dimanche 25 octobre 2015

عيد سيّدتنا مريم العذراء سلطانة فلسطين


eyd sydtna maryam aleadhra' siltanatan filastin
Fête de Notre-Dame, la Vierge Marie, Reine de Palestine
Chers amis,
Un nouveau dimanche s’ouvre.
Depuis mercredi matin, rien d’extraordinaire... Ma vie s’est partagée entre l’École et le Collège. Jeudi midi en rentrant au Collège pour le repas, j’ai été témoin d’un accident. Mais plongé dans mon livre, je n’ai pas bien vu comment cela s’est passé. Deux scooters ont dû se percuter en voulant griller le feu qui était bien orange. L’un des conducteurs s’est fait une double fracture tibia-péroné... Il se tenait la jambe en l’air et son pied pendouillait... Heureusement, l’armée était là et les secours ont vite arrivés ainsi qu’un "ropheh", un médecin (pensez à l’archange Rapha-ël – Dieu guérit – du livre de Tobit). Moi, j’ai cru que j’allais tourner de l’œil sous le soleil. Je me suis assis au bord de la route pour reprendre mes esprits. Et avec la démarche d’un zombie ou d’un ivrogne, j’ai regagné le Collège.
Vendredi matin, je suis allé célébrer la messe chez les Bénédictines du Mont des Oliviers. Le petit déjeuner a suivi et je suis ensuite aller suivre mes cours. Un sur St Marc, pas encore passionnant mais on n’est pas vraiment rentré dans l’évangile... Le prof est indien, les quatre étudiants sont allemand, galloise, polonais et français. De 10 à 12, cours du Père Maurice Gilbert, sj, sur les livres sapientiaux (Pr, Jb, Qo, Si, Sg). Il a parlé deux heures sans notes et c’était passionnant: j’étais suspendu à ses lèvres... Il a évoqué, entre autres choses, l'hétérogénéité de ce corpus (genre littéraire, style, époque et même langue).
Le soir, rencontre des étudiants pour l’élection des délégués… Malgré tous mes efforts, j’ai été choisi. Il faut dire que le nombre d’étudiants n’est pas pléthorique… L’autre délégué est un dominicain américain, le fr Kevin Stephens.
Hier matin, étude. L’après-midi, je suis allé me balader en Vieille Ville. J’ai fini par me faire accoster par un vendeur d’antiquités de la Via Dolorosa, juste en dessous des Petites Sœurs de Jésus, en face du céramiste arménien. Il me disait qu’il a un petit appart’ au-dessus de la boutique à louer. Aussi je m’empresse de vous avertir de l’occasion à saisir si vous voulez vous installer à Jérusalem, en pleine Vieille Ville ou simplement avoir un pied à terre hiérosolymitain. J’ai beaucoup parlé avec Rami Baidun qui tient cette boutique d’antiquités avec son père Khader. Il m’a offert le thé et on a discuté un bon moment. Il a de jolies pièces mais attention ce n'est pas à la porte de toutes les bourses... Même la lampe à huile de base, ça va chercher dans les 250 ou 300 $...
Ce soir-là, nous avons célébré les anniversaires du frère Rafael et du frère Fadi. Frère Rafael a soufflé ses 86 bougies et il est toujours bon pied, bon œil. Je lui en donnais moins de 80... Originaire de Burgos, fils de paysans, il a connu les FSC (Fratres Scholarum Christianarum= Frères des Écoles chrétiennes) à Barcelone et il est au Moyen Orient depuis 1953... Il a fait Amman, Bethléem, Jérusalem et même Beyrouth pendant la guerre. Des Frères comme ça, on n’en fait plus, le moule est cassé. Pendant le repas il a exprimé sa joie et son action de grâces pour sa vie religieuse. C’était touchant. J’oubliais aussi de dire que le frère Rafael ne manque aucun match du championnat de foot espagnol, sur BEINSport.
Dessin des enfants dans le couloir du Collège
C’est l’occasion de vous présenter la communauté des Frères dont je partage la vie. Frère Rafael est le supérieur de la communauté et le comptable du Collège. Frère Miguel est colombien et assure une présence auprès des jeunes élèves du Collège, c’est un peu, pour ceux qui le connaissent, le Dominique G. du Collège. Il me disait que les FSC sont arrivés en Colombie au début du XXe siècle au moment où on les virait de France. Comme quoi, le diable porte pierre et le Bon Dieu sait faire sortir le bien d’un mal.
Frère Daoud est un Palestinien pur jus, âgé d'une dizaine d'années de plus que moi. Il s’occupe, entre autres, de la Pastorale au Collège pour les plus grands.

Enfin frère Daniel a 30 ans et étudie au Studium biblique des Franciscains. Lui aussi est colombien. Il nourrit un grand amour du fondateur des FSC, S. Jean-Baptiste de La Salle. Quand je lui ai dit qu’à NDV nous avions des enregistrements du Père Marie-Eugène, et des photos et même quelques films, il était épaté et me disait que nous avions de la chance d’avoir ce genre de traces de notre fondateur.
Cette semaine, le nouveau frère visiteur (l’équivalent du provincial) visitait les communautés du district Terre Sainte-Jordanie. Il s’appelle Fadi (Sauveur, en arabe) Il était accompagné du frère Albert, un palestinien de Jérusalem à passeport britannique. Le frère Albert me touche beaucoup par sa joie communicative, sa simplicité et son amour du silence et de la prière. En 2007, il était ici et désormais il est à Amman.
Ma vie d’étudiant est super calibrée. Ça commence à 5h... Et si mon réveil ne sonne pas, ou que je ne veux pas l’entendre, le muezzin se charge du boulot. Parfois je comprends OSS117.

Oraison puis laudes avec les Frères, 6h30 je leur dis la messe (sauf le vendredi et le dimanche, jours de congé du Collège). Le petit-déjeuner suit à 7h, et me permet d’arriver à l’EBAF (École Biblique et Archéologique Française) à 8h, heure d’ouverture de la bibliothèque (fond de cale ou ventre de la baleine). Je peux y rester jusqu’à 12h45, heure à laquelle je retourne au Collège pour déjeuner. À 14h, après le café (turc ou Nescafé, je préfère turc) me revoilà à ma table de bibliothèque. J’y reste jusqu’à la fermeture, soit 17h45. Retour au Collège et je vais me détendre: marche ou course à pied. J’ai trouvé un super parc en contrebas de la Knesset, le parc Saqer. L’aller-retour prend ¾ d’heure, une heure. Franchement, c’est plus que nécessaire pour l’équilibre humain. Je prie un peu avant les vêpres et le dîner a lieu à 20h. A la demie, on regarde le flash d’EuroNews qui dure dix minutes, un quart d’heure. Un peu de prière pour compléter ce qui manque et à 22h00, dernier délai, au lit ! Le marchand de sable ne tarde jamais.
Évidemment, ça c’est le programme de base ; chaque jour vient avec sa particularité. Un cours ici, une activité là. Le vendredi matin, je ne dis pas la messe pour les frères (c’est leur jour un peu de relâche) et du coup, je vais à 17h30 à la Maison d’Abraham (leur aumônier est absent jusqu’en janvier !). Mais à la Maison d’Abraham, je me sens un peu chez moi avec le souvenir de l’Oncle Hubert, qui y a vécu 30 ans. La journée un peu spéciale, c’est le mardi avec les cours et l’archéologie “sur le terrain”. En fait, je profite au maximum de l’ouverture de la bibliothèque. Le samedi après-midi et le dimanche, je sors. Le problème, c’est que beaucoup de musées ou de lieux sont fermés ce jour-là… C’est shabbat. Et le dimanche, pour la messe, je n’ai que l’embarras du choix. Avec le retour à la vie d'étudiant, je retrouve un sentiment longtemps oublié, traditionnel dans la famille Jonquet, le spleen du dimanche soir…
Aujourd’hui, dernier dimanche d’octobre, c’est la solennité de Notre-Dame de Palestine et de Terre Sainte, patronne principale du patriarcat latin de Jérusalem. Il faut rappeler qu’à l’époque où la fête a été instituée (1927), le nom de Palestine n’avait pas comme aujourd’hui de sens politique : il désignait la région géographique de la patrie terrestre de Jésus et de sa mère Marie. Avec un groupe de l’EBAF, nous sommes partis au sanctuaire de Deir Rafat qui se trouve à une grosse vingtaine de kilomètres de Jérusalem, près de Beth Shemesh (Maison du Soleil, en hébreu). C’est là qu’on honore Notre-Dame de Palestine. Nous avons pris le tramway, jusqu’à la gare centrale puis un bus et il a fallu marcher pour rejoindre le sanctuaire. Heureusement, les sœurs de Beth Gemal sont passées et m’ont embarqué avec le frère Kevin, et nous avons pu arriver en avance à la sacristie. Il faut dire que le bus a traîné avant d’arriver à Beth Shemesh, il y avait des travaux et on était un peu juste sur l’horaire.
Le sanctuaire de Deir Rafat est occupé par les sœurs de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge et de Saint Bruno (comme celles de Mougères). Il n’y avait pas grand monde (moins que les années précédentes) et c’était pas plus mal car la pluie menaçait et la messe a eu lieu finalement dans l’église et non pas au dehors. La messe était toute en arabe ; heureusement, un livret contenait en anglais, français et italien, les prières et lectures. L’homélie était longue et en arabe. J’ai compris que l’évêque parlait des saintes Mariam Baouardi et Marie-Alphonsine Ghattas, qui ont été canonisées le 17 mai dernier. Ce sont les deux premières saintes palestiniennes. Après la messe, on m’a dit que l’évêque avait parlé d’elles pour dire qu’elles avaient vécu avec Marie, pour Marie et qu’elles portaient une grâce mariale pour tous les chrétiens de Terre Sainte. Ceci dit la fête de la Vierge Marie a fait disparaître ce bon Bartimée que j’aime tant.
Après la messe, les sœurs nous ont invités à partager le repas avec les pèlerins. J’ai fait la connaissance de trois novices ivoiriens des Pères de Bétharram, une famille palestinienne de Jérusalem et les parents d’une des sœurs qui habitent dans la paroisse du P. Arnaud Adrien dans le diocèse de Toulon.
Après le repas, nous avons repris le chemin vers Beth Shemesh, à pied sous la pluie. C’est la première vraie pluie d’automne. En chemin, une voiture a pris trois d’entre nous vers Jérusalem et les 6 autres se sont serrés dans la voiture du P. David Neuhaus, vicaire patriarcal pour les chrétiens de langue hébraïque, qui nous a déposés à l’arrêt de bus de Beth Shemesh. Le Père David se dirigeait au sud, vers Beer-Sheva pour la messe. Notre bus est arrivé immédiatement et à 15h10, j’étais à la maison. Petite sieste avant de vous écrire.
Au moment de poster ce message, je m'aperçois qu'avec le changement d'horaire qui a eu lieu cette nuit, il n'est pas encore 17h et il fait presque nuit...

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