jeudi 15 août 2019

Enveloppée de soleil (Ap 12,1)

περιβεβλημένη τὸν ἥλιον
peribeblèmenè ton helion

Chers amis,
Ce dimanche, je suis allé à la messe à Abu Gosh. C’était la première fois que j’y retournais depuis le rappel à Dieu du P. abbé Charles. La communauté a été bien ébranlée par ce décès mais on sent qu’une paix surnaturelle est à l’œuvre. La messe a été belle ; il y avait un groupe d’Allemands (je ne sais pas ce qu’ils ont compris à l’homélie…). À la fin une dame du groupe a chanté accompagné à l’orgue. La musique me disait bien quelque chose et finalement, j’ai reconnu le morceau : Denn er hat seinen Engeln befohlen über dir, de Mendelssohn ! Bon, en fait, c’est un octuor et là, elle ne chantait que la voix de soprane 1… d’où la difficulté à reconnaître l’ensemble… Et en plus le tempo était un poil lent. Je vous mets une belle vidéo a capella d'une belle interprétation
Déjeuner avec les frères puis Laurent-Pierre m’a déposé en ville.
Lundi, mardi, mercredi, bibliothèque. Ça bosse. Les journées sont un peu plus chaudes que ces jours derniers, mais on est plutôt dans les 32-33°. Ça reste supportable, d’autant que la bibliothèque est climatisée. Ça n’est pas une ventilation violente mais les biblistes sont une caste frileuse et on en voit avec une petite laine sur les épaules, ou même un bonnet sur les épaules. Chacun sa grâce !
Ces jours-ci, je ne regarde pas trop la télé le soir avec les frères. Euronews est en mode Supercolor Tryphonar ! Sinon, la programmation, ce sont essentiellement des chaînes libanaises avec des soap opera turcs, doublés en arabe, à côté PBLV, c’est la Comédie française… Ce sont toujours des intrigues de harem, avec des sultans moustachus, et des beautés orientales, des sourcils froncés et des gros yeux roulés.
Mardi, nous avons dignement fêté le saint frère Bénilde, un frère des Écoles chrétiennes du XIXe s., qui a vécu principalement en Haute-Loire. Si vous connaissez des accordéonistes, c’était l’occasion de leur souhaiter une bonne fête, puisqu’il est leur saint patron[1].
Ce mercredi soir, c’était les vigiles de l’Assomption. Après la messe de 19 h 30 au collège, j’ai avalé trois bouchées de chakchouka (une sorte de ratatouille avec des œufs pochés, j’adore) j’ai filé à Gethsémani. Pourquoi Gethsémani, me direz-vous ?
En fait, ce lieu, mémorial de l’agonie au jardin des Oliviers est situé tout à côté d’un autre sanctuaire appelé Tombeau de Marie. C’est une ancienne église de laquelle les Franciscains ont été expulsés très violemment en 1757 et qui se trouve donc maintenant entre les mains des Grecs et des Arméniens. Les musulmans disposent d’un petit coin pour prier mais les Latins ne peuvent y prier liturgiquement que le 15 août.
Les Vigiles sont célébrées dans le petit jardin au-dessus de la grotte de l’arrestation. On était un peu entassés. L’office est assez simple, il est constitué d’une série de lectures d’épisodes évangéliques de la vie de la Vierge Marie, entrecoupés de chants mariaux. À la fin, on a lu un apocryphe qui raconte le Transitus (passage) de Marie.

La lecture est interrompue par le départ de la procession aux flambeaux. Les bobèches sont de compétition, rien à voir avec Lourdes !, et il faut bien ça pour lutter contre le petit vent qui souffle dans le fond du vallon du Cédron. Nous chantons, et accompagnons une statue de la Vierge couchée sur un brancard, comme procession funèbre. La procession entre dans le jardin de Gethsémani et en fait trois fois le tour puis nous entrons dans la Basilique des nations. Un catafalque de velours rouge est disposé devant le chœur pour recevoir la statue. Elle sera encensée et aspergée de pétales de roses. Le président faisait ça aussi bien que François Hollande quand il arrose les arbres
Honnêtement, c’était un beau moment priant mais j’étais un peu déconcerté par le côté très affectif de la célébration, une sorte de mimèsis liturgique mais qui ne dit finalement rien de ce que l’Assomption signifie. On a mis au tombeau la Vierge, point.
Sinon, en sortant, on a tout de même eu droit à une glace. Les franciscains dans le jardin de Gethsémani, chacun avec son cornet, ça valait la photo mais la batterie de mon appareil était à plat…
Je suis rentré à pied (tout remonter, quelle joie !).
Ce jour de l’Assomption, je suis retourné à la messe à Abu Gosh. J’avais de la chance, je suis parti avec les Assomptionnistes de Saint-Pierre-en-Gallicante : Marie-Claire, vue la veille au soir aux Vigiles, m’avait fait signe. Très belle messe de l’Assomption. J’ai particulièrement admiré l’évangéliaire. Je l’avais déjà vu : splendidement relié par Goudji, le fameux orfèvre géorgien, il a aussi été écrit et enluminé par toute la communauté d’Abu Gosh en 1987. C’est splendide ! Et l’homélie était bien nourrissante, plus que l’office de la veille au soir.
Après la messe, tout le monde s’est retrouvé dans le cloître du monastère des Sœurs. En effet, elles célèbrent ce jour leurs quarante-deux ans de présence en Terre Sainte (1977 ! quelle belle année !). Elles sont arrivées quelques années après les Frères.

La Dormition de la Vierge, fresque d'Abu Gosh
Le repas fut partagé par tous dans la joie et la simplicité. Ceux de Saint-Pierre étaient déjà repartis mais j’ai trouvé un chauffeur en la personne de Rébecca, une Israélienne qui m’a déposé à la Qehilah (paroisse hébraïque). Une bonne sieste, une petit ballade et je prends le temps de vous écrire.
À bientôt,
Étienne+


[1] Non, non, ça n’est pas sainte Yvette !

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