samedi 16 avril 2016

Seigneur, à qui irions-nous ? (Jn 6,68)

Κύριε, πρὸς τίνα ἀπελευσόμεθα ;
Kyrie, pros tina apeleusometha ?

Chers amis,
Mon silence vous a-t-il inquiété ? J’espère que non. Il se passe que cette semaine a été bien calme.
Mardi, j’ai “séché” les cours. L’excursion de l’après-midi devait mener les étudiants à la citadelle (dite aussi tour de David) mais la veille le P. Dominique-Marie a changé de programme et les a emmenés dans les vallées du Cédron et de la Géhenne. Là aussi, c’est un lieu que je connaissais déjà pour l’avoir visité en 2007. Vous remarquerez que c'est au même moment que j'étais allé à Beth Jemal...
En fait, la raison de mon séchage est une “récidive” : la petite équipe des haltes spirituelles a dû apprécier ma prestation du mois dernier puisqu’on m’a demandé d’intervenir encore une fois (ou peut-être n’ont-ils pas trouvé d’autre prêtre disponible !). Le thème qui m’avait été proposé était « Résurrection et miséricorde ».
Le monastère de Beth Jemal
Au 1er plan, le monastère des sœurs ;
Au 2nd plan, le monastère salésien ;
Au fond, les collines de Judée
Pour convenir à la première lecture de la messe (le martyre d’Étienne en Ac 7,51–8,1a), nous sommes allés au monastère des Sœurs de Bethléem, de l’Assomption de Marie et de Saint-Bruno (comme celles qui sont à Mougères, près de Pèzenas), au lieu-dit Beth Jemal. En hébreu, ce nom signifie « Maison de Gamaliel » (en arabe, c’est « maison de beauté » !). Gamaliel est ce pharisien, maître de saint Paul (cf. Ac 22,3), qui a eu une attitude prudente envers l’Église naissante à Jérusalem : « Si vraiment ils viennent de Dieu, vous n'arriverez pas à les détruire » (Ac 5,39). La Légende dorée affirme que Gamaliel et Nicodème, partisans des disciples de Jésus, ont enseveli Étienne chez Gamaliel (cf. Ac 8,2).
Il y a eu des fouilles au début des années 2000 près du monastère et on a mis au jour une structure byzantine. Le Père Émile Puech y voit un mausolée dédié à saint Étienne et d’autres, un pressoir à huile… Quant à moi, je reste gamaliélien. Au sommet de la colline, un monastère salésien (que l’on voit dans le film Le Tombeau de 2001).
Image du film Le Tombeau
À côté, les sœurs ont construit leur monastère conforme à leur tradition, si jeune et si ancienne. Un peu plus loin, les frères ont un monastère mais peinent à obtenir les autorisations pour bâtir en dur. Il faut dire que la grosse ville israélienne de Beth Shemesh (maison du soleil) s’étend de plus en plus dans leur direction…
Ce jour-là, le temps était grisouille et pluvieux (alors que dimanche, il faisait une touffeur tropicale). En conséquence de quoi, la circulation à Jérusalem était rendue très difficile. (La pluie fait flipper les gens ici) En plus, la route qui mène l’autoroute n° 1 à Beth Shemesh est en travaux et on avance par sauts de puce… Le trajet est l’occasion de parler beaucoup. À un moment, une des mamans dit : « Unetelle ne viendra pas, elle est à Hadassa (l’hôpital de Jérusalem) » Et les autres ont dit : « Ah, super ! » Un petit moment d’interrogation où je me suis dit que cette Unetelle ne devait pas être la copine de tout le monde et j’ai fini par comprendre que, si elle était à l’hôpital, c’était pour un heureux événement… De fait au retour, nous avons appris la naissance d’une petite fille. Merci Seigneur !
Nous avons enfin fini par arriver au monastère. Les sœurs nous ont chaleureusement accueillis. Et j’ai fait mon topo, à partir de l’évangile du dimanche précédent (« Pierre, m’aimes-tu ? » Jn 21,15-25).
Puis j’ai célébré la messe à la “synagogue”, comme l’appellent les sœurs. C’est un lieu aménagé pour que les juifs qui visitent le monastère trouvent quelque chose pour les aider à prier avec leurs signes et symboles.
Puis repas partagé. Une des sœurs était là et nous avons pas mal échangé. Et il a fallu repartir assez vite puisque c’était bientôt « l’heure des mamans » (à Jérusalem, l’école finit vers 14h30 !). Karine et Marianne était sans voiture (des problèmes de batterie). La voiture nous a laissés à l’école anglicane (pour récupérer une partie de la marmaille), puis nous sommes passés au lycée français (à deux pâtés de maison de là) pour y laisser deux mamans qui allaient y chercher leurs enfants. Avec Thérèse et Jean, nous sommes allés à la Qehila (paroisse catholique de langue hébraïque) pour prier un moment.
De retour au Collège, j’ai travaillé un peu. À un moment, en levant mon nez, j’ai vu de la couleur par la fenêtre… Un arc-en-ciel ! J’ai couru sur la terrasse pour photographier. Honnêtement, la photo est assez moche (mais c'est avec mon portable)
Arc-en-ciel sur Jérusalem, signe de l'Alliance de Dieu avec les hommes
Mercredi, cours sur la chronologie hérodienne. La prof a abordé les questions de datations des événements de la vie de Jésus et particulièrement le ministère de Jean-Baptiste, le début de celui de Jésus et les événements de Pâques.
L’après-midi, le jeudi, le vendredi et le samedi matin, je les ai passés à “Patmos”. J’étais au milieu de mes petits papiers (sur chaque feuillet de format A7 je note une seule idée). Et je dois avouer que j’ai trouvé quelque chose d’intéressant par rapport à mon sujet. Je ne sais pas si je tiens le bon bout mais il y a une ligne qui s’est dessinée. Il reste à la suivre.
Vendredi, j’ai célébré la messe à l’Ecce Homo. Avant Pâques et le changement d’heure, la prière du vendredi (salat-ul-joumou'a) avait lieu 10 minutes avant midi. Donc quand je quittais l’École pour aller à l’Ecce Homo, vers 11h40, je me trouvais dans le flot de musulmans qui se rendent sur l’esplanade des Mosquées pour la grande prière du vendredi.
Maintenant, c’est plus calme… La prière a lieu vers 12h40… Le problème, c’est pour le retour : je suis pris dans le flot des gens qui rentrent chez eux après la prière. Hier, c’était plus dense que jamais. Il m’a fallu 20 minutes pour aller de la troisième station du Chemin de Croix à la Porte de Damas (cela fait moins de 500 mètres). On était pressé de toutes parts… J’ai pris mon mal en patience.

« Est-ce que tu manges de la patte de cochon ? » ; je réponds oui, plus par acquis de conscience que par conviction. Et voilà Suzanne, la cuisinière, qui dépose sur la table un plat fumant avec trois pieds de cochon. Je me suis donc servi. Il n’y avait pas de doute, c’était bien du pied de cochon : on voyait tous les ongles… Et quant à trouver de la viande, c’était l’histoire de l’aiguille et de la botte de foin ! Et pour la gélatine, il y avait de quoi fournir Haribo pendant un mois. Cependant, j’ai été le seul à en prendre… jusqu’à ce que le frère Rafael arrive et en engloutisse deux ! juste au moment où je prenais un pamplemousse au dessert (je vous recommande le mélange). Mais le frère Rafael m’a dit que la gélatine ne faisait pas grossir.
L’après-midi, pour digérer, grande balade.
Maḥane Yehuda un jour de shabbat...
Rue de Jaffa (le souk de
Maḥane Yehuda était vide), Rose Wohl Garden, Knesset (les travaux de la Bibliothèque Nationale ont commencé), Musée d’Israël (j’ai acheté le catalogue de l’exposition sur Pharaon en Canaan, visitée il y a trois semaines). J’ai ensuite longé l’avenue Begin puis traversé la vallée des gazelles… Finalement, j’ai marché presque quatre heures…
Demain dimanche, la journée sera calme. Les confirmations de la paroisse seront célébrées le matin. J’y serai.
À bientôt,
Étienne+

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