mercredi 2 octobre 2019

Et ils frappèrent Guedalia (Jr 41,2)

וַיַּכּוּ אֶת־גְּדַלְיָהוּ
wayyakkû ʾeṯ-gəḏalyahû

Chers amis,
De lundi à mercredi, bibliothèque. Après avoir pas mal avancé ces dernières semaines, je cale un peu. J’arrive à la dernière des béatitudes (Ap 20,6) qui est un beau mescladis interprétatif. Jugez vous-même :
Heureux et saint celui qui a part à la première résurrection !
La seconde mort n’a pas de pouvoir sur eux
mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ,
et ils régneront avec lui pendant mille ans.
Drapeau en berne
à l’École biblique
(et le clocher néo-hasmonéen)
Ce verset et les deux qui précèdent ont généré depuis 1900 ans un paquet de questions : qu’est-ce que la première résurrection ? Cela veut-il dire qu’il y en a une deuxième ? Qu’est-ce que la seconde mort ? Et donc par voie de conséquence, la première ? Mort et résurrection doivent-elles être prises en un sens spirituel ou physique ? “Prêtres du Christ”, qu’es aco ? Régner avec le Christ, comment ça se passe ? Et vous avez remarqué la mention des mille ans, qui fait entrer en transe les farfelus de tout poil.
Je m’arrache un peu les cheveux (et avec ce qui en reste…)
Sinon, ce lundi, à cause du deuil national français, les couleurs flottaient sur le mat de l’École biblique, au sommet du clocher d’un style éclectique que je n’hésiterais pas à qualifier de néo-hasmonéen… (En vrai, ça ressemble à un décor de péplum hollywoodien tourné dans les années 50 à Cinecittà).
Hier mardi, un cardinal est passé au Collège. Le frère Rafael nous l’avait annoncé mais il était incapable de nous dire son nom et le pourquoi de sa présence… La seule chose qu’il avait retenue, c’était le fait qu’il travaille au Vatican (c’est pas tellement discriminant comme critère pour un cardinal !). La veille, on a su qu’il était argentin. Un petit coup de Wikipédia “Composition actuelle du Collège cardinalice” et hop, le tour était joué : il s’agissait du cardinal Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales. Il est de passage à Jérusalem à l’occasion de la célébration du 800ème anniversaire du “pèlerinage de paix de saint François en Terre Sainte”. Il en profite pour faire la tournée des grands ducs : écoles, services ecclésiaux (Mission pontificale, Caritas…) Je vous dis tout ça, mais j’étais à la bibliothèque quand il est passé : je suis étudiant, c’est pas l’heure de faire des ronds de jambe.
De g. à d. : Fr. Rafael, Fr. Malak,
Card. Sandri, X, Fr. Daoud, le directeur
Aujourd’hui, je suis allé à l’École avec Baptiste et Rémi : ils commencent l’année à l’École biblique par un séminaire de rentrée (2-4 octobre ; 7-11 octobre) assez intense.
En fin d’après-midi, il y avait un petit pot d’accueil à l’École pour faire connaissance. Parmi les étudiants, il y a un jeune prêtre de Paris qui connaît un prêtre de Notre-Dame de Vie qui connaît tout le monde… Il se reconnaîtra, s’il me lit.
Sinon, deux mauvaises nouvelles me sont arrivées aujourd’hui : le décès subit (crise cardiaque) d’un prof de Marie-Pila, l’école de Notre-Dame de Vie à Carpentras. Je le connaissais quand j’étais à Saint-Joseph : on avait le même âge… Il laisse une femme et deux enfants. Et un autre décès, celui d’un prêtre du diocèse d’Aix, qui a été à Notre-Dame de Vie pendant quelques années. Deux amis, deux frères…
Sinon, le titre énigmatique de ce billet vient du fait qu’après les deux jours de Rosh haShana (1er et 2 Tishri = 30 septembre et 1er octobre, cette année), il y a le jeûne de Guedalia. Il s’agit d’un juif nommé par Nabuchodonosor pour administrer la province de Judée après l’exil. Mais son pouvoir est refusé par des Judéens qui finissent par l’assassiner. Par peur de représailles, la population de Judée s’enfuit en Égypte. En souvenir de la désolation du pays qui a suivi, on jeûne ce jour-là au cours du septième mois de l’année (cf. Zacharie 8,19). Vous allez vous poser la question : comment se fait-il que le “jeûne du septième mois” a lieu trois jours après le jour de l’an ? C’est que le calendrier a changé au moment de l’exil. Avant l’exil, l’année commençait au mois de Nisan (le mois de la Pâque), après l’exil, l’année commence au mois de Tishri (fin septembre-début octobre). C’est plus pratique quand on veut faire une année sabbatique : pendant une année, on ne sème pas et on ne récolte pas. Avant, on ne récoltait pas ce qui avait été semé l’année avant, puis on récoltait ce qui n’avait pas été semé pendant l’année sabbatique : idéal pour mourir de faim…
Enfin, chez les Frères, personne n’est jamais mort de faim. Hier, Suzanne avait préparé un musakhan
À bientôt,
Étienne+

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