Bienheureux les pauvres en esprit car à eux est le royaume des cieux (Mt 5,3)

’ashrê ‘aniyyê harûaḥ kî lahem malkût hashmayîm
אשרי עניי הרוח כי להם מלכות השמים
Chers amis,

Comme je vous l’ai dit, ces derniers jours ont été studieux. J’ai pas mal travaillé en bibliothèque. Jeudi matin, deux heures de cours sur la sotériologie paulinienne… Vendredi matin, messe à la Maison d’Abraham le matin avant la matinée de cours sur l’évangile selon saint Marc (ça y est, on commence à rentrer dans le texte…) puis la troisième séance du cours du P. Gilbert sur la littérature sapientielle.
Vendredi en fin d’après-midi, j’ai participé à mon premier conseil d’École. Cela a lieu au début du Conseil académique qui rassemble tous les professeurs de l’École. Au conseil d’École, les délégués font remonter aux professeurs les remarques, suggestions, propositions… Comme c’était le début d’année, nous n’avions pas grand-chose à dire. Sinon qu’une nouveauté est intervenue : le but est de faire en sorte qu’en conseil d’École, on ne parle pas des robinets de douche pendant ¾ d’heure, mais d’en rester aux questions académiques. On a donc mis en place une rencontre régulière avec le directeur de l’École et le prieur du Couvent pour parler des questions de vie quotidienne. Pour ma part, je suis un peu loin de ces questions puisque je ne vis pas à l’École…
En soirée, j’ai retrouvé un groupe d’autres étudiants pour une bière. Le rendez-vous était dans la rue Aristobule près de la rue de Jaffa. Comme c’était vendredi soir, la rue de Jaffa faisait une opération « ville morte »… À cause du sabbat, tout était fermé ; seuls quelques juifs religieux se déplaçaient entre chez eux et le Mur occidental. On a donc l’impression d’une pratique stricte du sabbat…
Dans les rues parallèles, en revanche, c’est la fête… On trouve pas mal de bars ouverts. Je suis arrivé un peu en avance sur les autres et je trouvais que la rue faisait un peu coupe-gorge… Ils sont arrivés mais il a fallu trouver un bar ouvert et qui en plus servait de la Guinness® puisque c’était une exigence de l’un d’entre nous… On a fini par trouver un bar en contrebas et on a bu notre bière en tchatchant : un peu d’anglais, de français, d’espagnol, trois mots d’allemand… avec des thèmes politiques, bibliques, littéraires… En partant (vers 22h30, heure à laquelle je dors depuis une ½ heure en temps normal), le serveur me dit : « Vous partez déjà »… Je lui réponds que oui, le lendemain, je me lève tôt et travaille. Et là, il me dit qu’il avait été surpris de nous voir débarquer si tôt (vers 21h) parce que le vendredi soir, ils n’attendent vraiment personne avant minuit… C’est aussi ça le sabbat à Jérusalem…
Samedi matin, à la bibliothèque et l’après-midi, j’ai fait une sieste carabinée et mes plans de découverte des bâtiments mameloukes dans le quartier musulman sont tombés à l’eau… À 18h, entretien avec Henri, un ado français qui a fait le camp avec le Jeune Amandier cet été et qui se prépare à la confirmation… Le soir, je me suis couché pas trop tard…
Ce matin, grasse matinée avec un lever à 6h45 ! Je n’ai pas pu faire mieux ! À 6h, il fait déjà plein jour, mais le soleil n’éclaire plus ma chambre en se levant car il est très au sud. En milieu de matinée, je sors de ma chambre et je tombe sur le P. Yvan Maréchal, qui parlait avec le Fr. Daoud ! Ils se connaissent parce qu’Yvan est aumônier d’un établissement lassalien à Paris qui est jumelé avec le Collège.
J’avais prévu d’aller visiter seul le Musée Rockefeller mais finalement j’y suis allé avec Yvan. On a passé deux bonnes heures à (re)découvrir ce lieu. C’est un musée d’antiquités construit par les Anglais sous le mandat britannique (entre les deux guerres). Quand on est dedans, on se croirait dans un album de Blake et Mortimer…

La galerie sud

La muséographie est plutôt datée mais pleine d’un charme suranné. Jusqu’en 1967, le musée était jordanien et, depuis la Guerre de six jours, c’est une dépendance du Musée d’Israël. En 2001, quelques séquences du film Le Tombeau y ont été tournées (cliquez sur le lien pour en voir une). Le musée présente des antiquités découvertes en Palestine depuis le paléolithique jusqu’à l’époque croisée. La galerie sud va jusqu’à l’âge du Bronze et la Nord commence à l’âge du Fer (la césure est aux environs de 1200 av. J.-C.) et complétait bien notre visite au Musée d'Israël de mardi dernier.

Masque cananéen (1600 avant J.-C.)

La galerie ouest présente trois ensembles remarquables : des panneaux de bois de la mosquée Al-Aqsa datant de la période omeyyade (8ème siècle), qui ont en fait été sculptés par des artisans byzantins (on distingue même une inscription grecque qui évoque un patriarche !), ensuite, il y a les vestiges d’un palais omeyyade de Jéricho, le Qasr Hicham (قصر هشام) palais d’Hicham, le dixième calife de la dynastie des Omeyyades qui a régné de 724 à 743). C’est très beau (sur le lien, vous voyez de belles photos du site archéologique et une photo de la galerie du musée).
Enfin, on voit les deux linteaux du Saint-Sépulcre qui ont été déposés là, dans les années 40, lors de la première campagne de sauvetage de la basilique, en 1929. Après la (difficile) restauration, il y a eu plusieurs tentatives pour les récupérer mais cela n’a jamais abouti, les Israéliens tirant parti des difficultés de dialogue œcuménique entre les trois propriétaires de la Basilique pour laisser traîner les choses…

La Cène - Linteau ouest du Saint-Sépulcre

Le musée est très beau mais les explications sont plus que parcellaires : soit il y a des feuillets indiquant explicatifs avec des numéros, mais les numéros ne sont pas présentés à côté des objets ; soit il y a les numéros à côté des objets mais pas les feuillets explicatifs. La vitrine numismatique est un peu décevante : pas de monnaie d’Antiochus IV Épiphane, pas de monnaie Judæa capta d’après la guerre de Judée…

Après cela, nous sommes rentrés dans la Vieille Ville par la Porte de Damas et avons déjeuné chez Basti, devant la IIIe station du chemin de croix. Puis Yvan est allé faire ses dévotions au Mont des Oliviers, je suis rentré faire la sieste et préparer ce message. Comme vous l’avez remarqué, je ne suis pas allé à la messe… Enfin, pas encore (je ne raterais pas la messe de la Toussaint ! tout de même). Nous nous retrouverons à la paroisse de langue hébraïque, dite Qehilla, où la messe est dite tous les jours (même le dimanche) à 18h30… J’ai un peu de mal avec une messe dominicale le soir, mais bon, pourquoi pas.
À bientôt, que Dieu vous bénisse,
Étienne+

PS : de retour de la messe. La messe était belle et simple. La réalité de la communauté de langue hébraïque est assez variée. Par exemple, les enfants du catéchisme sont des enfants d'immigrés (africains, philippins), dont l'hébreu est la langue parlée à l'école. Mais ils sont comme tous les enfants du caté.
La communauté est assez petite (une soixantaine de personnes au maximum) et les relations sont simples. Pour ma part, la fluidité de la lecture et de la parole est encore à améliorer... Bonne nuit.