הבטחים ביהוה כהר־ציון
habbothîm ba’donaï kehar-çiyyon
Chers amis,
Après la journée de dimanche, je suis allé me coucher sans
discuter… Hier lundi, journée sans rien de spécial, à la bibliothèque… Le seul
truc, c’est que pour une fois que j’avais trois amandes à grignoter, le
bibliothécaire est passé pour me demander un truc… Heureusement l’objet du
délit était planqué sous un vieux commentaire de l’Apocalypse. Sinon, j’ai une
nouvelle voisine (l’ancienne, je ne l’ai jamais vue !), une religieuse
orthodoxe qui parle français. En face, j’ai toujours les inséparables qui
arrivent ensemble, partent ensemble, même si chacun a l’air de faire sa vie à
sa table de travail.
Ce matin, deux heures de cours, dont une pour présenter l’excursion
de mardi prochain à Ein Gedi et Tell Arad… Attendez-vous à de belles choses la
semaine prochaine. L’après-midi, balade archéologique sur le Mont Sion. Ce nom
est compliqué…
En fait, ce qu’on appelle Mont Sion aujourd’hui n’est pas le
Mont Sion dont on parle dans la Bible… Que s’est-il passé ? Dans la Bible,
le mont Sion, c’est le lieu où Jérusalem était construite c'est-à-dire le mont
du Temple (Ps 74,2) ou la cité de David, au sud du mont du Temple. À l’époque
byzantine, on n’était pas très précis sur la toponymie et on a appelé de ce nom
la plus haute des collines de Jérusalem, qui se trouve à l’ouest de la cité de
David, pensant qu'il s'agissait de la Sion biblique...
Ce lieu qui se trouve aujourd’hui hors de l’enceinte de
Soliman le Magnifique (1517) était à l’intérieur des murs à l’époque de Jésus. La
muraille a disparu et les Israéliens ont fait des fouilles ici et là pour
préciser son tracé. Dans ce quartier, Flavius Josèphe évoque une porte desEsséniens dont on ne connait pas la localisation précise. Nous avions
rendez-vous à la Porte de Sion. En attendant, nous avons admiré le panorama qui porte jusqu'à la Jordanie. Aujourd'hui, le vent d'est a soufflé et c'est un peu le Misral d'ici : il chasse les nuages mais apporte la fraîcheur.
Nous sommes d'abord rendu à l’American
Institute of Holy Land Studies, qui abrite le cimetière protestant de Jérusalem. Dans ce cimetière, quelques
vestiges de la muraille. Tout au bout de la parcelle, une fosse a été creusée
et des vestiges ont été mis à jour… Il semblerait qu’on ait découvert cette
mystérieuse Porte des Esséniens qui fascine certains biblistes. Les pierres
sont manifestement hérodiennes.
Puis nous sommes
allés visiter le Cénacle, lieu traditionnel de la Cène du Seigneur. Je dis “traditionnel”
mais cette tradition est bien attestée. La salle que l’on voit aujourd’hui est
de facture gothique (1335) et date de la période où les Franciscains ont pu
revenir en Terre Sainte. Ils ont redécoré la salle au goût de l’époque, mais
avec les moyens du bord, ce qui explique aussi l’aspect hétéroclite des
colonnes et des chapiteaux. En 1523, ils ont été chassés par les Ottomans et la
salle est devenue une mosquée, ce qui explique la présence d’un miḥrāb
dans la paroi sud pour indiquer la Mecque. En 1948, au cours de la première
guerre israélo-arabe, le lieu a été saisi par Israël et depuis, c’est une
synagogue de Juifs ultra-orthodoxe. Et si les chrétiens peuvent y avoir accès,
il n’est pas question d’y célébrer la messe (Jean-Paul II avait pu le faire en
l’an 2000) et même les traditionnelles premières Vêpres de la Pentecôte
célébrées par les Franciscains ont lieu sous surveillance policière… Vive la
tolérance !
Donc on suit bien l’histoire à partir des Croisades… Mais
avant ? Selon certains archéologues, le lieu était auparavant une
synagogue mais son orientation est troublante. Elle n’est pas tournée vers le
Temple, comme on s’y attendrait mais vers le nord… Enfin, pas tout à fait vers
le nord, mais dans la direction précise du Golgotha et du Saint-Sépulcre. Ce
qui fait penser qu’au début cette salle était une église-synagoguejudéo-chrétienne, d’autant que des graffitis retrouvés ont pu être interprétés
de manière chrétienne. À l’époque byzantine, on a construit contre le Cénacle
une grande église Hagia Maria Sion,
dédié à la Vierge Marie. Elle passe par le cycle bien connu des destructions…
Et les croisés finissent par inclure le Cénacle dans leur propre église du Mont
Sion. Au rez-de-chaussée, dans l’ancienne synagogue judéo-chrétienne, les
Croisés situent (sans autre fondement que 1R 2,10 avec la localisation erronée
de la ville de David) le tombeau de David. À l’étage, la salle haute (cf. Ac 1,13)
est le lieu du dernier repas et de la Pentecôte.
Nous sommes allés voir la synagogue du tombeau de David, on
se fait tout petit pour accéder au cénotaphe de David au milieu des rabbins qui
cantilent chacun à sa manière (ça doit être eux qui ont inventé le chant en
langues…) Puis on est monté dans le Cénacle, pris d’assaut par les pèlerins.
Le mur oriental du Cénacle et la Dormition, derrière |
En sortant, nous avons regardé le mur est de l'ensemble qui est un magnifique patchwork de pierres de diverses époques...
À proximité du Cénacle, nous avons vu l’abbaye de la
Dormition, qui appartient à des bénédictins allemands (comme Tabgha). Le P.
Dominique-Marie nous emmène d’autorité aux toilettes ; j’ai sincèrement
pensé qu’une envie pressante imposait cette nécessité et j’étais prêt à
attendre dans la boutique… La propreté allemande est peut-être digne d’une
visite archéologique ? Non, en fait, l’accès aux toilettes permet de voir
les vestiges de l’église byzantine de Hagia
Maria Sion et de l’église croisée du mont Sion…
Enfin, nous sommes allés à Saint-Pierre-en-Gallicante,
sanctuaire des Pères Assomptionnistes. C’est un des lieux possible du palais de
Caïphe et du reniement de saint Pierre. Gallicante vient du latin Gallicantu, c'est-à-dire “le chant du
coq”. On voit sous l’église tout un réseau compliqué de citernes, réserves,
grottes, puits et miqveh. À l’extérieur un escalier bien connu daté de l’époque
de Jésus. Quand on est passé, une équipe de tournage faisait un reportage. Il y
avait un petit brasero et le type parlait devant l’escalier avec beaucoup de
gestes…
Puis nous avons jeté un coup d’œil à la maquette de Jérusalem à l’époque byzantine qui est bien faite.
Au retour, j’ai proposé de prendre un thé en terrasse d’un
resto du Muristan. Le soleil est vite tombé.
Bonne nuit !
Étienne+
1 commentaire:
Merci Etienne pour tous ces récits, toute cette histoire. Nous attendons des nouvelles.
Amitiés
Ghislaine
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