vendredi 1 juillet 2016

Dans une flamme de feu (Ex 3,2)

בלבת־אש מתוך הסנה
belabbat-ˀeš mittôkh hasseneh
Dans une flamme de feu, au milieu d’un buisson

Chers amis,
Cela fait aujourd’hui quatre semaines (28 jours = 672 heures = 40 320 minutes) que j’ai quitté Jérusalem pour retrouver mes Villes saintes à moi, ou plutôt les villages de ma sainteté. Quatre semaines qui ont été bien remplies (pas autant que mes journées hiérosolymitaines toutefois).
Comme je vous le disais, mon retour s’est passé pour le mieux, sans retard et sans contrecoup des grèves qui agitaient la France.
Le samedi, j’ai réintégré ma chambre au presbytère de Saint-Didier et rangé mes affaires, vidé le placard, trié les paquets… Le dimanche, messe à Saint-Didier avec les premières communions des enfants du catéchisme : 13 enfants bien préparés, une belle messe animée par les jeunes de la paroisse (chapeau Flavie !) et la joie de retrouver les paroissiens.
Le soir, je suis allé chercher à la gare d’Avignon un groupe de diacres qui venaient à NDV pour leur retraite d’ordination sacerdotale. Et c’est moi qui prêchais… La préparation de cette retraite avait occupé mes soirées depuis la mi-carême. Ils étaient dix. Neuf diacres et un séminariste qui se préparait au diaconat. Pour me présenter, je leur ai dit que j’étais « l’heureux curé de la plus belle paroisse de France » et qu’ils devaient être d’accord puisqu’ils l’avaient choisie pour lieu de leur retraite ! Comme je n’ai pas une grande expérience de formateur de séminaire et que je n’ai pas beaucoup investi de réflexion dans ces domaines-là, j’avais opté pour un parcours biblique à partir des grands personnages de la Bible et de ce qu’ils peuvent nous dire du ministère sacerdotal, du don de soi, de la relation avec Dieu dans la prière… Un peu de Père Marie-Eugène et de témoignage de la vie en paroisse… La retraite avait lieu à Souveilles, la maison de solitude des prêtres de NDV.



Cinq jours intenses, à enseigner, écouter, prier… Ils sont retournés chez eux le samedi. Tous ont été ordonnés ces derniers dimanches (19 et 26 juin) dans leurs diocèses, à l’exception d’un d’entre eux qui, au retour de la retraite, a rencontré son évêque pour lui signifier qu’il ne serait pas ordonné… Je vous avoue que lorsque j’ai appris cela, ça m’a un peu chamboulé… Qu’avais-je pu dire qui retourne le cœur d’un homme ? Qu’est-ce qui dans ce qu’il a vécu lors de la retraite a pu révéler ce qui n’était pas prêt ? Mystère de l’appel de Dieu et de la réponse de l’homme. Priez pour lui !
Le dimanche, profession de foi à Saint-Didier, avec toute la fine équipe. Encore une fois une belle messe. La semaine suivante, j’ai fait passer les examens de Bible pour les étudiants de quatrième année du Studium. Le cursus est habituellement de cinq années d’études. À la fin de la cinquième année, les étudiants passent des examens de synthèse en théologie dogmatique et théologie morale. L’année précédente, nous avons mis en place un examen de Bible, pour montrer leur capacité à lire et interpréter un texte de l’Écriture et pour exercer pratiquement le fait que « l’étude de l’Écriture doit être comme l’âme de la théologie » (Dei Verbum, § 24). Cette année les étudiants étaient nombreux (14) et cela a pris toute la semaine puisque chacun passe pendant une heure devant un jury de deux professeurs (½ heure d’exposé oral puis une ½ heure de questions). Mais les résultats sont globalement bons. (Il n’y a rien de pire que de faire passer un examen où l’étudiant (que vous connaissez, à qui vous avez fait cours) se noie.
Samedi midi, chez des paroissiens (mais je n’ai pas profité de la piscine : il pleuvait !). Dimanche, messe à Venasque puis repas chez des amis de Carpentras avant d’aller passer quelques jours chez mes parents.
J’en ai profité pour voir mes grands-parents, revoir un peu de famille, somnoler au bord de la piscine.
Retour le jeudi pour la fête de fin d’année du Studium, messe, repas festif et soirée musicale. Fin de semaine calme, j’ai commencé à passer le presbytère au kärcher… Certaines choses qui n’avaient pas bougé d’un pouce en plus de 8 mois : notamment les petits carrés de chocolat pour le café venus du bout du monde qui sont restés religieusement à côté du four micro-ondes, là où je les avais laissés fin septembre (et ce malgré l’installation d’une machine Nespresso®, dont les cafés se marient idéalement avec ce genre de chocolats fins).


Dimanche, messe festive à la Roque-sur-Pernes, un de mes quatre villages. L’église est dédiée aux saints Pierre et Paul, et le dimanche le plus proche on y célèbre une messe festive suivie du verre de l’amitié à la salle des fêtes du village. J’avais une bonne équipe de servants d’autel (ceux de Venasque). Repas “Côté Cours” à Saint-Didier, le bon resto où j’ai mangé avec mon oncle Guilhem, présent la veille à un mariage à Pernes-les-Fontaines.









Mardi, retour à la Roque-sur-Pernes, pour les feux de la Saint-Jean. Passage dans le village avec les enfants et les gens portant le costume comtadin pour ramasser les fagots, signe de notre travail. Repas partagé. Puis une fois le soleil couché (il faut attendre 21h30 passées) on se dirige vers le lieu où le feu a été préparé, on ajoute les fagots que le curé bénit (en provençal !). Le message de la Saint-Jean est lu en provençal par la présidente de la confrérie puis en français par Monsieur le Maire. Nous avons eu de la chance car il n’y avait pas un brin de vent ce soir-là et que nous avons donc pu allumer le feu (d’autres villages n’ont pas eu cette chance les soirs précédents). Le feu est allumé, puis béni (encore une fois en provençal), et on danse autour du feu. Nous terminons par Coupo Santo.


Retour à la maison assez tard et grasse matinée le lendemain.
À bientôt,
Étienne+