dimanche 17 avril 2016

Comme une bonne huile sur la tête (Ps 133,2)

כשמן הטוב על־הראש
Kaššemen haṭṭôb ˁal-haroˀš

Chers amis,
Comme annoncé dans mon dernier message, les confirmations de la paroisse ont été célébrées aujourd’hui. La messe était présidée par Mgr Shomali, vicaire patriarcal. Je l’ai salué dans la sacristie et nous avons parlé un petit moment en français qu’il maîtrise assez bien.
Puis avec le curé et les servants, nous avons rejoint la bonne soixantaine d’enfants qui étaient dans l’auditorium. Photo souvenir…
La veille, en allant me promener, j’avais vu une flopée de gamins devant l’échoppe du coiffeur et je m’étais demandé pourquoi il y en avait tant… Ce matin, j’ai compris. Ils se faisaient tous beaux pour l’occasion du lendemain ! Le coiffeur, c’est un lieu important par ici. Les jeunes arborent tous des coupes élaborées qui mélangent très long (sur le dessus) et très court (sur les côtés)… Et ne lésinez pas sur le gel ! En bref, ça fait vraiment coupe de footballeur.
Dans le pays, il n’y a pas de profession de foi ; les enfants reçoivent donc la confirmation entre 10 et 13 ans. Le décorum est celui de notre profession de foi : aube, croix, et on ajoute une écharpe rouge avec un logo évoquant l’Esprit Saint.
Juste au moment de partir en procession vers l’église, la crosse de l’évêque a eu des problèmes de stabilité… Le pas de vis de la partie supérieure ne voulait plus remplir son rôle… L’évêque s’est débrouillé !
Sinon la messe a été bien belle !
Après le repas de midi, j’ai proposé à une amie volontaire d’aller visiter les quatre synagogues séfarades dans le quartier juif de la Vieille Ville. Ce sont quatre synagogues juxtaposées. Comme vous vous en doutez, elles ont été très sévèrement endommagées après 1948 lorsque la Vieille Ville est tombée aux mains des Jordaniens. Après la Guerre de six jours, en 1967, elles ont été restaurées.
Synagogue Yoanan Ben-Zakaï avec la ouppa
Dans la synagogue principale (Yoanan Ben-Zakaï), une fleuriste était en train d’installer le dais nuptial (ouppa, חוּפָּה) pour la cérémonie qui allait avoir lieu un peu plus tard. Nous avons un peu parlé avec elle en anglais avant de s’apercevoir qu’elle parlait un excellent français !
Les autres synagogues sont imbriquées les unes dans les autres. Il faut passer du temps dans chacune d’entre elles pour admirer les détails (ouverture de fenêtre, sculpture, lampe, boiserie).
Fauteuil d’Élie
Dans la synagogue du prophète Élie, un énorme fauteuil est installé dans un coin. On raconte qu’une fois, pour Yom Kippour, il n’y avait que neuf hommes pour la prière, rendant impossible la célébration de l’office. En effet, dans le judaïsme, il faut être dix hommes adultes pour que la prière puisse avoir lieu, ce nombre – le minian – rappelle les dix justes qu’on ne put trouver à Sodome pour en empêcher la destruction en Gn 18,32. Un inconnu arriva à point pour que le minian fût atteint mais disparut à la toute fin de l’office. Les autres comprirent que le prophète Élie les avait visités pour leur permettre de prier.
La plus grande partie du mobilier provient d’Italie et fut donné par les communautés juives pour remplacer celui qui fut détruit entre 1948 et 1967.
Nous terminons la visite par le petit musée qui présente des objets et surtout ceux qui sont conservés dans le hekhal (היכל) de la synagogue. En hébreu, hekhal signifie temple ; c’est ainsi que les séfarades (juifs d’Espagne et d’Afrique du Nord) désignent l’armoire où l’on conserve les rouleaux de la Torah.
Lors de l’office synagogal, on ouvre le hekhal et on apporte le rouleau de la Torah sur le tevah (תיבה), qui correspond un peu à la chaire de nos églises, mais est situé normalement au milieu de la salle de la synagogue. Sur le pupitre, on pose le rouleau et on lit l’extrait de la Torah prévu.
Pour montrer la sainteté de la Torah et le respect qu’on lui doit, les juifs décorent soigneusement ce qui va servir pour accompagner le rouleau.
Keter, surmonté des deux rimônîm, rouleau de la Torah avec son yad
Le rouleau est en parchemin et écrit à la main (on n’imaginerait pas utiliser un rouleau imprimé !). Il est enroulé sur deux manches de bois (les ‘eçîm ḥayyim, les “arbres de vie”) et enveloppé dans un tissu richement brodé. Au bout du rouleau ainsi formé, on installe une couronne en argent, le keter et on emmanche aux extrémités des manches du rouleau des grenades argentées (rimônîm) ornées de cloches. Parfois, on ajoute le tas () qui évoque le pectoral du grand prêtre. Il ne faut pas oublier de joindre le yad (la main), c’est-à-dire la tige métallique avec laquelle on suit le texte à lire (comme il est saint, on ne le touche pas directement avec sa main).
Les quatre colonnes du centre de la ville
Après la visite, nous sommes passés au Center of the Old Roman City, pour prendre un rafraîchissement. Le but était surtout de pouvoir rentrer et prendre quelques photos dans ce qui était (au moins à l’époque des croisés) le croisement au centre de la cité : on voit quatre piliers avec des chapiteaux bien usés. Le jus de fruit était bon, sans plus. Ce qui fut rafraîchissant (dans le sens douche froide) ce fut la note. Nous avons bien dit au patron que nous ne reviendrions pas chez lui et que nous ne le recommanderons pas ! 50 ₪ (12) pour deux jus de fruits. On a eu du mal à digérer.
Allez, il est maintenant l’heure d’aller se coucher. Bonne semaine à tous !
À bientôt,
Étienne+

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