samedi 7 janvier 2023

Oracle du Seigneur, au travail ! (Ag 2,4)

 נְאֻם־יְהוָה וַֽעֲשׂוּ
nəʾum-ādōnāy waʿăśû

Chers amis,
Me voici revenu à Jérusalem ! Après un premier trimestre d’enseignement, mon mois de janvier s’est retrouvé assez allégé du point de vue académique et j’en profite pour passer quelques semaines. Le but avoué : boucler la rédaction et déposer.
Je suis parti mercredi en fin de matinée : j’ai embarqué seul dans ma voiture pour récupérer un séminariste à Carpentras ; je me suis déposé à la gare d’Avignon centre pour prendre le train vers la gare de Vitrolles et le séminariste est reparti avec ma voiture. Une heure de trajet sans difficultés. J’ai été surpris d’avoir à payer la navette entre la gare de Vitrolles et l’aéroport. Jusqu’à présent ce n’était pas le cas… En plus, la navette ne dessert pas les trois terminaux de Marseille et il a fallu que je trotte (heureusement ma valise est assez légère).
Les formalités d’enregistrement sont rapides et j’ai été impressionné par l’amabilité du personnel d’Air France, j’ai rarement vu ça : « Bonjour, monsieur », « je vous en prie », « bon voyage »… Que c’est agréable ! on en devient soi-même poli.
Un peu d’attente dans l’aérogare, embarquement. Dans l’avion, je me suis effondré… J’étais du côté de l’allée et ne pouvait donc profiter de la vue. Comme j’étais endormi, je n’ai pas eu de boisson ! Seulement deux petits sablés au citron.
Arrivée à Roissy, je marche un peu pour rejoindre le terminal. J’ai le temps de lire, de préparer un topo. Je fais même une brève rencontre de formation avec les séminaristes en visio avant d’embarquer. Elle fut plus brève que prévue parce que j’avais présumé que l’embarquement serait moins précoce (et j’espérais que l’avion aurait un tout petit peu de retard).
Arrivée au-dessus de Tel Aviv
L’appareil est un gros A 350. Je me retrouve dans l’une des trois places du milieu, mais j’y suis seul, ce qui me permet de prendre mes aises et de bénéficier de l’écran de mon voisin pour suivre le voyage alors que sur mon écran personnel, je regarde la nouveauté proposée par la compagnie : Rumba la Vie, le dernier film de Franck Dubosc. C’est l’histoire d’un chauffeur de bus scolaire, atrabilaire, qui a laissé sa femme et sa fille vingt ans plus tôt. Après un accident cardiaque, il cherche à entrer en contact avec sa fille qui ne le connaît pas. Elle est prof de danse de salon et… il déteste la danse. Le film est plutôt une comédie dramatique, puisqu’il n’y a pas de franche rigolade, même si le personnage de Jean-Pierre Darroussin qui incarne le copain de Dubosc sert de faire-valoir comique.Le repas était bon (entrée, blanquette de colin aux champignons, riz et carotte, fromage, fondant au chocolat, avec du vin et même un digestif). Ensuite, j’ai dormi… Atterrissage à 2h30. Débarquement sans heurt, formalité de visa rapide. J’attends un peu au tourniquet pour récupérer mon bagage. Je ne suis pas pressé… Je traverse le grand hall qui a repris son apparence ordinaire : il n’y a plus le centre de test Covid dans le hall secondaire. J’achète mon billet de train et je poireaute sur le quai pendant trois quarts d’heure. Je prends en photo des écriteaux pour les faire lire à mes étudiants d’hébreu, ou comment utiliser son vocabulaire biblique pour se débrouiller en Israël. Un peu ludique, on va y arriver.
Une des 3 volées d'escalator de la gare
de Jérusalem: les bouches de l'enfer
Je prends le train qui arrive vers 4 heures à Jérusalem (c’est la nouveauté de 2022 : il y a des trains de nuit ! avant, c’était entre 5 h du matin et 21 h). Ce train, malgré les questions géopolitique qu’il soulève, est vraiment un atout. La gare ferroviaire de Jérusalem ressemble vraiment à la gueule de l’enfer… J’arrive à l’air libre, il n’y a pas de tram qui circule. Au lieu d’attendre, je descends à pied le long de la rue de Jaffa. Par bonheur ma valise est légère (elle est loin d’être pleine mais il faudra que je la remplisse au retour)…
À 5 heures du matin, je suis devant le Collège des Frères. Problème, j’ai dit au Fr. Daoud que j’arrivais vers 6 heures. Je poireaute donc devant la porte, d’autant que je ne capte pas le WiFi du Collège. À six heures moins dix, Daoud m’ouvre la porte, je monte et il m’installe dans ma chambre. Je retrouve ma belle couverture "peau de tigre". Je range quelques affaires et me couche pour dormir jusqu’à 11 h 30, je rate donc les obsèques de Benoît XVI à la télé. Au déjeuner, je fais la connaissance du P. Stéphane, un prêtre de Paris qui passe l’année à Jérusalem, il étudie l’hébreu biblique et moderne à l’institut Polis.
Dans l’après-midi, je passe à la bibliothèque de l’École biblique pour faire établir une carte de bibliothèque. Je suis vite rentré au Collège car j’avais un conseil de séminaire en visio : deux heures pour discuter, donner son avis, écouter celui des autres, transmettre des informations, avancer dans certains projets.
Messe avant le dîner.
Hier, Épiphanie oblige, la bibliothèque était fermée, je suis donc resté au Collège pour travailler. La matinée a été consacrée à régler des soucis d’ordinateur (ce vieux briscard a tout de même sept ans : pour l’ordinateur, ce n’est plus l’âge de raison, plutôt la démence sénile). Sinon, je réalise que le déplacement du piano dans la rue va avoir des conséquences. Auparavant, il était à la Porte Neuve, hors les murs. Il est maintenant littéralement sous ma fenêtre… Il va falloir s'accoutumer aux fantaisies musicales des pèlerins. En fait, des élèves du Collège l'avaient vandalisé, sans se rendre compte des caméras de vidéosurveillance... J'entends aussi passer les scouts qui répètent pour l’Épiphanie des Latins, le Noël des Orientaux ou encore le Baptême du Seigneur. Vous voyez le piano bruyant.
La messe a été un sketch. Je m’étais dit qu’il serait bon d’aller à l’EBAF pour me montrer. Comme la bibliothèque était fermée, je pensais que la messe serait à 11 h 30 comme un dimanche mais elle était à l’horaire de semaine. Peste ! Je suis donc rentré au Collège bredouille. Au déjeuner, Stéphane m’a proposé d’aller à la Qehila, paroisse hébréophone. J’ai acquiescé, sans enthousiasme démesuré. Quand je me suis avisé qu’il faudrait peut-être partir, il était trop tard ; j’ai donc décidé de célébrer seul, ce qui est un peu dommage pour l’Épiphanie mais Stéphane était en train de célébrer avec les frères Daoud et Malak. Joie de la communication. Je l’imaginais à la Qehila, il en faisait de même pour moi et en fait, nous étions tous deux ici. Dieu merci, il n’a pas été trop long, ce qui m’a permis de célébrer à sa suite avant les Vêpres qui ont commencé un peu en retard.
Ce matin, bibliothèque. J’en profite pour envoyer à un étudiant du Studium un article disponible à la bibliothèque. À 10 heures, j’ai rendez-vous avec Anthony, bonne discussion, encourageante. Il met le doigt sur ce qu’il faut enlever, ce qu’il faut ajouter… Courage !
Il faut dire qu’il doit partir dans trois jours pour les États-Unis pour son chapitre provincial (j’espère qu’il ne sera pas élu !). Il importait donc de bien jalonner le travail à réaliser.
Retour au Collège, déjeuner. Ce soir, nous allons à Bethléem, chez les Frères de l’Université. Je célèbrerai la messe de l’Épiphanie… La liturgie dans la communauté de l’Université est toujours un mystère pour moi. Le samedi soir, on a la messe anticipée, j’en déduis donc qu’ils ne vont pas à la messe du dimanche le dimanche… Mais peut-être pas en fait. Aujourd’hui, nous célébrerons l’Épiphanie, qui était hier ici, alors que le lendemain, c’est le baptême du Seigneur. Quelque chose comme un vortex liturgico-temporel. Cela me rappelle la messe du samedi chez les Franciscaines missionnaires de Marie à Fribourg : elle était précédée des premières vêpres du dimanche, ce qui faisait qu’on était déjà entré dans la célébration dominicale de la Résurrection mais on était encore (du point de vue de l’eucharistie) dans le samedi. ;-P
Demain, baptême du Seigneur. Nous allons au Jourdain et j’ai une mission à accomplir.
Étienne+

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