mardi 13 mars 2018

Si quelqu’un ne me guide… (Ac 8,31)

ἐὰν μή τις ὁδηγήσει με
ean mè tis hodègèsei me

Chers amis,
Ce dernier message vous aura tenu en haleine un peu de temps… En effet, pendant le pèlerinage des chefs d’établissement, je n’ai pas vraiment eu la connexion Internet qui convenait et surtout pas le temps… Pendant ces huit jours de pélé, j’ai été sur le pont presque 24h/24 (en fait, non, j’ai dormi quand même)…
Le jeudi matin, j’ai achevé ma valise et je suis parti l’apporter à la Maison d’Abraham. J’ai pris le bus arabe à la gare routière de la Porte de Damas. C’est la moins fréquentée par les Occidentaux et cela se voit : aucune signalisation !
Déjeuner avec les Frères, sieste et départ sur les 15h30. Le sherout était à l’heure et m’a fait tournicoter dans des quartiers que je ne connaissais pas, près de la tour HolyLand.
J’arrive à l’heure à l’aéroport, mais l’avion des pèlerins a un peu de retard. Finalement, je retrouve le chauffeur de bus, un chrétien de Nazareth du nom de Shadi (super sympa !).
Nous montons dans le bus direction Arad, où nous arrivons avec un peu de retard sur l’horaire prévu. Dîner à l’hôtel, messe pour ceux qui veulent et dodo. Pendant la messe (j’ai célébré le matin pour les Frères), je machine la journée du lendemain avec le chauffeur.
L’hôtel est particulièrement miteux. Son seul avantage, sa situation hors de l’agglomération d’Arad (une des villes les plus moches d’Israël, sans aucun intérêt architectural ou esthétique). À deux pas de l’hôtel, nous accédons à Mitspe Mo’av, une mochissime statue moderne de laquelle on domine le désert qui s’est couvert d’un fin duvet vert. Nous y célébrons la messe. Puis nous partons.

Arrêt à Ein Gedi pour découvrir la beauté de l’oasis dans le désert. Puis à Qumrân pour les manuscrits de la Mer morte. Nous y déjeunons après l’enseignement donné par l’archevêque à partir de l’évangile selon saint Marc.
Nous passons au site baptismal. Nous arrivons quelques minutes avant la fermeture de l’accès. Nous sommes vendredi et les sites ferment une heure plus tôt que les autres jours et souvent l’accès au site est bloqué une heure avant la fermeture… Du coup, il faut arriver avant 14 h… Nous pouvons prier au bord du Jourdain et je fais un petit topo sur saint Jean-Baptiste (en fait, j’ai resservi celui préparé pour la halte spi du jeudi après les Cendres).
De là, nous redémarrons vers la Galilée… Nous arrivons assez tôt à Tibériade, et nous prenons nos quartiers à l’Oasis, la maison d’accueil tenue par un couple de la communauté de l’Emmanuel. Pierre-Yves et Marie-Claire sont très accueillants.
Ce soir-là, veillée pénitentielle. Belle et émouvante.
Le lendemain, journée autour du lac : enseignement de Mgr Cattenoz à la Primauté de Pierre, messe à Tabgha au bord du lac, puis nous montons au Mont des Béatitudes (complètement Disneylandisé !) d’où nous descendons à pied en déployant des ruses de Sioux pour éviter de payer l’inique droit d’entrée… Petit tour en bateau sur le lac (je n’aime vraiment pas les promène-couillons…) déjeuner. Dans l’après-midi, nous visitons Capharnaüm avant de monter à la Domus Galilaeae, centre du Chemin néo-catéchuménal en Terre Sainte. Là, nous visitons et le P. Francesco Voltaggio, recteur du séminaire, nous donne un très bel enseignement sur la pédagogie du Christ.
Retour à la maison. Soirée calme. Certains sont allés prendre un verre en ville mais je n’ai pas eu ce courage…
Dimanche, matinée à Nazareth, nous pouvons visiter l’église orthodoxe du puits de Marie (bel accueil de la communauté). Puis prière à la Basilique de l’Annonciation (ça fait toujours quelque chose aux mamans !) Messe dans une chapelle. L’archevêque qui a avalé un réveil doit ronger son frein puisque nous devons attendre 10 minutes que la messe précédente s’achève… C’était des + que tradis, qui avaient apporté tout le matériel (ornements, vases…). Les dames étaient en mantille… Ils ne perdraient rien pour attendre…
Enseignement de l’archevêque, déjeuner puis nous sommes repartis vers Tibériade. Nous n’avons pas pu faire la marche que nous espérions dans les falaises d’Arbel (toujours cette manie de fermer à 16 h…) Nous avons quand même profité de la vue et j’ai fait un petit topo. En repartant, Olivier, un des chefs d’établissement, a fait un cours d’histoire sur la bataille des Cornes de Hattin, au cours de laquelle les Sarrasins ont défait les Francs, signant ainsi la perte de Jérusalem (c’était le 4 juillet 1187).
Le soir, atelier de lectures évangéliques. J’étais dans le groupe sur la Samaritaine.
Lundi matin, départ tôt pour retourner en Galilée. Le bus s’arrête au-dessus du monastère Saint-Georges, là où j’avais topoté pour la halte spi. Mgr nous parle.
Nous arrivons à Bethléem. Nous n’avons pas le temps d’aller à la procession. Pour cela, nous commençons par “le principal”, le pieux shopping. Puis déjeuner à la Casa Nova des Franciscains, visite de la Basilique de la Nativité. Nous avons de la chance, il n’y a pas grand monde pour aller vénérer la grotte. Mais nous sommes particulièrement choqués par les gens qui se font prendre en photo devant l’étoile de la Nativité.
À 16 heures, nous célébrons la messe à la grotte de saint Jérôme. Je continue par un petit topo qui ouvre sur un temps de silence. Nous entrons finalement à Jérusalem et gagnons la maison d’Abraham qui sera notre QG hiérosolymitain. J’y retrouve les sœurs que je connais bien.
Mardi matin, le bus nous dépose à la Porte des Immondices, qui dessert l’esplanade du Mur occidental. Nous y passons un petit moment, avant de monter sur l’esplanade des Mosquées. L’ambiance est calme, le temps exceptionnellement clément (grand soleil et ciel bleu, température douce). Nous terminons la matinée par la visite du domaine national français de Sainte-Anne. En visitant l’église, j’ai eu du mal à réprimer un fou rire : un groupe d’Américains chantait un cantique à Marie (celui de Sister Act) avec beaucoup de chœur mais sans aucune justesse (c’en était même pénible à entendre). De retour à la Maison d’Abraham, Mgr enseigne.
L’après-midi, nous visitons Saint-Pierre en Gallicante et c’est là que nous nous “vengeons” de l’attente de dimanche… Le groupe qui nous avait fait attendre pour la messe est derrière nous pour descendre dans la fosse où l’on commémore la nuit de prison du Christ. J’ai un peu fait durer la prière du psaume 87 et le silence, je le confesse.
De là, visite du Cénacle et du tombeau de David, en dessous. Il y a toujours le même bonhomme qui vous accueille en vous demandant si nous sommes juifs, ou si nous avons de la famille ou des amis juifs. En fait, il est accueillant et chaleureux et c’est assez rare pour être noté. Suit la messe au couvent franciscain qui jouxte le lieu saint, pour commémorer la Cène du Seigneur. Après la messe, rapide coup d’œil à la Dormition avant de rentrer à la Maison où je donne mon enseignement.
Mercredi, le bus nous dépose au sommet du Mont des Oliviers. Nous visitons successivement le Carmel du Pater, Dominus Flevit et Gethsémani. Nous disposons de pas mal de temps, alors Mgr fait son enseignement dans le parc du Pater et moi dans le jardin Hyde (tenu par les Mormons). En fin de matinée, nous arrivons à l’Ecce Homo, que nous visitons. Au Lithostrotos, des évangéliques chinois célèbrent la Cène (avec de la matsa – pain azyme des Juifs – et du vin dans des petits gobelets en bois). Déjeuner à l’Ecce Homo. Puis nous faisons le chemin de Croix, nous utilisons le texte du bienheureux Marie-Eugène, paru dans Jésus, contemplation du mystère pascal.
Après le chemin de croix, j’introduis à la Basilique du Saint-Sépulcre qui est un lieu singulièrement déroutant. Puis nous faisons une bonne heure de queue pour pouvoir vénérer la tombe… Ouf, nous arrivons à passer avant la procession des Franciscains. Messe à l’autel de Sainte-Marie-Madeleine. Interdit de chanter mais nous pouvons crier (la voix de stentor de l’archevêque fait merveille !). Après la messe, un peu de temps pour des emplettes et nous regagnons le bus par la Porte de Damas.
Le soir, veillée partage-merci-cadeaux. Je reçois un joli encensoir (sans grelot toutefois).
Le lendemain matin, nous quittons Jérusalem pour Abu Gosh, où nous célébrons la messe. Après la messe, Mgr achève son enseignement et nous avons même le temps d’une brève rencontre avec Fr. Olivier. Puis il faut partir. Nous arrivons à l’heure prévue à l’aéroport. C’est le moment de se séparer : leur avion est à 14 h, le mien à 19 h seulement. Je trouve un siège à proximité d’une prise électrique et je travaille toute l’après-midi. Je change de terminal, enregistre mon bagage. J’ai un bref instant de fausse joie au moment des formalités de sécurité et finalement, un type m’attrape par la peau du cou et me fait passer par l’entrée VIP : scan complet du sac à dos, de l’ordi et autre matériel électronique, détection d’éventuels explosifs dans toutes les poches (27 !) de mon sac… Ils ont porté un intérêt tout particulier à la boîte en plastique qui me sert de sacristie portative… Regards interrogatifs…
J’arrive dans la zone duty free… Je suis finalement le premier à monter dans l’avion. Ma place est contre le hublot, j’ai prévu les bouchons d’oreille et je m’endors. Je n’ai même pas entendu le décollage. Je me suis réveillé pour acheter une bouteille d’eau gazeuse et admirer Athènes vue du ciel… L’atterrissage a été d’une douceur jamais vue. Mon taxi m’attendait et me dépose vers 1 h 10, chez ma sœur Clémence et son mari JB. Je m’endors vite. Le matin, j’avais à dessein pris un train pas trop tôt.
J’arrive à Saint-Didier vers 14 h 15, après près de 30 heures de voyage… Rangement, lessive, traitement des courriers… Après la semaine de pèlerinage qui était plus que printanière, je retrouve des températures hivernales… Encore quelques jours de frais… Les amandiers sont à peine en fleurs.
À bientôt,
Étienne+