ἀνάμνησις ἁμαρτιῶν
κατ᾽ ἐνιαυτόν
anamnêsis hamartiôn kat’ eniauton
Chers amis,
Trois journées de
bibliothèque… Ça avance peu à peu. La cinquième béatitude a été bien plus ardue
à traiter que les précédentes. Mais j’y arrive.
Sinon, la nuit de lundi à
mardi a été terrible. J’étais astreint à me coucher tôt. Manque de pot, nos
amis de Mea Shéarim et des quartiers environnants avaient décidé de faire nuit
blanche : de 22 h 30 à 4 h du matin, ils sont allés et
venus en foule compacte et nombreuse pour aller au Mur occidental. Tellement
nombreux qu’ils entravaient la circulation, en traversant même lorsque le
signal était rouge pour eux : par conséquent, les voitures klaxonnaient
ainsi que le tramway qui ne pouvait avancer à cause de voiture bloquées sur les
voies par les passants qui les empêchaient d’avancer. Ajoutez à cela, les motos
et scooters qui vrombissaient à l’arrêt et quelques sirènes de police et
d’ambulance pour compléter. Impossible de fermer l’œil ! Je les aurais
bouffés !
Mardi, la journée a été
un peu vécue en mode “zombie”, mais je suis arrivé plus tard qu’à l’accoutumée
et j’ai fait une vraie sieste. La maison s’est un peu vidée :
Fr. Rafael est à Amman pour trois jours et Fr. Daoud est resté à
Bethléem pour ne pas être empêché d’y aller. Le soir, après le dîner, Baptiste
et moi sommes allés au Mur. Il y avait pas mal de monde ; la plupart des
hommes était couvert de leur talith, le châle de prière. Et détail amusant, ils
portaient tous des tongs ou des crocs (Israël est le royaume des crocs) ou même
étaient en chaussettes ou pieds nus. En effet, le Jour de Kippour, il est
interdit de manger, boire, se laver, d’avoir des relations sexuelles et de
porter des chaussures en cuir. La raison est que toutes ces choses sont des
éléments de confort et qu’il est important, en ce jour, de mortifier ce qui est
agréable pour le corps.
Sinon, le jour de Kippour, que la tradition rabbinique appelle Yoma, “LE Jour”, commémore le jour
où Dieu a pardonné au peuple d’Israël l’adoration du veau d’or. On demande
pardon à Dieu pour tout le mal qui a été fait, individuellement ou
collectivement. À l’époque du Temple, il y avait évidemment des sacrifices pour
demander pardon, dont celui du fameux “bouc émissaire” sur lequel on chargeait
tous les péchés du peuple avant de l’envoyer au désert, chez Azazel. Tout est
raconté dans le Lévitique au chapitre 16.
Aujourd’hui, tout est
plus sobre mais les juifs prient pour demander pardon, ils se demandent pardon
mutuellement. À l’époque, ce jour-là (et seulement ce jour-l), le grand prêtre
pénétrait dans le Saint des Saints, le lieu le plus sacré du Temple pour implorer
Dieu en prononçant son Nom imprononçable.
Dans les dix jours qui se
sont écoulés depuis Rosh haShanah, ils ont fait techouva (ils ont fait retour =
ils se sont convertis). Il y a un drôle de rite qui pour certains remplace
celui du bouc émissaire : les kapparot (on retrouve la racine hébraïque kpr
présente dans kippour). N’ayant plus le bouc émissaire, il y a une sorte de
“poule émissaire” : pendant que l’on récite une prière, on passe un poulet
au-dessus de la tête. Ensuite, le poulet est sacrifié et consommé. Certains
agitent parfois le poulet de manière un peu frénétique. Les amis des animaux sont sur le dossier.
Ce matin, tout était
calme. On avait un peu l’impression qu’il y avait une opération “ville
morte” : pas de tramway, pas de voitures, pas de bruit… Quel calme !
Ils devraient faire kippour plus souvent… Comme les rues sont vides (certaines
sont bloquées par des barrières, celles qui donnent accès à Jérusalem Est avec
des blocs de béton), nous avons enfin la chance de voir les vélos sur la voie
et non pas sur le trottoir au milieu des piétons déboulant à vive allure en
estimant que l’usage du signal sonore les dispense de toute prudence à leur
égard. Enfin, ça ne m’a pas empêché d’échapper à une collision tout à l’heure en rentrant. Tout à l’heure en retournant à l’École à 14 h, j’ai souri en voyant
des enfants orthodoxes s’amuser à dévaler la pente qui fait entrer dans le tunnel
haTsanhanim. En temps normal, ce n'est même pas dangereux mais tout simplement
suicidaire.
À part ça, de mon côté,
ce fut une journée pareille à toutes les autres… Ce soir à la messe, nous avons
lu un extrait du livre de Jonas, coïncidence amusante si l’on sait que l’après-midi
du jour de Kippour, les juifs lisent ce livre biblique pour se souvenir que
Dieu pardonne. En revanche, les vingt-quatre heures de silence sont bel et bien finies : à 18 h 43, heure officielle du coucher du soleil, un gars est passé sous mes fenêtres à fond la caisse avec sa moto, quel raffut ! L’air de dire : “J’ai pas pu utiliser ma moto pendant une journée, vous allez pas m’emm... une minute de trop”. Ce soir, c'est un soir normal.
À bientôt,
Étienne+
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