lundi 16 novembre 2015

Et il vint à Nazareth et il leur était soumis (Lc 2,51)

Καὶ ἦλθεν εἰς Ναζαρὲθ καὶ ὑποτασσόμενος αὐτοῖς
kai èlthen eis Nazareth kai èn hupotassoménos autois


Chers amis,
Notre première journée de voyage s’est super bien passée… malgré un temps pluvieux et même orageux.
Nous devions partir à 7h mais le bus ne contenait que 17 passagers et nous sommes 18 ! Il a fallu attendre un peu pour avoir un bus qui nous contienne tous. Heureusement, le garage est à 200 m de l’École. En voiture et direction… Megiddo.
Cette cité est emblématique de l’archéologie israélienne. Située en Galilée, en bordure la plaine de Yizréel, elle surveille le débouché d’un défilé qui traverse la chaîne de montagnes du Carmel. Cette position stratégique a fait que la cité a été occupée presque sans discontinuer depuis 7000 ans av. J.-C. jusqu’au ive siècle avant notre ère. Cela a aussi fait que la ville a été détruite pas loin d’une vingtaine de fois au fur et à mesure des passages des armées perses, babyloniennes, égyptiennes… La ville est donc situé sur un tel, une colline artificielle formée de l’amoncellement de tous les débris des cités successives : quand la ville était détruite, on construisait par-dessus les ruines de la précédente… À la fin la colline fait une quarantaine de mètres de hauteur, cela fait une petite éminence qui permet de surveiller la plaine et la passe. C’est à Megiddo que saint Jean situe le combat de la fin des temps : « Ils les rassemblèrent au lieu, dit en hébreu Harmagedôn. » (Ap 16,16)

Les écuries de Salomon

Dans la Bible, on dit que Salomon a fortifié la ville ; cela explique pourquoi les premiers archéologues lui ont attribué les ensembles les plus monumentaux et notamment les fameuses écuries de Salomon… En fait, aujourd’hui, les archéologues pensent que ces ensembles sont de l’époque d’Omri et Achab, deux rois du royaume d’Israël au ixe siècle (un siècle au moins après Salomon) et que les écuries n’en étaient pas… Sinon à Megiddo, il y a aussi une particularité : pour conserver l’accès à l’eau en cas de siège, les habitants ont creusé un puits, puis un tunnel qui rejoint la source au pied du tel. Une fois le tunnel achevé, ils ont planqué la source derrière un mur et un amas de rochers. Du coup, on avait toujours accès à l’eau. On peut toujours descendre dans le tunnel qui fait tout de même 50 mètres de long.
Le puits de Megiddo
Sinon Megiddo a eu une importance stratégique jusqu'en 1918, lorsque le général Allenby a mené une charge de cavalerie héroïque contre l'armée turque Ce qui lui a valu l’anoblissement sous le nom de Lord Allenby de Megiddo ! Les troupes anglaises étaient soutenues par les supplétifs arabes menés par le fameux Lawrence d'Arabie. La bataille a été cisive pour la conquête de Damas et d'Alep et a signé la fin du régime ottoman.
 Ensuite, nous avons filé vers Sepphoris. « Pourquoi est-elle appelée Sepphoris ? Parce qu’elle est perché sur une colline comme un oiseau (Tsippor) » (Talmud de Babylone, Megillah 6a). Elle fut construite aux environs de 100 av. J.-C. et jusqu’à la construction de Tibériade (+ 27), elle fut la capitale de Galilée. Certains historiens pensent que saint Joseph a pu y travailler puisqu’on ne se trouve qu’à 5 ou 6 kilomètres de Nazareth. La ville a toujours abrité une importante communauté juive (on ne retrouve pas de porc dans les ossements animaux retrouvés, preuve qu’ils n’en mangeaient pas ; on n’a pas encore retrouvé de temple païen). Le sanhédrin (assemblée des sages juifs) y a résidé un temps avant de se déplacer vers Tibériade. Malgré cette présence juive, on vivait à la gréco-romaine et les mosaïques sont superbes. Nous avons passé un bon moment devant la mosaïque du Nil qui foisonne d’animaux, de plantes, de personnages mythologiques. On y voit représentés le phare d’Alexandrie et un nilomètre, une jauge pour mesurer la crue du Nil.
La Joconde de Galilée
Au sommet de la colline, on a retrouvé une splendide demeure. La mosaïque du triclinium (salle-à-manger antique) est splendide et représente les événements de la “vie” de Dyonysos : procession avec les Ménades, concours de boisson avec Héraklès. Mais le clou du spectacle, c’est la splendide « Joconde de Galilée ». Regardez comme elle est belle !
En contrebas, on voit quelques restes d’un théâtre (très restauré) et on termine la visite par la synagogue du vie ou viie siècle, dont le sol est ornée de mosaïque qui représentent des moments de la vie d’Abraham, notamment la ligature d’Isaac. Il y a aussi, chose curieuse, un zodiaque dessiné avec les signes personnifiés et écrit en grec et en hébreu. Dans les coins, les quatre saisons. Regardez la froide hiver.

Nous avons terminé la journée par Nazareth. Visite rapide de la basilique de l’Annonciation avec une petite prière en passant… Passage à l’église Saint-Joseph avec son baptistère judéo-chrétien. Puis dans le Centre International Marie de Nazareth, nous avons vu les vestiges d’une maison du premier siècle découverts il y a quelques années lors de l’aménagement du centre. C’est humble mais impressionnant. Pour terminer, passage chez les sœurs de Nazareth pour voir les vestiges anciens qui gisent sous leur couvent et notamment le Tombeau du Juste, que certains associent à saint Joseph, « qui était un homme juste » (Mt 1,19).
Le tombeau du Juste
C’est cet endroit qui a « fait le buzz » l’hiver dernier puisque les journalistes ont dit que l’on avait retrouvé la maison de Jésus à Nazareth. En fait, en analysant les vestiges, on se rend compte qu’il s’agit vraisemblablement de l’église décrite par Arculfe, un pèlerin franc en 670 comme celle de la nutritio de Jésus, l’endroit où l’enfant Jésus a été nourri. Restons donc calme même si ce lieu a été vénéré aussi par les Croisés. La sœur qui nous a fait visiter est un vrai cerbère, il ne faut toucher à rien, ne pas s'approcher, ne pas effleurer les roches...
On remonte dans le bus et nous voilà arrivé à Tibériade où nous logeons pour les trois premières nuits… à l’Oasis de la communauté de l’Emmanuel. Bonne nuit !
Étienne+

Aucun commentaire: