jeudi 5 novembre 2015

Et il y a des brêches dans le rempart de Jérusalem (Ne 1,3)



weḥômat yerûshalayim meforatset
וחומת ירושלם מפרצת

Chers amis,
Ces derniers jours ont été bien occupés.
En fait, lundi, pour la commémoration des fidèles défunts, la Bibliothèque était fermée… J’ai eu beau avoir cours dans la matinée, je ne pouvais pas y aller… J’ai fait contre mauvaise fortune bon cœur, et je suis allé me balader dans l’après-midi. J’ai (re)visité deux musées dans le quartier juif de la Vieille Ville. Entre 1948 et 1967, lorsque la Vieille Ville était sous contrôle jordanien, le quartier, déjà bien endommagé lors des combats de la Première guerre israélo-arabe (1948) avait été quasiment réduit en ruines. En 1967, lorsqu’Israël a pris possession de cette zone, le quartier a été complètement reconstruit non sans avoir été préalablement fouillé avec soin. Sous les décombres, dormaient des vestiges et certains ont été aménagés pour manifester l’histoire de ce quartier. Le musée du quartier hérodien fait partie de ces vestiges. Il s’agit d’une série de riches demeures juives. On sait que ce sont des demeures juives à cause du nombre élevé de bains rituels et de l’abondante vaisselle en pierre.
Vaisselle en pierre
En effet, « tous les Juifs ne mangent pas sans s’être lavé les bras jusqu’au coude, conformément à la tradition des anciens, et ils ne mangent pas au retour de la place publique avant de s’être aspergés d’eau, et il y a beaucoup d’autres pratiques qu’ils observent par tradition : lavages de coupes, de cruches et de plats d’airain » (Mc 7,3-4) L’avantage de la vaisselle en pierre, c’est qu’elle n’est jamais impure… Toutes les questions de lavage sont donc superflues. Rappelez-vous que c’est dans « jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs » (Jn 2,6) que Jésus a fait mettre l’eau avant de la changer en vin.
La belle demeure
Une des maisons dégagées est très riche : sol en mosaïque, stuc au plafond et murs peints à fresques. On suppose qu’elle appartenait à une famille sacerdotale, non seulement à cause de la décoration “casher” mais aussi parce qu’un dessin de la ménorah, le chandelier à sept branches du Temple de Jérusalem, a été retrouvé sur un des murs. En tout cas, le site est impressionnant et nous fait vraiment plonger dans la vie quotidienne de l’époque. En plus, j’étais tout seul pour visiter (ce qui m’a permis de mitrailler le musée).
Ensuite, j’ai visité la Maison brûlée. Comme son nom l’indique, cette maison a été détruite par le feu, vraisemblablement dans la violence puisqu’on a retrouvé tout le mobilier sur place, ainsi qu’une pointe de flèche et même les ossements d’un bras dans les décombres…
Le musée est assez petit mais il y a quelques jolies pièces, notamment un poids en pierre portant une inscription gravée « aux fils de Qatros » qui a permis d’émettre l’hypothèse que cette maison appartenait elle aussi à une famille de scribes dont on parle dans le Talmud de Babylone : « Malheur à moi pour la maison de Qatros, à cause de leurs plumes ! (…) C’est qu’ils étaient les grands prêtres, leurs fils étaient les trésoriers, leurs gendres les administrateurs, et leurs serviteurs frappaient le peuple à coups de bâtons ! » (Talmud de Babylone, traité Pesaḥim, 57a) En gros, le Talmud leur attribue la responsabilité spirituelle de la destruction du Temple.
Sinon, il y a un petit film d’un quart d’heure qui est aussi bien réalisé qu’un épisode des Feux de l’amour… Et surtout bien orienté politiquement : le papa, prêtre du Temple, est du genre “collabo” alors que le fils a rejoint les vaillants zélotes. À la fin, il dit : « La maison a été brûlée par les méchants romains mais, on va revenir et vous allez voir ce que vous allez voir ! » ou quelque chose comme ça.
Sinon, je suis allé voir le gros mur, un vestige du rempart nord de Jérusalem, vraisemblablement construit par Ézéchias, aux environs de l’an 700 avant J.-C., pour défendre la ville face aux armées de Sennachérib.
À côté, une tour israélite. J’avais essayé de la voir au moment de mon arrivée, mais une sukkah (de la fête des Tentes) en cachait l’accès… Franchement, à travers une grille dans le sol, on voit un tas de cailloux difficilement lisible… Bof !
Mardi matin, cours normaux. Le cours d’histoire est intéressant mais on en est toujours au Natoufien. On vient à peine d’entrer dans le PPNA (Pre Pottery Neolithic A = Néolithique pré-céramique A). Il y a encore le PPNB et le PPNC… puis le Néolithique avec céramique, le Chalcolithique, et enfin l’âge du Bronze (Ancien, Moyen et Récent).
Dans l’après-midi, nous avions rendez-vous devant le consulat de France. Comme je suis arrivé un peu en avance, j’ai attendu de l’autre côté de la rue et ça a dû les faire flipper car quelqu’un est sorti me demander ce que je faisais… À ce moment-là, j’ai aperçu quelqu’un que je connais et qui travaille au consulat ; ça a détendu l’atmosphère.
Tombe de la famille d'Hérode
Quand le groupe est arrivé, nous sommes allés voir une tombe antique encore dotée de sa pierre ronde. Le professeur nous a dit que ces tombes à pierre roulée sont rares et habituellement réservées aux tombes royales. Celle que nous avons vue est appelée “tombe de la famille d’Hérode”.On n’en connaît que quatre de ce type à Jérusalem. Certains imaginent même que le détail de la pierre roulée dans l’évangile selon saint Marc (15,46 ; 16,3) serait une fiction destinée à faire comprendre l’identité royale de Jésus. On en reste à l’état d’hypothèse puisque cela fait longtemps que le Saint-Sépulcre n’a plus rien à voir avec son état lors de l’ensevelissement de Jésus.
Puis nous avons traversé la vallée de Ben Hinnom (cf. Jr 7,31-32) plus connue sous le nom de Géhenne (Mt 5,22) pour nous rendre sous les remparts occidentaux. J’avais visité cette partie des remparts peu après mon arrivée. Ce qui était intéressant, c’est de voir une porte monumentale retrouvée dans les années 70 sous les murailles actuelles. Cette porte s’ouvre sur une petite place entre deux murs de fortification, d’un côté on accédait au palais d’Hérode qui servit plus tard de résidence pour le préfet de Judée lors de ses séjours à Jérusalem ; de l’autre, on va vers l’extérieur de la ville. Entre les deux murs, une place avec une estrade dallée qui pourrait avoir servi pour les procès publics à l’époque. Selon Shimon Gibson, ce lieu serait celui du prétoire et du dallage appelé Gabbatha (Jn 19,13).
Dallage - Gabbatha (?)
 
Le site du "Prétoire"



















Nous avons continué notre marche jusqu’à la Porte des Immondices ( !; cf. Ne 3,13) par laquelle on accède au Mur occidental. En chemin, nous avons vu des vestiges d’un peu toutes les époques.
Mercredi, j’ai passé la journée à la bibliothèque…
Jeudi matin, cours et bibliothèque rapido et je suis rentré un peu plus tôt pour poster ce message.
À bientôt,
Étienne+
Le temps se couvre. Il y a eu des inondations à Amman, en Jordanie... Ici, c'est couvert comme un jour d'orage.

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