lundi 26 août 2019

Produit de l’art et de l’imagination (Ac 17,29)

χαράγματι τέχνης καὶ ἐνθυμήσεως
Charagmati technès kai enthumèseôx

Chers amis,
Quelques jours calmes à travailler à la bibliothèque… Un matin, en allant à l’École, j’ai croisé Rébecca qui allait à la clinique où elle exerce. Samedi, contrairement à mes habitudes, je ne suis pas allé me promener. Il faisait un peu chaud et surtout, je m’avançais dans mon travail pour me libérer ce lundi après-midi.
Ce dimanche, je suis allé à la messe à Abu Gosh, Laurent-Pierre m’a très gentiment rendu ce service. Il y avait peu de monde à la messe mais, ce fut très beau. Je suis parti rapidement pour récupérer le premier bus vers Jérusalem.
Un bon shakshouka !
Heureusement, je n’ai pas trop attendu. J’avais rendez-vous avec Marie-Claire pour passer l’après-midi ensemble. Nous nous sommes retrouvés en bas de la rue Ben Yehouda. D’abord, il était déjà presque 13h30 et le plus pressé était de manger. Nous avons opté pour la terrasse d’un petit restaurant de bagel dans la rue piétonne : une petite salade, un bagel avec deux accompagnements, un shakshouka (la ratatouille était déjà bien liquéfiée) et un ice coffee. Puis nous sommes allés visiter le musée d’art juif italien de Jérusalem. Je l’avais déjà vu en février 2018 mais Marie-Claire ne connaissait pas.
Le type à l’entrée était vraiment super sympa. J’ai commencé à parler avec lui en italien puisque nous sommes dans la synagogue italienne. Puis il s’est mis à parler en français et, dans son français, il y avait quelque chose de spécial : il prononçait “travaij” au lieu de travail. Et en discutant avec lui, il nous a dit qu’il était né au Chili, d’une mère mexicaine et d’un père suisse (donc il parle aussi espagnol et allemand…). Il nous a montré le musée et était très intéressant.
Robe pour la circoncision !
Déjà, il nous a fait une réduction sur le prix d’entrée. L’exposition avait un peu changé par rapport à la dernière fois : cette fois-ci, il y avait surtout des exemples d’ouvrages de femmes juives italiennes : voiles pour la Torah – car dans le rite romain, il y a une bénédiction particulière pour la femme qui réalise ce type de voile –, vêtements pour la circoncision (avec une robe que l’on aurait pu croire faite pour un baptême !)… Des citations de Proverbes 31 illustraient les pièces exposées. Pour rentrer dans la synagogue, j’avais oublié d’apporter ma kippa… Je suis allé en demander une au gars de l’entrée. Il m’en tend une et me dit : « Ma è da cardinale ! Forse, è un presagio… » Je lui ai dit merci pour la kippa, qui était pourpre en effet. S'il savait de quel cardinal j'ai porté la calotte, il tomberait dans les pommes!
Au moment de sortir, il nous invite à aller voir au rez-de-chaussée, sous la synagogue, l’ancienne salle-à-manger de l’hospice allemand, devenu aujourd’hui le musée. Le plafond est décorée de fresques avec des phrases en latin, allemand, hébreu, grec, syriaque et arabe et des scènes bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament, autour du thème de la nourriture. (Dans la Bible, ça doit pas être trop difficile…) : Moïse dans le désert, la tentation au désert, Élie nourri par les corbeaux, la Samaritaine. Ce qui m’a soufflé, c’est que le type connaissait les noms des épisodes néo-testamentaires ! Il nous a fait remarquer au plafond, deux visages : l’un porte un tarbouche et l’autre un turban. Il s’agit du gouverneur ottoman au XIXe siècle et du sultan de Constantinople de l’époque.
Deux têtes qui vous surveillent...
Puis le type nous a dit que son oncle il y a plus de 80 ans s’était converti au christianisme et qu’il était devenu assomptionniste. Il a fini ses jours dans une maison de la communauté à Toulouse et quand on sait que Marie-Claire est très proche des Assomptionnistes et qu’elle habite Toulouse… La boucle était bouclée.
Après cette passionnante visite, nous sommes rentrés chacun chez soi. Il faisait bien cagnard. J’ai fait un détour par le Saint-Sépulcre mais il y avait tellement de monde… À la maison, j’ai bu des litres d’eau. Je n’avais pas pris d’eau pour la journée et je devais être déshydratée.
Lundi matin, matinée normale à la bibliothèque. Je suis en plein dans les « Malheurs ! ». Je suis rentré déjeuner. Et j’ai eu la surprise de voir que le Frère Luis était retourné à Jaffa alors que nous avions pris le petit-déjeuner ensemble et qu’il n’en avait rien dit ! Ni Frère Malak, ni Frère Daoud n’étaient au courant. Bon…
À 15 h, rendez-vous avec Marie-Claire à l’arrêt de bus en bas de la Porte de Jaffa pour prendre le 231 vers Bethléem. Il n’a pas tardé à nous récupérer mais il a fini par nous déposer à Bab el Sqaq à 16h pétantes...
Je suis allé d’un bon pas à la place de la Mangeoire faire une emplette (quelques savons de Naplouse) puis je suis allé au Carmel. En effet, on célébrait la messe de la solennité de sainte Marie de Jésus-crucifié (avec mon portable, le correcteur orthographique me propose “Jésus-certifié” !). Normalement, elle est fêtée le 25 août (sauf en France, où c’est le 30 août à cause de la mémoire de saint Louis).
Chapelle du Carmel de Bethléem.
Le reliquaire est à droite derrière la caméra
La chapelle du carmel n’est pas très grande, date des années 1870-80 et a une sobriété qui fait penser à Notre-Dame de la Garde à Marseille… Pas mal de prêtres étaient là, donc le Fr. Jean-Emmanuel de Ena, ocd de la province d’Avignon-Aquitaine que j’ai connu à Toulouse où il était prieur. Mais aussi le P. William-Marie Merchat, du diocèse de Nîmes avec lequel j’ai enregistré deux CD. Monseigneur Marcuzzo, évêque auxiliaire du Patriarcat de Jérusalem, présidait ; il en a profité pour célébrer ses 50 ans d’ordination sacerdotale. La messe était en arabe. Belle messe, avec toutefois le stress du micro : il ne fonctionnait pas aussi bien qu’on aurait pu s’y attendre… Pendant la messe, je me disais qu’il n’y avait pas beaucoup de religieuses dans l’assemblée et, en passant devant la grille du chœur des carmélites pour aller communier à l’autel, j’ai compris : elles y étaient toutes (brigittines, sœurs polonaises, sœurs du Rosaire, petites sœurs de Jésus et sœurs des Béat’...). Après la messe, j’ai salué Mgr Jules-Joseph, archéparque (= archevêque grec-catholique melkite) grec-catholique émérite de de Jérusalem. Il s’est retiré il y a un an et demi et ne sort plus guère. Mais il a fait une exception pour la petite sainte palestinienne pour laquelle il éprouve une grande dévotion.
Évidemment, il y avait des rafraîchissements et des gâteaux à la sortie de la messe. Là encore, pas de poubelle prévue et donc les gens empilaient leurs assiettes dans un coin ! Marie-Claire et moi étions estomaqués.
Frère Daoud était venu à la messe et nous a raccompagnés. À 19 h 30, j’étais à la maison et nous avons donc dîné un peu plus tôt. Ce qui me laisse le temps de vous écrire. Bientôt la suite de mes aventures en Terre Sainte.
À bientôt,
Étienne+

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