sur le parking récupérer une “brebis égarée”, traversée du souk avec quelques emplettes. Nous admirons la porte de Damas et arrivons à l’hôtel. Je mange avec le groupe.
En rentrant au Collège, je retrouve Rémi et nous nous faisons Les Visiteurs, bons souvenirs.
Lundi matin, bibliothèque. L’après-midi, j’ai un peu travaillé avant d’aller au Saint-Sépulcre, où l’on se serait cru sur un quai de gare un jour de départ en vacances où les cheminots ont décidé une grève-surprise. Des gens partout, hurlant, se bousculant… J’ai contourné le tout pour aller à la chapelle de Marie-Madeleine, devant la sacristie. Le groupe de Montpellier se joignait à un groupe de Versaillais pour la messe de la résurrection. Jolie messe avec pas moins de six prêtres !
Après la messe, j’ai réussi à confier des bouquins à ramener en France à quelques membres du groupe bien gentils ! Ensuite, avec Henri et Christine, nous sommes allés manger “en ville”. Je voulais aller chez Rossini mais c’était fermé ! Tant pis, nous sommes allés dans la même rue chez Nafoura. Nous avons bien mangé mais Rossini propose des spécialités locales alors que Nafoura, c’est un peu standardisé. À peine étions-nous installés que je vois arriver une famille française (ça se voyait comme le nez au milieu du visage !) et un prêtre… C’était Henri qui accompagnait cette famille d’amis pour ses quinze ans de sacerdoce et leurs quinze ans de mariage !
Après le repas, nous avons discuté un peu dans la rue. Puis je suis rentré à la maison… Bonne nuit de repos !
Ce mardi, une drôle de journée à travailler... La veille j'avais emporté à la maison quelques feuilles de papiers annotées pour étudier en début d'après-midi. Finalement, j'avais travaillé autre chose puisqu'au courrier m'était arrivé, après deux mois de patience, un livre important. Ou plutôt, un livre dont la page 3 était importante : était-ce dans cette édition de son commentaire de l'Apocalypse que Swete a identifié pour la première fois dans l'histoire de l'exégèse les béatitudes de l'Apocalypse comme un septénaire ? Je ne vous donne pas la réponse, vous l'aurez quand vous assisterez à ma soutenance, dans quelques temps.
Donc, je reviens à mes notes, que j'ai oubliées au Collège en partant le matin. J'ai donc fait autre chose et j'ai remporté les feuilles l'après-midi.
A 18 h, il y avait la “leçon publique” de Cristobal Villaroig, un Légionnaire du Christ qui a commencé son doctorat l'année dernière. Il a parlé du Benedictus et de la prière juive des Dix-huit bénédictions. C'était intéressant.
Il y en a une autre demain soir, par un dominicain espagnol.
À bientôt,
Étienne+

jeudi 24 octobre 2019

Ils se mirent à table avec Jésus (Mt 9,10)

συνανέκειντο τῷ Ἰησοῦ
sunanekeinto tôi Ièsou

Chers amis,
Quelques jours de calme…
Lundi soir, Rémi avait invité James à dîner… James est The Jesus Guy, un américain qui arpente les rues de Jérusalem vêtu d’une tunique blanche, les cheveux et la barbe longs… Il y a trois ans, il avait fait la couverture de Terre Sainte Magazine, et la rédac’ chef lui avait consacré son édito. La première fois qu’on voit James, on est un peu surpris, on se dit qu’on a affaire à un énième cas du syndrome de Jérusalem. Ceci dit, on le voit souvent au Saint-Sépulcre, sur le chemin de croix, il est très pieux et calme.
James a prié avec nous, a participé à la messe puis a partagé le repas avec nous. En parlant avec lui, on voit qu’il est bien dans ses baskets (en fait, non, il est pieds nus… il est bien tout seul dans sa tête si vous voyez ce que je veux dire). Il vient d’une famille catholique mais non pratiquante et il a eu une conversion assez forte à l’adolescence. Depuis près de trente ans (il en a 59), il arpente les routes et témoigne ainsi. Il a commencé aux États-Unis où il a grandi, puis en Italie et même en Inde. On a parlé des saints qu’il aime : il aime beaucoup les saints français (sainte Thérèse de Lisieux, saint Louis-Marie Grignon de Montfort, saint Pierre-Julien Eymard, le saint curé d’Ars). Nous avons évidemment parlé de saint Benoît-Joseph Labre auquel il fait penser.
J’ai parlé avec lui de ma thèse. L’Apocalypse, avec les gens un peu borderline, c’est toujours le test : si on commence à s’agiter, à parler de millénaire, à rouler des yeux avec des signes apocalyptiques (je me rappelle le “petit messie de l’Apocalypse” que j’avais rencontré à la clinique de Saint-Didier, il en tenait une couche). Là, rien du tout.
Il est tout de même parti à minuit (je dormais debout !). C’est l’heure à laquelle le Saint-Sépulcre ouvre la nuit et il y est souvent.
Mardi et mercredi, normal.
J’ai repris un rythme de rédaction un peu plus soutenu que ces derniers temps. Il me fallait me poser et réfléchir à comment organiser mon propos. Il y a beaucoup de choses à dire, je dois tout poser pour ne rien oublier et mettre de l’ordre. Comme c’est un peu le chapitre où je dis ce que je veux dire, faut pas se rater.
Sinon, je viens de terminer un roman sur l’affaire Dreyfus, D. de Robert Harris. Le film doit sortir le mois prochain en France. Je me suis régalé ; bien écrit, avec du rythme, du suspense (pourtant on sait tous comment ça se termine !).
À bientôt,
Étienne+

dimanche 20 octobre 2019

Quand Énosh eut quatre-vingt-dix ans… (Gn 5,9)

וַיְחִי אֱנוֹשׁ תִּשְׁעִים שָׁנָה
wayəhî ʾĕnôš tišʿîm šānāh

Chers amis,
Samedi matin, bibliothèque. J’ai lu quelques articles. Je dois chercher autre chose que les considérations socio-historiques sur les sept Églises… Je vais trouver.
Samedi après-midi, j’ai pris l’air. Cela faisait un moment, car avec la présence tout le mois de septembre de Baptiste, j’ai fait pas mal de sorties avec lui et Rémi.
Le soir, calme.
https://www.terresainte.net/
Ce dimanche fut une journée bien particulière. En effet, nous fêtions l’anniversaire du Frère Rafael… quatre-vingt-dix ans au compteur ! Et quand je vois sa pêche ! J’aimerais être comme lui au même âge… On verra. Et encore, cet été, en Espagne, il a assisté aux obsèques de son grand frère qui a eu 100 ans en février dernier… Il est bien parti.
Le matin, je suis allé faire une course près de l’American Colony. En rentrant, j’ai suivi la rue des Tribus d’Israël qui longe le fameux quartier ultra-orthodoxe de Mea Shearim. Comme c’est le dernier jour de Souccot, tout le monde était dehors, habillé “comme pour un dimanche” et tenant dans la main le loulav traditionnel. Il s’agit d’un bouquet de quatre espèces végétales (palmier, myrte, saule et cédrat) qui seront ensuite brandies pendant les liturgies. Les rameaux sont choisis avec un soin tout particulier comme le montre la photo ci-jointe qui a fait la couverture de Terre Sainte Magazine il y a quelques années. Pour éviter d’abîmer le loulav, on le transporte dans une longue poche en plastique transparent et on voir les hommes le porter lorsqu’ils se rendent au Mur occidental. Tout à l’heure en rentrant, je suivais un bonhomme qui avait un étui de compétition, dans le genre étui à violon mais tout fin et en longueur pour transporter son loulav.

À 11 h 30, j’ai célébré la messe à la chapelle avec les Frères. Patxo de Jaffa était monté (mais pas Luis…) et les six de Bethléem, dont le délicat frère Jean Manuel.
Après la messe (un peu en français, un peu en anglais, un peu en arabe !), apéritif. J’ai beaucoup parlé avec le frère Peter, un italo-américain qui enseigne l’anglais à l’Université.
Puis un repas délicieux (pantagruélique comme toujours chez les Frères). À la fin du repas, un gros cheese cake sur lequel Fr. Rafael a soufflé les bougies, puis café et pousse-café.
Pour aider tout ça à passer, je suis retourné me balader. J’ai parcouru quelques 10 km…
Ce soir, un tranche de jambon, trois feuille de salades, une prune, un peu de repassage et au dodo…
À bientôt,
Étienne+

samedi 19 octobre 2019

Au moment de manger (Rt 2,14)

לְעֵת הָאֹכֶל
ləʿēṯ hāʾōḵel

Chers amis,
Un peu de silence cette semaine ? Ne vous inquiétez pas.
Dimanche, messe à Abu Gosh puis je suis rentré à Jérusalem et Laurent-Pierre et Laurence m’ont invité à déjeuner.
Lundi, journée normale. J’ai pas mal diminué mon rythme de rédaction. En effet, mon directeur m’a suggéré un aspect que j’avais soigneusement contourné et qui, vu le développement de mon travail, apparaît essentiel. J’explore donc plusieurs pistes.
Lundi soir, j’avais invité Zizou pour la messe et le repas. Ce fut très sympa. Avant les vêpres, nous regardions la vue sur la terrasse et nous avons vu la lune se lever : un beau disque couleur bronze. Le premier jour de la fête de Souccot s’achevait. Après le dîner, j’ai raccompagné Zizou à la maison d’Abraham avec le frère Daoud. C’était vite fait.
Il a fait bien lourd en début de semaine. Lundi soir, il y a même eu un bel orage. Depuis la terrasse du Collège, on voyait des éclairs de toute part : Bethléem, Mont des Oliviers, à l’ouest. On a entendu quelques gouttes tomber mais ça s’est arrêté là !
Mardi, j’ai découvert une utilisation insoupçonnée du voile islamique. Je marchais dans la rue derrière une femme qui tenait dans chaque main plusieurs sacs plastiques avec ses courses. Pourtant, elle parlait avec animation à un interlocuteur invisible. En la doublant, j’ai constaté qu’elle avait coincé son téléphone contre son oreille et sous son voile. Elle n’avait donc pas besoin de le tenir : elle avait réinventé le kit mains-libres !
Jeudi soir, Gérard a donné sa conférence sur la figure du roi Saül. Ce premier roi d’Israël pâtit d’une piètre réputation dans le premier Livre de Samuel mais dans des textes plus récents : premier Livre des Chroniques, Antiquités bibliques du Pseudo-Philon, Antiquités juives de Flavius Josèphe, littérature talmudique, il bénéficie d’une sorte de réhabilitation. Gérard a aussi montré comment le livre des Actes faisait de Paul (appelé Saül au début du livre) une sorte de parallèle de son homonyme d’antan… C’était passionnant mais je suis parti rapidement car j’avais la messe chez les Frères.
Après la messe, avec Rémi, nous sommes allés voir les animations de Souccot à la porte de Jaffa, le long des murs de la Vieille Ville. C’était en fait surtout des tentes avec des stands de restauration : odeurs de graillons, de ketchup chaud et trop sucré. Et il y avait aussi des silhouettes de monuments du monde entier : la tour de Pise, le Taj Mahal, la statue de la Liberté et la tour Eiffel… Et un monde ! J’ai tout de même réussi à trouver Cathy et le P. Alain. On a parlé un petit moment puis avec Rémi nous avons continué notre tour par la piscine du Sultan, le moulin Montefiore, le tombeau de Nikephourieh, le consulat général de France…
Vendredi, dîner chez Laurence et Laurent-Pierre, et leur fils Jean. Étaient conviés Rémi et Baptiste, ainsi que Loïc et Sophie. Le repas fut délicieux avec une salade d’épinards, dattes et oignons, des beignets de poissons et des poires pochées au vin blanc… Toutes les recettes sont issues du livre Jérusalem que je recommande à toutes les cuisinières (et tous les cuisiniers aussi !).
Le repas fut délicieux, la compagnie agréable et joyeuse…
À bientôt,
Étienne+

lundi 14 octobre 2019

Adore Dieu ! (Ap 19,10 ; 22,9)

ܠܐܠܗܐ ܣܓܘܕ
lălāhā səgūḏ

L’autre jour, lors de la messe à la maison d’Abraham, j’ai – je dois le confesser… – eu quelques distractions en regardant la fresque qui orne le mur du chœur. Elle est riche, pleine de symboles et d’inscriptions. À la fin de la messe, je l’ai prise en photo pour en faire ensuite une description.

Tout autour

Une phrase encadre la fresque :
Dignus est agnus qui occisus est accipere virtutem et divinitatem et sapientiam et fortitudinem et honorem et gloriam et benedictionem.
« Il est digne l’Agneau immolé de recevoir puissance, richesse, sagesse, force, honneur, gloire et louange ! » (Ap 5,12)

Au centre de la fresque

Le Christ glorieux, couronné d’or et crucifié porte une sorte d’étole qui lui barre le torse, serre sa taille et tombe sur le côté gauche. Y sont gravés les mots latins : Rex regum D(omi)nus dominantium. C’est la version latine du nom du Christ dans l’Apocalypse 17,14 et 19,16 : « Roi des rois et Seigneur des seigneur ».
Au pied de la croix, deux cerfs boivent à la source qui jaillit, pour illustrer la phrase du Psaume 41 (42),1 : « Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu ».
Aux bras de la croix sont suspendues les lettres grecques Α (alpha) et Ω (ôméga) (cf. Ap 1,8 ; 21,6 ; 22,13) ; première et dernière lettres de l’alphabet grec, elles symbolisent le Christ, commencement et fin de toute chose.
Au-dessus de la croix la colombe du Saint-Esprit comme le décrit l’évangile du baptême du Seigneur.
Autour du Christ, les quatre vivant de l’Apocalypse 4,6-9. Chacun tient un cartouche : deux portent une inscription en latin, deux en syriaque. Elles sont la traduction les unes des autres.
ܐܡܝܢ         אמן            Amen
ܗܠܠܘܝܐ      הללויא         Alléluia
La croix et les quatre vivants sont insérés dans une mandorle (une grande auréole en forme d’amande, mandorla en latin), signe de la gloire de Dieu.
Tout au sommet, une main auréolée et dans un geste de bénédiction est entourée de la phrase latine : hic est Filius meus dilectus. C’est une citation de Mt 3,17 : « Celui-ci est mon fils bien aimé », prononcé par la voix du Père au moment du baptême du Seigneur. La phrase revient en Mt 17,5 et 2P 1,17 qui racontent l’épisode de la Transfiguration.

De part et d’autre de la croix

À la droit du Christ, on voit la Mère de Dieu resplendissante de soleil, la lune sous les pieds et sur la tête, une couronne-auréole de douze étoiles. Elle se tourne vers son Fils. Son attitude peut rappeler celle de Notre-Dame de Guadalupe au Mexique. Elle est, de toute façon, inspirée par la vision de la Femme d’Apocalypse 12,1.
À gauche du Christ, un ange thuriféraire se tourne vers le Christ. Il tient dans sa main gauche une navette contenant de l’encens, et dans sa main droite un encensoir fumant pour adorer le Christ.

Au registre inférieur

Une frise de six personnages liés à la maison d’Abraham qui a été fondée dans un ancien monastère bénédictin, propriété de l’Église syriaque catholique de Jérusalem.

À gauche,

Les trois personnages portent un livre avec une inscription en syriaque (langue sémitique du Proche-Orient, appartenant au groupe des langues araméennes, elle est toujours parlée dans certaines Églises orientales). Ils sont tous liés à l’Église syriaque. De gauche à droite :

Saint Éphrem le Syrien

EPHREM AC. : Encore appelé Éphrem de Nisibe (306-373), diacre syrien et théologien. La beauté de ses hymnes (plus de 400 !) l’a fait surnommer la “harpe du saint Esprit”. Proclamé Docteur de l’Église en 1920.
ܡܘܡܐ ܒܟ         מומא בך                 De défaut en toi
ܡܪܝ ܠܐ ܐܚܬ       מרי לא אחת             !Seigneur, pas même un
ܘܠܐ ܒܘܬܡܬܐ     ולא בותמתא              Et pas de tâche
ܒܐܡܟ             באמך                      !en ta mère
Cf. Carmina Nisibena XXVII, 8. Ce témoignage d’Éphrem le syrien est, selon certains théologiens, la plus ancienne expression du privilège de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, ou en tout cas la préservation du péché dont la Vierge Marie a joui.
Aux pieds de S. Éphrem, un encensoir fumant.

Saint Ignace d’Antioche

IGNATIUS ANT. : Né vers 35 en Syrie, mort en 107 ou 113 à Rome. Il fut le troisième évêque d’Antioche de Syrie. En route vers Rome où il allait être mis à mort, il a laissé une série de lettres aux Églises d’Asie qui sont un des premiers témoignages d’une théologie eucharistique. Il est revêtu du pallium, signe de la communion de l’archevêque avec le pape.
ܚܕܡܘ ܐܠܗܐ      חד  הו  אלהא          Il est seul Dieu
ܝܫܘܥ ܡܫܝܚܐ      ישוע  משיחא           Jésus Christ 
ܕܒܚܘܒܗ           דבחובה                 dans l’amour de qui 
ܚܝܐ ܐܢܐ          חיא  אנא                je vis
Actes du martyre d’Ignace d’Antioche, ce texte datant du début du Moyen Âge est souvent considéré comme peu fiable par les historiens. Il en existe deux recensions qui ont ensuite été traduites en grec et/ou en latin.
καὶ εἷς Χριστὸς Ἰησοῦς, ὁ Υἱὸς τοῦ Θεοῦ ὁ μονογενής οὗ τῆς βασιλείας ὀναιμεν
Et unus Christus Jesus, Filius Dei unigenitus, cujus regno utinam fruar!
Martyrium Ignatii (recension syriaque), PG V, col. 981-982.

Et unus unigenitus Jesus Christus Filius ejus, cujus amicitiam acquisivi
Martyrium Ignatii (recension latine), PG V, col. 989.

Saint Jean, l’évangéliste.

JOANNES EV. : Un des douze apôtres de Jésus, “Celui que Jésus aimait”, on lui attribue l’écriture de l’Évangile selon saint Jean, de trois lettres et de l’Apocalypse.

ܠܐܠܗܐ ܣܓܘܕ  לאלהא סגוד  !Adore Dieu

Citation dApocalypse 19,10 et 22,9 : un ange invite saint Jean à l’adoration.


À droite,

Trois moines d’Occident portant un livre avec une inscription en latin. Ils sont tous liés à la règle de saint Benoît. De gauche à droite :

Saint Benoît

BENEDICTUS AB. : Benoît de Nursie (480-547), fondateur de l’ordre bénédictin, auteur de la fameuse Règle qui porte son nom, il est appelé Père des moines d’Occident.
Domino Christo vero Regi militaturus
« Pour servir le Seigneur Christ, roi véritable », citation de Règle, Prologue 3, avec l’idée de service à la manière d’un soldat.

Saint Anselme

ANSELMUS DOC. : Appelé Anselme d’Aoste, ou Anselme du Bec, ou Anselme de Cantorbéry. Né à Aoste (Italie du Nord) en 1033 et mort à Cantorbéry (Angleterre) en 1109. Moine à l’abbaye bénédictine du Bec-Hellouin (Eure, Normandie), il devient archevêque de Cantorbéry en 1093, d’où le pallium archiépiscopal qu’il porte. C’est l’un des grands théologiens et philosophes médiévaux. Proclamé docteur de l’Église en 1720.
Credo ut intelligam
« Je crois afin de comprendre », citation du chapitre 1 de son œuvre Proslogion. La phrase complète est Neque enim quaero intelligere, ut credam ; sed credo, ut intelligam. (Je ne cherche pas à comprendre afin de croire, mais je crois afin de comprendre.)

Saint Bernard

BERNARDUS AB. : Bernard de Clairvaux, né à Fontaine-lès-Dijon (Côte-d’Or) en 1090 et mort à Clairvaux (Aube) en 1153. Entré en 1112 à l’abbaye de Cîteaux, il va donner à cet ordre fondé en 1098, un dynamisme et un rayonnement exceptionnel. Proclamé docteur de l’Église en 1830.
Nomen eius gloriam indicat majestatis
« Son nom indique la gloire de sa majesté », Sermons “in Circumcisione Domini”, I, 2 (PL 183, col. 133).
Aux pieds de S. Bernard, le chiffre du peintre (dont jignore le nom) et la date (1936) à laquelle la fresque a été réalisée.

samedi 12 octobre 2019

Descendance d’Abraham? moi aussi ! (2Co 11,22)

σπέρμα Ἀβραάμ εἰσιν; κἀγώ
sperma Abraam eisin ? kagô

Chers amis,
L’autre jour en parlant de Yom Kippour, j’ai aussi oublié de vous parler des Éthiopiens. Il y a 35 ans, lors de la fameuse famine dans ce pays (on se souvient tous de la chanson…) Israël a organisé l’opération Moïse destinée à “rapatrier” les juifs d’Éthiopie ; il y a donc un grand nombre d’Israéliens d’origine éthiopienne. Ils ont des bars et des restos bien à eux dans les environs de la rue de Jaffa. Officiellement, ils sont juifs mais ils ont une manière bien à eux de vivre le shabbat (ou pas !) et certains sont chrétiens et pratiquent en secret (si on savait qu’ils le sont, ils perdraient le bénéfice de la loi du retour qui stipule qu’il ne faut pas être d’une autre religion pour en jouir, article 4B). Ils ont donc passé la journée de Kippour dans la rue de la porte Neuve sur les marches du coiffeur à boire des bières.
Jeudi, le bruit et l’agitation sont revenus, laissant une certaine nostalgie du calme de la veille…
Vendredi matin, messe à l’Ecce Homo. Le soir, j’ai dîné au Jerusalem Hôtel avec Gérard et Rosemary, mes professeurs de topographie, archéologie, etc. d’il y a quatre ans. Ils avaient avec eux la petite Constance (née un 16 juillet !) craquante. Ils sont là ces jours-ci pour animer le séminaire de début d’année à l’École biblique qui permet une “mise à niveau” des étudiants sur les questions archéologiques, historiques, géographiques… Ils étaient épuisés de cette semaine bien active. Mais l’échange fut vraiment chaleureux.
Ce matin, j’ai fignolé deux parties pour mon directeur. Maintenant, je m’aventure dans deux autres chapitres qui doivent permettre une ouverture… On s’y met lundi.
Ce samedi, je n’ai pas célébré la messe au Collège. L’après-midi, avec les Frères, nous sommes allés à la Maison d’Abraham pour la fête du saint patron. La messe était présidée par Mgr Grégoire Pierre Melki, exarque patriarcal (= archevêque !) syriaque catholique de Jérusalem. Le terrain et les bâtiments de la Maison d’Abraham appartiennent à cette église (jusqu’en 1948, c’était leur séminaire). Heureusement la messe était en rite latin (ce qui a permis de concélébrer). Étaient présents Mgr Marcuzzo, vicaire patriarcal latin, Mgr Girelli, nonce et délégué apostolique à Jérusalem, quelques dominicains, un assomptioniste, le cérémoniaire du patriarcat latin, l’aumônier général du Secours Catholique et moi. Il y avait aussi le tout nouveau consul général de France à Jérusalem, M. René Troccaz (arrivé, il n'y a pas trois semaines). J’oubliais aussi le P. Luc, conseiller pour les affaires religieuses au Consulat général. Que du beau monde, vous voyez !
Et aussi plein d’amis de Jérusalem, les sœurs Dominicaines de la Présentation, Catherine, Jacques Abdallah et son épouse, Bieke… Et le conseil de la Maison, présidée par la vice-présidente du Secours Catholique, Zizou, une paroissienne de Venasque au mois d’août… Pendant la messe, j’ai eu des distractions. Nous étions dans la chapelle de la Maison qui n’est pas très grande surtout pour une telle occasion. Placé face à la porte du chœur de la chapelle, ouverte pour que les sœurs dominicaines puissent suivre, je voyais passer les employés de la maison : tables, bouteilles, petites bouchées apéritives… Je salivais.
À la fin de la messe, Mgr Melki a dit adieu puisqu’il se retire (il a déjà 80 ans). A suivi un buffet pantagruélique mais je n’ai finalement bu qu’une Taybeh.
Je suis rentré avec les Frères. Une belle après-midi festive.
À bientôt,
Étienne+

mercredi 9 octobre 2019

Mémoire des péchés, chaque année (He 10,3)

ἀνάμνησις ἁμαρτιῶν κατ᾽ ἐνιαυτόν
anamnêsis hamartiôn kat’ eniauton

Chers amis,
Trois journées de bibliothèque… Ça avance peu à peu. La cinquième béatitude a été bien plus ardue à traiter que les précédentes. Mais j’y arrive.
Sinon, la nuit de lundi à mardi a été terrible. J’étais astreint à me coucher tôt. Manque de pot, nos amis de Mea Shéarim et des quartiers environnants avaient décidé de faire nuit blanche : de 22 h 30 à 4 h du matin, ils sont allés et venus en foule compacte et nombreuse pour aller au Mur occidental. Tellement nombreux qu’ils entravaient la circulation, en traversant même lorsque le signal était rouge pour eux : par conséquent, les voitures klaxonnaient ainsi que le tramway qui ne pouvait avancer à cause de voiture bloquées sur les voies par les passants qui les empêchaient d’avancer. Ajoutez à cela, les motos et scooters qui vrombissaient à l’arrêt et quelques sirènes de police et d’ambulance pour compléter. Impossible de fermer l’œil ! Je les aurais bouffés !
Mardi, la journée a été un peu vécue en mode “zombie”, mais je suis arrivé plus tard qu’à l’accoutumée et j’ai fait une vraie sieste. La maison s’est un peu vidée : Fr. Rafael est à Amman pour trois jours et Fr. Daoud est resté à Bethléem pour ne pas être empêché d’y aller. Le soir, après le dîner, Baptiste et moi sommes allés au Mur. Il y avait pas mal de monde ; la plupart des hommes était couvert de leur talith, le châle de prière. Et détail amusant, ils portaient tous des tongs ou des crocs (Israël est le royaume des crocs) ou même étaient en chaussettes ou pieds nus. En effet, le Jour de Kippour, il est interdit de manger, boire, se laver, d’avoir des relations sexuelles et de porter des chaussures en cuir. La raison est que toutes ces choses sont des éléments de confort et qu’il est important, en ce jour, de mortifier ce qui est agréable pour le corps.
Sinon, le jour de Kippour, que la tradition rabbinique appelle Yoma, “LE Jour”, commémore le jour où Dieu a pardonné au peuple d’Israël l’adoration du veau d’or. On demande pardon à Dieu pour tout le mal qui a été fait, individuellement ou collectivement. À l’époque du Temple, il y avait évidemment des sacrifices pour demander pardon, dont celui du fameux “bouc émissaire” sur lequel on chargeait tous les péchés du peuple avant de l’envoyer au désert, chez Azazel. Tout est raconté dans le Lévitique au chapitre 16.
Aujourd’hui, tout est plus sobre mais les juifs prient pour demander pardon, ils se demandent pardon mutuellement. À l’époque, ce jour-là (et seulement ce jour-l), le grand prêtre pénétrait dans le Saint des Saints, le lieu le plus sacré du Temple pour implorer Dieu en prononçant son Nom imprononçable.
Dans les dix jours qui se sont écoulés depuis Rosh haShanah, ils ont fait techouva (ils ont fait retour = ils se sont convertis). Il y a un drôle de rite qui pour certains remplace celui du bouc émissaire : les kapparot (on retrouve la racine hébraïque kpr présente dans kippour). N’ayant plus le bouc émissaire, il y a une sorte de “poule émissaire” : pendant que l’on récite une prière, on passe un poulet au-dessus de la tête. Ensuite, le poulet est sacrifié et consommé. Certains agitent parfois le poulet de manière un peu frénétique. Les amis des animaux sont sur le dossier.
Ce matin, tout était calme. On avait un peu l’impression qu’il y avait une opération “ville morte” : pas de tramway, pas de voitures, pas de bruit… Quel calme ! Ils devraient faire kippour plus souvent… Comme les rues sont vides (certaines sont bloquées par des barrières, celles qui donnent accès à Jérusalem Est avec des blocs de béton), nous avons enfin la chance de voir les vélos sur la voie et non pas sur le trottoir au milieu des piétons déboulant à vive allure en estimant que l’usage du signal sonore les dispense de toute prudence à leur égard. Enfin, ça ne ma pas empêché déchapper à une collision tout à lheure en rentrant. Tout à l’heure en retournant à l’École à 14 h, j’ai souri en voyant des enfants orthodoxes s’amuser à dévaler la pente qui fait entrer dans le tunnel haTsanhanim. En temps normal, ce n'est même pas dangereux mais tout simplement suicidaire.
À part ça, de mon côté, ce fut une journée pareille à toutes les autres… Ce soir à la messe, nous avons lu un extrait du livre de Jonas, coïncidence amusante si l’on sait que l’après-midi du jour de Kippour, les juifs lisent ce livre biblique pour se souvenir que Dieu pardonne. En revanche, les vingt-quatre heures de silence sont bel et bien finies : à 18 h 43, heure officielle du coucher du soleil, un gars est passé sous mes fenêtres à fond la caisse avec sa moto, quel raffut ! Lair de dire : Jai pas pu utiliser ma moto pendant une journée, vous allez pas memm... une minute de trop. Ce soir, c'est un soir normal.
À bientôt,
Étienne+

dimanche 6 octobre 2019

De temple, je n’en vis pas en elle (Ap 21,22)

Καὶ ναὸν οὐκ εἶδον ἐν αὐτῇ
kai naon ouk eidon en autê

Chers amis,
Oui, je sais j’ai posté un billet hier soir, mais j’ai passé un dimanche bien occupé…
Ce matin, pas de grasse matinée possible : j’avais la messe à 8 h. Le P. José van Oost, du diocèse de Toulon & de Notre-Dame de Vie était de passage à Jérusalem. Il devait célébrer la messe au Calvaire ce matin et m’avait fait signe. Je suis arrivé un peu en avance, j’ai attendu devant l’autel de Marie-Madeleine. Quelqu’un m’a demandé de le confesser… J’ai donc rendu service puis j’ai retrouvé José dans la sacristie. Belle messe simple et recueillie à l’autel de la Crucifixion.
Après la messe, j’ai proposé à José d’aller prendre le petit déjeuner au Collège.
Le “Monopoly” du Troisième Temple
Après, j’avais prévu d’aller visiter l’institut du Troisième Temple, avec les deux séminaristes. José, lui, est allé visiter la Tour de David (qui comme son nom ne l’indique pas n’a rien à voir avec ce roi). Nous y sommes allés, mais en fait, il faut réserver la visite. On a donc fait la réservation pour l’après-midi et on a jeté un coup d’œil à la boutique : porte-clés, magnets… C’est là que j’avais acheté une petite maquette pour montrer à quoi le Temple de Jérusalem ressemblait à l’époque de Jésus. On a réussi à trouver le jeu Mikdash Mysteries, c’est tout simplement un Monopoly autour du Temple : on achète des portes, des salles. La case “Allez en prison” est transformée en “Vous êtes devenu impur”.
Le bronze de la VIIe Station
(Jésus tombe pour la 2ème fois)
Donc, changement de plan, nous sommes allés au quatre synagogues séfarades qui ne sont pas trop loin. Visite intéressante ; il y a un petit musée avec des rouleaux de la Torah et leurs décorations. Puis on a vadrouillé dans le quartier juif : cardo, gros mur, quelques bâtiments mamelouks dans la Vieille Ville, le petit Mur occidental. En remontant, nous avons vu deux des bronzes du Chemin de Croix qui ont été bénis par le pape François la semaine dernière et placés ce matin même. On nous avait promis quelque chose “dune rare laideur” mais finalement, ça n’est pas trop mal. L’artiste n’a pas cherché à faire conceptuel et abstrait. Le problème, c’est pour les stations qui sont à l’intérieur de la Basilique (X à XIV), on ne peut pas les fixer dans le Saint-Sépulcre. Elles vont donc aller dans la chapelle du Saint-Sacrement des Franciscains qui doit être réaménagée sous peu (sans qu’y soit prévu l’installation des dits bronzes…)
Nous avons tous déjeuné au Collège.
L’après-midi, donc avec Baptiste, nous sommes allés visiter ce fameux institut du Troisième Temple. C’est une sorte de petit musée fait par des juifs qui veulent reconstruire le Temple, détruit en 70 par les Romains. Il expose des objets qu’ils ont réalisés et qui, en cas de reconstruction du Temple, seront aptes (כָּשֵׁר = casher !) à être utilisé pour les sacrifices. Il y a aussi pas mal de tableaux qui évoquent la liturgie du Temple : offrande de l’encens, sacrifice perpétuel, offrande des pains. Il y a aussi une jolie maquette du Deuxième Temple, en marbre, or et bronze. Les trois salles du Musée présentent les trois espaces principaux du temple : la cour des femmes, la cour des prêtres et le sanctuaire. Tous les ustensiles sont prêts à l’emploi. On voit les vêtements des prêtres, l’autel modulable, la lampe de la reine Hélène. Dans la dernière salle, consacrée au sanctuaire, on voit la ménorah (le chandelier à sept branches), l’autel de l’encens, la table des pains de proposition. Au fond, un rideau finit par s’ouvrir et dévoile l’arche d’Alliance (là c’est une réplique car la vraie n’est pas perdue, elle est cachée, paraît-il). Tout cela est très intéressant parce qu’on évoque la liturgie du Temple à l’époque de Jésus.
Une dernière petite salle montre l’avenir : la construction du Troisième Temple ! On voit le projet de l’architecte pour la salle du Sanhédrin avec fontaines, marbres, 71 sièges pour les rabbins. On nous montre le projet sous toutes les coutures ; l’animation finit par faire mal au cœur.
Tout cela pour montrer que le projet est très sérieux, prêt à mettre en œuvre. Puis nous avons regardé des peintures aux murs, avec des images d’artistes où l’on voit le Temple en train d’être construit, les parkings autour pour accueillir les pèlerins-visiteurs, le tramway qui pourrait passer dans la vallée du Cédron.
Ce qui est amusant, c’est que tout au long de la visite, les préalables à l’éventuelle construction d’un Troisième Temple ne sont absolument pas abordés, mentionnés, murmurés, suggérés… Le fait que le site sert à autre chose à l’heure actuelle et que ses utilisateurs n’ont pas l’intention de le leur donner ne leur a pas traversé l’esprit, ou alors c’est carrément éludé.
À la sortie, on arrive dans la boutique : on a regardé un poster avec la fameuse vue de Jérusalem du Mont des Oliviers mais le Dôme du Rocher a laissé la place à un splendide Temple brillant dans la lumière avec sa colonne de fumée qui monte droit dans le ciel (un des miracles du Temple, paraît-il). En regardant attentivement l’arrière-plan, on voit bien le Collège des Frères mais l’église luthérienne du Rédempteur, le Saint-Sépulcre et Saint-Sauveur ont fait l’objet d’un photoshopage en règle qui les a complètement effacés. Drôle d’idée…
Ensuite, nous avons marché dans la Vieille Ville, tenté une visite à la petite église Saint-Jean Baptiste (fermée) et retour à la maison pour une petite sieste.
Sport, oraison, vêpres et repas avec les Frères. Je poste ce billet. Le coucher précoce auquel je m'attendais est compromis par un percussionniste qui tambourine sur Kikar Tsahal... Il est excellent mais très ch...
À bientôt,
Étienne+

Addendum : Ce 5 novembre 2021, je viens d'apprendre le rappel à Dieu du P. José. Depuis deux ans, il était atteint d'une grave maladie qui a fini par l'emporter. En mars 2020, il avait annoncé sa maladie. À l'Assomption de cette même année, j'avais déjeuné avec lui à Notre-Dame de Vie. Il m'avait alors confié que, lors de son pèlerinage en Terre Sainte, il se doutait déjà de sa maladie, il attendait les résultats d'examens médicaux. Au cours de la messe au Calvaire, il avait reçu la grâce d'accepter cette épreuve. Le Seigneur l'a accompagné jusqu'au bout. J'ai été touché de voir à quel point cette paix l'habitait.

samedi 5 octobre 2019

Je ferai tomber la pluie en son temps (Éz 34,26)

וְהוֹרַדְתִּי הַגֶּשֶׁם בְּעִתּוֹ
wəhôraḏtî haggešem bəʿittô

Chers amis,
Bon ben, jeudi, vendredi et samedi matin, vous vous doutez de ce que j’ai fait… La première résurrection et la seconde mort (à moins que ça ne soit l’inverse !) m’ont encore tenu dans leurs filets… L’autre jour en me regardant dans la glace, j’ai vu que j’ai perdu mon bronzage du mois de septembre… Ça fait un petit moment que je ne suis pas vraiment sorti.
Les soirs, en revanche, j’ai eu un peu de vie sociale. Lors de notre excursion à Battir, Sophie et Loïc m’avaient demandé si je voulais leur faire un topo comme celui que j’avais fait en mai sur l’Apocalypse, à leur petit groupe de volontaires. Jeudi, nous sommes donc allés à Abu Dis, au Home Notre-Dame des Douleurs. Nous étions six en tout : deux jeunes foyers et une volontaire. J’ai parlé de l’évangile selon saint Marc que j’aime tout particulièrement. Le Home est construit contre le mur de séparation, côté israélien. Derrière, c’est le village de al-Eizariya (derrière ce toponyme arabe, vous reconnaissez le nom de Lazare, c’est le Béthanie de l’évangile selon saint Jean). En repartant, on entendait un bruit de percussion. En fait, de l’autre côté du mur, des Palestiniens semblaient être en train de tenter de percer le mur… Ludovic qui nous avait reçu nous a dit : « Partez vite, la police ne va pas tarder »… Nous n’avons pas traîné.
Le lendemain, Sophie et Loïc m’ont à nouveau fait signe pour un dîner chez eux… Quelqu’un s’était décommandé et j’ai fait la cinquième roue du carrosse. Laurence et Laurent-Pierre m’ont récupéré devant chez moi et nous sommes allés à Shuafat, un quartier arabe de Jérusalem-Est. Très bon dîner, excellente compagnie, ce fut donc sympa et nous avons décollé après minuit.
Lever comme d’hab, très tôt. Matinée bibliothèque, je me suis escané les yeux sur un gros bouquin en allemand, où l’auteur ne sait pas faire de phrases de moins de quatre lignes… Un peu éprouvant.
En rentrant, je regardais le ciel qui était d’un beau bleu profond et sans mélange. Pas un nuage dans le ciel. Je me suis dit : « Les pluies ne devraient pas tarder à arriver mais ça ne sera pas pour aujourd’hui ». Déjeuner (makloubeh, miam !) et une bonne sieste pour compenser les excès de la veille. En sortant de ma chambre, j’ai senti une odeur presque oubliée : il avait plu ! Vous savez, cette odeur que l’on perçoit lorsque ce qui est sec reçoit les premières gouttes de pluie… Ça y est, c’est l’automne. Cela ne m’a pas empêché de sortir me balader. Jai fait un grand tour en emportant un parapluie qui n'a pas été superflu. Il a donc bien plu pour cette première pluie. Elle est importante car elle lave les rues, et va permettre de nettoyer les citernes.
En fin de journée, messe et vêpres avec les Frères. Après le dîner, nous avons regardé Rabbi Jacob. Cela faisait un bon moment que je ne l’avais pas vu. J’ai tout de même réalisé que pour des juifs orthodoxes, il y a quelques manquements flagrants au repos du sabbat. Toute l’histoire se déroule en moins de 24 heures, du vendredi en fin d’après-midi au samedi 14 h. Les juifs voyagent, prennent la voiture, fument, téléphonent et font la cuisine : toutes activités interdites le samedi. Enfin, on a quand même bien rigolé.
À bientôt,
Étienne+

mercredi 2 octobre 2019

Et ils frappèrent Guedalia (Jr 41,2)

וַיַּכּוּ אֶת־גְּדַלְיָהוּ
wayyakkû ʾeṯ-gəḏalyahû

Chers amis,
De lundi à mercredi, bibliothèque. Après avoir pas mal avancé ces dernières semaines, je cale un peu. J’arrive à la dernière des béatitudes (Ap 20,6) qui est un beau mescladis interprétatif. Jugez vous-même :
Heureux et saint celui qui a part à la première résurrection !
La seconde mort n’a pas de pouvoir sur eux
mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ,
et ils régneront avec lui pendant mille ans.
Drapeau en berne
à l’École biblique
(et le clocher néo-hasmonéen)
Ce verset et les deux qui précèdent ont généré depuis 1900 ans un paquet de questions : qu’est-ce que la première résurrection ? Cela veut-il dire qu’il y en a une deuxième ? Qu’est-ce que la seconde mort ? Et donc par voie de conséquence, la première ? Mort et résurrection doivent-elles être prises en un sens spirituel ou physique ? “Prêtres du Christ”, qu’es aco ? Régner avec le Christ, comment ça se passe ? Et vous avez remarqué la mention des mille ans, qui fait entrer en transe les farfelus de tout poil.
Je m’arrache un peu les cheveux (et avec ce qui en reste…)
Sinon, ce lundi, à cause du deuil national français, les couleurs flottaient sur le mat de l’École biblique, au sommet du clocher d’un style éclectique que je n’hésiterais pas à qualifier de néo-hasmonéen… (En vrai, ça ressemble à un décor de péplum hollywoodien tourné dans les années 50 à Cinecittà).
Hier mardi, un cardinal est passé au Collège. Le frère Rafael nous l’avait annoncé mais il était incapable de nous dire son nom et le pourquoi de sa présence… La seule chose qu’il avait retenue, c’était le fait qu’il travaille au Vatican (c’est pas tellement discriminant comme critère pour un cardinal !). La veille, on a su qu’il était argentin. Un petit coup de Wikipédia “Composition actuelle du Collège cardinalice” et hop, le tour était joué : il s’agissait du cardinal Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales. Il est de passage à Jérusalem à l’occasion de la célébration du 800ème anniversaire du “pèlerinage de paix de saint François en Terre Sainte”. Il en profite pour faire la tournée des grands ducs : écoles, services ecclésiaux (Mission pontificale, Caritas…) Je vous dis tout ça, mais j’étais à la bibliothèque quand il est passé : je suis étudiant, c’est pas l’heure de faire des ronds de jambe.
De g. à d. : Fr. Rafael, Fr. Malak,
Card. Sandri, X, Fr. Daoud, le directeur
Aujourd’hui, je suis allé à l’École avec Baptiste et Rémi : ils commencent l’année à l’École biblique par un séminaire de rentrée (2-4 octobre ; 7-11 octobre) assez intense.
En fin d’après-midi, il y avait un petit pot d’accueil à l’École pour faire connaissance. Parmi les étudiants, il y a un jeune prêtre de Paris qui connaît un prêtre de Notre-Dame de Vie qui connaît tout le monde… Il se reconnaîtra, s’il me lit.
Sinon, deux mauvaises nouvelles me sont arrivées aujourd’hui : le décès subit (crise cardiaque) d’un prof de Marie-Pila, l’école de Notre-Dame de Vie à Carpentras. Je le connaissais quand j’étais à Saint-Joseph : on avait le même âge… Il laisse une femme et deux enfants. Et un autre décès, celui d’un prêtre du diocèse d’Aix, qui a été à Notre-Dame de Vie pendant quelques années. Deux amis, deux frères…
Sinon, le titre énigmatique de ce billet vient du fait qu’après les deux jours de Rosh haShana (1er et 2 Tishri = 30 septembre et 1er octobre, cette année), il y a le jeûne de Guedalia. Il s’agit d’un juif nommé par Nabuchodonosor pour administrer la province de Judée après l’exil. Mais son pouvoir est refusé par des Judéens qui finissent par l’assassiner. Par peur de représailles, la population de Judée s’enfuit en Égypte. En souvenir de la désolation du pays qui a suivi, on jeûne ce jour-là au cours du septième mois de l’année (cf. Zacharie 8,19). Vous allez vous poser la question : comment se fait-il que le “jeûne du septième mois” a lieu trois jours après le jour de l’an ? C’est que le calendrier a changé au moment de l’exil. Avant l’exil, l’année commençait au mois de Nisan (le mois de la Pâque), après l’exil, l’année commence au mois de Tishri (fin septembre-début octobre). C’est plus pratique quand on veut faire une année sabbatique : pendant une année, on ne sème pas et on ne récolte pas. Avant, on ne récoltait pas ce qui avait été semé l’année avant, puis on récoltait ce qui n’avait pas été semé pendant l’année sabbatique : idéal pour mourir de faim…
Enfin, chez les Frères, personne n’est jamais mort de faim. Hier, Suzanne avait préparé un musakhan
À bientôt,
Étienne+