jeudi 26 septembre 2019

Le président sera vêtu de deuil (Ez 7,27)

וְנָשִׂיא יִלְבַּשׁ שְׁמָמָה
wənāśîʾ yilbaš šəmāmāh

Chers amis,
Eh oui, le titre de ce billet veut évoquer la mort du Président Chirac. Pour le titre, je suis allé farfouiller chez Ézéchiel et j’ai utilisé la traduction moderne du mot נָשִׂיא (nāśîʾ) qui ordinairement signifie “prince” mais désigne aujourd’hui le président d’un État. Je n’ai pas grand-chose à dire parce qu’en fait, en 1995, je n’ai pas voté pour lui : j’avais 17 ans et 360 jours… et en 2002, je n’ai pas pu faire de procuration pour le second tour, à cause d’une gendarmette à la carrure de sumo qui a jugé que les raisons de mon absence ne justifiaient pas que je puisse établir une procuration...
Mais c’est étrange parce que je pensais justement à lui ces jours-ci (c’est toujours dangereux quand je pense à quelqu’un ; il meurt souvent pas longtemps après). Je lis un livre déniché dans une bibliothèque de rue, le mois dernier : Caméra subjective d’Anne Sinclair. C’est une sorte de journal qui va du 21 juin 2001 au 21 juin 2002 et qui raconte l’année de la campagne présidentielle de 2002. Ce qui est amusant, c'est de lire le livre, publié en septembre 2002, dix-sept ans plus tard, quand certains hommes politiques ont complètement quitté les écrans-radar, alors que d'autres ont eu un destin présidentiel...
En tout cas, ici, à Jérusalem, Chirac a laissé un sacré souvenir dans la Vieille Ville qui lui a assuré une popularité exceptionnelle dans les pays arabes, un peu moins chez les Israéliens. J’aime bien cette scène parce qu’elle montre comment Chirac, à défaut d’avoir été franchement gaulliste, eut en quelques occasions une posture gaullienne (il était de toute façon déjà très gaulois !).
Je vous laisse la vidéo des infos de France 2 de l’époque. Bruno Masure, ça nous rajeunit pas. En revanche, Bibi est toujours là, inoxydable !

D’ailleurs, à propos de Bibi, bien que son parti ait obtenu seulement 32 sièges à la Knesset, le président Rivlin, après une dizaine de jours de consultations, négociations, discussions, transactions, lui a confié la charge de former un gouvernement. Il doit donc se rallier au moins 29 députés (pour former une majorité fragile de 61 députés sur 120). Le président Rivlin a sollicité Netanyahou parce que ses chances sont un peu supérieures de pouvoir faire des alliances. Le désir du président était que Benny Gantz (Bleu-et-Blanc, 33 sièges) soit associé à la formation du gouvernement mais il refuse de s’allier avec Netanyahou, à cause des casseroles judiciaires qu’il traîne (soupçons de corruption, fraude, abus de confiance, tentatives de collusion avec la presse). Netanyahou dispose de 28 jours (+ 14 autres si vraiment c’est nécessaire) pour former un gouvernement. Il n’est pas sorti de l’auberge : le Likoud est traditionnellement allié au parti Shas (juif ultra-orthodoxe, séfarade, 9 sièges) mais Avigdor Liberman, chef du parti Israel Beteinu (droite nationale laïc, 8 sièges), refuse absolument d’être dans une coalition avec eux, mais il refuse aussi d’être dans une coalition avec la liste unie arabe (13 sièges).
Et pour compliquer le tout, on arrive dans la période des fêtes de début d’année : lundi, c’est ʾš haššānāh (רֹאשׁ הַשָּׁנָה, la “tête de l’année”, c’est-à-dire le jour de l’an dans le calendrier hébraïque). Cela va donc faire un gros pont : vendredi, les administrations sont fermées ; samedi, c’est shabbat ; dimanche, on jeûne ; lundi, c’est le jour de l’an et mardi le deuxième jour de la fête… Du coup, ça fait une petite semaine de congé comme ça l’air de rien.
Ensuite, le 9 octobre, c’est Yom Kippour (le Grand Pardon) et du 13 au 20 octobre, Soukkot, période de vacances scolaires.
Au milieu de tout ça, Bibi doit faire son gouvernement… S’il n’y arrive pas, soit on dissoud à nouveau la Knesset, soit on demande à Benny Gantz de faire un gouvernement (avec pas beaucoup plus de chance d’y arriver lui aussi). La vie politique ! L’article du site Terresainte.net est pas mal fait et explique bien les choses.
Côté people, on a vu déambuler le roi Albert et la reine Paola, la semaine dernière dans la Vieille Ville, mais j’étais dans mon trou à bosser, pas de place pour les mondanités...
D’ailleurs, côté Patmos, ça bosse.
L’autre jour, à la bibliothèque, comme j’avais remarqué que ma voisine espagnole avait rassemblé plusieurs livres sur l’Apocalypse (commentaires, monographies…). Et je lui ai donc demandé : « Vous étudiez l’Apocalypse ?
– Et quel thème en particulier ?
– L’Arbre de vie, en lien avec le récit de la Genèse.
– Très bien. Et pour quelle université ?
– San Damaso à Madrid.
– Ah oui, je connais. Un prêtre de ma communauté a fait sa licence en théologie morale là-bas.
– Comment s’appelle-t-il ? »
Je lui donne son nom.
– Ah, bien sûr, je le connais bien. Il était vicaire à ma paroisse ! »
C’est là que j’ai pensé à quelque chose que m’avait dit une amie de Jérusalem il y a trois ans lorsque nous nous étions découverts des connaissances communes : « Cathosphère = microcosme »…
Bon, c’est pas tout mais il faut aller se coucher.
À bientôt,
Étienne+

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