mardi 8 mars 2016

De Jérusalem à Jéricho (Lc 10,30)

ἀπὸ Ἰερουσαλὴμ εἰς Ἰεριχὼ
Apo Ierousalèm eis Ierichô


Chers amis,

L’autre jour, je vous ai laissé juste avant de partir pour la célébration des Vigiles au Saint-Sépulcre. Comme je vous l’ai dit, elles sont célébrées solennellement chaque dimanche de carême au Saint-Sépulcre. L’office commence à 23 h 30 mais si l’on veut avoir de la place dans la petite chapelle latine, il faut arriver bien en avance. Du coup, on fait oraison. L’oraison est toutefois interrompue de temps à autre par un diacre oriental (arménien, grec…) qui encense les lieux saints. C’est une forme d’œcuménisme et le diacre encense rapidement la colonne, l’autel et les fidèles rassemblés dans la chapelle même s’ils ne font pas partie de la même église : comme quoi, on peut prier ensemble au Saint-Sépulcre dans le calme et la sérénité…
Pour suivre l’office nous disposons d’un livret avec les antiennes, hymnes et psaumes. Évidemment tout est en latin sauf les lectures de l’office qui sont lues en italien. Les antiennes sont traduites dans le livret... Je ne connais pas le traducteur français mais je doute de sa maîtrise de la langue et de sa connaissance de la Bible…
Voici l’antienne des trois cantiques de l’Ancien Testament chantés après les lectures : Convérte nos, Dómine, ad te, et convertémur ; innova dies nóstros sicut a princípio. La traduction française proposée dans le livret est la suivante : « Retourne vers toi, Seigneur et nous te reviendrons ; fais revivre pour nous les jours d’autrefois ». Comme nous chantons la Cinquième Lamentation de Jérémie dont ce verset est issu (Lam 5,21), il suffit de reprendre la traduction liturgique… « Fais-nous revenir à toi, Seigneur, et nous reviendrons. Renouvelle pour nous les jours d’autrefois. » Enfin… N’espépichons pas.
Après les trois cantiques, la procession se met en branle… On suit la croix, les cierges, les deux diacres thuriféraires, l’évangéliaire porté par le Custode, les prêtres et les franciscains et les fidèles. La procession fait simplement le tour du tombeau du Christ au chant du Benedictus, avec l’antienne suivante répétée fréquemment : Angelus autem Dómini descéndit de caelo et accédens revólvit lápidem et sedébat super eum, Alleluia, Alleluia ! Oui, vous avez bien lu, nous chantons sans vergogne Alléluia en plein cœur d’une liturgie solennelle du carême. Je ne me suis pas gêné ! Le custode entre dans le tombeau et encense tout. L’orgue accompagne à toute pompe, les franciscains chantent à pleine voix et on perçoit à peine dans le catholicon des Grecs l’office des orthodoxes qui ont du mal à se faire entendre…

L’office s’achève vers 1 heure du matin… Je suis vite allé me coucher car je me levais à 5 h 30 pour pouvoir partir une heure plus tard. Avec les familles, nous avions projeté de descendre le wadi Qelt, une vallée qui descend de Jérusalem à Jéricho. Tout un mic-mac de voitures, assez complexe, avait été échafaudé pour assurer au mieux le transport des troupes. Nous sommes donc descendus en voiture à Jéricho. En cherchant le lieu du palais d’Hérode, où nous devions laisser une voiture, nous nous sommes trompés et avons exploré le camp de réfugiés. À sept heures, c’est « bucolique » selon Christophe, mon chauffeur ! Les enfants vont à l’école mais sinon, c’est assez calme. Nous nous réorientons et retrouvons Cyrille et sa famille au lieu fixé. On remonte dans un seul véhicule à Himzah, départ de notre excursion, où nous retrouvons Nicolas, Agnès et leurs enfants.
La balade commence sur une colline un peu pelée, couverte de verdure et de rochers. Puis nous nous enfonçons dans le wadi qui, en cette saison, coule abondamment.

 Le cadre est splendide : profusion de végétation !
 
Les lis des champs s’en donnent à cœur joie, pissenlits, coquelicots, anémones et même des tulipes !
 


Les animaux ne sont pas en reste : un renard a été aperçu (mais j’étais en arrière du groupe), des damans, des perdrix, des chèvres, des grenouilles… 
Perdrix



 


Grenouilles
Monastère d'Ein Phara





Après une heure de marche, nous atteignons le monastère d’Ein Phara, niché sous la falaise, près d’une source. Il s’agit du plus ancien monastère du désert de Judée, fondé vers 320 par saint Chariton. Détruit en 614, il est redécouvert par les archéologues à la fin du xixe siècle et restauré par les Russes. Il est encore occupé depuis.







Petite pause, sous les arbres, café, abricots secs… Et nous repartons. La progression est plus difficile, il faut parfois grimper sur des échelles, se baisser sous les roseaux et même marcher dans l’eau. Au début, je mettais un point d’honneur à me déchausser pour garder les chaussures sèches mais finalement, j’ai laissé tomber… 




Aqueduc hasmonéen






À partir de ce moment, le chemin suit un ancien aqueduc construit par les Hasmonéens et restauré au cours du temps. Parfois nous marchons dessus, parfois en contrebas. Mais les vestiges sont bien visibles. Il arrive même que l’aqueduc passe d’un côté à l’autre du wadi : mais le pont a disparu complètement.







Arrêt rapide à Ein Fawwar. Je connaissais déjà le lieu pour y être passé en juin 2007 avec le groupe d’expatriés du P. Sigrist. C’est une source assez abondante et pérenne qui est alimenté par un siphon, toutes les 10 minutes, l’eau jaillit. Un bassin est aménagé et on peut s’y baigner. Mais nous avons continué. La progression fut difficile et finalement plus lente que prévue. Et nous avons dû revoir nos ambitions et nous arrêter plus tôt que prévu… Vers la fin, au moment où la vallée s’ouvrait un peu, la menthe tapissait le lit de la rivière et cela embaumait !!

Finalement, nous sommes arrivés à Ein Qelt peu avant 16 h 00 !! 
Une vallée qui sent la menthe !!!
C’est là que nous avons retrouvé les mamans, avec les enfants les plus jeunes. Pour franchir un vallon perpendiculaire au wadi, les Romains ont construit un aqueduc qui est encore visible aujourd'hui... Et une ferme ottomane a été construite à la fin de xixe siècle. Des bédouins l'occupent toujours.
Aqueduc romain d'Ein Qelt
Retour à Jérusalem… et messe à Notre-Dame à 18 h 30. Je suis arrivé juste à temps ! J’ai concélébré avec un Légionnaire du Christ français, qui vient de publier sa thèse sur Ézéchiel.

Lundi, journée en bibliothèque. Je n’ai pas été très productif car un mal de crâne m’a assommé. Je ne me suis pas attardé l’après-midi. J’ai toutefois déjeuné à l’École, invité par le P. Dominique-Marie, notre professeur de topographie de Jérusalem. Le café dans le jardin, devant le musée, fut un vrai délice : le soleil brillait sans écraser de chaleur, le café était accompagné d’un très bon chocolat… Que demander de plus !

Le soir, les volontaires français avaient organisé une heure sainte dans la basilique de Gethsémani : j’avais été convié à m’y rendre… Il y avait aussi un jeune franciscain québécois. Après l’exposition du Saint-Sacrement, un texte a été lu… un extrait de Jésus, contemplation du mystère pascal, d’un certain Père Marie-Eugène de l’E.J… Une des volontaires, Marie des Neiges qui suit aussi le cours de topographie à l’ÉBAF, connaît bien PME et avait proposé le texte pour introduire la méditation…
J’ai réalisé que la basilique de Gethsémani est extrêmement bruyante : la route passe devant donne l’impression de faire oraison en bordure d’autoroute ou du boulevard périphérique.

Aujourd’hui, cours d’histoire le matin et préparation de la visite au parc archéologique de l’Ophel, au sud de l’Esplanade du Temple.

La visite a été très intéressante mais c’était la cinquième fois que je visitais depuis Noël… Autant dire que je n’ai pas découvert grand-chose. Mais le ciel était bleu, l’air frais, les étudiants sympas… En revanche, il y avait du monde !

Après la visite, une petite citronnade sur la terrasse du Muristan.

À bientôt,

Étienne+

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