vendredi 12 mai 2017

בן־ארבעים שנה אנכי (Jos 14,7)

ben-ˀarǝbāˁîm šānāh ˀānōḵî


Chers amis, 

Cette semaine n’a pas été particulièrement agitée. Mes journées se sont ressemblé l’une l’autre. Lundi, toutefois, j’ai passé un bon moment dans le bureau du directeur de l’ÉBAF. Évidemment, il trouve que je ne consacre pas assez de temps à mes études, et que je devrais être plus (disons même complètement) à Jérusalem… Dilemme cornélien pour moi entre amour et devoir, pastorale et études, paroisse et exégèse, paroissiens du Comtat et Jean le Patmiote… À voir.
Mardi en me rendant à l’École, je venais de dépasser l’arrêt du tram “Porte de Damas”, quand j’ai entendu des sirènes. Au début, j’ai pensé à une ambulance (on en a tellement l’habitude ici). Et un cortège officiel est passé : voitures de police, motards, ambulance, deux limousines noires blindées aux vitres teintées, etc. Un cortège officiel donc. Je me suis vite demandé de qui il s’agissait. Une des limousines portait un minuscule drapeau allemand. Une rapide recherche sur Google m’a appris que le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, était en visite officielle à Jérusalem et Ramallah. Sa venue a été décidée à l’occasion d’une petite tension diplomatique déclenchée par le ministre allemand des affaires étrangères en avril. Il avait rencontré des groupes de défense des droits civils opposés à la politique israélienne envers les Palestiniens, notamment Breaking the silence et B’Tselem. « B’Tselem documente les violations des droits de l'Homme dans les Territoires palestiniens occupés depuis 50 ans par l'État hébreu, alors que Breaking the Silence offre sous le couvert d’anonymat une plateforme aux soldats israéliens pour raconter leur vécu et dénoncer les agissements condamnables de l’armée ». En représailles, Netanyahou avait refusé de le rencontrer. Là, les choses se sont arrangées.
Mardi matin, donc, le président allemand est allé à Ramallah rencontrer Mahmoud Abbas (souvent appelé ici Abu Mazen). C’était l’info trépidante du jour.
Pendant les trajets, je bouquine selon la fameuse OTM dont j’ai parlé en janvier. En ce moment, je lis un polar israélien : Meurtre au kibboutz. Déjà, le titre nous dit qu’on est par ici. Le bouquin fait partie d’une série de romans mettant en scène le commissaire Michael Ohayon. Habituellement, les intrigues se passent dans des milieux assez fermés de la société israélienne : un cabinet de psychanalyse, l’Université hébraïque de Jérusalem. Ici, c’est un kibboutz. Le meurtre sur lequel le héros enquête est l’occasion de voir comment fonctionne cette ferme collective, basé sur des principes très socialistes : pas de propriété privé, enfants élevés par la communauté (ils ne vivent pas sous le même toit que leurs parents), mise en commun des ressources, tout le monde assure toutes les tâches, nettoyage, cuisine, travaux agricoles, réunions sans fin pour décider de la conduite du kibboutz. Le rythme des enquêtes est assez lent (le héros est un peu du genre flic désabusé, divorcé à cause de son boulot, qui a du mal à gérer son fils adolescent) mais prenant : les intrigues sont bien tarabiscotées. Je devrais le finir vendredi.
Mercredi, il a fait très chaud. Heureusement, la bibliothèque est légèrement climatisée. Il y fait donc une température très agréable (22/23°). Dehors, il faisait presque 35 ! En sortant de la bibliothèque à une heure moins le quart, j’ai cru mourir de chaud…
Aujourd’hui, heureusement, le vent d’ouest s’est levé apportant une jolie fraîcheur.

 
Sinon, j’ai passé ces jours-ci à la recherche des béatitudes de l’Apocalypse dans les commentaires du xviiie et xixe siècle. En fait, j’ai surtout navigué sur Internet : merci Google Books et Archive.org… Le plus dur, c’était de lire les commentaires en allemand qui à l’époque était imprimés en écriture fraktur, que nous appelons souvent gothique. Ça rappelle les bulles des Goths dans Astérix. On s’abîme les yeux… Mais j’ai trouvé des tas de choses intéressantes.

Et suivant le conseil d’Anthony, je commence à rédiger. J’élabore un plan détaillé et je remplis entre les titres. Jeudi matin, en sortant du Collège, après avoir passé la Porte neuve, j’ai croisé deux gamins, élèves du Collège (ils ont un polo bleu marine ou bleu turquoise qui les identifie). Après m’avoir croisé, l’un d’entre eux m’a dit le nom du nouveau président (avec l’accent local, il faut s’accrocher pour comprendre).
Ce soir, drame au Collège. Nous ne recevons plus EuroNews qu’en anglais, italien, turc ou russe.
Bonne occasion pour ne pas traîner et se coucher tôt.
À bientôt,     
Étienne+

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