mercredi 9 octobre 2019

Mémoire des péchés, chaque année (He 10,3)

ἀνάμνησις ἁμαρτιῶν κατ᾽ ἐνιαυτόν
anamnêsis hamartiôn kat’ eniauton

Chers amis,
Trois journées de bibliothèque… Ça avance peu à peu. La cinquième béatitude a été bien plus ardue à traiter que les précédentes. Mais j’y arrive.
Sinon, la nuit de lundi à mardi a été terrible. J’étais astreint à me coucher tôt. Manque de pot, nos amis de Mea Shéarim et des quartiers environnants avaient décidé de faire nuit blanche : de 22 h 30 à 4 h du matin, ils sont allés et venus en foule compacte et nombreuse pour aller au Mur occidental. Tellement nombreux qu’ils entravaient la circulation, en traversant même lorsque le signal était rouge pour eux : par conséquent, les voitures klaxonnaient ainsi que le tramway qui ne pouvait avancer à cause de voiture bloquées sur les voies par les passants qui les empêchaient d’avancer. Ajoutez à cela, les motos et scooters qui vrombissaient à l’arrêt et quelques sirènes de police et d’ambulance pour compléter. Impossible de fermer l’œil ! Je les aurais bouffés !
Mardi, la journée a été un peu vécue en mode “zombie”, mais je suis arrivé plus tard qu’à l’accoutumée et j’ai fait une vraie sieste. La maison s’est un peu vidée : Fr. Rafael est à Amman pour trois jours et Fr. Daoud est resté à Bethléem pour ne pas être empêché d’y aller. Le soir, après le dîner, Baptiste et moi sommes allés au Mur. Il y avait pas mal de monde ; la plupart des hommes était couvert de leur talith, le châle de prière. Et détail amusant, ils portaient tous des tongs ou des crocs (Israël est le royaume des crocs) ou même étaient en chaussettes ou pieds nus. En effet, le Jour de Kippour, il est interdit de manger, boire, se laver, d’avoir des relations sexuelles et de porter des chaussures en cuir. La raison est que toutes ces choses sont des éléments de confort et qu’il est important, en ce jour, de mortifier ce qui est agréable pour le corps.
Sinon, le jour de Kippour, que la tradition rabbinique appelle Yoma, “LE Jour”, commémore le jour où Dieu a pardonné au peuple d’Israël l’adoration du veau d’or. On demande pardon à Dieu pour tout le mal qui a été fait, individuellement ou collectivement. À l’époque du Temple, il y avait évidemment des sacrifices pour demander pardon, dont celui du fameux “bouc émissaire” sur lequel on chargeait tous les péchés du peuple avant de l’envoyer au désert, chez Azazel. Tout est raconté dans le Lévitique au chapitre 16.
Aujourd’hui, tout est plus sobre mais les juifs prient pour demander pardon, ils se demandent pardon mutuellement. À l’époque, ce jour-là (et seulement ce jour-l), le grand prêtre pénétrait dans le Saint des Saints, le lieu le plus sacré du Temple pour implorer Dieu en prononçant son Nom imprononçable.
Dans les dix jours qui se sont écoulés depuis Rosh haShanah, ils ont fait techouva (ils ont fait retour = ils se sont convertis). Il y a un drôle de rite qui pour certains remplace celui du bouc émissaire : les kapparot (on retrouve la racine hébraïque kpr présente dans kippour). N’ayant plus le bouc émissaire, il y a une sorte de “poule émissaire” : pendant que l’on récite une prière, on passe un poulet au-dessus de la tête. Ensuite, le poulet est sacrifié et consommé. Certains agitent parfois le poulet de manière un peu frénétique. Les amis des animaux sont sur le dossier.
Ce matin, tout était calme. On avait un peu l’impression qu’il y avait une opération “ville morte” : pas de tramway, pas de voitures, pas de bruit… Quel calme ! Ils devraient faire kippour plus souvent… Comme les rues sont vides (certaines sont bloquées par des barrières, celles qui donnent accès à Jérusalem Est avec des blocs de béton), nous avons enfin la chance de voir les vélos sur la voie et non pas sur le trottoir au milieu des piétons déboulant à vive allure en estimant que l’usage du signal sonore les dispense de toute prudence à leur égard. Enfin, ça ne ma pas empêché déchapper à une collision tout à lheure en rentrant. Tout à l’heure en retournant à l’École à 14 h, j’ai souri en voyant des enfants orthodoxes s’amuser à dévaler la pente qui fait entrer dans le tunnel haTsanhanim. En temps normal, ce n'est même pas dangereux mais tout simplement suicidaire.
À part ça, de mon côté, ce fut une journée pareille à toutes les autres… Ce soir à la messe, nous avons lu un extrait du livre de Jonas, coïncidence amusante si l’on sait que l’après-midi du jour de Kippour, les juifs lisent ce livre biblique pour se souvenir que Dieu pardonne. En revanche, les vingt-quatre heures de silence sont bel et bien finies : à 18 h 43, heure officielle du coucher du soleil, un gars est passé sous mes fenêtres à fond la caisse avec sa moto, quel raffut ! Lair de dire : Jai pas pu utiliser ma moto pendant une journée, vous allez pas memm... une minute de trop. Ce soir, c'est un soir normal.
À bientôt,
Étienne+

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