בְּרֹאשׁ
הַשָּׁנָה
bərōʾš
haššānāh
Chers amis,
Dans mon dernier billet,
j’ai oublié de parler de la messe et du repas mardi soir à l’Ecce Homo. Les
deux séminaristes étaient aussi là, c’était l’occasion pour eux de faire connaissance
avec les membres du Ch’Neuf qui tiennent la maison. La messe a été dite (très !)
partiellement en hébreu : introduction, kyriale, Notre Père et
bénédiction. Puis nous avons fait le tour des terrasses de la maison avec leur
vue à couper le souffle sur la Vieille Ville. J’aime beaucoup cette vue,
presque plus que celle du Collège. Le repas a été pris dans la salle à manger
Béthanie qui est celle du Chemin Neuf. Le repas a été très drôle et délicieux.
Le cuisinier de l’Ecce Homo est un neveu du Frère Daoud, dont ils sont très
contents : qualité, efficacité, ardeur au travail… Nous avons fait
connaissance les uns avec les autres, partagé sur le judaïsme, l’Islam, les
pèlerinages…
Passage latéral de la porte de Damas à l'époque romaine |
Après le repas, nous avons exploré le sous-sol, le fameux Lithostrotos et la citerne du Strouthion, plus quelques endroits non ouverts au public. Cela nous a permis de détecter une fuite d’eau !
Vendredi, j’y suis retourné pour la messe matinale.
Samedi matin, bibliothèque. J’ai terminé la
partie sur B4 (il faudra certainement y revenir…) L’après-midi, avec Baptiste,
nous sommes allés visiter l’esplanade romaine, un lieu que je ne connaissais
pas puisqu’il était fermé au public depuis des années et il a dû rouvrir en
août ! Il s’agit en fait de fouilles réalisées sous la porte de Damas,
visant à retrouver les vestiges qui se trouvent dessous. Les vestiges actuels
sont d’époque romaine mais on a des traces d’une porte d’époque hérodienne.
Cela conforte les thèses du fr. Dominique Marie sur l’urbanisme de la ville à l’époque
du Christ. En voulant payer, ce n’était pas possible : le type n’avait pas
de quoi nous rendre la monnaie ! On est donc ressorti puis on a traversé
la ville et Baptiste a acheté une kippa à un marchand de la rue David. Je
regardais l’étal du marchand en tendant l’oreille à la négociation serrée, en
arabe, qu’il a menée avec le marchand. Il s’est bien débrouillé.
Retour à la porte de Damas. Nous pouvons payer…
Il faut un peu se baisser pour visiter tout cela puisque cela se trouve sous la
rue actuelle. C’est aussi assez exigu mais on voit très bien les dalles
antiques, et sur l’une d’entre elle une sorte de plateau de jeu (style morpion)
comme ceux qui ont fait la renommée de l’Ecce Homo.
Puis sur le côté, il y a la salle des gardes de
l’époque romaine : douze mètres sous voûte ! De belles pierres
parfaitement taillées. C’est impressionnant.
En sortant nous admirons l’encadrement de la
porte : c’est en fait, le passage latéral de la porte antique qui est sous
la porte actuelle. Le reste de la maçonnerie a servi de soubassement à la porte
de Damas actuelle, construite au xvie s. par Soliman le Magnifique.
Retour à la maison, au frais. À la messe, Rémi
avait amené Waldemar, séminariste de Paris, qui fait une année de service dans
une maison pour personnes handicapées, chez les Filles de la Charité à Ein
Karem. Il est resté pour le repas et ensuite, nous sommes allés prendre une
crêpe rue de Jaffa. Sur la place, il y avait la “fille au violon” et plein de
monde qui baguenaudait. On a bien rigolé. Puis nous avons laissé Waldemar à son
tram pour rentrer à Ein Karem.
Mur ottoman en haut, romain en bas. |
Dimanche, matinée calme, avec la messe à la
paroisse. J’ai fait la connaissance du nouveau curé, le père Amjad (?) – ça devrait
dire “glorieux”. Il est très sympa, il ne crie pas dans le micro et, fait
exceptionnel dans le pays, il laisse du temps au silence ! On a eu deux
minutes entre l’homélie et le Credo ! Le précédent n’était pas encore
revenu à sa place qu’il était déjà “Dieu né de Dieu”.
Déjeuner simple avec les frères (Fr. Rafael
avait sorti quelques bouteilles de bière de Taybeh). Rémi et Baptiste étaient
partis à Emmaüs-Qubeibeh pour la fête liturgique de saint Cléophas.
En fin d’après-midi, avec les deux
séminaristes, nous sommes partis dans le quartier juif pour les fêtes de Rosh
haShana. C’est le nouvel an juif. On entre dans l’année 5780, depuis la
création du monde selon le comput des rabbins. Pour nous, Nouvel an signifie
souvent fête, réveillon, feux d’artifice… Chez les juifs, rien de tout ça… Rosh
haShana est une fête austère (un jour redoutable, dit-on parfois) puisque c’est
ce jour-là que Dieu juge les actes accomplis pendant l’année qui s’est écoulée
et fixe ceux qui le seront dans l’année qui s’ouvre (cf. Dt 11,12).
En même temps, Dieu est miséricordieux et on se drape de blanc. Eh oui, au
nouvel an on prend des bonnes résolutions mais chez les Juifs, ce n’est pas « j’arrête
de fumer, je commence un régime », on fait techouva, c’est-à-dire littéralement,
un “retour”, en langage catho, on dira une conversion. Rosh haShana dure deux
jours, le 1er et 2 Tishri. Au début, comme on observait la lune pour
commencer le mois, on n’était jamais trop sûr, donc on faisait deux jours de célébration
de peur de rater le bon jour. Tant mieux pour eux, cela fait deux jours de
congé !
Finalement, Baptiste (avec la kippa acheté la
veille) est rentré comme ça dans la synagogue de la Hourva (le grand dôme
blanc). Évidemment, c’était la porte la plus proche du bèma (podium) au
moment du prêche du rabbin ! Il est resté un petit moment, mais, habillé
comme il était, il pouvait faire illusion.
Ensuite, on est allé au Mur occidental, il y
avait pas mal de monde. Quand on est arrivé, les hommes poussaient tous une
grande clameur, sur la même note, tenue sans faiblir. C’était très
impressionnant. Nous nous sommes glissés sous l’arche de Wilson, et on a prié
silencieusement au milieu de tous.
Retour à la maison et au dodo !
À bientôt,
Étienne+
1 commentaire:
Merci de partager toutes ces découvertes ! comme quoi, même après plusieurs séjours, il te reste des choses à découvrir à Jérusalem !
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