dimanche 21 mai 2017

Qu’il mange les fruits de son délice ! (Ct 4,16)

ויאכל פרי מגדיו
wəˀḵal pərî məgāḏāyw

Chers amis,
Vendredi n'a pas été une journée très efficace... L'autre jour, j'écoutais dur France Culture, une conférence "Assieds-toi et écris ta thèse" avec des conseils de méthode, etc. L'un d'entre eux consistait à faire son deuil du chapitre terminé. Le chapitre que j'ai rendu n'est pas terminé mais il a, me semble-t-il, un contenu à peu près cohérent et donc je veux passer à autre chose. C'est un peu dur...
Comme d'habitude, messe à l'Ecce Homo. Comme je suis rentré assez tôt, avant 13h30, j'ai évité la foule de sortie de mosquée. Le vendredi, quand je vais à l'Ecce Homo, il y a tout un flot de personnes qui vont prier sur l'esplanade des mosquées pour la prière du vendredi. Quand je sors de l'Ecce Homo, après la messe et le repas, le flot remonte dans l'autre sens et est beaucoup plus compact. Ce qui prend cinq bonnes minutes en temps normal peut alors en exiger une vingtaine. Tout le monde sort par les diverses portes de l'esplanade mais ensuite, tout le monde veut passer par la Porte de Damas, qui devient un entonnoir... La Porte de Damas donne accès aux gares routières qui vont vers Bethléem et Ramallah...
Cette fois-ci, donc, la voie était libre mais il s'en est fallu de peu... À cent mètres derrière moi, je voyais la marée humaine.
Samedi matin, bibliothèque... J’ai préparé de quoi travailler lundi, puisque la bibliothèque est fermée.
Ensuite, je suis parti vers 13 h avec le frère Daoud et le père Khalil (un salésien libanais) pour le site de Beth Haninah. Le Collège des Frères occupe un deuxième site dans un quartier palestinien au nord de Jérusalem. 1 200 élèves y sont accueillis. On se sent plus au large qu'à la Porte Neuve, idéalement située pour les pèlerins mais enfoncée entre les murailles.
Il y avait la messe de saint Jean Baptiste de La Salle pour les professeurs. Une cinquantaine avait répondu présent. La chapelle est jolie mais la déco est très “locale”. Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer la statue de la Sainte Vierge avec sa guirlande lumineuse... :-\
Après la messe, déjeuner dans la cour (il était presque15 h...) Le directeur du Collège a fait un petit topo dans lequel il a évoqué les prisonniers palestiniens qui depuis 34 jours font la grève de la faim dans les prisons israéliennes. Leur situation est compliquée, contrevient comme souvent aux conventions internationales sur les prisonniers, mais bon…
En tout cas, cette évocation n’a pas coupé l’appétit des profs. Quand le signal a été donné, ce fut la curée, l’hallali… Et moi, avec ma courtoisie et ma timidité d’occidental, je ne savais pas comment m’insérer dans la file. Heureusement, le col romain a fait son effet… La prof de français algérienne m’a aidé. Le repas était assez bon, très typique (courgettes et aubergines grillées, hummus, riz aux amandes, poulet farci…) Il y avait aussi du mouton rôti. Au dessert, des fruits (pastèque, nèfles, agrumes et abricots). En ce moment, c’est la période des nèfles. En France, je ne suis pas un grand fan mais là, elles sont parfumées. Et les abricots sont splendides, juteux, sucrés et tendres. En revanche, les pêches avaient la couleur d’une pomme granny…
Le knafeh, pâtisserie au fromage et au sucre
Après les fruits, on a attendu la pâtisserie, mais le pâtissier était en retard. Le frère Daoud a meublé en faisant chanter tel ou tel prof. Une des profs de français a chanté « Casser la voix » de Patriiiiiiick ! Enfin le knafeh est arrivé. Sinon, j'ai été un peu choqué. Mes parents m'ont appris à me servir modérément et à terminer mon assiette ; j'ai l'impression qu'ici c'est l'inverse, on se sert des montagnes de bouffe et on ne termine pas. A peine mange-t-on la moitié de l'assiette...
Dans l’après-midi, il a fallu éliminer, je suis donc allé me balader. Hier, curieusement, la température a chuté brusquement… On est passé de presque 40 lundi à 20 hier… Un fort vent d’ouest soufflait, amenant de nombreux nuages et de la fraîcheur. Je n’avais pas de petite laine et j’ai eu froid.
Soirée calme au Collège.
Ce dimanche, je suis allé à la messe à Abu Gosh, toujours paisible et recueilli. Pendant le petit verre de l’amitié qui suit la messe, je salue quelques personnes. Et je tombe sur des gens de Modène, à moins de 15 km de Saint-Didier. Ils vivent à Tel Aviv mais ont une maison là-bas ! Finalement, j’ai mangé chez des amis de Jérusalem, le papa étant un ami de scouts du curé de Mazan !
Bonne après-midi à discuter, mes amis se préparent à rentrer en France après trois ans dans le pays… Un peu de nostalgie du passé, d’inconnu pour l’avenir.
Je suis rentré à pied, la ville est en état de siège : Trump est encore à Riyad mais il fait déjà sentir sa présence. J’ai fait un bon tour. Rue Ben Yehouda, j’ai vu dans un magasin de kippa, la kippa Trump 2016, avec le fameux logo bleu-blanc-rouge qui reproduit l’improbable mèche du président. Sinon en ce moment, la tendance de la kippa est plutôt aux émoticônes.
Le dimanche après-midi, c'est étrange : j'ai dans la tête le repos, la détente, le calme et dans les rues, les gens vont et viennent, les magasins sont ouverts, ça bosse... Retour au Collège. Depuis trois jours, on a du bruit jusqu'à 2 heures du matin, les festivités des 50 ans de la
“libération” de Jérusalem, sont plutôt bruyantes.
Du coup après le dîner, je suis monté sur la terrasse. La vue sur les murailles sud-ouest de la Vieille Ville est imprenable : projections d'images, musiques, feux d'artifices... La photo est prise avec mon téléphone, il a du mal à faire la mise au point dans l'obscurité mais ça vous donne un aperçu.

À bientôt,     
Étienne+

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