Ἔδει δὲ αὐτὸν διέρχεται διὰ τῆς Σαμαρείας
Edei de auton dierchetai dia tès Samareias
Chers amis,
Notre voyage galiléo-samarien s’est terminé et bien terminé…
Ce matin, le réveil a été matinal et on aurait dû s’en douter en entendant le muezzin la veille au soir. J’avais anticipé le coup en mettant des bouchons d’oreille… mais même ce subterfuge n’a pas suffi. Mon voisin de chambre a râlé un bon coup… finalement, à 5h30, je me suis levé et suis allé prier en marchant dans le site archéologique de Sébaste… Je n’ai pas été déçu. Le site est exceptionnellement beau.
En fait, la Samarie est belle : de hautes collines couvertes d’oliviers. La Judée est sèche et rase ; la Galilée fertile et presque tropicale en certains endroits et la Samarie est belle. J’ai fait le tour du site en suivant d’abord le decumanus maximus, grande rue est-ouest de l’antique Sébaste. On traverse une oliveraie et la rue est bordée de colonnes qui n’ont pas bougé depuis le début du iiie siècle. On voit parfois une colonne qui sort du sol au milieu des oliviers. Après être passé près du théâtre romain, je suis monté au sommet du site où l’on voit les restes d’un temple à l’empereur Auguste.
Edei de auton dierchetai dia tès Samareias
Chers amis,
Notre voyage galiléo-samarien s’est terminé et bien terminé…
Ce matin, le réveil a été matinal et on aurait dû s’en douter en entendant le muezzin la veille au soir. J’avais anticipé le coup en mettant des bouchons d’oreille… mais même ce subterfuge n’a pas suffi. Mon voisin de chambre a râlé un bon coup… finalement, à 5h30, je me suis levé et suis allé prier en marchant dans le site archéologique de Sébaste… Je n’ai pas été déçu. Le site est exceptionnellement beau.
Paysage de Samarie |
En fait, la Samarie est belle : de hautes collines couvertes d’oliviers. La Judée est sèche et rase ; la Galilée fertile et presque tropicale en certains endroits et la Samarie est belle. J’ai fait le tour du site en suivant d’abord le decumanus maximus, grande rue est-ouest de l’antique Sébaste. On traverse une oliveraie et la rue est bordée de colonnes qui n’ont pas bougé depuis le début du iiie siècle. On voit parfois une colonne qui sort du sol au milieu des oliviers. Après être passé près du théâtre romain, je suis monté au sommet du site où l’on voit les restes d’un temple à l’empereur Auguste.
Decumanus au milieu des oliviers |
Rentré à la guest
house, nous avons partagé un petit déjeuner traditionnel : galette au
zahtar, nougat de sésame, œuf dur, hummus… Puis nous avons visité le site archéologique
dont j’avais déjà parcouru les lieux le matin. C’est Kévin T, un jeune
historien français, qui nous a guidés ; il était étudiant à l’ÉBAF lors de
mon premier séjour et il travaille maintenant pour l’IFPO (Institut Français du Proche-Orient), et il a participé à la mission franco-palestinienne de fouilles
à Samarie. Il connaît donc bien le site.
Le site présente une difficulté, liée à la situation géopolitique : le village situé en bordure se trouve en zone B, c'est-à-dire sous administration palestinienne et police israélienne alors que le site lui-même est, dans sa plus grande partie, en zone C (sous administration exclusivement israélienne). La mission archéologique franco-palestinienne en est donc réduite à fouiller dans la petite partie du site qui se trouve en zone B. Cela ne nous a pas empêchés de parcourir tout le site à pied.
Le lieu apparaît dans la Bible lorsqu’Omri, roi d’Israël, acquiert le mont Shomrôn à un certain Shémer pour y édifier sa capitale (1R 16,23-24), vers 876 av. J.-C. Elle sera détruite par les armées de Sargon II en 722, lorsque le royaume du nord est anéanti par les néo-Assyriens. La ville est pourtant reconstruite mais sera détruite à l’époque d’Alexandre le Grand (les habitants s’étaient révoltés contre lui), et par Jean Hyrcan (un roi juif descendant des Macchabées et ancêtre d’une des femmes d’Hérode) en l’an 108. Au moment de l’accession à l’empire d’Auguste, Hérode rebâtit la ville en lui donnant le nom de Sébaste (traduction grecque du nom Auguste). Alors que son importance est faible, elle va être faite “colonie” par Septime Sévère, en remerciement du soutien qu’elle lui a apporté. À l’époque byzantine, la ville est relativement importante puis elle finit par redevenir un petit village. Les vestiges visibles sont surtout de l’époque romaine (Septime Sévère et byzantine). Au début du xxe siècle, les archéologues ont pensé trouver les restes du palais d’Omri derrière le temple d’Auguste. Pourquoi pas ? mais ça ne saute pas aux yeux…
Lors de notre visite, en arrivant à l’église ruinée, nous avons rencontré le seul chrétien du village. Dans l’église, il y a une petite crypte dédiée à saint Jean Baptiste. Sur le linteau de l’église, un graffiti arabe qui cite la chahâda' (profession de foi musulmane…) et sur le seuil une étoile de David… On se sent visé des deux côtés.
Après la visite, nous avons parcouru en bus le decumanus, direction Naplouse, la capitale économique du nord de la Cisjordanie. Là, nous avons fait un bref arrêt à l’église orthodoxe du puits de Jacob, où Jésus a rencontré la Samaritaine (Jn 4).
Le site présente une difficulté, liée à la situation géopolitique : le village situé en bordure se trouve en zone B, c'est-à-dire sous administration palestinienne et police israélienne alors que le site lui-même est, dans sa plus grande partie, en zone C (sous administration exclusivement israélienne). La mission archéologique franco-palestinienne en est donc réduite à fouiller dans la petite partie du site qui se trouve en zone B. Cela ne nous a pas empêchés de parcourir tout le site à pied.
Le lieu apparaît dans la Bible lorsqu’Omri, roi d’Israël, acquiert le mont Shomrôn à un certain Shémer pour y édifier sa capitale (1R 16,23-24), vers 876 av. J.-C. Elle sera détruite par les armées de Sargon II en 722, lorsque le royaume du nord est anéanti par les néo-Assyriens. La ville est pourtant reconstruite mais sera détruite à l’époque d’Alexandre le Grand (les habitants s’étaient révoltés contre lui), et par Jean Hyrcan (un roi juif descendant des Macchabées et ancêtre d’une des femmes d’Hérode) en l’an 108. Au moment de l’accession à l’empire d’Auguste, Hérode rebâtit la ville en lui donnant le nom de Sébaste (traduction grecque du nom Auguste). Alors que son importance est faible, elle va être faite “colonie” par Septime Sévère, en remerciement du soutien qu’elle lui a apporté. À l’époque byzantine, la ville est relativement importante puis elle finit par redevenir un petit village. Les vestiges visibles sont surtout de l’époque romaine (Septime Sévère et byzantine). Au début du xxe siècle, les archéologues ont pensé trouver les restes du palais d’Omri derrière le temple d’Auguste. Pourquoi pas ? mais ça ne saute pas aux yeux…
Lors de notre visite, en arrivant à l’église ruinée, nous avons rencontré le seul chrétien du village. Dans l’église, il y a une petite crypte dédiée à saint Jean Baptiste. Sur le linteau de l’église, un graffiti arabe qui cite la chahâda' (profession de foi musulmane…) et sur le seuil une étoile de David… On se sent visé des deux côtés.
Après la visite, nous avons parcouru en bus le decumanus, direction Naplouse, la capitale économique du nord de la Cisjordanie. Là, nous avons fait un bref arrêt à l’église orthodoxe du puits de Jacob, où Jésus a rencontré la Samaritaine (Jn 4).
Ensuite, nous avons visité Tel Balata, la Sichem biblique. C’est là qu’Abraham est entré au pays de Canaan ; là où Joseph a
cherché ses dix frères et où il fut enterré ; là où la succession de
Salomon a donné lieu à la séparation de son royaume entre Roboam et Jéroboam ;
là où Jéroboam a régné sur Israël, le royaume du nord. La ville n’a été
capitale du nord que pendant une vingtaine d’années, avant que Tirça ne reçoive
cet honneur pendant une vingtaine d’années elle aussi. Samarie succèdera à
Tirça.
Le site de Sichem est remarquable par sa grosse muraille de blocs cyclopéens. On voit aussi un temple, dédié selon les biblistes à El Berit, dans lequel Abimélek a fait brûler un millier de Sichémitees (Jg 9,46-49)) Mais le guide que j’utilise attribue l’aménagement de ce temple aux archéologues du xxe siècle ! ! ! Nous avons vu aussi la porte orientale tournée vers la vallée.
Le site de Sichem est remarquable par sa grosse muraille de blocs cyclopéens. On voit aussi un temple, dédié selon les biblistes à El Berit, dans lequel Abimélek a fait brûler un millier de Sichémitees (Jg 9,46-49)) Mais le guide que j’utilise attribue l’aménagement de ce temple aux archéologues du xxe siècle ! ! ! Nous avons vu aussi la porte orientale tournée vers la vallée.
La cité disparaît ensuite au profit de Naplouse, Flavia Néapolis, fondé en l’honneur de
Vespasien en 72 de notre ère, qui a fini par l’englober. Nous ne nous sommes
pas attardés à la visite car nous entendions les prêches vénérins des imams (je
ne sais pas ce qu’ils disaient, mais ils n’avaient pas l’air contents…). Nous
avons fait l’ascension du Mont Garizim qui domine Sichem. C’est là que les
Samaritains, ces juifs séparés, avaient à l’époque leur temple. Ce temple a fini
par disparaître pour laisser la place à une église byzantine octogonale. Le
site offre une vue à 360° et on distingue au sud quelques gratte-ciel hiérosolymitains,
la mer à l’ouest, la Jordanie à l’est et le mon Ébal au nord. J’étais déjà allé
à cet endroit en 2007 assister à la Pâque des Samaritains, j’avais réussi à
passer sous une barrière et à parcourir rapidement le site avant de me faire
virer par le service de sécurité. Là nous avons pu visiter en prenant le temps
(mais en appliquant la technique éprouvée du click-and-run : tu appuies sur le déclencheur de l’appareil-photo
et tu cours). Petite déception tout de même de n’avoir pu descendre sur la
pente du Garizim voir l’escalier monumental de l’époque hellénistique :
cette partie n’était pas accessible aujourd’hui.
Vestiges du mont Garizim, au-dessus de la vallée de Naplouse |
En contrebas du Garizim, nous avons vu tel el-Ras où, au iie siècle de notre ère, sous
le règne d’Antonin le Pieux, un temple de Jupiter Hypsistos dominait Naplouse à
laquelle il était relié par un escalier de 1 300 marches. Le site est
gardé par des soldats israéliens car des Juifs s’y rendent pour apercevoir de
là-haut le tombeau de Joseph, situé à proximité de Tel Balata, en zone palestinienne.
Le site a brûlé le mois dernier pendant les violences. Au moment de quitter ce
point de vue, nous avons entendu plusieurs détonations en rafales provenant du
camp de réfugiés de Balata, en bordure de Naplouse… Dix minutes plus tard,
arrivés en bas, le check-point était fermé, interdisant de sortir de la zone palestinienne
mais nous étions “du bon côté” du check-point. Nous avons terminé notre voyage
à Taybeh, l’Éphraïm biblique, où Jésus s’est retiré entre la résurrection de
Lazare et l’entrée triomphale à Jérusalem (Jn 11,54), où il se trouvait hors
d’atteinte de la police du Temple de Jérusalem, « en zone A », pour
utiliser l’anachronique terminologie d’aujourd’hui. Taybeh est aujourd’hui le
seul village entièrement chrétien de Cisjordanie, latins et orientaux y vivent
en bonne entente (ils célèbrent Noël « à la latine », et Pâques « à
la grecque »). C’est aussi le lieu de brassage d’une bonne bière, réputé
dans toute la région. Nous avons surtout vu les ruines d’une église byzantine,
remaniée sous les croisés. À la porte de l’église, un spectacle peu ragoûtant :
deux bonnes pintes de sang avaient été répandues… Les habitants ont l’habitude
de sacrifier des moutons à la porte de cette église en ruine, « pour
conjurer le mauvais sort ». Y a encore du boulot de christianisation… Nous
avons enjambé la sanglante mare pour admirer le lieu. Au loin, on voit la crête
du Mont des Oliviers avec ses trois tours caractéristiques.
Taybeh vue depuis l'église Saint-Georges |
Quelques kilomètres de route, passage de check-point, et
nous sommes arrivés à l’École sur les coups de 16h30. Messe à la chapelle d’hiver
et me voilà rentré chez les Frères. Je retrouve Fr. Daoud et Fr. Rafael qui
étaient partis en Turquie une semaine avant mon départ.
Je range mes photos et vais me coucher.
À bientôt,
Étienne+
Je range mes photos et vais me coucher.
À bientôt,
Étienne+
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