mardi 6 août 2019

Endormi entre deux soldats (Ac 12,6)

κοιμώμενος μεταξὺ δύο στρατιωτῶν
koimômenos metaxy duo stratiôtôn

Chers amis,

Après deux mois et quelques hors de Terre Sainte, me voici de retour. Deux mois bien remplis avec quelques jours en famille pour bénir une partie rénovée de la maison familiale, assister à la remise de Légion d’honneur de mon père ainsi qu’à la première communion de ma nièce. Puis ce fut une intense semaine consacrée aux examens de Bible des étudiants de 4ème année du Studium de Notre-Dame de Vie. Trois semaines de solitude-ressourcement à la maison de Souveilles (avec la canicule historique de fin juin) puis deux semaines de camp entre Amboise et Saumur avec les ados du Jeune Amandier. Le mois de juillet s’est achevé par la kermesse paroissiale et par quelques jours en famille, motivés par des formalités administratives mais j’en ai profité pour embrasser mes grands-mères, et voir mes sœurs qui, comme moi, passaient quelques jours de vacances. Deux mois bien remplis.
Ce matin, mon père m’a accompagné à l’aéroport de Marseille. Nous avons eu raison de partir tôt car les contrôles de sécurité ont été particulièrement vigilants à mon encontre. Je suis passé dans les mains (parfois littéralement, pendant la fouille au corps) de pas moins de six personnes. La jeune femme qui m’a cuisiné au début était une stagiaire, ce qui n’a pas contribué à accélérer la procédure. Puis ma valise a été intégralement fouillée et mon ordinateur y a été placé ainsi que ma liseuse… (petit détachement à faire : rien à lire pendant le vol, sinon un vieux Point de 2017 sur la marche à pied et la mort de Claude Rich). Un type en costard m’a interrogé et il a commencé directement à me parler en arabe. J’ai joué au couillon (c’est encore dans ce rôle que je suis le meilleur, pas besoin de se forcer). « Mais tout le monde parle arabe à Jérusalem » ; « Pas moi ».
J’ai fait l’expérience d’une fouille au corps, le pantalon baissé… là aussi un stagiaire supervisé par le gars en costard. 
Ensuite j’ai poireauté trois bons quarts d’heure dans la petite salle. J’ai dû changer de pantalon, car celui que je portais ne leur revenais pas (désolé, mais pour les coloris, mes fringues manquent de variété). J’ai roupillé un moment, les deux barbouzes étaient derrière le rideau à passer au crible mes bagages. J’ai retrouvé toutes les cartes de mon portefeuille ici ou là, en tout cas pas à leur place habituelle, ils doivent maintenant savoir à peu près tout de ma vie. Peut-être ont-ils même touché à mon ordi… Un peu après 9 heures, soit deux heures de cuisine, un sixième type m’a pris en charge et m’a fait passer en coupe-file les contrôles de sécurité de l’aéroport et le contrôle du passeport et m’a posé au guichet d’embarquement. Quelques minutes d’attente avant l’embarquement, et le type en costard m’a fait passer devant tout le monde jusqu’à l’entrée de l’avion. Je ne sais pas si ces égards étaient motivés par le souci de ne pas m’ennuyer plus longtemps ou de s’assurer que j’embarquais bel et bien… 
Intérieurement, j’espérais un surclassement (ça arrive à des gens très bien, pourquoi pas moi ?!) mais finalement non… je suis bien à la place 50A. Mon voisin s’installe tout de suite en mode Ramsès II (masque de sommeil de compétition, bouchons d’oreille top niveau et surtout une couverture qui couvre de pieds à la tête, enserre le cou et ménage deux trous pour les mains) puis il tombe en léthargie, ou peut-être un coma profond…
Le film diffusé dans l’avion est surprenant : un « faith-based movie » américain où un enfant manque de se noyer dans un lac gelé. Sa mère prie pour qu’il sorte du coma. Il y a des scènes dans une méga church, je me demande pourquoi les passagers juifs orthodoxes ne réagissent pas ! 
Le repas nous propose un grand moment de gastronomie israélienne : une bouteille d’eau minérale, 20 g de trucs à grignoter (farine de blé, sésame, sel) [oui, j’ai mis en gras les allergènes] et au choix une salade grecque ou un sandwich tomate-mozza-olive. Je choisis le plus nourrissant (On dira plutôt le moins frugal). J’allais oublier la barre chocolatée en guise de dessert…
Nous survolons l’Italie et le golfe de Tarente, puis j’admire quelques îles grecques, dont Leucade, (Ithaque est sur la droite de l’appareil… je suis du mauvais côté) et Siphnos. C'est au nord de Leucade, que s'est déroulée, le 2 septembre 31 av. J.-C., la bataille d'Actium qui opposa Octave (futur empereur Auguste) et Marc Antoine dans leur lutte pour le pouvoir sur Rome. Marc Antoine fut défait et s'enfuit à Alexandrie où il se suicida, suivi en cela par Cléopâtre, sa maîtresse et alliée.
J'aperçois un peu plus au sud le pont du détroit de Rion dans le golfe de Corinthe.
La barrière de sécurité qui serpente… (image Google Maps)
Nous atterrissons à l’heure à Tel Aviv. Avant l’atterrissage, l’avion décrit une grande boucle au-dessus des collines et je me rends compte qu’on voit la barrière de séparation : une sorte de route large qui serpente dans les collines, d’un côté un joli village israélien propret et bien rangé et de l’autre un village arabe, un brin bordélique. Une fois dans l’aérogare, je poireaute un peu pour le contrôle des passeports. Cela laisse le temps à ma valise d’arriver. Je sors de l’aéroport et prends le train vers Jérusalem : il part cinq minutes plus tard. J’attends un peu le tram et arrive à la maison à 16 h 30. J’ai quitté la Lyonnaise à 5 heures du matin, soit 10 h 30 de voyage, porte à porte. Depuis quatre ans que je voyage entre Jérusalem et la France, je crois que c’est le trajet le plus rapide. Et, à 15 ₪ le combi train-tram, bien moins cher que le sherout
Je retrouve le frère Luis de Jaffa qui passe le mois d’août ici. Daoud n’arrive qu’en fin d’après-midi pour la messe. Je range mes affaires rapidement, même si c’est une joyeuse pagaille, grâce à mes copains de l’aéroport. Je retrouve une Jérusalem estivale. Je m’attendais à des températures caniculaires, mais il ne fait qu’une trentaine de degrés et le vent souffle – comme toujours – sur la ville. Le soir, le soleil se couche vers 19 h 30, avec de splendides couleurs, et à ce moment-là, l’air se rafraîchit brutalement et sur les coups de 21 h, il fait moins de 25°… Le rêve.
Je ne m’attarde pas pour aller me coucher.
Après une bonne nuit de repos, je me lève et arrive à la bibliothèque sur le coup de 9 h. Je retrouve mon poste de travail. Il faut reprendre vite les bonnes habitudes. J’arpente les étagères de ce temple de l’étude pour me refaire mon fond de lecture : commentaires et monographies sur l’Apocalypse. Au gré de mes recherches, je retrouve quelques habitués que je salue. Ça y est, je suis relancé !
À bientôt,
Étienne+

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