samedi 31 août 2019

Mettez-vous à l’école (Si 51,23)

αὐλίσθητε ἐν οἴκῳ παιδείας
aulisthète en oikôi paideias

Chers amis,
Depuis lundi dernier, rien de particulier… Le titre de ce billet n’est pas pour moi : cela fait un mois maintenant que je suis retourné à l’école… C’est pour les élèves des Écoles des Frères à Jérusalem et Bethléem. Ils ont eu la rentrée lundi.
C’était pour les plus petits : vous connaissez tous ce spectacle des pleurs déchirants des tout-petits qui ne veulent pas rester loin de leur maman. Heureusement, ici, un grand lapin rose et blanc les accueillait pour les rassurer (ou pas !).
L’après-midi et le mardi, c’était les plus grands. C’est comme ça que mardi matin, en allant à la chapelle à 6 h 30, je tombe nez à nez avec une élève dans le couloir de la communauté ! Quelques mots d’anglais… Elle était arrivée tôt pour être sûre d’être à l’heure mais cherchait son chemin. La porte de la communauté était restée ouverte (quand elle est rabattue, on ne peut pas l’ouvrir de l’extérieur !). Il faut reprendre les bonnes habitudes maintenant que la rentrée est faite.
Mardi matin, en passant dans la cour, j’ai jeté un coup d’œil sur les listes des élèves. Pas mal de Georges et de Simone (des chrétiens) puis toutes les variantes des prénoms musulmans. Mais surtout, j’ai vu qu’une élève s’appelle Jeanne Dark ! J’espère que c’est une erreur de transcription de la secrétaire du Collège parce que c’est pas folichon !
Mais le redémarrage se fait en douceur… Lundi et mardi, c’était la reprise, chacun à son heure. Mercredi, pour la Dormition de la Mère de Dieu (l’Assomption dans le calendrier orthodoxe), les écoles chrétiennes de Bethléem avaient congé (paroisse, patriarcat, franciscains, Frères des Écoles chrétiennes…). Jeudi cours normal, vendredi congé normal et ce samedi matin, en sortant, je me rends compte qu’il n’y a pas d’élèves… Normalement, quand je sors, la cloche sonne et les enfants doivent se mettre en rang.
Je demande au portier :
– Ma fish ulad ?
– La.
– Lèsh ?
– A feast for muslims… (Toutes les occasions sont bonnes). Après, tu m’étonnes que le dialogue œcuménique et interreligieux ait du mal à avancer… Les gens ont pas envie de perdre des jours de congé ! Renseignements pris, c’est la veille du jour de l’an dans le calendrier musulman… L’équivalent de leur 31 décembre. Dans un mois, ce sera Rosh haShana, la “tête de l’année” chez les Juifs.
La reprise des cours a aussi bien amélioré l'ordinaire : déjà lundi, Suzanne avait fait un poulet-maftoul. Le mardi, on a eu musakhan, la version palestinienne du tacos mexicain... Mais la galette est faite avec du pain, un truc bien étouffe-chrétien. Heureusement, Suzanne avait émincé le poulet (pas de demi-poulet ou de morceaux entiers comme des pilons ou des ailes comme c'est l'habitude...). Le poulet est assaisonné avec des oignons presque confits, des pignons ou des amandes et du sumac, une épice rouge typique. C'est délicieux, mais ensuite, on passe l'après-midi en mode digestion...
Sinon, jeudi, en allant à l’École, je longeais la voie du tramway (ça permet d’aller un poil plus vite). J’étais plongé dans ma lecture (une biographie de Lawrence d’Arabie)… Et un policier m’interpelle… Oups ! En fait, il me demandait de faire un détour, à cause d’un colis suspect sous les palmiers. J’ai donc dû longer la muraille de la Vieille Ville, jusqu’à la porte de Damas puis remonter la route de Naplouse jusqu’à l’École. Je pense que c’était une fausse alerte car on n’a pas entendu ensuite d’explosion ou de sirènes de police (ils adorent faire du bruit !).
La biographie de Lawrence d’Arabie est passionnante. L’auteur approfondit évidemment la période de la Révolte arabe de 1916-1918, avec entre autres la fameuse prise d’Aqaba mais il parle aussi de l’avant-guerre pendant lequel Lawrence faisait l’archéologue en Syrie. Et de l’après-guerre, où il s’est réengagé dans la RAF comme simple soldat, incognito pour fuir sa notoriété, qu’il entretenait pourtant savamment par la publication de ses souvenirs (les fameux Sept Piliers de la Sagesse). Le bouquin est passionnant, car on sort un peu du mythe cinématographique, on voit un peu la face sombre mais aussi le côté primesautier et imprévisible du personnage. Finalement très british. Comme lorsque dans le film, il dit : « This is going to be fun !
– Lawrence, only two kinds of creature get fun in the desert: Bedouins and gods, and you're neither. Take it from me, for ordinary men, it's a burning, fiery furnace.
– No, Dryden, it's going to be fun.
– It is recognized that you have a funny sense of fun.
Et là, il y a le fameux plan où Lawrence souffle sur son allumette et laisse la place au lever de soleil sur le désert… Et la musique de Maurice Jarre...
Le ciné à son sommet !
Samedi matin en allant à l’École, je croise le groupe des séminaristes du diocèse de Meaux avec leur évêque, Mgr Nahmias et leur DDFM. L’après-midi, balade. Un joli tour…
Dimanche, je devais aller au Musée d’Israël avec Marie-Claire, mais il y a un changement de programme… Pas de musée donc, et je vais en profiter pour faire un bon tour.
À bientôt,
Étienne+

lundi 26 août 2019

Produit de l’art et de l’imagination (Ac 17,29)

χαράγματι τέχνης καὶ ἐνθυμήσεως
Charagmati technès kai enthumèseôx

Chers amis,
Quelques jours calmes à travailler à la bibliothèque… Un matin, en allant à l’École, j’ai croisé Rébecca qui allait à la clinique où elle exerce. Samedi, contrairement à mes habitudes, je ne suis pas allé me promener. Il faisait un peu chaud et surtout, je m’avançais dans mon travail pour me libérer ce lundi après-midi.
Ce dimanche, je suis allé à la messe à Abu Gosh, Laurent-Pierre m’a très gentiment rendu ce service. Il y avait peu de monde à la messe mais, ce fut très beau. Je suis parti rapidement pour récupérer le premier bus vers Jérusalem.
Un bon shakshouka !
Heureusement, je n’ai pas trop attendu. J’avais rendez-vous avec Marie-Claire pour passer l’après-midi ensemble. Nous nous sommes retrouvés en bas de la rue Ben Yehouda. D’abord, il était déjà presque 13h30 et le plus pressé était de manger. Nous avons opté pour la terrasse d’un petit restaurant de bagel dans la rue piétonne : une petite salade, un bagel avec deux accompagnements, un shakshouka (la ratatouille était déjà bien liquéfiée) et un ice coffee. Puis nous sommes allés visiter le musée d’art juif italien de Jérusalem. Je l’avais déjà vu en février 2018 mais Marie-Claire ne connaissait pas.
Le type à l’entrée était vraiment super sympa. J’ai commencé à parler avec lui en italien puisque nous sommes dans la synagogue italienne. Puis il s’est mis à parler en français et, dans son français, il y avait quelque chose de spécial : il prononçait “travaij” au lieu de travail. Et en discutant avec lui, il nous a dit qu’il était né au Chili, d’une mère mexicaine et d’un père suisse (donc il parle aussi espagnol et allemand…). Il nous a montré le musée et était très intéressant.
Robe pour la circoncision !
Déjà, il nous a fait une réduction sur le prix d’entrée. L’exposition avait un peu changé par rapport à la dernière fois : cette fois-ci, il y avait surtout des exemples d’ouvrages de femmes juives italiennes : voiles pour la Torah – car dans le rite romain, il y a une bénédiction particulière pour la femme qui réalise ce type de voile –, vêtements pour la circoncision (avec une robe que l’on aurait pu croire faite pour un baptême !)… Des citations de Proverbes 31 illustraient les pièces exposées. Pour rentrer dans la synagogue, j’avais oublié d’apporter ma kippa… Je suis allé en demander une au gars de l’entrée. Il m’en tend une et me dit : « Ma è da cardinale ! Forse, è un presagio… » Je lui ai dit merci pour la kippa, qui était pourpre en effet. S'il savait de quel cardinal j'ai porté la calotte, il tomberait dans les pommes!
Au moment de sortir, il nous invite à aller voir au rez-de-chaussée, sous la synagogue, l’ancienne salle-à-manger de l’hospice allemand, devenu aujourd’hui le musée. Le plafond est décorée de fresques avec des phrases en latin, allemand, hébreu, grec, syriaque et arabe et des scènes bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament, autour du thème de la nourriture. (Dans la Bible, ça doit pas être trop difficile…) : Moïse dans le désert, la tentation au désert, Élie nourri par les corbeaux, la Samaritaine. Ce qui m’a soufflé, c’est que le type connaissait les noms des épisodes néo-testamentaires ! Il nous a fait remarquer au plafond, deux visages : l’un porte un tarbouche et l’autre un turban. Il s’agit du gouverneur ottoman au XIXe siècle et du sultan de Constantinople de l’époque.
Deux têtes qui vous surveillent...
Puis le type nous a dit que son oncle il y a plus de 80 ans s’était converti au christianisme et qu’il était devenu assomptionniste. Il a fini ses jours dans une maison de la communauté à Toulouse et quand on sait que Marie-Claire est très proche des Assomptionnistes et qu’elle habite Toulouse… La boucle était bouclée.
Après cette passionnante visite, nous sommes rentrés chacun chez soi. Il faisait bien cagnard. J’ai fait un détour par le Saint-Sépulcre mais il y avait tellement de monde… À la maison, j’ai bu des litres d’eau. Je n’avais pas pris d’eau pour la journée et je devais être déshydratée.
Lundi matin, matinée normale à la bibliothèque. Je suis en plein dans les « Malheurs ! ». Je suis rentré déjeuner. Et j’ai eu la surprise de voir que le Frère Luis était retourné à Jaffa alors que nous avions pris le petit-déjeuner ensemble et qu’il n’en avait rien dit ! Ni Frère Malak, ni Frère Daoud n’étaient au courant. Bon…
À 15 h, rendez-vous avec Marie-Claire à l’arrêt de bus en bas de la Porte de Jaffa pour prendre le 231 vers Bethléem. Il n’a pas tardé à nous récupérer mais il a fini par nous déposer à Bab el Sqaq à 16h pétantes...
Je suis allé d’un bon pas à la place de la Mangeoire faire une emplette (quelques savons de Naplouse) puis je suis allé au Carmel. En effet, on célébrait la messe de la solennité de sainte Marie de Jésus-crucifié (avec mon portable, le correcteur orthographique me propose “Jésus-certifié” !). Normalement, elle est fêtée le 25 août (sauf en France, où c’est le 30 août à cause de la mémoire de saint Louis).
Chapelle du Carmel de Bethléem.
Le reliquaire est à droite derrière la caméra
La chapelle du carmel n’est pas très grande, date des années 1870-80 et a une sobriété qui fait penser à Notre-Dame de la Garde à Marseille… Pas mal de prêtres étaient là, donc le Fr. Jean-Emmanuel de Ena, ocd de la province d’Avignon-Aquitaine que j’ai connu à Toulouse où il était prieur. Mais aussi le P. William-Marie Merchat, du diocèse de Nîmes avec lequel j’ai enregistré deux CD. Monseigneur Marcuzzo, évêque auxiliaire du Patriarcat de Jérusalem, présidait ; il en a profité pour célébrer ses 50 ans d’ordination sacerdotale. La messe était en arabe. Belle messe, avec toutefois le stress du micro : il ne fonctionnait pas aussi bien qu’on aurait pu s’y attendre… Pendant la messe, je me disais qu’il n’y avait pas beaucoup de religieuses dans l’assemblée et, en passant devant la grille du chœur des carmélites pour aller communier à l’autel, j’ai compris : elles y étaient toutes (brigittines, sœurs polonaises, sœurs du Rosaire, petites sœurs de Jésus et sœurs des Béat’...). Après la messe, j’ai salué Mgr Jules-Joseph, archéparque (= archevêque grec-catholique melkite) grec-catholique émérite de de Jérusalem. Il s’est retiré il y a un an et demi et ne sort plus guère. Mais il a fait une exception pour la petite sainte palestinienne pour laquelle il éprouve une grande dévotion.
Évidemment, il y avait des rafraîchissements et des gâteaux à la sortie de la messe. Là encore, pas de poubelle prévue et donc les gens empilaient leurs assiettes dans un coin ! Marie-Claire et moi étions estomaqués.
Frère Daoud était venu à la messe et nous a raccompagnés. À 19 h 30, j’étais à la maison et nous avons donc dîné un peu plus tôt. Ce qui me laisse le temps de vous écrire. Bientôt la suite de mes aventures en Terre Sainte.
À bientôt,
Étienne+

mardi 20 août 2019

De chez Caïphe (Jn 18,28)

ἀπὸ τοῦ Καϊάφα
apo tou Kaïapha

Chers amis,
Bientôt une semaine que je ne vous ai pas écrit… Ma vie d’étudiant est calme… Mais il est vrai que cette semaine enfin, la bibliothèque sera ouverte sans interruption. Mes premières semaines ont toutes deux connu un jeudi de fermeture : pour la Saint-Dominique et l’Assomption. Départ en douceur, donc et maintenant, rythme de croisière.
Samedi, je suis allé me promener dans l’après-midi, j’ai suivi la voie du tramway puis j’ai baguenaudé. J’ai eu de la chance. Vendredi il a fait bien chaud (35° C) mais samedi la température avait bien descendu.
Dimanche, je suis allé à la messe à la paroisse. Un franciscain croate a célébré la messe en arabe. L’ancien curé est déjà parti et le nouveau n’arrivera que dimanche prochain. Et le diacre Firaz est venu “diaconer” depuis le patriarcat latin où il exerce sa nouvelle mission, secrétaire de l’administrateur apostolique. La messe est annoncée sur le site Internet comme high mass, j’imagine que cela signifie “grand messe”. Mais elle n’a pas été longue. Et surtout, les chants étaient horribles : on ne peut pas imaginer qu’il soit possible de chanter aussi faux…
L’ossuaire “de Caïphe” au Musée d’Israël
L’après-midi, je me suis encore promené. J’avais projeté d’aller à la découverte de la “tombe de Caïphe”. En 1990, lors de travaux pour l’aménagement d’un parc, on a mis au jour une petite tombe, dans le style des tombes juives du premier siècle de notre ère : une cavité creusée dans le rocher avec quelques kokhim (כוכים, en hébreu fours) une sorte de petit tunnel en cul-de-sac, dans lequel on plaçait les ossuaires. À l’époque de Jésus, les tombes revenaient assez cher (il fallait creuser le rocher !) et on optimisait l’espace. Toute la famille partageait la tombe (dans cette tombe, assez petite, on a retrouvé les restes de 63 personnes). Lorsqu’un membre de la famille mourait, on le déposait sur une banquette et on attendait une année. Au bout de ce temps, il ne restait plus que les os que l’on rassemblait dans un ossuaire, une grosse boîte en calcaire tendre que l’on décorait plus ou moins en fonction des moyens du commanditaire. Parfois, on inscrivait le nom du défunt. Vu la qualité des inscriptions, ça n’était pas pour se souvenir des noms : la plupart du temps les inscriptions ne sont lisibles que par des spécialistes d’épigraphie (la science des inscriptions). La taille d'un ossuaire permet d'estimer la taille du mort à l'intérieur : la diagonale intérieure du coffret correspond à la longueur du fémur (l'os le plus long du corps humain). On n'allait pas s'énerver à faire un ossuaire plus grand que nécessaire. Comme vous pouvez le voir sur la photo, l'ossuaire “de Caïphe” est très orné. Des ossuaires, on en trouve à la pelle dans les musées archéologiques, les magasins d'antiquité et les tombes encore à découvrir dans la région.
Dans la tombe de Caïphe, on a retrouvé plusieurs ossuaires, dont un portant l’inscription jhwsp br qyp’. Les archéologues ont compris cette inscription comme Joseph fils de Caïphe. Et le lien s’est fait avec le personnage évangélique que l’on connaît dans les Antiquités Judaïques sous le nom “Joseph, appelé aussi Caïphe”.
Le lieu a donc été dénommé, « tombe de la famille de Caïphe ». Même si les spécialistes ne sont pas d'accord sur l'attribution à ce personnage illustre : la tombe est assez petite et humble pour une famille si importante que celle du grand prêtre. J’ai retrouvé sans difficulté le lieu, dans un parc nommé “Forêt de la Paix”, ce qui était le no man’s land entre Israël et la Jordanie de 1949 à 1967.
La pyramide à côté de laquelle se situait la tombe
C’est à un carrefour, mais on ne voit absolument aucun vestige. Je pense que les travaux de voirie ont réduit à néant les restes de la tombe (elle avait déjà était bien endommagé lorsque les ouvriers sont littéralement “tombés” dedans, et pas dessus). Le site est aménagé avec des murets qui serpentent : les gens peuvent aller y pique-niquer. Ah, le pique-nique dans le pays ! Quelle institution !
Pour vous, un pique-nique, c’est un sandwich au pâté, un paquet de chips, un kiri et une pomme. En terre sainte, pas de vrai pique-nique sans grillades ! Sinon, on a l’impression de ne pas avoir mangé. Les gens apportent un petit barbecue portable, souvent fait maison, le charbon de bois et on fait griller les brochettes d’agneau et de poulet. Surprise pour le Français que je suis de voir que l’on peut faire du feu à peu près là où on veut, dans ce pays où il n’a pas plu depuis le 21 avril (dimanche de Pâques). Quand on part pique-niquer, ne soyons pas chiches, place à l’abondance de viandes. On fait aussi griller des poivrons et des oignons (quand je dis griller, c’est plutôt carboniser). 
On mange le tout dans des assiettes en plastique (ça n’est pas encore interdit par ici. En plus, c’est beaucoup plus simple pour gérer les règles de kashrout) et une fois qu’on a fini, on s’en va en remportant le barbecue artisanal (mais on laisse tout le reste en tas : reliefs du festin et vaisselle en plastique). Je suis estomaqué de voir la saleté des parcs dans le pays (quel que soit le côté où l’on se trouve). 
En fait, en Orient, la notion d’espace public n’existe pas (ou alors, c’est pas la même). Les gens ont leur chez eux, qu’ils tiennent propre et soigné. Une fois dehors, on s’en fiche, on laisse les choses sales, traîner. Y aura bien quelqu’un pour nettoyer… ou pas !
Après j’ai continué mon tour et j’ai traversé le parc Teddy, qui était blindé de familles juives, observants ou non. J’ai essayé de me renseigner sur la raison de cette foule mais je n’ai rien eu de concluant. Normalement, la fête de ce moment c’est tou beav, mais qui tombait le vendredi et non pas le dimanche. Enfin, le lendemain, le parc ne devait pas être beau à voir avec tous les restes de pique-nique…
Lundi à midi, nous avons eu la bonne surprise de la compagnie du Frère Jean. Né à Beersheva en 1932, il est d’une famille palestinienne de Jérusalem. C’est un homme délicieux, délicat, qui parle un joli français et donc la conversation est toujours bienveillante, drôle et captivante. C’était aussi la fête de la Transfiguration dans le calendrier julien (des chrétiens d’Orient). Ce fut l’occasion pour Frère Jean et Suzanne, la cuisinière d’évoquer un proverbe arabe : « À la Transfiguration (tajali), on dit "va-t'en !" à l’été ».
Ce mardi, RAS…
À bientôt,
Étienne+

jeudi 15 août 2019

Enveloppée de soleil (Ap 12,1)

περιβεβλημένη τὸν ἥλιον
peribeblèmenè ton helion

Chers amis,
Ce dimanche, je suis allé à la messe à Abu Gosh. C’était la première fois que j’y retournais depuis le rappel à Dieu du P. abbé Charles. La communauté a été bien ébranlée par ce décès mais on sent qu’une paix surnaturelle est à l’œuvre. La messe a été belle ; il y avait un groupe d’Allemands (je ne sais pas ce qu’ils ont compris à l’homélie…). À la fin une dame du groupe a chanté accompagné à l’orgue. La musique me disait bien quelque chose et finalement, j’ai reconnu le morceau : Denn er hat seinen Engeln befohlen über dir, de Mendelssohn ! Bon, en fait, c’est un octuor et là, elle ne chantait que la voix de soprane 1… d’où la difficulté à reconnaître l’ensemble… Et en plus le tempo était un poil lent. Je vous mets une belle vidéo a capella d'une belle interprétation
Déjeuner avec les frères puis Laurent-Pierre m’a déposé en ville.
Lundi, mardi, mercredi, bibliothèque. Ça bosse. Les journées sont un peu plus chaudes que ces jours derniers, mais on est plutôt dans les 32-33°. Ça reste supportable, d’autant que la bibliothèque est climatisée. Ça n’est pas une ventilation violente mais les biblistes sont une caste frileuse et on en voit avec une petite laine sur les épaules, ou même un bonnet sur les épaules. Chacun sa grâce !
Ces jours-ci, je ne regarde pas trop la télé le soir avec les frères. Euronews est en mode Supercolor Tryphonar ! Sinon, la programmation, ce sont essentiellement des chaînes libanaises avec des soap opera turcs, doublés en arabe, à côté PBLV, c’est la Comédie française… Ce sont toujours des intrigues de harem, avec des sultans moustachus, et des beautés orientales, des sourcils froncés et des gros yeux roulés.
Mardi, nous avons dignement fêté le saint frère Bénilde, un frère des Écoles chrétiennes du XIXe s., qui a vécu principalement en Haute-Loire. Si vous connaissez des accordéonistes, c’était l’occasion de leur souhaiter une bonne fête, puisqu’il est leur saint patron[1].
Ce mercredi soir, c’était les vigiles de l’Assomption. Après la messe de 19 h 30 au collège, j’ai avalé trois bouchées de chakchouka (une sorte de ratatouille avec des œufs pochés, j’adore) j’ai filé à Gethsémani. Pourquoi Gethsémani, me direz-vous ?
En fait, ce lieu, mémorial de l’agonie au jardin des Oliviers est situé tout à côté d’un autre sanctuaire appelé Tombeau de Marie. C’est une ancienne église de laquelle les Franciscains ont été expulsés très violemment en 1757 et qui se trouve donc maintenant entre les mains des Grecs et des Arméniens. Les musulmans disposent d’un petit coin pour prier mais les Latins ne peuvent y prier liturgiquement que le 15 août.
Les Vigiles sont célébrées dans le petit jardin au-dessus de la grotte de l’arrestation. On était un peu entassés. L’office est assez simple, il est constitué d’une série de lectures d’épisodes évangéliques de la vie de la Vierge Marie, entrecoupés de chants mariaux. À la fin, on a lu un apocryphe qui raconte le Transitus (passage) de Marie.

La lecture est interrompue par le départ de la procession aux flambeaux. Les bobèches sont de compétition, rien à voir avec Lourdes !, et il faut bien ça pour lutter contre le petit vent qui souffle dans le fond du vallon du Cédron. Nous chantons, et accompagnons une statue de la Vierge couchée sur un brancard, comme procession funèbre. La procession entre dans le jardin de Gethsémani et en fait trois fois le tour puis nous entrons dans la Basilique des nations. Un catafalque de velours rouge est disposé devant le chœur pour recevoir la statue. Elle sera encensée et aspergée de pétales de roses. Le président faisait ça aussi bien que François Hollande quand il arrose les arbres
Honnêtement, c’était un beau moment priant mais j’étais un peu déconcerté par le côté très affectif de la célébration, une sorte de mimèsis liturgique mais qui ne dit finalement rien de ce que l’Assomption signifie. On a mis au tombeau la Vierge, point.
Sinon, en sortant, on a tout de même eu droit à une glace. Les franciscains dans le jardin de Gethsémani, chacun avec son cornet, ça valait la photo mais la batterie de mon appareil était à plat…
Je suis rentré à pied (tout remonter, quelle joie !).
Ce jour de l’Assomption, je suis retourné à la messe à Abu Gosh. J’avais de la chance, je suis parti avec les Assomptionnistes de Saint-Pierre-en-Gallicante : Marie-Claire, vue la veille au soir aux Vigiles, m’avait fait signe. Très belle messe de l’Assomption. J’ai particulièrement admiré l’évangéliaire. Je l’avais déjà vu : splendidement relié par Goudji, le fameux orfèvre géorgien, il a aussi été écrit et enluminé par toute la communauté d’Abu Gosh en 1987. C’est splendide ! Et l’homélie était bien nourrissante, plus que l’office de la veille au soir.
Après la messe, tout le monde s’est retrouvé dans le cloître du monastère des Sœurs. En effet, elles célèbrent ce jour leurs quarante-deux ans de présence en Terre Sainte (1977 ! quelle belle année !). Elles sont arrivées quelques années après les Frères.

La Dormition de la Vierge, fresque d'Abu Gosh
Le repas fut partagé par tous dans la joie et la simplicité. Ceux de Saint-Pierre étaient déjà repartis mais j’ai trouvé un chauffeur en la personne de Rébecca, une Israélienne qui m’a déposé à la Qehilah (paroisse hébraïque). Une bonne sieste, une petit ballade et je prends le temps de vous écrire.
À bientôt,
Étienne+


[1] Non, non, ça n’est pas sainte Yvette !

samedi 10 août 2019

Tu as détruit tout son souvenir. (Is 26,14)

וַתְּאַבֵּד כָּל־זֵכֶר לָמוֹ
watteʾabbēd kol-zēker lāmô

Chers amis,
Me voici depuis quelques jours à pied d’œuvre… Il s’agit tout de même d’un (re)démarrage en douceur. En effet, j’ai passé les journées de mardi et mercredi à la bibliothèque : j’ai reconstitué mon fonds de bibliographie et mis bout à bout tout ce que j’ai déjà rédigé. Depuis je relis tout ça et vérifie les notes et la cohérence du propos. Y a du boulot !
Au Collège, j’ai retrouvé frère Daoud et frère Luis (qui est normalement à Jaffa mais qui profite de la fraîcheur hiérosolymitaine ainsi que de la vie fraternelle). Le frère Malak est arrivé jeudi. Quant au frère Rafael, il passe le mois d’août dans sa famille à Burgos. J’ai reçu une photo de lui à la table d’un café avec une bière : il va bien !
Mercredi soir, j’ai quitté le collège juste après la messe pour aller à Saint-Pierre-en-Gallicante, où 120 jeunes pros, en trois groupes vivaient une soirée adoration-confession. L’un des organisateurs est prêtre du diocèse de Lille et de Notre-Dame de Vie et il m’avait embauché pour confesser. Quelques belles et émouvantes rencontres. Je suis donc rentré tard, ai grignoté un petit quelque chose avant d’aller me coucher.
Le lendemain, j’ai pu faire la grasse matinée, grâce à la fête de saint Dominique ! qui est l’occasion d’une journée de fermeture de la bibliothèque. J’avais prévu de quoi étudier à la maison mais de manière légère. Mais j’avais rendez-vous à 10 h avec Marie-Claire, une amie qui fait un mois de volontariat à Saint-Pierre-en-Gallicante. Nous nous installons au café Samara, près de la porte de Jaffa pour refaire le monde et échanger les nouvelles d’une actualité qui a pas mal évolué depuis que nous nous sommes vus en mars. Nous nous trouvons dans ce café au rez-de-chaussée de l’Imperial Hotel qui fait beaucoup parler de lui en ce moment.
L'Imperial Hotel en 2007
En effet, ce bâtiment, propriété du patriarcat grec-orthodoxe, a été racheté grâce à un mic-mac juridique par une organisation juive qui vise à judaïser la Vieille Ville de Jérusalem. Depuis 15 ans, le patriarcat a tout fait pour annuler la vente (en fait, un bail emphytéotique de 99 ans) qui a provoqué la chute du précédent patriarche, Irénée Ier. Tous les recours ont été menés, mais la Cour suprême d’Israël a refusé de donner raison au patriarche et a validé la vente… On sent que l’enjeu est tel pour les Israéliens que, de toute façon, ils ne lâcheront rien. Il y a eu plusieurs manifestations des autorités chrétiennes pour protester. Pour une fois, comme on touche au patrimoine et à l’argent, les chrétiens arrivent à faire cause commune, un peu comme l’année dernière lorsque le Saint-Sépulcre a été fermé trois jours pour protester contre un projet de loi israélien taxant, au mépris des accords internationaux, les propriétés des Églises. Pour ma part, je connais cet établissement puisque c’est là – à l’époque, il s’appelait New Imperial Hotel, mais le temps a passé et le New n’est plus tout à fait à jour… – c’est là que j’ai logé à Jérusalem lors de mon premier pèlerinage en juillet 1995.
Avec Marie-Claire, nous avons pas mal discuté. Elle m’a proposé d’aller visiter la Knesset, le parlement israélien, mais j’avais déjà un engagement.
Sur tes remparts, Jérusalem...
Dans l’après-midi, j’avais rendez-vous avec Matthieu, le prêtre organisateur du pélé de jeunes pros. Il avait pris avec lui deux autres jeunes prêtres lillois. Nous avons pris le café et quelques photos sur la terrasse du Collège.
Vendredi et samedi matin, bibliothèque. Je retrouve Caroline, spécialiste de Philon d’Alexandrie et je rentre au Collège à midi avec elle, là aussi nous refaisons le monde.
Samedi après-midi, un bon tour à pied. Il ne fait pas trop chaud mais je cherche l’ombre.
Aujourd’hui, c’est une étrange journée pour les juifs : תשעה באב tishʿa bèʾav, soit le neuvième (tishʿa) jour du mois d’ʾav. On y commémore la destruction du Temple de Jérusalem par les Romains en 70 ap. J.-C. (mais aussi par Nabuchodonosor en 586 av. J.-C.). C’est un jour de jeûne et de pénitence (même si cette année, le jour tombe un shabbat et le jeûne est remis au lendemain). Normalement, on ne fait pas la fête ce jour-là, on ne danse pas, on n’écoute pas de musique.
Mais chez les musulmans, on s’active aussi : ce dimanche, c’est l’Aïd, anniversaire du sacrifice d’Abraham (qui s’apprête à immoler son fils Ismaël, dans la tradition musulmane). À Behtléem, tous les magasins étaient ouverts pour les préparatifs de la fête.
Messe de la saint Laurent avec les Frères puis soirée calme…
À bientôt,
Étienne+

mardi 6 août 2019

Endormi entre deux soldats (Ac 12,6)

κοιμώμενος μεταξὺ δύο στρατιωτῶν
koimômenos metaxy duo stratiôtôn

Chers amis,

Après deux mois et quelques hors de Terre Sainte, me voici de retour. Deux mois bien remplis avec quelques jours en famille pour bénir une partie rénovée de la maison familiale, assister à la remise de Légion d’honneur de mon père ainsi qu’à la première communion de ma nièce. Puis ce fut une intense semaine consacrée aux examens de Bible des étudiants de 4ème année du Studium de Notre-Dame de Vie. Trois semaines de solitude-ressourcement à la maison de Souveilles (avec la canicule historique de fin juin) puis deux semaines de camp entre Amboise et Saumur avec les ados du Jeune Amandier. Le mois de juillet s’est achevé par la kermesse paroissiale et par quelques jours en famille, motivés par des formalités administratives mais j’en ai profité pour embrasser mes grands-mères, et voir mes sœurs qui, comme moi, passaient quelques jours de vacances. Deux mois bien remplis.
Ce matin, mon père m’a accompagné à l’aéroport de Marseille. Nous avons eu raison de partir tôt car les contrôles de sécurité ont été particulièrement vigilants à mon encontre. Je suis passé dans les mains (parfois littéralement, pendant la fouille au corps) de pas moins de six personnes. La jeune femme qui m’a cuisiné au début était une stagiaire, ce qui n’a pas contribué à accélérer la procédure. Puis ma valise a été intégralement fouillée et mon ordinateur y a été placé ainsi que ma liseuse… (petit détachement à faire : rien à lire pendant le vol, sinon un vieux Point de 2017 sur la marche à pied et la mort de Claude Rich). Un type en costard m’a interrogé et il a commencé directement à me parler en arabe. J’ai joué au couillon (c’est encore dans ce rôle que je suis le meilleur, pas besoin de se forcer). « Mais tout le monde parle arabe à Jérusalem » ; « Pas moi ».
J’ai fait l’expérience d’une fouille au corps, le pantalon baissé… là aussi un stagiaire supervisé par le gars en costard. 
Ensuite j’ai poireauté trois bons quarts d’heure dans la petite salle. J’ai dû changer de pantalon, car celui que je portais ne leur revenais pas (désolé, mais pour les coloris, mes fringues manquent de variété). J’ai roupillé un moment, les deux barbouzes étaient derrière le rideau à passer au crible mes bagages. J’ai retrouvé toutes les cartes de mon portefeuille ici ou là, en tout cas pas à leur place habituelle, ils doivent maintenant savoir à peu près tout de ma vie. Peut-être ont-ils même touché à mon ordi… Un peu après 9 heures, soit deux heures de cuisine, un sixième type m’a pris en charge et m’a fait passer en coupe-file les contrôles de sécurité de l’aéroport et le contrôle du passeport et m’a posé au guichet d’embarquement. Quelques minutes d’attente avant l’embarquement, et le type en costard m’a fait passer devant tout le monde jusqu’à l’entrée de l’avion. Je ne sais pas si ces égards étaient motivés par le souci de ne pas m’ennuyer plus longtemps ou de s’assurer que j’embarquais bel et bien… 
Intérieurement, j’espérais un surclassement (ça arrive à des gens très bien, pourquoi pas moi ?!) mais finalement non… je suis bien à la place 50A. Mon voisin s’installe tout de suite en mode Ramsès II (masque de sommeil de compétition, bouchons d’oreille top niveau et surtout une couverture qui couvre de pieds à la tête, enserre le cou et ménage deux trous pour les mains) puis il tombe en léthargie, ou peut-être un coma profond…
Le film diffusé dans l’avion est surprenant : un « faith-based movie » américain où un enfant manque de se noyer dans un lac gelé. Sa mère prie pour qu’il sorte du coma. Il y a des scènes dans une méga church, je me demande pourquoi les passagers juifs orthodoxes ne réagissent pas ! 
Le repas nous propose un grand moment de gastronomie israélienne : une bouteille d’eau minérale, 20 g de trucs à grignoter (farine de blé, sésame, sel) [oui, j’ai mis en gras les allergènes] et au choix une salade grecque ou un sandwich tomate-mozza-olive. Je choisis le plus nourrissant (On dira plutôt le moins frugal). J’allais oublier la barre chocolatée en guise de dessert…
Nous survolons l’Italie et le golfe de Tarente, puis j’admire quelques îles grecques, dont Leucade, (Ithaque est sur la droite de l’appareil… je suis du mauvais côté) et Siphnos. C'est au nord de Leucade, que s'est déroulée, le 2 septembre 31 av. J.-C., la bataille d'Actium qui opposa Octave (futur empereur Auguste) et Marc Antoine dans leur lutte pour le pouvoir sur Rome. Marc Antoine fut défait et s'enfuit à Alexandrie où il se suicida, suivi en cela par Cléopâtre, sa maîtresse et alliée.
J'aperçois un peu plus au sud le pont du détroit de Rion dans le golfe de Corinthe.
La barrière de sécurité qui serpente… (image Google Maps)
Nous atterrissons à l’heure à Tel Aviv. Avant l’atterrissage, l’avion décrit une grande boucle au-dessus des collines et je me rends compte qu’on voit la barrière de séparation : une sorte de route large qui serpente dans les collines, d’un côté un joli village israélien propret et bien rangé et de l’autre un village arabe, un brin bordélique. Une fois dans l’aérogare, je poireaute un peu pour le contrôle des passeports. Cela laisse le temps à ma valise d’arriver. Je sors de l’aéroport et prends le train vers Jérusalem : il part cinq minutes plus tard. J’attends un peu le tram et arrive à la maison à 16 h 30. J’ai quitté la Lyonnaise à 5 heures du matin, soit 10 h 30 de voyage, porte à porte. Depuis quatre ans que je voyage entre Jérusalem et la France, je crois que c’est le trajet le plus rapide. Et, à 15 ₪ le combi train-tram, bien moins cher que le sherout
Je retrouve le frère Luis de Jaffa qui passe le mois d’août ici. Daoud n’arrive qu’en fin d’après-midi pour la messe. Je range mes affaires rapidement, même si c’est une joyeuse pagaille, grâce à mes copains de l’aéroport. Je retrouve une Jérusalem estivale. Je m’attendais à des températures caniculaires, mais il ne fait qu’une trentaine de degrés et le vent souffle – comme toujours – sur la ville. Le soir, le soleil se couche vers 19 h 30, avec de splendides couleurs, et à ce moment-là, l’air se rafraîchit brutalement et sur les coups de 21 h, il fait moins de 25°… Le rêve.
Je ne m’attarde pas pour aller me coucher.
Après une bonne nuit de repos, je me lève et arrive à la bibliothèque sur le coup de 9 h. Je retrouve mon poste de travail. Il faut reprendre vite les bonnes habitudes. J’arpente les étagères de ce temple de l’étude pour me refaire mon fond de lecture : commentaires et monographies sur l’Apocalypse. Au gré de mes recherches, je retrouve quelques habitués que je salue. Ça y est, je suis relancé !
À bientôt,
Étienne+