dimanche 11 octobre 2015

Appelez la paix sur Jérusalem (Ps 122,6)



Sha’alu shlôm yerûshalaïm
שַׁאֲלוּ שְׁלוֹם יְרוּשָׁלִָם

Chers tous,
Comme vous le savez par vos médias, la situation est très tendue ici. On sent la tension partout, surtout depuis le Collège des Frères qui domine le débouché de la rue de Jaffa, la principale artère qui relie la Vieille Ville au centre-ville de Jérusalem. De là, il suffit de descendre vers la Porte de Damas et c’est souvent là que les troubles éclatent.
Depuis mon dernier message, il n’y a rien eu de particulier. J’ai passé une bonne partie de mes journées au fond de la bibliothèque. Je suis tanqué au poste 704, qui est un coin bien calme pas trop loin du fond Nouveau Testament. J’ai préparé un exposé pour la semaine prochaine, à propos de ce que l’on appelle la Nouvelle Perspective sur Paul, une réévaluation du rapport entre Paul et le judaïsme. La situation tendue fait aussi que je ne me balade pas trop. Pour aller du Collège à l’École, je pourrais passer par la Porte de Damas, mais ça serait manquer de prudence, je passe par une rue secondaire, la rue Ha-Ayin Beth qui me fait traverser la route N° 1 (la grand route construite à la place du no man’s land qui séparait la zone israélienne et la zone jordanienne entre 1948 et 1967) à 300 mètre au nord de la Porte de Damas. Une fois la route traversée, je ne suis plus qu’à 150 mètres de l’École.
Jeudi soir, je suis allé me promener dans la ville juive, j’ai fait un grand tour. En partant de la rue de Jaffa, très animée à ce moment-là, avec marché de rue, boutiques ouvertes, musiques… je suis allé en contrebas de la Knesset, le parlement (unicaméral) israélien. J’ai traversé le parc Sa’qer, le plus grand de tout Jérusalem. Des juifs orthodoxes étaient rassemblés sur une pelouse et chantaient, accompagnés à la flûte par l’un d’entre eux. D’autres, un peu plus loin, profitaient des agrès pour faire du sport… L’effet est assez comique entre une tenue pas du tout adaptée à la pratique du sport et un investissement personnel sans retour. Il y en avait un qui lisait la Bible ou le Talmud et qui accomplissait des mouvements sur un vélo elliptique ; un autre était aux barres parallèles, un peu gêné par les phylactères. Je n’avais pas mon appareil photo… Dommage…
Vendredi, la ville était dominée par un dirigeable blanc, amarré au Mont des Oliviers, il est équipé d’une caméra destinée à surveiller la Vieille Ville et les environs et surtout l’esplanade des mosquées/du temple…
Le dirigeable est dans le cercle rouge
Samedi matin, je suis resté travailler au Collège. Vers 10 h 15, j’ai entendu un coup de feu puis une série de pétarades. Ensuite, ça a été très bruyant pendant 20 minutes : sirènes de police ou d’ambulance, coup de feu… C’était à la Porte de Damas : un jeune Palestinien de 16 ans a essayé de poignarder deux juifs ultra-orthodoxes d’une soixantaine d’années. Il a été abattu par la police. Depuis ma fenêtre, je voyais le ballet des véhicules de police et du Magen David Adom (l’étoile de David rouge = l’équivalent de la Croix rouge) et des gens qui courraient pour s’éloigner de la Porte de Damas. Dans l’après-midi, rebelote presque au même endroit : un jeune de 19 ans s’en est pris à trois policiers. Il a, lui aussi, été abattu.
 
La Porte de Damas en temps normal
Peu avant midi, je suis sorti à la Porte Neuve, celle qui est près du Collège. Là, la famille Ayzac m’a récupéré. C’est une famille française, dont le papa travaille au consulat général de France et dont je connais la maman qui était dans mes cercles scouts et soirées dansantes à Montpellier, il y a 20 ans ! Nos parents continuent à bridger ensemble et nous ont permis de renouer le contact. L’aîné des garçons, Henri, a fait le camp Jeune Amandier cet été. Nous avions rendez-vous à Bethléem, au monastère de l’Emmanuel, ce sont des bénédictines (francophones) de rite grec-melkite catholique. C’est-à-dire qu’elles sont bien catholiques, en communion avec le pape, mais qu’elles appartiennent au patriarcat grec-melkite et célèbrent la liturgie dans ce rite particulier, avec le calendrier julien. Une dizaine de familles françaises d’expatriés se retrouvait pour un pique-nique ; quelques agents consulaires, d’autres impliqués dans la coopération franco-palestinienne ou alors couples mixtes, bref groupe assez varié et sympa. (En tout cas, moins lourd que les expat’ de Rome) Parmi eux, Agnès, la fille du cousin de la femme du frère de ma mère (vous avez suivi ?) dont le mari est le gérant de l’hôtel Mövenpick de Ramallah. Cette petite sortie m’a fait beaucoup de bien. On est rentré sur les 4 heures.
À la sortie du monastère qui est situé juste derrière le mur de séparation, une icône de Marie qui fait tomber les murs a été peinte. Puisse-t-elle faire tomber les murs de haine qui passent dans nos cœurs, qui déchirent ce pays et ceux qui l’habitent.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Merci Etienne pour ces nouvelles. Les nouvelles que nous recevons par voie de presse ne sont pas très réjouissantes. Nous prions pour vous et nous confions à vos prières les familles de notre très grande paroisse. amitiés. Ghislaine