αὐλίσθητε ἐν οἴκῳ παιδείας
aulisthète en oikôi
paideias
Chers amis,
Depuis lundi dernier, rien de particulier… Le
titre de ce billet n’est pas pour moi : cela fait un mois maintenant que
je suis retourné à l’école… C’est pour les élèves des Écoles des Frères à
Jérusalem et Bethléem. Ils ont eu la rentrée lundi.
C’était pour les plus petits : vous
connaissez tous ce spectacle des pleurs déchirants des tout-petits qui ne
veulent pas rester loin de leur maman. Heureusement, ici, un grand lapin rose
et blanc les accueillait pour les rassurer (ou pas !).
L’après-midi et le mardi, c’était les plus
grands. C’est comme ça que mardi matin, en allant à la chapelle à 6 h 30,
je tombe nez à nez avec une élève dans le couloir de la communauté !
Quelques mots d’anglais… Elle était arrivée tôt pour être sûre d’être à l’heure
mais cherchait son chemin. La porte de la communauté était restée ouverte
(quand elle est rabattue, on ne peut pas l’ouvrir de l’extérieur !). Il
faut reprendre les bonnes habitudes maintenant que la rentrée est faite.
Mardi matin, en passant dans la cour, j’ai jeté
un coup d’œil sur les listes des élèves. Pas mal de Georges et de Simone (des
chrétiens) puis toutes les variantes des prénoms musulmans. Mais surtout, j’ai
vu qu’une élève s’appelle Jeanne Dark ! J’espère que c’est une erreur de
transcription de la secrétaire du Collège parce que c’est pas folichon !
Mais le redémarrage se fait en douceur… Lundi et
mardi, c’était la reprise, chacun à son heure. Mercredi, pour la Dormition de
la Mère de Dieu (l’Assomption dans le calendrier orthodoxe), les écoles
chrétiennes de Bethléem avaient congé (paroisse, patriarcat, franciscains,
Frères des Écoles chrétiennes…). Jeudi cours normal, vendredi congé normal et
ce samedi matin, en sortant, je me rends compte qu’il n’y a pas d’élèves…
Normalement, quand je sors, la cloche sonne et les enfants doivent se mettre en
rang.
Je demande au portier :
– Ma fish ulad ?
– La.
– Lèsh ?
– A feast for muslims… (Toutes les
occasions sont bonnes). Après, tu m’étonnes que le dialogue œcuménique et
interreligieux ait du mal à avancer… Les gens ont pas envie de perdre des jours
de congé ! Renseignements pris, c’est la veille du jour de l’an dans le
calendrier musulman… L’équivalent de leur 31 décembre. Dans un mois, ce sera
Rosh haShana, la “tête de l’année” chez les Juifs.
La reprise des cours a aussi bien amélioré l'ordinaire : déjà lundi, Suzanne avait fait un poulet-maftoul. Le mardi, on a eu musakhan, la version palestinienne du tacos mexicain... Mais la galette est faite avec du pain, un truc bien étouffe-chrétien. Heureusement, Suzanne avait émincé le poulet (pas de demi-poulet ou de morceaux entiers comme des pilons ou des ailes comme c'est l'habitude...). Le poulet est assaisonné avec des oignons presque confits, des pignons ou des amandes et du sumac, une épice rouge typique. C'est délicieux, mais ensuite, on passe l'après-midi en mode digestion...
Sinon, jeudi, en allant à l’École, je longeais
la voie du tramway (ça permet d’aller un poil plus vite). J’étais plongé dans
ma lecture (une biographie de Lawrence d’Arabie)… Et un policier m’interpelle…
Oups ! En fait, il me demandait de faire un détour, à cause d’un colis
suspect sous les palmiers. J’ai donc dû longer la muraille de la Vieille Ville,
jusqu’à la porte de Damas puis remonter la route de Naplouse jusqu’à l’École.
Je pense que c’était une fausse alerte car on n’a pas entendu ensuite d’explosion
ou de sirènes de police (ils adorent faire du bruit !).
La biographie de Lawrence d’Arabie est
passionnante. L’auteur approfondit évidemment la période de la Révolte arabe de
1916-1918, avec entre autres la fameuse prise d’Aqaba mais il parle aussi de l’avant-guerre
pendant lequel Lawrence faisait l’archéologue en Syrie. Et de l’après-guerre,
où il s’est réengagé dans la RAF comme simple soldat, incognito pour fuir sa notoriété,
qu’il entretenait pourtant savamment par la publication de ses souvenirs (les
fameux Sept Piliers de la Sagesse). Le bouquin est passionnant, car on
sort un peu du mythe cinématographique, on voit un peu la face sombre mais
aussi le côté primesautier et imprévisible du personnage. Finalement très british.
Comme lorsque dans le film, il dit : « This is going to be fun !
– Lawrence, only two kinds of creature get
fun in the desert: Bedouins and gods, and you're neither. Take it from me, for
ordinary men, it's a burning, fiery furnace.
– No, Dryden, it's going to be fun.
– It is recognized that you have a funny sense
of fun.
Et là, il y a le fameux plan où Lawrence
souffle sur son allumette et laisse la place au lever de soleil sur le désert… Et la musique de Maurice Jarre...
Samedi matin en allant à l’École, je croise le
groupe des séminaristes du diocèse de Meaux avec leur évêque, Mgr Nahmias et
leur DDFM. L’après-midi, balade. Un joli tour…
Dimanche, je devais aller au Musée d’Israël
avec Marie-Claire, mais il y a un changement de programme… Pas de musée donc,
et je vais en profiter pour faire un bon tour.
À bientôt,
Étienne+