והמה נמלטו ארץ אררט
wehemmah nimleṭû ˀereç ˀăraraṭ
wehemmah nimleṭû ˀereç ˀăraraṭ
Chers amis,
La
journée de lundi s’est déroulée sans heurt.
Mardi
matin, deux heures de cours pour nous initier à la période hellénistique. Cette
période historique commence avec les conquêtes d’Alexandre le Grand qui
provoquèrent la diffusion de la culture grecque dans le monde antique. La
langue grecque devint ainsi la langue de communication de l’époque :
certains Juifs se sont mis à parler cette langue et ont dû, pour des raisons
diverses, traduire en grec leurs textes sacrés. On appelle cette traduction la
Septante, puisque la tradition affirme que soixante-dix (ou douze) sages
hébreux ont chacun traduit séparément le texte hébraïque d’une manière rigoureusement
identique…
Cette
traduction de la Bible a été très diffusée dans le monde antique et adoptée par
les chrétiens : souvent le Nouveau Testament et les Pères de l’Église
citent l’Ancien dans cette version.
Dans
l’après-midi, nous avons visité le quartier arménien de la Vieille Ville. Ce
quartier couvre 13 hectares à l’intérieur de l’enceinte (soit 1/6 de la
superficie totale de la Vieille Ville). La particularité de ce quartier est
d’être en fait un immense monastère entourant la cathédrale arménienne dédiée à
saint Jacques. Notre guide pour l’occasion s’appelle Georges (c’est fou le
nombre de Georges dans ce pays !) et habite dans le quartier.
Cathédrale arménienne Saint-Jacques |
Nous
avons commencé par la cathédrale proprement dite : certaines parties
remontent à l’époque byzantine mais la majeure partie de l’édifice date du
Moyen Âge. On distingue très bien cela dans le tympan sud de l’église (voussure
à coussins et colonnes coudées).
La
décoration est très chargée : les pèlerins arméniens offraient souvent des
objets pour l’église : lampes à huiles (plus de 350 dans l’église) et
autres objets. Georges a souligné une série de trois lampes en filigrane
d’argent offerte par la communauté arménienne de Trébizonde, anéantie par le
génocide arménien de 1915. Au cours de la visite, Georges a souvent évoqué cet
événement qui marque la mémoire des Arméniens ; la plupart des Arméniens
de Jérusalem descendent de rescapés du génocide.
Lampe en filigrane de Trébizonde |
Autre
élément marquant de la cathédrale : les portes dérobées. Il y en a
plusieurs presque invisibles qui permettaient aux prêtres et aux fidèles de
s’échapper de l’église en cas de descente des Ottomans.
Tympan sud, aux caractéristiques croisées |
Dans la
chapelle d’Etchmiadzine qui jouxte la cathédrale au sud, les murs sont couverts
de faïences. La plupart du temps, il s’agit de motifs géométriques ou
floraux ; parfois, ce sont de petites scènes évangéliques un peu naïves.
Sur toutes celles qui représentent des épisodes de la Passion, les soldats
romains sont en armure des janissaires turcs… Pour les Arméniens, depuis des
siècles, le persécuteur, c’est le Turc. Ils ont donc donné leur visage aux
romains !
La
chapelle d’Etchmiadzine est en fait le narthex sud de la cathédrale réaménagé
en chapelle au xviie
siècle. L’entrée principale était de ce côté pour pouvoir faire face au
Saint-Sépulcre au moment d’entrer dans la cathédrale.
Nous
avons ensuite vu la Bibliothèque arménienne : 120 000 volumes, la
plupart en langue arménienne. La particularité de cette bibliothèque, c’est
qu’on n’y rencontre pas de rats, mais des chats de bibliothèque !
Une
colonie de siamois a investi les lieux et louvoie entre les tables, passe sur
les photocopieuses, monte à l’étage et se cache derrière les étagères… Ils sont
très affectueux et pas farouches pour deux sous ! Sinon, la bibliothèque
recèle quelques trésors : 4 000 livres anciens imprimés entre 1512
(date de l’impression du premier livre en arménien, une Bible faite à Venise)
et 1800. Des journaux… Cette bibliothèque se veut la mémoire de l’Arménie.
Histoire des Arméniens, 1709 |
Plus
loin, nous voyons les vestiges de la maison d’Anne, beau-père de Caïphe, le grand
prêtre qui a jugé Jésus. Georges nous montre un olivier, vieux de 800 ans,
auquel Jésus a été attaché pour être flagellé. (Cherchez l’erreur !)[1] Il y aussi la pierre qui a crié
lorsque les Pharisiens ont demandé à Jésus de faire taire ses disciples le
dimanche des Rameaux (cf. Jn 19,14) !
Nous
avons continué avec le réfectoire qui est situé au-dessus du premier passage
voûté dans la Rue du Quartier arménien. Là aussi, une trappe invisible
permettait une fuite rapide et sûre. Enfin, les toits nous ont dévoilé leurs
secrets : les hosh du quartier arménien.
Un hosh, qu’est-ce que c’est ? Une structure architecturale
traditionnelle, caractérisée par une cour commune entourée d’habitations. Ces
structures sont bien adaptées au climat chaud.
Hosh arménien |
On y accède par la rue, à travers une porte souvent laissée
ouverte. L’étymologie traditionnelle du hosh le rapproche du verbe arabe
“yahosh”, “étreindre amicalement”. Espace mi public et mi privé, il faut
savoir qu’on ne pénètre pas dans un hosh sans y être invité !
Autrefois habité par les membres d’une seule famille, le hosh
est aujourd’hui la réponse à la crise immobilière et à la surpopulation de la
Vieille Ville. À l’heure de l’individualisme et du repli sur soi, le hosh représente
un espace de sociabilité et de partage pour des habitants d’origines diverses.
Plus qu’une typologie architecturale, c’est un mode de vie,
un témoin discret de l’évolution urbaine et sociale de Jérusalem.
[Suivez le lien sur le hosh pour découvrir l'article complet, que j'ai pillé]
Nous
voyons aussi des parties des églises (frontons, linteaux…) visibles seulement
de là-haut. Sur le plan archéologique, cette visite n’était pas fondamentale,
mais elle nous a permis de découvrir le quartier le plus replié sur soi de la
Vieille Ville : merci à Georges de nous avoir ouvert la porte.
Faïence arménienne de la résurrection |
Finalement,
après la visite, avec quelques amis, nous sommes allés devant la Porte de Jaffa
déguster un jus de fruit (grenade, pamplemousse ou orange !) agrémentés de
petits gâteaux au sésame très bons. Ceux qui étaient dans le Néguev la semaine
dernière nous ont racontés leur périple. Cela devait être passionnant !
Mercredi
matin, cours sur la chronologie hérodienne. Nous sommes sortis du règne
d’Hérode le Grand et avons évoqué le destin de ses fils, ainsi que les divers
gouvernorats des préfets romains, dont le fameux Ponce Pilate.
Après-midi calme à la bibliothèque.
Aujourd’hui, la messe a été festive ce matin : c’est la
fête de saint Jean-Baptiste de La Salle, fondateur des Frères des Écoles chrétiennes.
« La principale occupation de l’âme dans l’oraison qui
est véritablement intérieure est de se remplir de Dieu et de s’unir
intérieurement à lui, ce qui est pour elle une espèce d’apprentissage et un
avant-goût par une vive foi de ce qu’elle doit faire réellement pendant toute l’éternité »
(Explication de la méthode d’oraison, préface).
À
bientôt,
Étienne+
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