samedi 28 janvier 2023

Une étude longue fatigue le corps (Qo 12,12)

 וְלַהַג הַרְבֵּה יְגִעַת בָּשָׂר
wəlahaḡ harbēh yəḡīaṯ bāśār

Chers amis,
Finalement, dimanche dernier, je suis allé à la messe à la paroisse. Le curé a été très accueillant. Il y avait une ribambelle de servants de messe. J’ai compris quelques mots de l’homélie. J’apprécie surtout la douceur de ses paroles : il a parlé de la Parole de Dieu, de la prière, du fait que la Parole doit aller dans notre cœur…
Ensuite, je suis allé déjeuner chez Cathy, qui travaille pour Routes bibliques. Repas sympa avec échanges de nouvelles, j’ai récupéré de l’eau du Jourdain (j’ai profité d’un groupe de pèlerins dont Cathy avait organisé le périple ! Merci les amis !)
Lundi, mardi et mercredi, j’ai travaillé. Mardi soir, avec Stéphane, nous avons dîné chez Jean et Agnès, un couple de la communauté de l'Emmanuel installé à Jérusalem depuis 8 ans. L'ambiance était très sympa, Agnès m'a beaucoup fait parler sur ma thèse et j'étais heureux de constater que je m'exprimais avec fluidité, les idées en place, etc. Comme quoi, sept ans de travail, ça apporte quelque chose. En plus, il y avait du vrai fromage (de la tome de Savoie).
Dans l’après-midi de mercredi, j’ai vu Anthony, on a fixé quelques petits détails à fignoler. Il m’a félicité (chouette !). Il me faut encore achever la conclusion et rentrer ces petits détails. Je suis un peu euphorique !
Jeudi matin, je bosse. L’après-midi, j’étais au Collège puisque j’avais le conseil du séminaire en visio. J’ai continué à travailler surtout pour des petits détails qui nécessitent d’avoir deux écrans : je me suis connecté à la TV du petit salon. Bonne discussion.
Le soir, j’avais un autre rendez-vous en visio quand j’ai entendu des cris dans la rue… Depuis le petit salon, on ne voyait rien…
En fait, en ce moment, ça chauffe pas mal. L’autre jour, il y a eu un raid israélien à Jénine (au nord de la Cisjordanie) où 9 Palestiniens, soupçonnés de préparer un attentat ont été tués. Ce soir-là, un groupe de colons israéliens (ceux qui vivent dans les colonies israéliennes installées en territoire palestinien, au mépris du droit international, mais avec la bénédiction tacite du gouvernement) a voulu faire le coup de force du côté de la porte de Damas mais comme il y a une importante présence policière, ils se sont rabattus sur la porte Neuve, plus calme et très rarement surveillée par la police. Ils ont provoqué les tenanciers des estaminets ouverts ce soir-là, cela a dégénéré avec des jets de chaises, des insultes… La police a “un peu” tardé. Vous voyez là les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux.


La tension est forte puisque le nouveau ministre de la Sécurité intérieure soutient les colons et leur donne un sentiment d’impunité, ce qui les incite à la provocation.
Quand j’eus terminé mon entretien, je suis retourné dans ma chambre. Les échauffourées s’étaient calmées. La police était là et s’interposait entre les deux groupes. Les colons étaient maintenus au-dehors de la porte Neuve. Et le calme est revenu.
Hier, vendredi, j’ai travaillé avec énergie et en fin d’après-midi, j’ai envoyé à mon directeur une version finie. Après cela, j’ai déjà repéré quelques coquilles, que j’ai corrigées.
En repartant, impossible de récupérer ma carte de bibliothèque que l’on dépose à l’accueil en arrivant et récupère en partant. Elle avait disparue. Finalement, il y a eu une erreur hier : l’employé a donné ma carte à un autre étudiant (un barbu lui aussi !) mais maintenant, c’est sa carte que l’on recherche…
Hier soir, avec frère Allan et Stéphane, nous avons dignement fêté les 40 ans de la mort de Louis de Funès en regardant La Grande Vadrouille ; Allan découvrait et a bien ri, Stéphane et moi connaissions les répliques par cœur. Un petit quizz : quelle réplique française du film est-elle sous-titrée « There’s no prop ! That’s the prob ! ». Nous avons passé un bon moment. Simultanément avait lieu à Neve Yaaqov, une attaque dans une synagogue où sept personnes ont été tuées, et d’autres blessées. L’assaillant a été abattu par la police. Un jeune homme de 21 ans. Quelle misère.
Ce matin, après la matinée en bibliothèque, je suis allé à la messe à l’EBAF, en l’honneur de saint Thomas d’Aquin. Et cette après-midi, j’ai marché trois heures en ville. Je suis crevé mais heureux d’avoir pris l’air.
Daoud et Malak sont rentrés de Turquie où ils ont participé au chapitre du district. Au repas, ils avaient rapporté des loukoums (quel délice !) et Stéphane a mis sur la table une bouteille de vin de Galilée pour fêter la fin de ma thèse.
À bientôt
Étienne+

dimanche 22 janvier 2023

Ils prolongèrent leur séjour (Ac 14,3)

ἱκανὸν μὲν οὖν χρόνον διέτριψαν
hikanon men oun chronon dietripsan

Chers amis,
Déjà une bonne semaine que je n’ai pas écrit. Il faut dire que ma vie est calme, surtout occupée à être assis à ma table de la bibliothèque. Samedi dernier, j’ai pris le temps d’aller me promener l’après-midi pour faire le facteur. La sœur d’une étudiante du Studium est novice au carmel du Pater et j’avais donc emporté quelques enveloppes. Ce fut l’occasion d’une belle balade. Je suis monté tout droit au sommet du mont des Oliviers par l’escalier puis je suis redescendu par le chemin habituel des pèlerins. Il n’y avait pas grand monde. Je me suis arrêté à Dominus Flevit, où j’ai finalement prié une petite heure face à la Vieille Ville, au moment où le jour baissait. Puis descente à Gethsémani, passage devant le tombeau d’Absalom puis je suis remonté de l’autre côté, entré dans la Vieille Ville par la porte des Immondices (c’est son nom !, en référence à Néhémie 3,14) puis je suis allé prier un petit moment au Mur. L’esplanade est occupée en ce moment par des fouilles. En regardant à travers des trous dans la palissade, j’ai pu constater qu’en effet, les vestiges du quartier maghrébin ont disparu alors que 48 heures plus tôt, ils avaient été dégagés bien proprement. Il doit y avoir des choses intéressantes dessous mais on ne peut s’empêcher de penser qu’“on” est bien content de se débarrasser de vestiges compromettants.
Dimanche, je suis allé à la messe à Abu Gosh. J’ai pu constater que le prix du ticket de tram avait baissé : 5,5 ₪ au lieu de 5,9 auparavant. J’ai eu du mal à trouver un distributeur de billets pour avoir de quoi charger ma Rav-Kav (la carte de transport pour tout Israël : bus, tram, train…)
À Abu Gosh, je retrouve la communauté et quelques connaissances. C’est l’occasion d’échanger les nouvelles. Je déjeune sur place. Nous écoutons un CD où des prêtres chantent (non pas ceux de Gap). J’ai failli éclater de rire quand ils ont chanté un hymne de l’office que je trouve particulièrement ridicule. Sinon, le repas préparé par Frère Dominique était excellent : asperges-œuf dur mayonnaise, coucous maison et tarte aux fraises. Après la vaisselle nous prenons le café. Puis je rentre à la maison par le bus et descend la rue de Jaffa à pied. Pas mal d’animation en cette après-midi. Je m’arrête dans un magasin pour acheter un taille-crayon.
Cette semaine, j’ai convenu avec mes autorités de prolonger d’une dizaine de jours mon séjour à Jérusalem. C’est OK. Je rentre donc le 4 février au lieu du 25 janvier. En plus, en changeant mon billet, j’ai pu annuler le vol jusqu’à Marseille et prendre un train Roissy-Avignon qui me fera arriver plus tôt chez moi et n’obligera pas quelqu’un à venir me chercher à une heure tardive à Marignane. Et en plus, j’ai un avoir de 2,50 € pour mon prochain vol sur Air France.
Ce fut une semaine studieuse, avec des moments de travail intense, d’autres où la motivation baissait. Mais ça avance. J’ai envoyé vendredi à Anthony une version complète. Ensuite, j’ai trouvé des tas de petites erreurs de frappe ou d’orthographe que j’ai corrigées. J’ai mis à jour la bibliographie et préparé d’autres petites choses. Malgré tout, je dois encore rédiger l’introduction et la conclusion. J’ai déjà des choses mais il faut vraiment refondre le tout...
Jeudi matin, Frère Daoud est parti en Turquie pour le chapitre provincial qui s’y tient jusqu’à la fin du mois, puis Frère Malak y est parti vendredi très tôt. Nous nous retrouvons donc à trois dans la maison : Frère Allan, Stéphane et moi. Mais hier Frère Allan est allé passer le week-end à Bethléem invité par les Frères de l’université.
Jeudi, c'était férié pour le Collège à cause du Noël des Arméniens. Les Arméniens de Jérusalem et Bethléem repoussent la célébration de Noël au jour de l'Épiphanie des Orientaux, parce qu'ils laissent leurs autels à Bethléem aux Syriaques pour le Noël des Orientaux (qui correspond à notre 7 janvier). Toutes les occasions sont bonnes pour se reposer.
Le lendemain à midi, la grue était dans la rue pour enlever l'arbre de Noël qui se dressait devant ma fenêtre. En fait, c'est une structure métallique à trois étages que l'on recouvre de guirlandes vertes et de boules multicolores. Ce qui est étrange, c'est que l'arbre de Noël de l'Université hébraïque était lui toujours debout!
Hier, je suis allé à la messe à l’École biblique. Dans l’après-midi, je suis allé assister aux Vêpres arméniennes à la cathédrale Saint-Jacques. C’est toujours très beau même si l’on ne comprend rien du tout aux chants, aux gestes. Ce matin, je ne sais pas encore où je vais aller à la messe… EBAF ou paroisse…
À bientôt,
Étienne+

vendredi 13 janvier 2023

Jésus lui-même ne baptisait pas (Jn 4,2)

Ιησοῦς αὐτὸς οὐκ ἐβάπτιζεν
Ièsous autos ouk ebaptizen
Chers amis,
Samedi, je suis allé à Bethléem avec les Frères pour célébrer la messe avec l’équipe de l’Université. Ce n’était pas la messe du dimanche, mais celle de l’Épiphanie ! Bon…
Le repas a suivi. Avec quelques-uns, nous avons fait une table francophone mais un peu anglophone. On a bien rigolé.
Les Frères de Bethléem vont bien, surtout les deux Peter ; Frère Mark est revenu après 5 ans passé en Nouvelle Zélande.
Au retour, j’étais avec Frère Malak dans la voiture. J’ai cru ma dernière heure arrivée : en effet, pourquoi ne pas accélérer quand la voiture de devant freine !? Après tout !
Dimanche dernier, fête du baptême du Seigneur ! Comme l’Épiphanie est fixée au 6 janvier, le baptême du Seigneur est toujours le dimanche suivant. Avec les Frères et Stéphane, nous sommes descendus près de Jéricho sur les bords du Jourdain, pour la messe présidée par le Custode. Depuis 2020, la messe n’est plus célébrée dans les installations du parc national aménagé par Israël mais dans l’enclos du couvent franciscain qui le jouxte. Le couvent avait été saisi en 1967 après la guerre de Six jours puisqu’il se trouvait à la frontière avec l’ennemi jordanien. La zone était toute minée. Depuis une quinzaine d’années, le terrain a été déminé et le couvent a été restitué. Un frère y vit (c’est une vocation !).
Nous avons attendu à proximité du couvent orthodoxe l’arrivée du bus affrété par les franciscains. Puis nous sommes descendus au couvent latin en procession. Pour la messe, les prêtres étaient placés sur le toit-terrasse du couvent (en plein cagnard ! heureusement qu’on est en janvier), et les fidèles tout autour. La messe est célébrée en latin, arabe, italien avec les intentions de prière en d’autres langues. Après la messe, tout le monde part en procession jusqu’au Jourdain.
Là, grosse déception, l’accès à l’eau était bloqué par des barrières, seuls les gens importants ont pu y aller. Je rageais d’autant plus que je comptais bien profiter de ma présence pour remplir une ou deux bouteilles à rapporter en France pour l’un ou l’autre baptême. Je sais que l’après-midi, l’accès avait été libéré… Comme je dépendais des Frères, c’était un peu compliqué de faire un caprice… Nous sommes retournés à Jérusalem, avons bien déjeuné. Puis j’ai fait une belle sieste.
Je suis allé me promener au Saint-Sépulcre dans l’après-midi. Il y a des travaux tout autour de l’édicule de la Tombe : ils refont le dallage. Comme les Arméniens processionnaient, on ne pouvait pas s’avancer et le passage par le déambulatoire était bloqué par les échafaudages des travaux. Bref, rien n’est comme avant, mais c’est toujours la pagaille.
J’ai continué mon tour de ville.
Lundi, mardi, mercredi, travail à la bibliothèque. Ça avance.
Mercredi soir, nous avons fêté l’anniversaire du Frère Daoud. Nous avons anticipé la solennité puisque, le lendemain matin, le Frère Rafael retournait en Jordanie où il réside désormais. Le repas a été festif : Shadi et M. Khader ont préparé des grillades. Après nous avons partagé un bon gâteau et bu un mousseux qui contenait des paillettes dorées ! (tout était dans les paillettes !). En soirée, visio avec les séminaristes.
Jeudi, je suis resté au Collège. J’ai bossé trois heures le matin puis je suis allé à Baq‘a, dans les locaux du CRFJ (Centre de Recherches Français de Jérusalem). J’avais rendez-vous avec le directeur : il vient de publier une BD sur l’histoire de Jérusalem que ma petite sœur m’a offerte à Noël (je m’étais retenu de l’acheter en me disant que c’était le genre de cadeau pas compliqué à me faire. Ma patience a été récompensée). J’ai été très gentiment accueilli, la dame s’excusant presque de me faire attendre, on a discuté un petit moment sur Jérusalem, ma thèse, les activités du CRFJ. Le directeur est arrivé, là aussi, on a bien discuté. Il m’a fait remarquer que mon exemplaire était la première impression qui se caractérise par quelques défauts (quasi invisibles) qui ont été repris pour les impressions suivantes. Sur la couverture, la porte Dorée n’est pas visible ; à la page 133, un trait intempestif se trouve entre deux cases ; à la toute fin, le ciel est couleur sable et on a l’impression que l’olivier (qui raconte toute l’histoire) est coupé (cela a été corrigé).
Ma fenêtre est allumée
On aussi parlé de ses travaux, notamment sa thèse sur l’histoire de l’alimentation en eau de Jérusalem de 1840 à 1940 (je vous vois venir avec le lac de Paladru : mais en fait, c’est passionnant) et aussi de son dernier livre qui est assez polémique puisqu’il parle du quartier maghrébin de la Vieille Ville. Il se trouvait là où s’étend aujourd’hui l’esplanade du Mur occidental. En juin 1967, deux ou trois jours après la prise de la Vieille Ville par Israël, le quartier a été évacué et détruit en quelques heures. Le bouquin retrace l’histoire de ce quartier depuis l’époque de Saladin et comment la géopolitique a précipité son déclin puis sa disparition. En ce moment, des fouilles ont lieu à cet endroit. Les vestiges du quartier ont été mis au jour, avant d’être démontés pour creuser plus profondément.
En rentrant, je me suis arrêté chez le coiffeur. Cette échoppe vaut le coup d’œil, avec ce bric-à-brac de photos, d'objets... Le gars est sympa et arrive à se débrouiller au mieux vu l’étendue des dégâts.
L’après-midi, conseil du séminaire en visio, puis soirée visio.
Ce vendredi, travail à la bibliothèque. À midi, j’ai croisé Stéphane qui rentrait d’une excursion avec son école de langues dans les ruines des monastères du désert de Judée : ils ont vu le monastère de Martyrios et celui d’Euthymios, qui sont désormais enchâssé dans les colonies de Ma’ale Adûmmîm et de Mishor Adûmmîm. Ensuite, il part ce WE avec un ami prêtre à Jaffa et Saint-Jean d’Acre.
En rentrant ce soir, j’ai été déçu : ils enlevaient les lumières de Noël dans la rue alors que je voulais prendre en photo la façade du Collège. Il y avait tout de même les étoiles, le sapin et les guirlandes lumineuses… J’ai retrouvé le Frère Allan, un frère philippin qui est ici depuis la rentrée. Il était passé avec le Frère visiteur en avril dernier pour sentir la situation.
Il y avait aussi la sœur du Frère Daoud, accompagné de sa fille et de son fils. Le fils est le sosie de Benzema ! C’est impressionnant !
Demain matin, travail en bibliothèque. Allez, on y croit.
Étienne+

samedi 7 janvier 2023

Oracle du Seigneur, au travail ! (Ag 2,4)

 נְאֻם־יְהוָה וַֽעֲשׂוּ
nəʾum-ādōnāy waʿăśû

Chers amis,
Me voici revenu à Jérusalem ! Après un premier trimestre d’enseignement, mon mois de janvier s’est retrouvé assez allégé du point de vue académique et j’en profite pour passer quelques semaines. Le but avoué : boucler la rédaction et déposer.
Je suis parti mercredi en fin de matinée : j’ai embarqué seul dans ma voiture pour récupérer un séminariste à Carpentras ; je me suis déposé à la gare d’Avignon centre pour prendre le train vers la gare de Vitrolles et le séminariste est reparti avec ma voiture. Une heure de trajet sans difficultés. J’ai été surpris d’avoir à payer la navette entre la gare de Vitrolles et l’aéroport. Jusqu’à présent ce n’était pas le cas… En plus, la navette ne dessert pas les trois terminaux de Marseille et il a fallu que je trotte (heureusement ma valise est assez légère).
Les formalités d’enregistrement sont rapides et j’ai été impressionné par l’amabilité du personnel d’Air France, j’ai rarement vu ça : « Bonjour, monsieur », « je vous en prie », « bon voyage »… Que c’est agréable ! on en devient soi-même poli.
Un peu d’attente dans l’aérogare, embarquement. Dans l’avion, je me suis effondré… J’étais du côté de l’allée et ne pouvait donc profiter de la vue. Comme j’étais endormi, je n’ai pas eu de boisson ! Seulement deux petits sablés au citron.
Arrivée à Roissy, je marche un peu pour rejoindre le terminal. J’ai le temps de lire, de préparer un topo. Je fais même une brève rencontre de formation avec les séminaristes en visio avant d’embarquer. Elle fut plus brève que prévue parce que j’avais présumé que l’embarquement serait moins précoce (et j’espérais que l’avion aurait un tout petit peu de retard).
Arrivée au-dessus de Tel Aviv
L’appareil est un gros A 350. Je me retrouve dans l’une des trois places du milieu, mais j’y suis seul, ce qui me permet de prendre mes aises et de bénéficier de l’écran de mon voisin pour suivre le voyage alors que sur mon écran personnel, je regarde la nouveauté proposée par la compagnie : Rumba la Vie, le dernier film de Franck Dubosc. C’est l’histoire d’un chauffeur de bus scolaire, atrabilaire, qui a laissé sa femme et sa fille vingt ans plus tôt. Après un accident cardiaque, il cherche à entrer en contact avec sa fille qui ne le connaît pas. Elle est prof de danse de salon et… il déteste la danse. Le film est plutôt une comédie dramatique, puisqu’il n’y a pas de franche rigolade, même si le personnage de Jean-Pierre Darroussin qui incarne le copain de Dubosc sert de faire-valoir comique.Le repas était bon (entrée, blanquette de colin aux champignons, riz et carotte, fromage, fondant au chocolat, avec du vin et même un digestif). Ensuite, j’ai dormi… Atterrissage à 2h30. Débarquement sans heurt, formalité de visa rapide. J’attends un peu au tourniquet pour récupérer mon bagage. Je ne suis pas pressé… Je traverse le grand hall qui a repris son apparence ordinaire : il n’y a plus le centre de test Covid dans le hall secondaire. J’achète mon billet de train et je poireaute sur le quai pendant trois quarts d’heure. Je prends en photo des écriteaux pour les faire lire à mes étudiants d’hébreu, ou comment utiliser son vocabulaire biblique pour se débrouiller en Israël. Un peu ludique, on va y arriver.
Une des 3 volées d'escalator de la gare
de Jérusalem: les bouches de l'enfer
Je prends le train qui arrive vers 4 heures à Jérusalem (c’est la nouveauté de 2022 : il y a des trains de nuit ! avant, c’était entre 5 h du matin et 21 h). Ce train, malgré les questions géopolitique qu’il soulève, est vraiment un atout. La gare ferroviaire de Jérusalem ressemble vraiment à la gueule de l’enfer… J’arrive à l’air libre, il n’y a pas de tram qui circule. Au lieu d’attendre, je descends à pied le long de la rue de Jaffa. Par bonheur ma valise est légère (elle est loin d’être pleine mais il faudra que je la remplisse au retour)…
À 5 heures du matin, je suis devant le Collège des Frères. Problème, j’ai dit au Fr. Daoud que j’arrivais vers 6 heures. Je poireaute donc devant la porte, d’autant que je ne capte pas le WiFi du Collège. À six heures moins dix, Daoud m’ouvre la porte, je monte et il m’installe dans ma chambre. Je retrouve ma belle couverture "peau de tigre". Je range quelques affaires et me couche pour dormir jusqu’à 11 h 30, je rate donc les obsèques de Benoît XVI à la télé. Au déjeuner, je fais la connaissance du P. Stéphane, un prêtre de Paris qui passe l’année à Jérusalem, il étudie l’hébreu biblique et moderne à l’institut Polis.
Dans l’après-midi, je passe à la bibliothèque de l’École biblique pour faire établir une carte de bibliothèque. Je suis vite rentré au Collège car j’avais un conseil de séminaire en visio : deux heures pour discuter, donner son avis, écouter celui des autres, transmettre des informations, avancer dans certains projets.
Messe avant le dîner.
Hier, Épiphanie oblige, la bibliothèque était fermée, je suis donc resté au Collège pour travailler. La matinée a été consacrée à régler des soucis d’ordinateur (ce vieux briscard a tout de même sept ans : pour l’ordinateur, ce n’est plus l’âge de raison, plutôt la démence sénile). Sinon, je réalise que le déplacement du piano dans la rue va avoir des conséquences. Auparavant, il était à la Porte Neuve, hors les murs. Il est maintenant littéralement sous ma fenêtre… Il va falloir s'accoutumer aux fantaisies musicales des pèlerins. En fait, des élèves du Collège l'avaient vandalisé, sans se rendre compte des caméras de vidéosurveillance... J'entends aussi passer les scouts qui répètent pour l’Épiphanie des Latins, le Noël des Orientaux ou encore le Baptême du Seigneur. Vous voyez le piano bruyant.
La messe a été un sketch. Je m’étais dit qu’il serait bon d’aller à l’EBAF pour me montrer. Comme la bibliothèque était fermée, je pensais que la messe serait à 11 h 30 comme un dimanche mais elle était à l’horaire de semaine. Peste ! Je suis donc rentré au Collège bredouille. Au déjeuner, Stéphane m’a proposé d’aller à la Qehila, paroisse hébréophone. J’ai acquiescé, sans enthousiasme démesuré. Quand je me suis avisé qu’il faudrait peut-être partir, il était trop tard ; j’ai donc décidé de célébrer seul, ce qui est un peu dommage pour l’Épiphanie mais Stéphane était en train de célébrer avec les frères Daoud et Malak. Joie de la communication. Je l’imaginais à la Qehila, il en faisait de même pour moi et en fait, nous étions tous deux ici. Dieu merci, il n’a pas été trop long, ce qui m’a permis de célébrer à sa suite avant les Vêpres qui ont commencé un peu en retard.
Ce matin, bibliothèque. J’en profite pour envoyer à un étudiant du Studium un article disponible à la bibliothèque. À 10 heures, j’ai rendez-vous avec Anthony, bonne discussion, encourageante. Il met le doigt sur ce qu’il faut enlever, ce qu’il faut ajouter… Courage !
Il faut dire qu’il doit partir dans trois jours pour les États-Unis pour son chapitre provincial (j’espère qu’il ne sera pas élu !). Il importait donc de bien jalonner le travail à réaliser.
Retour au Collège, déjeuner. Ce soir, nous allons à Bethléem, chez les Frères de l’Université. Je célèbrerai la messe de l’Épiphanie… La liturgie dans la communauté de l’Université est toujours un mystère pour moi. Le samedi soir, on a la messe anticipée, j’en déduis donc qu’ils ne vont pas à la messe du dimanche le dimanche… Mais peut-être pas en fait. Aujourd’hui, nous célébrerons l’Épiphanie, qui était hier ici, alors que le lendemain, c’est le baptême du Seigneur. Quelque chose comme un vortex liturgico-temporel. Cela me rappelle la messe du samedi chez les Franciscaines missionnaires de Marie à Fribourg : elle était précédée des premières vêpres du dimanche, ce qui faisait qu’on était déjà entré dans la célébration dominicale de la Résurrection mais on était encore (du point de vue de l’eucharistie) dans le samedi. ;-P
Demain, baptême du Seigneur. Nous allons au Jourdain et j’ai une mission à accomplir.
Étienne+