μεῖνον μεθ᾽ ἡμῶν
Meinon meth’ hèmôn
Meinon meth’ hèmôn
Chers amis,
Comme annoncé hier, je suis allé à Emmaüs aujourd’hui… La
question archéologique est un peu difficile. En effet, dans le texte de saint
Luc (24,13-35), les manuscrits dont on dispose ne disent pas tous la même
chose. Certains évoquent une distance de 60 stades entre Jérusalem et Emmaüs
(Lc 24,13), ce qui correspond à 11,1 km (1 stade équivaut à 185 m, chez
les Romains en tout cas !). Certains autres manuscrits, et non des
moindres, ont inscrit 160 stades (29,6 km). L’existence d’un village nommé
Emmaüs est bien documentée par les historiens anciens mais on ne sait pas trop
où il se situait… Il y a donc au moins trois Emmaüs différents (et même un
quatrième !).
Les Français connaissent bien l’Emmaüs des Croisés à Abu
Gosh (situé à 12 km de Jérusalem, le chemin que j’ai pris l’autre jour était un
poil plus long). À 30 km de Jérusalem, on trouve Emmaüs-Nicopolis qui fut
indiqué par la carmélite sainte Mariam Baouardi et où on a trouvé les vestiges
d’une basilique byzantine. Le troisième Emmaüs est celui des Franciscains situé
à Qubeibeh, un village de Cisjordanie et c’est là que nous sommes allés.
Vestiges de la "Maison de saint Cléophas" |
Rendez-vous traditionnel à Notre-Dame, à deux pas du collège
à 8 heures, mais nous n’avons décollé qu’à 8h45 bien sonnées… Qubeibeh est à la
bonne distance de Jérusalem (11 km environ) mais, situé de l’autre côté de la
muraille de séparation, il faut faire une série de détours compliqués pour
aller chercher le checkpoint de passage et rejoindre le sanctuaire. Le village
s’accroche au sommet d’une colline et nos bus s’arrêtent devant l’église
Saint-Cléophas. Nous sortons en vitesse pour rentrer dans l’église car il pleut
à verse.
Le bâtiment a été construit en 1902 avant la tempête
Barluzzi (Gethsémani, Dominus Flevit, les Béatitudes, Jéricho, Mont Thabor, Ein
Karem, Bethphagé, champ des Bergers) dans un style néo-roman, assez sobre. La
déco intérieur est un peu sulpicienne mais je pense qu’elle a été allégée
depuis quelques années. Une partie de la nef et du bas-côté est occupée par les
vestiges de la « Maison de saint Cléophas »… Le lieu avait été acheté
en 1861 par une pieuse dame française, la marquise Paule de Nicolay, et donné
aux Franciscains mais la tradition l’identifiant à Emmaüs était bien plus
ancienne puisque c’est le nom du wadi qui coule en bas de la colline.
De nombreux prêtres sont venus se réjouir. Mais l’assistance
était beaucoup plus locale que dans les célébrations du Saint-Sépulcre. Après
le repas, je parlais au frère Stéphane en lui disant que c’était la première
fois que je venais ici parce qu’en tant que français, j’ai un peu tendance à
dire qu’Emmaüs est à Abu Gosh. Il m’a répondu : « Maintenant, tu vois
où est l’Emmaüs des gens d’ici ! »
La messe était présidée par le custode (le même jour, le
patriarche préside la liturgie à Emmaüs-Nicopolis : cela évite les
doublons liturgiques des jours précédents) avec un mélange de latin et d’arabe.
À la fin de la messe, des paniers de pains apportés lors de l’offertoire sont
bénis par le custode et distribués. Les gens partagent leur petite miche car c’est
à la fraction du pain que les disciples reconnurent Jésus : le partage
doit nous permettre de reconnaître Jésus.
Après la messe, petit coup d’œil sur le panorama des
collines de Cisjordanie. C’est magnifique même si, ici ou là, on aperçoit
misère et saleté. Je retrouve quelques connaissances et nous mangeons ensemble.
Le repas est simple : poulet, riz un peu amélioré et un yaourt. Le yaourt
est rarement mangé tout seul ici mais on le verse sur le riz. Cela adoucit les
épices. Je mange de tout mais j’ai du mal avec le yaourt sur le riz. Le repas
était bon mais manquait le café : or, avec mes amis, nous sommes un peu
accros… En traversant le jardin, on est allé du côté du couvent et le Fr
Stéphane nous a fait rentrer dans la salle où il y avait le café et le dessert.
Les Vêpres devaient avoir lieu à 14h30 mais pendant le
repas, nous avons appris qu’elles étaient avancées à 14h00 et après le café, la
cloche a sonné pour l’office à 13h30. Oui, nous avons dit les Vêpres à 13h30 (j’avais
pas encore dit milieu du jour !). Le custode est toujours pressé même si j’ai
trouvé que pour la célébration il avait pris son temps (À l’Épiphanie, on avait
du mal à le suivre pour le récit de l’institution).
Pour honorer la dimension eucharistique du mystère d’Emmaüs,
les Vêpres sont couplées à une exposition du Saint-Sacrement (je n’ose pas dire
adoration car il n’y a pas vraiment eu de silence). J’avais trouvé place sur le
marbre qui recouvre les vestiges de la maison de Cléophas. Mais le cierge
pascal me cachait le Saint-Sacrement ! drôle de cachette.
Retour en bus assez rapide, malgré le passage au
check-point. À 15h20, j’étais à la maison.
Le soleil est revenu.
Que le Seigneur ressuscité emplisse vos cœurs de son feu.
À bientôt,
Étienne+
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