wesamtî shomrôn le‘î
hassadeh
ושמתי שמרון לעי השדה
Chers amis,
Comme annoncé, je passe mes journées depuis lundi dans la
salle de cours de l’ÉBAF…
En fait, c’est un peu plus large que ce qui avait été
annoncé ; l’intitulé actuel est De
Canaan à la Samarie-Galilée : une histoire du Levant à travers les sources archéologiques, historiques et bibliques. Le titre de ce
message est lié au fait que nous évoquons beaucoup les ruines et les vestiges
du passé dans cette région de Samarie-Galilée que nous parcourrons la semaine
prochaine. La prophétie de Michée est toujours d’actualité… La région est
couverte de vieux cailloux…
Nous avons commencé lundi avec une conférence sur
l’utilisation de l’Ancien Testament comme source pour établir l’histoire de la
Samarie… C’était très historico-critique avec des tas de versets d’Amos et
d’Osée… mais c’était intéressant. En même temps, le professeur nous balançait à
toute vitesse sans prendre le temps de les écrire des noms aussi évident que
Kuntillet Ajdur, Assurbanipal, Qarqar, Tell el-Farah (sans préciser s’il
s’agissait de celui du nord ou du sud ! mais comment voulez-vous qu’on s’y
retrouve !).
Ensuite, on a évoqué le récit biblique pour montrer comment
il raconte l’histoire d’une manière différente de la nôtre. Le point de vue
était très narratif (comment on raconte, ce que l’on dit et ne dit pas, comment
les gens parlent entre eux, comment on évoque l’intervention de Dieu dans
l’histoire). La prof a pris comme exemple, le récit du schisme provoqué par
Jéroboam à la mort de Salomon.
Les questions d’interprétation archéologique et
chronologique ont été évoquées par deux étudiantes avec la difficulté d’un
accord des archéologues pour dater un lieu.
L’après-midi, on a beaucoup parlé de la géologie du pays et
de son corollaire pratique : l’eau si nécessaire pour pouvoir s’établir.
Cela a amené l’intervention de notre archéologue maison sur les techniques
employées pour assurer l’approvisionnement en eau : barrages, puits,
citernes, aqueducs. On s’établissait souvent près de l’eau mais à une certaine
distance parce que l’eau peut abriter des parasites, vecteurs de maladies. On a
aussi plusieurs exemples dans le pays de puits situés hors de la ville et accessibles
par un tunnel creusé sous la roche. La datation de ces structures est toujours
sujet d’âpres controverses entre les archéologues.
Un doctorant dominicain a évoqué les difficultés historiques
nées depuis une vingtaine d’années, autour de l’histoire biblique. En fait,
dans les années 60, quand les archéologues fouillaient des lieux cités dans la
Bible, avaient tendance à attribuer à David et Salomon les vestiges les plus
monumentaux, puisque la Bible les associait à un royaume puissant et opulent…
Depuis les années 1990, l’archéologie a acquis beaucoup de résultats et on s’aperçoit
que ces grands ensembles sont en fait plus récents, il a fallu “rajeunir” les
vestiges. Et on s’aperçoit que le royaume unifié de David et Salomon si
abondamment décrit dans la Bible était vraisemblablement une réalité beaucoup
plus humble… Mais les archéologues travaillent…
Hier, mardi, nous avons évoqué les relations de Canaan avec
les empires qui l’entouraient au Bronze récent (1 550–1 200
av. J.-C.) : on pense bien sûr à l’Égypte, aux Hittites. Mais ce fut,
pour moi, l’occasion d’apprendre l’existence du Mitanni, un immense empire qui
se situait au nord de l’Iran-Irak actuels. Leur capitale a un nom imprononçable
et personne ne sait encore où elle était… Avis aux archéologues amateurs…
L’après-midi, Rosemary nous a présenté quatre lieux que nous
visiterons la semaine prochaine : Sichem (actuelle Naplouse) ;
Megiddo (la fameuse Armageddon de l’Apocalypse), Haçor et finalement Tirça qui
fut capitale du royaume d’Israël. C’était une présentation très
méthodique : situation, localisation, ressources, histoire des fouilles,
époques d’occupation du site, sources historiques extra et intra-bibliques,
vestiges visibles caractéristiques.
Ce mercredi, nous sommes entrés dans l’âge du Fer (à partir
de 1 200 av. J.C.). À cette époque, les cités-états de la région ont
disparu, sous l’influence des « peuples de la mer ». Finalement, la
région est passée sous la domination successive, plus ou moins forte et
violente de l’Égypte, de l’Assyrie, des Babyloniens et des Perses. Les diverses
interventions ont évoqués différents aspects historiques de ce phénomène. On a
évoqué, par exemple, la participation du roi d’Israël, Achab (celui à qui Élie
s’oppose) à la coalition d’Hadad-Ezer contre l’empire néo-assyrien.
L’après-midi, deux courtes interventions de doctorants de
l’École qui étaient très intéressantes. La première tenait en quatre phrases
que nous devons retenir jusqu’à la fin de nos jours. Les voici…
- Assyria conquers Israel ;
- Babylon conquers Assyria ;
- Babylon conquers Judah and exiles some ;
- Persia conquers Babylon and sends some home.
Sinon, Mila a parlé
de la Samarie sous la période perse (entre 539, le retour d’exil, et 330, conquête
d’Alexandre le Grand). Enfin, un dernier topo sur le phénomène religieux à
l’époque (quels sont les lieux typiques, les divinités adorées en Canaan…)
Le prof a commencé
avec presque une heure d’avance puisque les deux premières interventions de
l’après-midi ont été plus courtes que prévues. Mais il est en train de
rattraper son avance et on va finir par terminer en retard… En ce moment,
j’entends le muezzin de la mosquée voisine de l’ÉBAF, ça veut dire que c’est
l’heure du coucher du soleil… Il chante clairement « Allahû akbar »
J’y reconnais la racine kbr qui veut
dire « grand » ; dans ma leçon d’arabe, on disait « al-quds
medine-kbire » c'est-à-dire « Jérusalem (la sainte en arabe) est une
grande ville ».
À bientôt,
Étienne+
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