weḥômat
yerûshalayim meforatset
וחומת ירושלם מפרצת
Chers amis,
Ces derniers jours ont été bien occupés.
En fait, lundi, pour la commémoration des fidèles
défunts, la Bibliothèque était fermée… J’ai eu beau avoir cours dans la
matinée, je ne pouvais pas y aller… J’ai fait contre mauvaise fortune bon cœur,
et je suis allé me balader dans l’après-midi. J’ai (re)visité deux musées dans le
quartier juif de la Vieille Ville. Entre 1948 et 1967, lorsque la Vieille Ville
était sous contrôle jordanien, le quartier, déjà bien endommagé lors des
combats de la Première guerre israélo-arabe (1948) avait été quasiment réduit
en ruines. En 1967, lorsqu’Israël a pris possession de cette zone, le quartier
a été complètement reconstruit non sans avoir été préalablement fouillé avec
soin. Sous les décombres, dormaient des vestiges et certains ont été aménagés
pour manifester l’histoire de ce quartier. Le musée du quartier hérodien fait
partie de ces vestiges. Il s’agit d’une série de riches demeures juives. On
sait que ce sont des demeures juives à cause du nombre élevé de bains rituels
et de l’abondante vaisselle en pierre.
En effet, « tous les
Juifs ne mangent pas sans s’être lavé les bras jusqu’au coude, conformément à
la tradition des anciens, et ils ne mangent pas au retour de la place publique
avant de s’être aspergés d’eau, et il y a beaucoup d’autres pratiques qu’ils
observent par tradition : lavages de coupes, de cruches et de plats d’airain » (Mc 7,3-4) L’avantage de la
vaisselle en pierre, c’est qu’elle n’est jamais impure… Toutes les questions de
lavage sont donc superflues. Rappelez-vous que c’est dans « jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs » (Jn 2,6) que Jésus a fait
mettre l’eau avant de la changer en vin.
Vaisselle en pierre |
La belle demeure |
Une des maisons dégagées est très
riche : sol en mosaïque, stuc au plafond et murs peints à
fresques. On suppose qu’elle appartenait à une famille sacerdotale, non
seulement à cause de la décoration “casher” mais aussi parce qu’un dessin de la
ménorah, le chandelier à sept branches du Temple de Jérusalem, a été retrouvé
sur un des murs. En tout cas, le site est impressionnant et nous fait vraiment
plonger dans la vie quotidienne de l’époque. En plus, j’étais tout seul pour
visiter (ce qui m’a permis de mitrailler le musée).
Ensuite, j’ai visité la Maison brûlée. Comme son nom
l’indique, cette maison a été détruite par le feu, vraisemblablement dans la
violence puisqu’on a retrouvé tout le mobilier sur place, ainsi qu’une pointe
de flèche et même les ossements d’un bras dans les décombres…
Le musée est assez petit mais il y a quelques jolies
pièces, notamment un poids en pierre portant une inscription gravée « aux
fils de Qatros » qui a permis d’émettre l’hypothèse que cette maison
appartenait elle aussi à une famille de scribes dont on parle dans le Talmud de
Babylone : « Malheur à moi pour la maison de Qatros, à cause de leurs
plumes ! (…) C’est qu’ils étaient les grands prêtres, leurs fils étaient
les trésoriers, leurs gendres les administrateurs, et leurs serviteurs
frappaient le peuple à coups de bâtons ! » (Talmud de Babylone,
traité Pesaḥim, 57a) En gros, le
Talmud leur attribue la responsabilité spirituelle de la destruction du Temple.
Sinon, il y a un petit film d’un quart d’heure qui
est aussi bien réalisé qu’un épisode des Feux
de l’amour… Et surtout bien orienté politiquement : le papa, prêtre du
Temple, est du genre “collabo” alors que le fils a rejoint les vaillants
zélotes. À la fin, il dit : « La maison a été brûlée par les méchants
romains mais, on va revenir et vous allez voir ce que vous allez
voir ! » ou quelque chose comme ça.
Sinon, je suis allé voir le gros mur, un vestige du
rempart nord de Jérusalem, vraisemblablement construit par Ézéchias, aux
environs de l’an 700 avant J.-C., pour défendre la ville face aux armées de
Sennachérib.
À côté, une tour israélite. J’avais essayé de la voir
au moment de mon arrivée, mais une sukkah
(de la fête des Tentes) en cachait l’accès… Franchement, à travers une grille
dans le sol, on voit un tas de cailloux difficilement lisible… Bof !
Mardi matin, cours normaux. Le cours d’histoire est
intéressant mais on en est toujours au Natoufien. On vient à peine d’entrer
dans le PPNA (Pre Pottery Neolithic A
= Néolithique pré-céramique A). Il y a encore le PPNB et le PPNC… puis le
Néolithique avec céramique, le Chalcolithique, et enfin l’âge du Bronze
(Ancien, Moyen et Récent).
Dans l’après-midi, nous avions rendez-vous devant le
consulat de France. Comme je suis arrivé un peu en avance, j’ai attendu de l’autre
côté de la rue et ça a dû les faire flipper car quelqu’un est sorti me demander
ce que je faisais… À ce moment-là, j’ai aperçu quelqu’un que je connais et qui
travaille au consulat ; ça a détendu l’atmosphère.
Quand le groupe est
arrivé, nous sommes allés voir une tombe antique encore dotée de sa pierre
ronde. Le professeur nous a dit que ces tombes à pierre roulée sont rares et
habituellement réservées aux tombes royales. Celle que nous avons vue est
appelée “tombe de la famille d’Hérode”.On n’en connaît que quatre de ce type à Jérusalem.
Certains imaginent même que le détail de la pierre roulée dans l’évangile selon
saint Marc (15,46 ; 16,3) serait une fiction destinée à faire comprendre l’identité
royale de Jésus. On en reste à l’état d’hypothèse puisque cela fait longtemps
que le Saint-Sépulcre n’a plus rien à voir avec son état lors de l’ensevelissement
de Jésus.
Tombe de la famille d'Hérode |
Puis nous avons traversé la vallée de Ben Hinnom (cf. Jr 7,31-32)
plus connue sous le nom de Géhenne (Mt 5,22) pour nous rendre sous les
remparts occidentaux. J’avais visité cette partie des remparts peu après mon
arrivée. Ce qui était intéressant, c’est de voir une porte monumentale retrouvée
dans les années 70 sous les murailles actuelles. Cette porte s’ouvre sur une
petite place entre deux murs de fortification, d’un côté on accédait au palais
d’Hérode qui servit plus tard de résidence pour le préfet de Judée lors de ses
séjours à Jérusalem ; de l’autre, on va vers l’extérieur de la ville. Entre
les deux murs, une place avec une estrade dallée qui pourrait avoir servi pour
les procès publics à l’époque. Selon Shimon Gibson, ce lieu serait celui du
prétoire et du dallage appelé Gabbatha
(Jn 19,13).
Dallage - Gabbatha (?) |
Nous avons continué notre marche jusqu’à la Porte des
Immondices ( !; cf. Ne 3,13) par laquelle on accède au Mur
occidental. En chemin, nous avons vu des vestiges d’un peu toutes les époques.
Mercredi, j’ai passé la journée à la bibliothèque…
Jeudi matin, cours et bibliothèque rapido et je suis
rentré un peu plus tôt pour poster ce message.
À bientôt,
Étienne+
Le temps se couvre. Il y a eu des inondations à Amman, en Jordanie... Ici, c'est couvert comme un jour d'orage.
Le temps se couvre. Il y a eu des inondations à Amman, en Jordanie... Ici, c'est couvert comme un jour d'orage.
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