mercredi 28 octobre 2015

Du nord vient une fumée (Is 14,31)

Miṣṣapôn ‘ashan ba’
מִצָּפוֹן עָשָׁן בָּא

Cher tous,
Depuis dimanche, les températures ont baissé et il a même plu abondamment pendant notre pèlerinage à Deir Rafat. Ça y est, c’est l’automne. En plus avec le changement d’heure, la nuit tombe très tôt, vers 17h. En fait, il y a une heure de différence avec la France pour l’heure légale, mais le soleil se lève une heure et quart plus tôt à Jérusalem (vers 6 heures moins dix en ce moment) et se couche trois quarts d’heure plus tôt (vers 16h55 en ce moment).
Lundi, la journée a été studieuse. Travail en bibliothèque, cours avec le Père Gilbert. En début d’après-midi, avant de quitter le Collège pour retourner à l’École, je croise un groupe de pèlerins dans l’appartement des Frères ; parmi eux, le P. Alain M., du diocèse de Strasbourg, qui fut mon condisciple à l’Institut Biblique. Il connaît bien les Frères puisqu’il a passé deux années de coopération à Jérusalem, avant l’an 2000.
En fin d’après-midi, j’ai participé à des confessions dans la Basilique de l’École pour un groupe du Val-de-Marne. En soirée, j’ai mangé à l’hôtel Knight’s Palace avec un groupe de Parisiens, accompagné par le P. Yvan Maréchal ; après le repas, nous avons eu le témoignage du P. Rafic Nahra. C’est un prêtre de Paris, d’origine libanaise et qui depuis une année est curé de la paroisse catholique latine de langue hébraïque à Jérusalem. Il a évoqué son parcours personnel qui est rien moins qu’évident : imaginez un Libanais qui parle hébreu et vit en Israël ! Je passe devant chez lui plusieurs fois par jour puisqu’il habite dans la rue par laquelle je me rends à l’École…
Mardi matin, matinée avec une heure d’histoire du Proche-Orient ancien. On est resté pour l’instant dans des périodes pré-historiques : paléolithique, néolithique… Quand vous êtes allés à l’école, on a dû vous parler de la “révolution néolithique” pour dire que le passage du paléolithique au néolithique avait été très rapide. Dans le Proche-Orient ancien, ce passage a été très lent (4 000 ans !) pour passer de sociétés (semi-)nomades à sédentaires, de moyen de subsistance basés sur la prédation (on utilise ce qu’on trouve dans la nature : on chasse et on cueille) à des moyens de productions (on exploite par l’élevage et l’agriculture). Tout ça s’est passé il y a un peu plus de 10 000 ans. Au Proche-Orient, cette période de transition vers le néolithique est nommé Natoufien, du wadi en-Natuf qui est le lieu où l'on a identifié pour la première fois cette période. C'est en Cisjordanie, coincé entre deux colonies israéliennes, à 28 km au nord-est de Jérusalem.
Ensuite, préparation de la visite de l’après-midi au nord de la Vieille Ville. On a énormément parlé du troisième mur et de son tracé. Le troisième mur, qu’est-ce que c’est ? C’est Flavius Josèphe (encore lui !) qui en parle dans la Guerre des juifs. À l’époque de Jésus, il y avait deux murs et le Golgotha de l’évangile se situait hors du deuxième mur. Mais une quinzaine d’années après la mort et la résurrection, la ville s’était agrandie et on a bâti un troisième mur au nord de la Ville.  Les archéologues et historiens n’ont jamais réussi à s’accorder sur le tracé de ces deux murs… La question centrale, c’est de savoir si le site du Saint-Sépulcre était hors du deuxième mur ou non à l’époque de Jésus et donc s’il est un sanctuaire crédible… Selon la lecture que l’on fait de Flavius Josèphe, on peut comprendre l’une ou l’autre des options… Certes, on a retrouvé au nord de l’École Biblique d’énormes blocs de pierre qui forment une ligne, assez stratégiquement dessinée puisqu’on ne peut au-delà de celle-ci mettre une machine de siège efficace. Mais certains historiens affirment qu’il s’agit d’un “quatrième” mur, bâti à la hâte par les juifs peu avant le siège de Jérusalem par Titus en 70. Mais la taille des pierres rend peu vraisemblable cette affirmation : jugez vous-mêmes ! En plus, Flavius Josèphe lui-même dit que « par leur ajustement et leur beauté, les pierres [du troisième mur] ne différaient pas de celles du Temple » (Guerre des juifs, V,4,3).

Version mini du troisième mur ;
il correspond à la muraille actuelle

Version maxi du troisième mur ;
la muraille actuelle est en gris clair
L’après-midi, nous avons commencé notre promenade archéologique par les vestiges de ce fameux troisième mur. Honnêtement, les pierres sont convaincantes mais pas du tout mises en valeur… On le retrouve entre deux bennes à ordure débordantes et un container à bouteilles en plastique (la seule chose qu’on recycle dans le pays).
Pierre du troisième mur

Puis un bref regard sur un monument non identifié maintenant caché par la gare routière située devant l’École. Passage à la fameuse Garden Tomb, vénérée par beaucoup de protestants comme le tombeau de Jésus. C’est le général Gordon (dit “de Khartoum”) qui a identifié en 1883 cette tombe comme celle dans laquelle Jésus a été enseveli. Il avait reconnu dans la colline voisine la forme d’un crâne. Le général Gordon était un bon guerrier et comme tous les anglais de l’époque, il se piquait d’archéologie. Dans l’article de 1885 où il parle de la “Tombe du Jardin”, il prouve aussi que le paradis terrestre se trouve aux Îles Seychelles… No comment.
Nous avons ensuite passé un petit moment à la Porte de Damas, la grande porte nord de la Vieille Ville actuelle. Des fouilles archéologiques ont montré qu’elle était bâtie exactement sur le plan de la Porte du Pilier, édifiée à l’époque de l’empereur Hadrien lorsque Jérusalem fut rebaptisée Ælia Capitolina. Le problème est que lorsqu’on regarde d’un peu plus près, on s’aperçoit aussi qu’avant d’être romaine (+135), la porte fut hérodienne. L’aspect des pierres ne laisse aucun doute là-dessus, ce qui laisse penser que le deuxième (ou le troisième) mur pour certains, passait là.
À côté, nous sommes brièvement passés dans les carrières de Salomon : un immense réseau creusé à l’âge du Fer (1200-700 av. J.-C.) pour extraire des matériaux de construction. Salomon a pu s’en servir mais rien ne l’atteste… À la fin du xixe siècle, les francs-maçons s’y réunissaient pour des cérémonies d’initiation puisqu’ils considèrent Salomon comme leur fondateur (!)
Passage bref sous le collège des Frères pour, admirer les restes de la Tour de Tancrède, sur laquelle le Collège est bâti. Il y a cent ans, on croyait que les vestiges sous le Collège étaient ceux d’un fort de Jean Hyrcan (134-100 av. J.-C.) ainsi que ceux de la fameuse tour Pséphinos (ou Pséphina) dont parle… devinez qui ? Flavius Josèphe, bien sûr ! Mais aussi Chateaubriand dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem.
En fait, le site de la tour Pséphinos est un peu plus au nord, vraisemblablement sous la cathédrale russe, dans l’alignement des vestiges du troisième mur que nous avons vu en début d’après-midi. Nous avons terminé la promenade archéologique à la piscine Mamilla, hors de la Vieille Ville, qui faisait partie du système d’alimentation en eau de Jérusalem. Aujourd’hui, elle est au milieu d’un cimetière musulman à l’abandon. C’est dans ce coin que je vais courir parfois le soir.
Mais la journée n’était pas finie… Nous avions aussi une visite au musée d’Israël qui est ouvert en “nocturne” le mardi (de 16h à 21h). Le mot “nocturne” est à peine exagéré puisqu’à 17h le soleil est déjà couché.
Rapide regard à la maquette de Jérusalem à l’époque de Jésus, puis nous sommes allés visiter les galeries archéologiques. Elles sont présentées chronologiquement ; c’est Rosemary notre professeur d’histoire qui nous a guidés du Paléolithique jusqu’au Chalcolithique.
On a vu des silex, des squelettes, de la vaisselle en pierre et seulement vers la fin des objets en terre cuite et en métal… Pendant très longtemps, le seul élément utilisé par l’homme, c’était la pierre… Cela n’empêche pas d’avoir des objets très sophistiqués. Nous avons vu une tombe où le squelette de femme a été enterré avec des carapaces de tortues, un os d'aigle, une queue d'auroch, des crânes de martres... On a passé deux heures dans le musée ; on n’a visité que trois salles mais c’était passionnant. En repartant, je suis passé voir une expo un peu intello mais j’ai vu des crânes plâtrés et un os hyoïde de néandertalien (l’os qui est placé à la base de la langue, dans le larynx et permet le langage articulé).
Retour à pied au Collège sous la pluie : heureusement le frère Miguel m’avait prêté un parapluie. Je suis arrivé tout juste pour le repas ; j’étais vanné. En attendant l’ascenseur, j’entendais dans la salle voisine la musique techno du cours de zumba des mamans d’élèves… Je n’aspirais qu’à un peu de piano…
La journée de mercredi a paru bien calme et monotone en comparaison. Rien à signaler…

dimanche 25 octobre 2015

عيد سيّدتنا مريم العذراء سلطانة فلسطين


eyd sydtna maryam aleadhra' siltanatan filastin
Fête de Notre-Dame, la Vierge Marie, Reine de Palestine
Chers amis,
Un nouveau dimanche s’ouvre.
Depuis mercredi matin, rien d’extraordinaire... Ma vie s’est partagée entre l’École et le Collège. Jeudi midi en rentrant au Collège pour le repas, j’ai été témoin d’un accident. Mais plongé dans mon livre, je n’ai pas bien vu comment cela s’est passé. Deux scooters ont dû se percuter en voulant griller le feu qui était bien orange. L’un des conducteurs s’est fait une double fracture tibia-péroné... Il se tenait la jambe en l’air et son pied pendouillait... Heureusement, l’armée était là et les secours ont vite arrivés ainsi qu’un "ropheh", un médecin (pensez à l’archange Rapha-ël – Dieu guérit – du livre de Tobit). Moi, j’ai cru que j’allais tourner de l’œil sous le soleil. Je me suis assis au bord de la route pour reprendre mes esprits. Et avec la démarche d’un zombie ou d’un ivrogne, j’ai regagné le Collège.
Vendredi matin, je suis allé célébrer la messe chez les Bénédictines du Mont des Oliviers. Le petit déjeuner a suivi et je suis ensuite aller suivre mes cours. Un sur St Marc, pas encore passionnant mais on n’est pas vraiment rentré dans l’évangile... Le prof est indien, les quatre étudiants sont allemand, galloise, polonais et français. De 10 à 12, cours du Père Maurice Gilbert, sj, sur les livres sapientiaux (Pr, Jb, Qo, Si, Sg). Il a parlé deux heures sans notes et c’était passionnant: j’étais suspendu à ses lèvres... Il a évoqué, entre autres choses, l'hétérogénéité de ce corpus (genre littéraire, style, époque et même langue).
Le soir, rencontre des étudiants pour l’élection des délégués… Malgré tous mes efforts, j’ai été choisi. Il faut dire que le nombre d’étudiants n’est pas pléthorique… L’autre délégué est un dominicain américain, le fr Kevin Stephens.
Hier matin, étude. L’après-midi, je suis allé me balader en Vieille Ville. J’ai fini par me faire accoster par un vendeur d’antiquités de la Via Dolorosa, juste en dessous des Petites Sœurs de Jésus, en face du céramiste arménien. Il me disait qu’il a un petit appart’ au-dessus de la boutique à louer. Aussi je m’empresse de vous avertir de l’occasion à saisir si vous voulez vous installer à Jérusalem, en pleine Vieille Ville ou simplement avoir un pied à terre hiérosolymitain. J’ai beaucoup parlé avec Rami Baidun qui tient cette boutique d’antiquités avec son père Khader. Il m’a offert le thé et on a discuté un bon moment. Il a de jolies pièces mais attention ce n'est pas à la porte de toutes les bourses... Même la lampe à huile de base, ça va chercher dans les 250 ou 300 $...
Ce soir-là, nous avons célébré les anniversaires du frère Rafael et du frère Fadi. Frère Rafael a soufflé ses 86 bougies et il est toujours bon pied, bon œil. Je lui en donnais moins de 80... Originaire de Burgos, fils de paysans, il a connu les FSC (Fratres Scholarum Christianarum= Frères des Écoles chrétiennes) à Barcelone et il est au Moyen Orient depuis 1953... Il a fait Amman, Bethléem, Jérusalem et même Beyrouth pendant la guerre. Des Frères comme ça, on n’en fait plus, le moule est cassé. Pendant le repas il a exprimé sa joie et son action de grâces pour sa vie religieuse. C’était touchant. J’oubliais aussi de dire que le frère Rafael ne manque aucun match du championnat de foot espagnol, sur BEINSport.
Dessin des enfants dans le couloir du Collège
C’est l’occasion de vous présenter la communauté des Frères dont je partage la vie. Frère Rafael est le supérieur de la communauté et le comptable du Collège. Frère Miguel est colombien et assure une présence auprès des jeunes élèves du Collège, c’est un peu, pour ceux qui le connaissent, le Dominique G. du Collège. Il me disait que les FSC sont arrivés en Colombie au début du XXe siècle au moment où on les virait de France. Comme quoi, le diable porte pierre et le Bon Dieu sait faire sortir le bien d’un mal.
Frère Daoud est un Palestinien pur jus, âgé d'une dizaine d'années de plus que moi. Il s’occupe, entre autres, de la Pastorale au Collège pour les plus grands.

Enfin frère Daniel a 30 ans et étudie au Studium biblique des Franciscains. Lui aussi est colombien. Il nourrit un grand amour du fondateur des FSC, S. Jean-Baptiste de La Salle. Quand je lui ai dit qu’à NDV nous avions des enregistrements du Père Marie-Eugène, et des photos et même quelques films, il était épaté et me disait que nous avions de la chance d’avoir ce genre de traces de notre fondateur.
Cette semaine, le nouveau frère visiteur (l’équivalent du provincial) visitait les communautés du district Terre Sainte-Jordanie. Il s’appelle Fadi (Sauveur, en arabe) Il était accompagné du frère Albert, un palestinien de Jérusalem à passeport britannique. Le frère Albert me touche beaucoup par sa joie communicative, sa simplicité et son amour du silence et de la prière. En 2007, il était ici et désormais il est à Amman.
Ma vie d’étudiant est super calibrée. Ça commence à 5h... Et si mon réveil ne sonne pas, ou que je ne veux pas l’entendre, le muezzin se charge du boulot. Parfois je comprends OSS117.

Oraison puis laudes avec les Frères, 6h30 je leur dis la messe (sauf le vendredi et le dimanche, jours de congé du Collège). Le petit-déjeuner suit à 7h, et me permet d’arriver à l’EBAF (École Biblique et Archéologique Française) à 8h, heure d’ouverture de la bibliothèque (fond de cale ou ventre de la baleine). Je peux y rester jusqu’à 12h45, heure à laquelle je retourne au Collège pour déjeuner. À 14h, après le café (turc ou Nescafé, je préfère turc) me revoilà à ma table de bibliothèque. J’y reste jusqu’à la fermeture, soit 17h45. Retour au Collège et je vais me détendre: marche ou course à pied. J’ai trouvé un super parc en contrebas de la Knesset, le parc Saqer. L’aller-retour prend ¾ d’heure, une heure. Franchement, c’est plus que nécessaire pour l’équilibre humain. Je prie un peu avant les vêpres et le dîner a lieu à 20h. A la demie, on regarde le flash d’EuroNews qui dure dix minutes, un quart d’heure. Un peu de prière pour compléter ce qui manque et à 22h00, dernier délai, au lit ! Le marchand de sable ne tarde jamais.
Évidemment, ça c’est le programme de base ; chaque jour vient avec sa particularité. Un cours ici, une activité là. Le vendredi matin, je ne dis pas la messe pour les frères (c’est leur jour un peu de relâche) et du coup, je vais à 17h30 à la Maison d’Abraham (leur aumônier est absent jusqu’en janvier !). Mais à la Maison d’Abraham, je me sens un peu chez moi avec le souvenir de l’Oncle Hubert, qui y a vécu 30 ans. La journée un peu spéciale, c’est le mardi avec les cours et l’archéologie “sur le terrain”. En fait, je profite au maximum de l’ouverture de la bibliothèque. Le samedi après-midi et le dimanche, je sors. Le problème, c’est que beaucoup de musées ou de lieux sont fermés ce jour-là… C’est shabbat. Et le dimanche, pour la messe, je n’ai que l’embarras du choix. Avec le retour à la vie d'étudiant, je retrouve un sentiment longtemps oublié, traditionnel dans la famille Jonquet, le spleen du dimanche soir…
Aujourd’hui, dernier dimanche d’octobre, c’est la solennité de Notre-Dame de Palestine et de Terre Sainte, patronne principale du patriarcat latin de Jérusalem. Il faut rappeler qu’à l’époque où la fête a été instituée (1927), le nom de Palestine n’avait pas comme aujourd’hui de sens politique : il désignait la région géographique de la patrie terrestre de Jésus et de sa mère Marie. Avec un groupe de l’EBAF, nous sommes partis au sanctuaire de Deir Rafat qui se trouve à une grosse vingtaine de kilomètres de Jérusalem, près de Beth Shemesh (Maison du Soleil, en hébreu). C’est là qu’on honore Notre-Dame de Palestine. Nous avons pris le tramway, jusqu’à la gare centrale puis un bus et il a fallu marcher pour rejoindre le sanctuaire. Heureusement, les sœurs de Beth Gemal sont passées et m’ont embarqué avec le frère Kevin, et nous avons pu arriver en avance à la sacristie. Il faut dire que le bus a traîné avant d’arriver à Beth Shemesh, il y avait des travaux et on était un peu juste sur l’horaire.
Le sanctuaire de Deir Rafat est occupé par les sœurs de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge et de Saint Bruno (comme celles de Mougères). Il n’y avait pas grand monde (moins que les années précédentes) et c’était pas plus mal car la pluie menaçait et la messe a eu lieu finalement dans l’église et non pas au dehors. La messe était toute en arabe ; heureusement, un livret contenait en anglais, français et italien, les prières et lectures. L’homélie était longue et en arabe. J’ai compris que l’évêque parlait des saintes Mariam Baouardi et Marie-Alphonsine Ghattas, qui ont été canonisées le 17 mai dernier. Ce sont les deux premières saintes palestiniennes. Après la messe, on m’a dit que l’évêque avait parlé d’elles pour dire qu’elles avaient vécu avec Marie, pour Marie et qu’elles portaient une grâce mariale pour tous les chrétiens de Terre Sainte. Ceci dit la fête de la Vierge Marie a fait disparaître ce bon Bartimée que j’aime tant.
Après la messe, les sœurs nous ont invités à partager le repas avec les pèlerins. J’ai fait la connaissance de trois novices ivoiriens des Pères de Bétharram, une famille palestinienne de Jérusalem et les parents d’une des sœurs qui habitent dans la paroisse du P. Arnaud Adrien dans le diocèse de Toulon.
Après le repas, nous avons repris le chemin vers Beth Shemesh, à pied sous la pluie. C’est la première vraie pluie d’automne. En chemin, une voiture a pris trois d’entre nous vers Jérusalem et les 6 autres se sont serrés dans la voiture du P. David Neuhaus, vicaire patriarcal pour les chrétiens de langue hébraïque, qui nous a déposés à l’arrêt de bus de Beth Shemesh. Le Père David se dirigeait au sud, vers Beer-Sheva pour la messe. Notre bus est arrivé immédiatement et à 15h10, j’étais à la maison. Petite sieste avant de vous écrire.
Au moment de poster ce message, je m'aperçois qu'avec le changement d'horaire qui a eu lieu cette nuit, il n'est pas encore 17h et il fait presque nuit...

mercredi 21 octobre 2015

Et toi Bethléem, Éphrata, le moindre des clans de Juda (Mi 5,1)


We’atta Beth-Lehem ’Ephrata, tsa‘îr lihyôth be’alphê yehûda
 וְאַתָּה בֵּית־לֶחֶם אֶפְרָתָה צָעִיר לִהְיוֹת בְּאַלְפֵי יְהוּדָה 
Chers amis,
Vous le voyez la situation ne s’apaise pas du tout même si on ressent le contraire, ici à Jérusalem.
Dimanche, à midi, j’ai célébré la messe pour la communauté des Frères des Écoles chrétiennes. Ils reçoivent en ce moment la visite du Frère visiteur, le Fr. Fadi. Il est libanais et visite les communautés de la Province du Proche-Orient (Turquie, Liban, Terre Sainte, Jordanie, Égypte, Sud-Soudan). Tous ceux de Jaffa, de Bethléem, de Jérusalem et le Fr. Albert d’Amman étaient là. Après la messe un excellent repas a été servi, préparé par Suzanne, la cuisinière des Frères. Les conversations étaient surtout tenues en anglais puisque les Bethléémites sont majoritairement anglophones (USA, Australie). Du coup, l’après-midi n’a pas été consacrée aux visites mais à la digestion.
Hier, journée studieuse à fond de cale au milieu des livres. Ma table de travail est partagée en quatre compartiments isolés (un peu comme dans un bureau en open space) ; ma voisine n’est pas pénible (je ne connais même pas son visage). En revanche, le couple d’en face, est relativement bruyant : ils arrivent en même temps, repartent en même temps et je les entends arriver dans l'escalier. Pour pallier le bruit, les bouchons d’oreille sont très efficaces.
Mardi, première excursion dans le pays… Nous sommes allés autour de Bethléem. Le départ était plus que matinal à 7 h 30. La sortie de Jérusalem s’est faite assez facilement. On a tournicoté un moment pour entrer en territoire palestinien. Au départ, nous avons vu les vasques de Salomon. Il s’agit d’un ensemble de 3 immenses bassins, destinés à récolter l’eau qui était ensuite conduite par deux aqueducs jusqu’au Temple de Jérusalem. Malgré leur nom, les vasques ont 800 ans de moins que le sage roi Salomon, et sont en fait l’œuvre des Hasmonéens (la dynastie juive, issue de Judas Maccabée, qui a régné de 164 à 37 av. J.-C.). L’aqueduc mesure 21 kilomètres et son point de départ n’est situé qu’à 30 mètres au-dessus du point d’arrivée… Hérode a ajouté un second aqueduc. Mais nous n’avons fait que passer.
Nous avons rejoint la Basilique de la Nativité à Bethléem que le Fr. Stéphane, ancien gardien du couvent des Franciscains de Bethléem nous a fait découvrir, littéralement de la cave au grenier.


Il a d’abord présenté l’histoire du bâtiment : Constantin fit construire une première basilique, détruite par les Samaritains, en révolte contre les Byzantins. L’empereur Justinien (empereur de 527 à 565) la fait reconstruire et le bâtiment n’a plus jamais subi de changements de structure. Les Perses l’ont épargné en 614, car ils s’étaient reconnus dans la représentation des rois mages, venus d’Orient et habillés à la mode perse. Les musulmans aussi puisqu’ils considèrent Jésus comme un prophète. Les croisés ont rajouté quelques voûtes et un cloître au xiie siècle.
Aujourd’hui, la basilique est utilisée à la fois par les Grecs orthodoxes, les Latins (franciscains) et les Arméniens orthodoxes. Le Fr. Stéphane a mis en valeur l’œcuménisme que dégage la Basilique (dimension qui n’apparaît pas au premier coup d’œil…) et de fait, nous avons pu voir que les relations avec les uns et les autres sont bonnes. Le Fr. Stéphane saluait tous les prêtres arméniens et grecs, les policiers… Après avoir vu la façade et quelques endroits autour de la basilique, nous sommes allés à la Grotte. Il a fallu attendre la fin du ménage, réalisé conjointement par les Grecs et les Franciscains ! Le policier a insisté pour nous faire entrer par la sortie dans la grotte (nous évitant ainsi une bonne heure de queue…). La grotte manque un peu de charme… En effet, Justinien l’a complètement fait disparaître au profit d’une sorte de crypte aux murs parallèles. Du coup, on perd le caractère évocateur du lieu. Nous avons continué par les grottes situées au nord, sous l’église paroissiale des Franciscains : ces grottes appartiennent au même réseau que la grotte de la Nativité. On voit même ce qui semble être l’entrée naturelle de la grotte de la Nativité, entrée ornée d’un arc que certains associent au Temple bâti par l’empereur Hadrien sur ce lieu, dont saint Jérôme parle dans une lettre à saint Paulin de Nole.


À l’heure actuelle, l’intérieur de la Basilique subit une énorme campagne de restauration. Quand on entre dedans, par la porte de l’humilité (1,30m de haut), on est déçu car les colonnes sont recouvertes de planches de bois pour les protéger et un échafaudage recouvre toute la superficie de la Basilique, empêchant de voir la charpente.
Mais le Fr. Stéphane nous a fait monter sur le toit du cloître et, comme nous étions peu nombreux, et grâce à la gentillesse de M. Piacenti, le restaurateur italien, nous avons pu accéder au plancher des restaurateurs des mosaïques des murs de la Basilique… Elles sont splendides ! Très abimées, mais splendides. Nous avons pu voir que les tesselles ne sont pas disposées à plat, mais inclinées vers l’avant pour que d’en bas l’effet coloré et brillant soit plus saisissant.  Regardez la photo !
En revenant, j’ai franchi deux marches d’un coup et j’ai entendu un grand crac ! Mon pantalon venait de rendre l’âme (en tout cas l’entre-jambe…)
Après la visite, nous avons pu aussi honorer la dimension de pèlerinage de notre visite en faisant la procession avec les Franciscains : on passe de lieu en lieu en chantant et en priant. Les oraisons sont celles des différents mystères liés à Noël mais on ajoute toujours une mention pour dire que c’était ici, dans ce lieu, dans cette crèche 
Nous avons donc passé plus de trois heures dans cette basilique, en ayant découvert (presque) tous les recoins du lieu. Si vous êtes tristes de ne pas avoir fait la visite avec moi, patientez jusqu'en décembre, le Figaro prépare un hors-série spécial Bethléem.
Nous sommes allés manger au champ des bergers. La réalité était moins moche que dans mon souvenir… Il y a une grotte assez évocatrice et des vestiges d’un monastère byzantin (entre le ive et le viie siècle, il y avait plus de 400 monastères dans le désert de Judée ! Alors maintenant, dès qu'on creuse dans un site, on est à peu près sûr de trouver du byzantin) C’était aussi l’occasion d’évoquer la situation géo-politique du pays. En effet, le champ des bergers fait face au quartier israélien d’Har-Ḥomah. Ce quartier pose un problème : en effet, il est construit au-delà de la ligne verte de cessez-le-feu de 1948, et donc en territoire palestinien. Comme Israël considère qu’il s’agit d’un quartier de Jérusalem, ils estiment être dans leur droit pour construire une “implantation” à cet endroit… Côté palestinien, on appelle ce quartier une “colonie”. C’est un immense complexe d’immeubles très serrés, qui couvrent toute la colline. Environ 400 000 colons israéliens vivent en Cisjordanie.
Puis nous nous sommes dirigés vers l’Hérodion. Comme son nom l’indique, c’est une construction du roi Hérode le Grand. Toutes les autres constructions d’Hérode ne sont que des embellissements (Massada, Machéronte, le Temple de Jérusalem). Ici, c’est Hérode qui a tout fait construire, à un endroit où en 40 av. J.-C., alors qu’il pensait se suicider pour échapper à ses poursuivants, ses amis l’en avaient dissuadé. Finalement, un concours de circonstances lui avait permis d'échapper à ses poursuivants. Sur une petite colline préexistante, Hérode a construit un gros palais-forteresse rond avec quatre tours rondes, la tour orientale étant plus haute que les autres. Puis cette forteresse a été partiellement enterrée sous un remblai de terre qui donne à la colline une forme régulière de cône tronqué, de « sein de femme » selon Flavius Josèphe (Guerre des Juifs, I, 21). De là-haut, on voit Bethléem, le Mont des Oliviers et le désert de Judée, vers la Mer Morte et les Monts de Moab en Jordanie. Enfin, ça c’est quand la vue est dégagée. Comme il avait plu trois gouttes la veille, nous étions dans la brume de chaleur et nous ne voyions pas grand-chose… Mais sur ce petit film, on voit très bien l'ensemble.
Au pied de la forteresse, une immense piscine (au sens moderne du terme), un cirque pour des courses de chevaux et un ensemble palatial aux pierres caractéristiques de l’architecture hérodienne (comme sur l’image de fond du blog).


Nous avons commencé la visite par la forteresse supérieure. On devine la magnificence de l’architecture. Comme la forteresse a été prise par les Juifs rebelles lors de la Grande Révolte de 66-70 et ensuite lors de la Révolte de Bar Kokhba en 135, ils installèrent une synagogue dans une des salles du palais. À l’entrée, un petit miqveh, bain rituel pour se purifier. Évidemment, chez Hérode, il y avait de quoi se baigner mais à la romaine. On trouve donc de petits termes, avec caldarium, tepidarium et frigidarium. Nous sommes redescendus à travers des tunnels creusés dans le cône pour ménager des citernes mais aussi par les révoltés pour se cacher. À mi-hauteur, les tunnels débouchent sur un petit théâtre privé de 400 places, où Hérode se faisait jouer des pièces. Il a même reçu les fils d’Auguste. À côté du théâtre, les archéologues ont dégagé l’impressionnant escalier de 200 marches qui montait à la forteresse. Flavius Josèphe affirme qu’il était couvert de marbre.
À côté, en 2007, les archéologues ont découverts des vestiges d’un tombeau monumental qu’ils ont attribué à Hérode (puisque Flavius Josèphe affirme qu’Hérode, mort à Jéricho, a été enterré à l’Hérodion ; Guerre des Juifs I, 33). Cette attribution est loin de faire l’unanimité. Vous pouvez aller sur le site des fouilles de l'Hérodion pour avoir des photos fabuleuses.
Il était déjà grand temps de rentrer à Jérusalem. Sur la route, une dernière halte aux vestiges de l’église de la Kathisma, une église byzantine octogonale située à mi-chemin entre Jérusalem et Bethléem. On y commémorait, suivant l’époque, divers épisodes apocryphes liés à Noël : le lieu où Marie s’est reposée (κάθισμα = le fait de s’asseoir, en grec) sur la route de Bethléem ; le lieu où Marie a bu sur la route vers l’Égypte (au mépris de la plus élémentaire géographie).
Ensuite, nous sommes rentrés à la maison mais il nous a fallu plus d’une heure pour couvrir les 5 km qui nous séparaient de Jérusalem. Les Parisiens n’ont rien à envier aux Hiérosolymitains !
Le soir, je me suis vite couché…
À bientôt,
Que Dieu vous bénisse.

dimanche 18 octobre 2015

Venez à moi, vous tous qui peinez (Mt 11,28)

Deute pros me pantes hoi kopiôntes
Δεῦτε πρός με πάντες οἱ κοπιῶντες

Chers tous,
Ces trois derniers jours m’ont semblé plus calmes. En même temps, la Vieille Ville de Jérusalem est tellement bouclée par la police que plus rien ne peut y arriver.
Jeudi matin, la ville était calme : c’était le jour de l’an dans le calendrier hégirien (calendrier musulman, ils sont en 1437…) À l’École, j’avais cours sur la sotériologie paulinienne et j’ai fait un exposé sur le livre Paul and Palestinian Judaism publié en 1977 par un exégète canadien. En gros, l’auteur y étudie attentivement les textes disponibles pour le judaïsme du 1er siècle pour voir comment ‘fonctionne’ cette religion. Il démontre que les deux catégories de l’Alliance et de la Loi (la Torah) sont les éléments constitutifs du judaïsme de l’époque et que l’obéissance à la Loi n’est pas ce qui attire la faveur de Dieu mais que c’est Dieu qui a l’initiative de l’Alliance qu’il accorde gratuitement. Vous voyez que cela change du discours habituel. Mais la vision de la religion prêchée par Paul est aussi bousculée : l’expérience du Christ que Paul a fait est tellement importante qu’elle vient au centre de son système religieux : « Dieu a envoyé le Christ pour être le sauveur de tous, juifs comme païens ; on participe au salut en devenant un avec le Christ, en mourant avec lui au péché et en partageant la promesse de la résurrection ». On est loin des arguties sur la justification. L’exposé a été l’occasion d’un échange approfondi au fur et à mesure de ma prise de parole et on a tenu deux heures à tchatcher. Ça m’a demandé du boulot, mais je me suis régalé ! Et in English, s’il vous plaît !
Le reste de la matinée, j’étais à fond de cale… L’après-midi, j’ai fait la sieste (il fallait bien honorer sainte Thérèse d’Avila). Puis je suis monté au Mont des Oliviers pour la messe au Carmel du Pater. J’ai traversé la Vieille Ville (cette fois-là, j’avais bien mon passeport !). J’ai salué les Petites Sœurs de Jésus, à la vie station et j’ai continué mon chemin. À partir de là, et jusqu’à la Porte des Lions (près de l’église Sainte-Anne), j’étais accompagné par une vingtaine de policiers et policières, surarmés. Il ne pouvait rien m’arriver. En revanche, les rues étaient quasiment vides ; la plupart des échoppes fermées.
J’ai fait l’ascension du Mont des Oliviers, où à cause de la situation je n’étais pas encore allé. Là-haut, je tombe sur un des gardes du corps du Consul général de France (qui est le sosie de Canteloup) que j’avais vu dimanche à Beit Jala. En effet, c’était une messe consulaire : c’est-à-dire que le consul général y assiste en représentant officiellement la France : il siège au premier rang, en grande tenue (toute blanche, ça le fait ressembler à un marin). Après l’évangile, il baise l’évangéliaire ! et il est encensé à l’offertoire…
La messe était présidée par Mgr Lanzarotto, le délégué apostolique à Jérusalem et en Palestine et nonce apostolique en Israël. À cause de la situation géopolitique complexe ( !) du pays, la même personne représente le Saint-Siège auprès des deux entités politiques : état d’Israël et autorité palestinienne. Comme je ne le connaissais pas, je me suis présenté à lui à la sacristie, puis quand il a eu le dos tourné, j’ai demandé au Fr. Stéphane (ofm, français) à voix basse : « Qui c’est ? ». Il a répondu sur le même mode : « C’est le nonce ! »
La messe était belle et recueillie. Après la messe, nous avons partagé le verre de l’amitié avec les sœurs dans le cloître du Carmel. Une des vieilles carmélites a sa sœurs chez les Bénédictines du Mont des Oliviers (à 20 m du Carmel) et leur petite nièce, Caroline, est à NDV : le monde est petit !



Sur la photo, vous devinez la calotte violette du nonce, la soutane noire du conseiller aux affaires religieuses du Consulat général (c'est un jésuite) et derrière la colonne centrale, l'épaule blanche du Consul. Quelques voiles de bonnes sœurs de diverses communautés.
Après la messe, descente dans la vallée du Cédron et remontée vers le Collège des Frères (habiter la plus haute maison de la Vieille Ville, ça se paye !) En passant je me fais alpaguer par un marchand qui voulait absolument me refiler sa camelote… Le problème, c’est que je me promène rarement avec de l’argent. J’ai donc appris à dire « ma ˤendī-š mαsᾱri » (je n’ai pas d’argent, en arabe). Ça leur cloue le bec.

Vendredi, matin, cours à 9 h sur saint Marc, travail à la bibliothèque. Travail au Collège l’après-midi. Puis je suis allé à pied à la Maison d’Abraham (ça fait une belle trotte). En Vieille Ville, même ambiance que la veille. À Ras el-Amud, le quartier de la Maison d’Abraham, qui était assez chaud ces derniers jours, rien ne mouftait. J’ai célébré la messe pour les sœurs dominicaines qui tiennent la maison. L’horaire se goupille bien avec celui de l’ouverture de la bibliothèque, donc je peux leur rendre ce service.
Samedi, matinée à fond de cale. L’après-midi, je suis allé explorer un peu la Vieille Ville. J’escomptais que le manque de touristes perdure… Raté ! Depuis deux jours, la tension s’était un peu relâchée et les pèlerins en ont profité. Je suis allé visiter l’église du Rédempteur, c’est une église luthérienne à côté du Saint-Sépulcre. Elle a été construite dans le style néo-roman et inaugurée par l’empereur Guillaume II en 1898. Elle est bâtie sur les restes et selon le plan exact de l’église Sainte-Marie-des-Latins qui était celle des chevaliers de Saint-Jean de l’Hôpital, futurs chevaliers de Malte. Le quartier adjacent à l’église s’appelle d’ailleurs le Muristan, l’hôpital. Les bâtiments actuels datent du début du xxe siècle et ont été construits par les Grecs : aujourd’hui, c’est une zone pleine de commerces et de restaurants.
Il y a une quarantaine d’années, des fouilles ont été menées sous l’église. Au début du xxe siècle, une première campagne avait retrouvé un vieux mur qu’on avait pris pour le deuxième mur dont Flavius Josèphe parle lorsqu’il décrit Jérusalem dans la Guerre des Juifs. Cela semblait prouver qu’à l’époque, le site du Saint-Sépulcre était hors des murs de la ville. Un réexamen du mur a montré qu’il ne pouvait en aucun cas s’agir d’un rempart… Le raisonnement s’effondrait. Les fouilles de 1970-1974 sont allés jusqu’au rocher qui est celui d’une carrière, vraisemblablement la même que celle du Saint-Sépulcre. Les couches supérieures montrent qu’il n’y avait pas d’urbanisation mais des terrains agricoles : nous sommes hors-les-murs. On n’a pas retrouvé le deuxième mur mais on sait que le site du Saint-Sépulcre correspond à cette donnée biblique (Jn 19,17 ; He 13,12). Dans le joli cloître médiéval qui jouxte l’église, il y a une belle exposition avec des objets découverts lors des fouilles : monnaies diverses, poteries…
Au moment de monter au clocher, je me suis rendu compte que j’avais laissé ma carte mémoire hors de l’appareil photo… J’ai voulu en acheter une dans un magasin voisin… 149 ₪ (35 € !) la carte de 4Gb. J’ai été obligé de choisir entre pingrerie et paresse ; j’ai sacrifié la paresse… Je suis remonté au Collège (heureusement, il y a un ascenseur pour monter au 3ème étage). Je redescends à l’église du Rédempteur… Je monte les 178 marches et au sommet la vue en vaut la chandelle. On voit toute la Vieille Ville. Sur l'image du titre vous pouvez voir le clocher entre le P et le E.
Ensuite, j’ai flâné dans le quartier chrétien. Je suis passé à l’église Saint-Jean-Baptiste, la plus ancienne de Jérusalem. Il y faisait un calme… Du coup, j’y ai prié. A un moment, une femme est venue prier et elle a passé un bon moment, la tête appuyée contre la main argentée de l'icône du Christ, sa bouche murmurait une prière... Et là, j'ai vu ce qu'il y avait d'écrit sur le livre : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. Oui, mon joug est aisé et mon fardeau léger. » (Mt 11,28-30)
J’ai ensuite essayé de voir la piscine d’Ézéchias, qui se trouve dans le coin, mais je n’ai pas réussi à trouver quelqu’un qui m’ouvre. Tant pis. Je trouve une ancienne colonne romaine des environs de l’an 200.
J’ai continué mon excursion par une exploration de la muraille sud-est de la Vieille Ville (entre la Porte de Jaffa et la Porte de Sion). La base des murailles a été dégagée et on voit l’empilement des siècles : hasmonéens, hérodiens, romains, omeyades, croisés, mamelouks, ottomans… Le schéma vous les montre en couleur.
Enfin, un jus de pamplemousse pressé sur place pour terminer l’après-midi.