lundi 29 mai 2017

Celui qui a la clé de David (Ap 3,7)

ὁ ἔχων τὴν κλεῖν Δαυίδ
ho echôn tèn klein Dauid

Chers amis,
Lundi studieux à la bibliothèque. J’ai pas mal marché entre les rayonnages pour accumuler de la bibliographie. J’ai pris un bon paquet de photos d’articles.
En sortant, j’ai eu la chance de voir mon directeur. Je l’avais guetté à son bureau de la bibliothèque mais au moment de le saluer, il avait disparu. En sortant de l’École, je le croise ! Merci la Providence.
Devant le Collège, les travaux ont progressé. Et une canalisation a été abîmée et de l’eau s’est répandue dans la rue…
J’ai fait ma valise et ai retrouvé deux brochures sur Venasque que j’avais emportées en janvier et que je n’avais pas retrouvées… Ne vous inquiétez pas, c’est de famille, je n’ai pas les yeux en face des trous.
Messe avec les frères.
Après le repas, j’ai enfin pris le temps d’aller assister à la fermeture des portes du Saint-Sépulcre. Depuis un an et demi que je suis ici, je n’avais pas pris le temps d’y aller.
Les clefs et la porte du Saint-Sépulcre sont conservées par deux familles musulmanes de Jérusalem, depuis le milieu du xiiie siècle. Contrairement à ce qu’on dit parfois, ce n’est pas pour mettre d’accord les différentes communautés chrétiennes que les clefs ont été confiées à des musulmans. C’est tout simplement pour pouvoir faire “raquer” les pèlerins à l’entrée et à la sortie.
Chateaubriand affirme avoir payé « neuf sequins, ou trente-six livres » dans son Itinéraire. La porte ne s’ouvrait que lorsqu’un pèlerin payait pour qu’elle s’ouvre… Depuis 1831, la taxe a été abolie.

Chaque soir, au moment de la fermeture, les trois sacristains sont présents et se mettent officiellement d’accord sur celui qui ouvrira le jour d’après. En fait, l’ouverture se fait à tour de rôle entre les trois communautés. Celui qui aura le droit d’ouverture du lendemain prend l’échelle et l’appuie au centre de la porte fermée.
Pour une soirée ordinaire, c’est très rapide… Et j’ai failli la rater.
Après cela, passage au Mur occidental. Mon sherout vient me chercher à 00h45 et mon avion décolle à 5h... Nuit blanche en perspective.
À bientôt,     
Étienne+

dimanche 28 mai 2017

Le jeûne était déjà passé (Ac 27,9)

τὴν νηστείαν ἤδη παρεληλυθέναι
tèn nèsteian èdè parelèluthenai

Chers amis,

Quatre jours déjà…
Jeudi, je vous avais quitté tôt le matin avec le récit de notre messe nocturne à la mosquée de l’Ascension… En effet, malgré tous mes efforts, un réveil plus tardif que 6h15 m’est impossible…
Pour occuper cette journée de fête, j’avais proposé à des amis une visite du Musée des arts islamiques de Jérusalem. Contrairement à ce que vous pourriez penser, ce Musée se situe à Jérusalem Ouest, à deux pas du palais présidentiel où trois jours plus tôt, Trump est venu rencontrer Reuven Rivlin, président (nassi) d’Israël. J’ai sauté sur l’occasion d’une journée où les horaires d’ouverture du musée sont compatibles avec la logique (normalement, le musée est ouvert de 10 à 14 heures… Vous avouerez que ça manque d’attrait. Le jeudi, le musée fait un nocturne, jusqu’à 19 h ! Wouaouh ! Et pour couronner le tout, bien qu’il s’agisse d’un musée israélien, il est fermé le dimanche qui est mon jour off..)
La montre "Marie Antoinette"
Et la visite a commencé par des montres suisses, françaises et anglaises. Oui, je le reconnais, on fait plus islamique que des montres du xviiie et xixe siècle… En fait, le père de la fondatrice du Musée avait une exceptionnelle collection de montres et boîtes à musique qui ont donc intégré les collections du musée. Nous avons tout de même remarqué de petites horloges destinées au marché turc et ornées de motifs exotiques et orientalisants. Nous avons regardé avec attention la montre dite “Marie Antoinette”, surnommée la Joconde de l’horlogerie. Malgré ce que son nom pourrait laisser croire, la montre n’a jamais appartenu à la reine puisqu’elle fut commandée à l’horloger Bréguet, par un mystérieux intermédiaire (Axel de Fersen ? La comtesse de la Motte dans un galop d’essai du fameux collier ?...) en 1783 et terminée en 1827, 34 ans après la mort de la Reine… La montre présente toutes les fonctionnalités que l’on connaissait à l’époque et encore aujourd’hui, son prix est estimée à 30 millions de $. En 1983, la montre a été volée par un émule d’Arsène Lupin (un camion garé derrière et un pied-de-biche ont suffi). Et on ne l’a retrouvée qu’en 2007. Suivez le lien pour avoir plus d’infos sur les péripéties de cette montre.

Il y a aussi quelques jolies boîtes à musique, un éventail dans le panache duquel se niche une petite montre, des cartels…
Ensuite, nous avons parcouru les galeries du musée qui présentent les arts liés à l’islam. La première salle présente les grandes lignes de l’histoire de l’islam et les fondamentaux de cette religion. Ensuite, chaque salle présente une période de l’histoire de l’islam : omeyyades et fatimides ; seldjoukides et mamelouks ; les civilisations musulmanes de l’Iran (Ispahan, Samarcande) ; les ottomans et les moghuls (le Taj Mahal). Bref, on s’en met plein les yeux. Le site Internet est très décevant : aucune photo ! Voici une recherche google qui pallie ce manque.
Au milieu des galeries, il y avait quelques œuvres d’art contemporain. Le gars à l’entrée nous a parlé de ces œuvres, il était très enthousiaste, j’ai dit en français : « Ah oui, de l’art comptant pour rien ! » Et il m’a dit « Yes, indeed ! » On s’amuse comme on peut.
Voici un exemple accompagné de ma traduction du livret d’accompagnement qui explique ce qu’il faut comprendre : « L’œuvre de Doron Rabian comprend deux parties : une sculpture improvisée faite d’un fer à repasser sur le sol et sur le mur une impression photographique sur un tissu, représentant le cimetière musulman de Sheikh Murad au sud de Tel Aviv, auquel on donne un effet de plissé. La plupart des Palestiniens qui vivaient dans les environs ont été expulsés en 1948. La connotation de l’œuvre est le lissage de la mémoire, “repassant” les couches de l’histoire et de la culture en une image qui les reconstruit »… Remarquez le papier qui indique qu’il est interdit de toucher (cela évite les vandalismes commis par des femmes de ménage zélées). Sinon, derrière, vous pouvez apercevoir des céramiques médiévales.
Après avoir passé près de 2 h 30 dans ce beau musée, nous sommes repartis vers la vallée des gazelles. Halte dans une épicerie pour acheter de quoi se nourrir et pique-nique dans un des abris de la vallée. Nous avons eu de la chance, la vallée était vide (ou presque) d’êtres humains et nous avons donc vu pas mal de ces si délicats mammifères. Puis retour vers le centre-ville (notre centre-ville de chrétiens, c’est-à-dire la Vieille Ville ; officiellement, le centre-ville de Jérusalem, c’est autour de la gare centrale et du pont de cordes, loin, si loin.) halte pour visiter le monastère de la Sainte-Croix, bâti sur le site où a poussé, selon la tradition, l’arbre qui servit à confectionner la croix de Jésus… Derrière le chœur de l’église, un petit autel avec une plaque en argent à travers laquelle on passe la main pour toucher le rocher sur lequel l’arbre a poussé.
Retour à la maison, bien cané…
Vendredi, journée bibliothèque. Mon directeur m’a envoyé un courriel pour me dire que ma production remise la semaine dernière était excellente ! Youpi.
Comme d’habitude, messe à l’Ecce Homo. Je leur ai dit au revoir. L’équipe du Chemin Neuf est vraiment sympa. Il y avait aussi une sœur de Sion philippine, originaire d’Infanta, le berceau de NDV aux Philippines et en Asie ! Nous avons donc parlé un petit moment.
En fin d’après-midi, petit jus de fruit dans notre cantine, le resto Yerevan, au bout de la rue, en sortant du Collège.
Samedi matin, le canon m’a réveillé à 4 heures du matin… C’est le canon du Ramadan (en fait, une fusée de feu d’artifice) qui indique à tous le moment où commence le jeûne et le moment où il s’achève (nous l’avons entendu ce soir pendant les Vêpres).
L’après-midi, je suis allé à Bethléem en bus avec le cher frère Albert, un Palestinien à passeport britannique (son père travaillait pour l’administration anglaise entre deux guerres). Il m’a un peu raconté son enfance à Jérusalem, la première guerre israélo-arabe, la maison brûlée et vidée de force, les deux années de résidence à la Flagellation. Je l’aime beaucoup, il respire la simplicité et la sagesse. Témoin de violences, il n’en garde pas de haine recuite et de désir de vengeance que souvent on voit chez les Palestiniens.
À Bethléem, je voulais aller faire mes dévotions à la basilique de la Nativité. J’ai pu voir les anges dégagés par les restaurateurs de mosaïques. En ce moment, on nettoie les colonnes… Ça va être beau quand ce sera fini. En revanche, la queue pour aller dans la grotte longeait la colonnade sud et revenait par la colonnade nord (au bas mot, deux heures de patience !). En plus, je n’avais pas mon bréviaire. Il me fallait de toute urgence trouver un WiFi que j’ai trouvé au restaurant The Square, sur la place de la mangeoire. J’ai donc dit les Vêpres en buvant une Dark Taybeh, un peu plus amère que la Golden, ou peut-être ai-je pris une bière en priant les Vêpres… Puis quelques emplettes : savon de Naplouse, za’tar… Ensuite, je me suis mis à la recherche de l’église du Sacré-Cœur des Salésiens, dont les plans ont été dessinés par l’abbé Pougnet, prêtre d’Avignon et architecte de la chapelle de Sainte-Garde, de l’église des Réformés à Marseille et de nombreuses autres églises en France et en Afrique du Nord. Malheureusement, tout était fermé. J’ai donc rejoint l’Université des Frères, bâtie au sommet de la ville. Ils m’avaient invité pour célébrer la messe, comme en janvier. La fête de l’Ascension est assez drôle : comme elle est célébrée soit le jeudi, soit le dimanche selon les pays, les gens n’imaginent pas la célébrer à un autre moment que ce à quoi ils ont l’habitude : j’ai donc recélébré la messe de l’Ascension, en anglais. Puis le repas a suivi sur la terrasse de la maison des Frères qui regarde vers la basilique de la Nativité et plus loin, l’Hérodion.
Ce dimanche matin, réveil aux aurores grâce aux ouvriers : comme ils sont musulmans, ils se reposent le vendredi ; comme les ingénieurs sont juifs, il n’y a pas de travail le samedi mais le dimanche, ils sont à pied d’œuvre dès 6 h 45. En plus, ce matin, ils ont défoncé la rue au-delà de l’entrée du Collège. Maintenant, c’est vraiment “Beyrouth” !
Messe à Saint-Sauveur. Pour mon malheur, j’avais oublié le Prions en Église ; heureusement, je connais par cœur la Prière eucharistique n° 2 (après 11 ans de ministère, c’est pas un exploit) qui est systématiquement utilisée à Saint-Sauveur. On aussi chaque dimanche que Dieu fait, le même Kyrie, le même Gloria, le même Sanctus. Seul l’Alleluia et le Notre Père offrent un choix entre deux possibilités ! Quelle audace ! Le curé est très sympa, il a changé en septembre.
À midi, j’ai eu la surprise de voir quelques Frères de l’Université en visite à Jérusalem. Nous avons pris un très bon repas, surtout pour la fraternité.
Grosse ballade poméridienne qui m’a mené jusqu’à la colline de Mar Elias puis retour par l’ancienne voie ferrée que je connais bien désormais, 13 km.
Ce soir, je commence déjà mon bagage… Un brin de spleen…
À bientôt,   
Étienne+

jeudi 25 mai 2017

Jonathan assiégea la citadelle (1M 11,21)

Ιωναθαν περικάθηται τὴν ἄκραν
Iônathan perikathètai tèn akran

Chers amis,
Lundi, Jérusalem était en état de siège (pour la énième fois de son histoire…) à cause de la visite du président américain. L’hôtel King David avait été privatisé pour l’occasion. L’arrivée de l’homme d’état n’était prévue qu’en début d’après-midi mais cela n’empêchait pas les écoles d’être fermées.
L’École Biblique célébrait la fête de saint Dominique (normalement, c’est le 8 août, mais là il est fêté le 24 mai pour que la fête soit célébrée pendant l’année académique). Là, la célébration du 24 mai avait été anticipée au 22 pour coïncider avec les difficultés de circulation dues à la visite présidentielle.

J’avais donc prévu du travail, notamment des lectures.
Après le déjeuner, on a regardé l’arrivée de Trump à Tel Aviv.
Lorsque son hélico s’est posé à Jérusalem, nous sommes montés sur le toit du Collège. Avec un peu de patience, nous avons vu passer le cortège. Il y avait plus de voitures que ne peut en contenir la Vieille Ville. J’ai “shooté” la limousine présidentielle. Puis nous sommes descendus au salon pour regarder les images sur CNN. La Vieille Ville était complètement inaccessible, les gens avaient interdiction de sortir de chez eux, les boutiques étaient fermées. J’ai vu les images de l’accueil devant le Saint Sépulcre. Mais les journalistes n’étaient pas autorisés à rentrer à l’intérieur. Il n’y a donc pas d’image.

Avec les Frères on a rigolé à propos de Melania. “Belle plante”, elle passe de lieu en lieu, le sourire inamovible, pour faire joli sur la photo, mais après elle a l’air  complètement absente.
Après ça, je suis allé à l’École rencontrer le directeur…
Mardi, j’ai retrouvé mon bureau à la bibliothèque. En milieu de matinée, j’ai regardé quelques images de Trump à Bethléem. Je bosse sur les imprécations et les oracles de malheur dans la Bible (c’est un peu l’anti-béatitude…)
Sinon, rien à signaler…
Mercredi, messe le matin, bibliothèque, toujours dans les oracles de malheur. C’était donc Yom Yerûshalayim, l’anniversaire (dans le calendrier hébraïque) de la “libération” de Jérusalem par les Israéliens à l’issue de la Guerre de six jours. Encore une fois, c’était l’occasion (ou le prétexte) à des festivités, cérémonies officielles, gamins en stabulation libre dans les rues de la Ville… En rentrant de l'Ecole, je me disais que ce mois de mai, entre les célébrations juives (Yom haShoah, Yom Yerûshalayim, Lag Ba'omer), les fêtes chrétiennes, les grèves palestiniennes en solidarité avec les prisonniers qui font la grève de la faim, les visites présidentielles paranoïaques, les écoliers n'étaient pas trop allés en classe ces derniers jours. Alors que j'ai bien profité de la bibliothèque. Pour couronner le tout, les musulmans commencent le Ramadan, samedi ou dimanche...

Et surtout, la fameuse marche des nations, une immense procession durant laquelle les gens convergent vers le Mur occidental. Ils se rassemblent sur Kikar Tsahal, juste derrière le Collège. Évidemment, les Israéliens sont tout contents et les Palestiniens tirent une tête d’enterrement, surtout que cette année, ce sont les cinquante ans de l’événement.

La foule était impressionnante, musique à fond, drapeaux israéliens de rigueur (les gens sont très drapeau dans le pays). Beaucoup de “colons” venus de leurs implantations, dont le nom était inscrit sur des banderoles. Mais aussi une contre manifestation avec des panneaux du genre "Jérusalem par là ; Al-Quds par ici", ou "Le racisme, c'est la peur", "Juifs et Arabes ensemble", "Deux Jérusalem, une seule paix", "Pas de sainteté dans une Ville occupée"... Évidemment, des barrières et des policiers empêchaient les deux manifestations de se rencontrer de trop près...
Ce soir, je me suis couché tôt… Pour me lever tôt. Je suis monté au Mont des Oliviers de nuit. En passant devant Sainte-Anne, les gens installaient des illuminations pour le Ramadan. Ça évoque pour nous les décorations de Noël. Le but de mon pèlerinage nocturne sur la montagne était de célébrer la messe de l’Ascension à la mosquée du même nom… Oui, vous avez bien lu, la mosquée. En ce lieu, considéré traditionnellement comme celui où Jésus est monté au ciel, une église fut élevée au ive siècle. Détruite par les Perses en 614, retapée ensuite, elle sera aménagée dans son état actuel par les croisés au xiie siècle. À la chute du royaume latin de Jérusalem, l’église devient mosquée puisque les musulmans considèrent Jésus comme l’un des plus grands prophètes, conçu virginalement et monté au ciel. (Ceci dit pour les musulmans, Jésus n’est pas mort sur la croix – Simon de Cyrène s’y est collé – et donc il n’a pas eu besoin de ressusciter). C’est bien lui qui viendra à la fin des temps pour juger les vivants et les morts.
L'Imbomôn, mosquée de l'Ascension
À l’heure actuelle, le bâtiment consiste en une cour octogonale d’une douzaine de mètres de diamètre, dans laquelle se dresse au centre un édicule circulaire (moins de quatre mètres de diamètre). Le jour de l’Ascension, les chrétiens sont autorisés à y célébrer la messe, à cause du fait qu'il y a eu une église avant. Lorsque la fête ne coïncide pas chez les Latins et les Orientaux, chacun dispose du lieu toute la journée ; cette année, il y a un calendrier de célébrations successives, régi par le statu quo de 1852. Les Latins disposent du lieu de minuit à 7 h du matin. Chaque demi-heure, une messe est célébrée dans l’édicule central. La messe de 0 h 30 était présidée par le Fr. David, un jeune franciscain québécois et il avait proposé à quelques volontaires français de l’accompagner, je me suis joint à lui. J’ai donc eu la grâce de célébrer la messe dans l’Imbomôn (c’est le nom de l’édicule, cela proviendrait de l’araméen bâmâ, “hauteur”, c’est en tout cas le nom que lui donne Égérie, la fameuse pèlerine du ive siècle, originaire du nord de l’Espagne ou du sud de la Gaule, qui nous a laissé un récit de son pèlerinage en Terre Sainte, source incomparable pour la connaissance de la liturgie de Jérusalem à cette époque).
La messe devait commencer à 0 h 30, mais la messe précédente célébrée par les franciscains du couvent de l’Agonie a été plus longue que prévue. Du coup, le temps qui nous était imparti était réduit d’autant. Il faut dire que célébrer une messe de l’Ascension (gloria, deux lectures, homélie de rigueur un jour de solennité, credo, éventuellement une prière universelle) en trente minutes relève de la gageure. Défi relevé par le Fr. David. Au début, j’étais un peu inquiet que la foule circule dans l’édicule tout au long de la messe, en fait, ce fut simplement au début. Très vite le recueillement s’est fait. Mais comme j’étais avec des gens pieux, une fois de plus, je n’ai pas de photo de la messe (cliquez sur ce lien, il y a quelques photos qui vous donnent un aperçu de l'ambiance, si vous parlez le catalan, vous pouvez lire). À la fin de la messe, nous nous sommes souhaités bonne fête et Cyrille et Marianne nous ont redescendus à nos portes de Vieille Ville respectives. Les murailles de la Vieille Ville et la Porte de Damas sont tout illuminées.
Bon dodo.
À bientôt,     
Étienne+

dimanche 21 mai 2017

Qu’il mange les fruits de son délice ! (Ct 4,16)

ויאכל פרי מגדיו
wəˀḵal pərî məgāḏāyw

Chers amis,
Vendredi n'a pas été une journée très efficace... L'autre jour, j'écoutais dur France Culture, une conférence "Assieds-toi et écris ta thèse" avec des conseils de méthode, etc. L'un d'entre eux consistait à faire son deuil du chapitre terminé. Le chapitre que j'ai rendu n'est pas terminé mais il a, me semble-t-il, un contenu à peu près cohérent et donc je veux passer à autre chose. C'est un peu dur...
Comme d'habitude, messe à l'Ecce Homo. Comme je suis rentré assez tôt, avant 13h30, j'ai évité la foule de sortie de mosquée. Le vendredi, quand je vais à l'Ecce Homo, il y a tout un flot de personnes qui vont prier sur l'esplanade des mosquées pour la prière du vendredi. Quand je sors de l'Ecce Homo, après la messe et le repas, le flot remonte dans l'autre sens et est beaucoup plus compact. Ce qui prend cinq bonnes minutes en temps normal peut alors en exiger une vingtaine. Tout le monde sort par les diverses portes de l'esplanade mais ensuite, tout le monde veut passer par la Porte de Damas, qui devient un entonnoir... La Porte de Damas donne accès aux gares routières qui vont vers Bethléem et Ramallah...
Cette fois-ci, donc, la voie était libre mais il s'en est fallu de peu... À cent mètres derrière moi, je voyais la marée humaine.
Samedi matin, bibliothèque... J’ai préparé de quoi travailler lundi, puisque la bibliothèque est fermée.
Ensuite, je suis parti vers 13 h avec le frère Daoud et le père Khalil (un salésien libanais) pour le site de Beth Haninah. Le Collège des Frères occupe un deuxième site dans un quartier palestinien au nord de Jérusalem. 1 200 élèves y sont accueillis. On se sent plus au large qu'à la Porte Neuve, idéalement située pour les pèlerins mais enfoncée entre les murailles.
Il y avait la messe de saint Jean Baptiste de La Salle pour les professeurs. Une cinquantaine avait répondu présent. La chapelle est jolie mais la déco est très “locale”. Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer la statue de la Sainte Vierge avec sa guirlande lumineuse... :-\
Après la messe, déjeuner dans la cour (il était presque15 h...) Le directeur du Collège a fait un petit topo dans lequel il a évoqué les prisonniers palestiniens qui depuis 34 jours font la grève de la faim dans les prisons israéliennes. Leur situation est compliquée, contrevient comme souvent aux conventions internationales sur les prisonniers, mais bon…
En tout cas, cette évocation n’a pas coupé l’appétit des profs. Quand le signal a été donné, ce fut la curée, l’hallali… Et moi, avec ma courtoisie et ma timidité d’occidental, je ne savais pas comment m’insérer dans la file. Heureusement, le col romain a fait son effet… La prof de français algérienne m’a aidé. Le repas était assez bon, très typique (courgettes et aubergines grillées, hummus, riz aux amandes, poulet farci…) Il y avait aussi du mouton rôti. Au dessert, des fruits (pastèque, nèfles, agrumes et abricots). En ce moment, c’est la période des nèfles. En France, je ne suis pas un grand fan mais là, elles sont parfumées. Et les abricots sont splendides, juteux, sucrés et tendres. En revanche, les pêches avaient la couleur d’une pomme granny…
Le knafeh, pâtisserie au fromage et au sucre
Après les fruits, on a attendu la pâtisserie, mais le pâtissier était en retard. Le frère Daoud a meublé en faisant chanter tel ou tel prof. Une des profs de français a chanté « Casser la voix » de Patriiiiiiick ! Enfin le knafeh est arrivé. Sinon, j'ai été un peu choqué. Mes parents m'ont appris à me servir modérément et à terminer mon assiette ; j'ai l'impression qu'ici c'est l'inverse, on se sert des montagnes de bouffe et on ne termine pas. A peine mange-t-on la moitié de l'assiette...
Dans l’après-midi, il a fallu éliminer, je suis donc allé me balader. Hier, curieusement, la température a chuté brusquement… On est passé de presque 40 lundi à 20 hier… Un fort vent d’ouest soufflait, amenant de nombreux nuages et de la fraîcheur. Je n’avais pas de petite laine et j’ai eu froid.
Soirée calme au Collège.
Ce dimanche, je suis allé à la messe à Abu Gosh, toujours paisible et recueilli. Pendant le petit verre de l’amitié qui suit la messe, je salue quelques personnes. Et je tombe sur des gens de Modène, à moins de 15 km de Saint-Didier. Ils vivent à Tel Aviv mais ont une maison là-bas ! Finalement, j’ai mangé chez des amis de Jérusalem, le papa étant un ami de scouts du curé de Mazan !
Bonne après-midi à discuter, mes amis se préparent à rentrer en France après trois ans dans le pays… Un peu de nostalgie du passé, d’inconnu pour l’avenir.
Je suis rentré à pied, la ville est en état de siège : Trump est encore à Riyad mais il fait déjà sentir sa présence. J’ai fait un bon tour. Rue Ben Yehouda, j’ai vu dans un magasin de kippa, la kippa Trump 2016, avec le fameux logo bleu-blanc-rouge qui reproduit l’improbable mèche du président. Sinon en ce moment, la tendance de la kippa est plutôt aux émoticônes.
Le dimanche après-midi, c'est étrange : j'ai dans la tête le repos, la détente, le calme et dans les rues, les gens vont et viennent, les magasins sont ouverts, ça bosse... Retour au Collège. Depuis trois jours, on a du bruit jusqu'à 2 heures du matin, les festivités des 50 ans de la
“libération” de Jérusalem, sont plutôt bruyantes.
Du coup après le dîner, je suis monté sur la terrasse. La vue sur les murailles sud-ouest de la Vieille Ville est imprenable : projections d'images, musiques, feux d'artifices... La photo est prise avec mon téléphone, il a du mal à faire la mise au point dans l'obscurité mais ça vous donne un aperçu.

À bientôt,     
Étienne+