νηστεύσουσιν
ἐν ἐκείνῃ τῇ ἡμέρᾳ
nêsteusousin en ekeinê tê êmera
Chers amis,
Depuis lundi dernier, j’ai repris mes habitudes hiéroslymitaines…
Lundi, j’ai toutefois commencé par une bonne sieste. Comme j’avais reçu le
résultat de mon test du matin (opportunément négatif !), j’ai pu aller à
la bibliothèque. En sortant, j’ai réalisé qu’il faisait assez chaud : mardi,
il a même fait 31 °C ! Alors qu’au même moment en France, on craignait le
froid. À l’EBAF, formalités pour établir ma carte de bibliothèque qui est jaune
cette année. Le problème a surtout été de me trouver une place ! Depuis
mon départ début 2020, le bibliothécaire a changé et il a un peu réorganisé les
locaux. Il y a pas mal de places en plus mais manifestement, cela ne suffit pas !
Au début, il m’a attribué la place 408 qui était auparavant un ordinateur pour
consulter le catalogue informatique. C’est pas la place la plus cool du lieu :
tu fais face à la porte d’entrée et toute personne qui rentre passe devant toi…
Bonjour l’intimité.
Heureusement, le lendemain, une bibliothécaire est venue me trouver pour me
mettre à la place 309, normalement occupée par le P. Dominic, un o.p. indien, qui
est absent ces jours-ci… Je sens qu’il faut que je me prépare à une existence d’étudiant
migrateur. Pourtant, si les postes de travail sont attribués, cela ne signifie pas pour autant que la bibliothèque ressemble à une ruche avec des tas de gens intelligents qui lisent, écrivent et farfouillent. En fait, l'ambiance est plutôt calme. Sinon, ne vous inquiétez pas la bibliothèque est encore
chauffée, je ne risque pas d’avoir froid. En fin d’après-midi, je retrouve
Anthony mon directeur. C’est encourexigeant, le néologisme transparent vous dit
ce que je ressens… Cela m’oriente pour ces semaines de travail…
C’est parti !
Le soir, messe avec les Frères… Je célèbre avec le Prions en Église puisque
le nouveau missel n’est pas encore arrivé. Mardi bibliothèque. Mercredi matin,
bibliothèque puis je vais déjeuner chez Lina, resto de hummus derrière le
Saint-Sépulcre. J’y retrouve Marie des Neiges qui passe trois semaines à
Jérusalem pour travailler aux biens culturels de la Custodie. Le projet du
Musée Terra Sancta avance. La semaine précédente, il y avait le Comitéscientifique avec la crème des conservateurs d’Europe. Marie des Neiges
travaille au catalogage de l’orfèvrerie et fait profiter le projet de ses
compétences en informatique. Elle est devenue imbattable en poinçons. Retour à
la bibliothèque… Dans l’après-midi, je croise Henri, un prêtre de Notre-Dame de Vie qui a
soutenu sa thèse à Jérusalem, il y a 6 ans. Il travaille pour la BEST pendant
trois mois. Nous discutons un moment. Plus tard, Cyriaque est venu me proposer
de prendre un thé à la salle-à-manger de l’EBAF. Il est prêtre du diocèse de
Quimper, membre de Notre-Dame de Vie et fait partie de mes anciens étudiants au
milieu des années 2010. Il termine sa licence à l’Institut Biblique. Comme il n’a
plus de cours à Rome, il reste toute l’année à Jérusalem et profite des atouts
de la Ville sainte. Jeudi, je ne suis pas allé à la bibliothèque : le matin, j’avais une séance
du séminaire sur l’Épître aux Romains, que je suivais en visio. Un étudiant a
fait un très bon exposé sur le chapitre 9. Ensuite, il y avait une heure de
débat, assez intéressant mais difficile à suivre à distance. Puis débriefing
avec les deux autres professeurs. L’après-midi, conseil de formation
sacerdotale du Studium, pour discuter des séminaristes. Et cela nous a menés
jusqu’à la fin d’après-midi. C’est dommage, j’ai raté la conférence de l’EBAF
organisée ce jeudi soir : “Le rouleau du Temple : entre réalité et
fiction”. Il s’agit d’un des manuscrits de la mer Morte retrouvés au début des
années 50. C’est le seul document de ce type, une feuille de cuivre sur
laquelle ont été poinçonnés des lettres avant de rouler le tout… Pour
déchiffrer le document, il a fallu découper la feuille en petits morceaux. Le
texte est une liste de soixante trois trésors cachés dans les environs de
Jérusalem, totalisant 160 tonnes d’or et d’argent…
Un exemple d’indication de cachette au trésor :
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Le rouleau de cuivre lors de sa découverte |
(3) Dans la grande citerne qui se trouve dans la cour du péristyle, du côté de son fond, scellée dans le mur (circulaire), en face de l'ouverture supérieure : neuf cents talents.
(9) Dans la citerne qui est en face de la porte orientale, à
une distance de quinze coudées, il y a des vases et dans le canal qui s’y
trouve : dix talents. ∆Ι
(47) Dans la citerne de la vallée de Job (…), dans le souterrain (près de) sa
source (il y a) une pierre noire, (à) deux coudées, c’est l’ouverture :
trois cents talents d’or, et des vases : vingt coupes.
Vous comprenez donc l’“enthousiasme” qui entoure le rouleau.
Il est conservé à Amman en Jordanie puisque le site de Qumrân était en Jordanie
à l’époque de sa découverte. Je mettrai la vidéo sur le blog quand l’EBAF l’aura
mise sur Youtube.
Aujourd’hui, je suis allé à la bibliothèque. Travail intense. En arrivant, j’ai
réalisé que mon séjour de quatre semaines correspondait assez précisément au
Ramadan. La prière du vendredi chez les musulmans a une importance toute
particulière et à Jérusalem, il y a foule. Les années précédentes, il m’est
arrivé de parcourir en près d’une heure le trajet entre l’Ecce Homo et la porte
de Damas tellement il y avait de monde vers 13h30 lorsque je sortais de la
messe et du déjeuner avec la communauté du Chemin Neuf, tellement la foule
était dense. Il faut dire que l’Ecce Homo est tout contre l’une des sorties de
l’esplanade des mosquées. Tout le monde retourne chez soi en passant par la
porte de Damas qui dessert les trois gares routières, d’où les bus repartent
vers le territoire palestinien. L’une de ces gares est devant l’École Biblique,
et les bus partent vers Ramallah et Naplouse. Devant l’EBAF, les policiers
israéliens disposent des barrières partout pour canaliser la foule, il m’a
fallu en enjamber pour accéder à l’entrée de l’EBAF. Je me suis souvenu des
difficultés que l’on a ensuite à sortir et à revenir en milieu de journée,
lorsque la foule est la plus nombreuse. En plus, l’attaque terroriste d’hier
soir à Tel Aviv a fait monter la tension d’un cran. Les Israéliens sont sur les
dents et les Palestiniens s’échauffent vite… Par conséquent, je suis resté
toute la journée à l’EBAF. Un vendredi de carême, on peut… À 17h30, entretien
avec Anthony avec des encouragements.
Je rentre chez les Frères. La cour est remplie des élèves qui répètent pour les
Rameaux avec tambours et cornemuses. Arrivé à l’étage, je salue chaleureusement
le Frère Fadi, Frère visiteur (équivalent du Provincial). Il a eu quelques mésaventures
pour entrer en Israël entre test PCR non fait et téléphone disparu. Nous avons
évoqué aussi l’explosion du 4 août 2020 au Liban. Elle a dévasté le collège des
Frères de Beyrouth et la maison provinciale, tous deux situés à 700 mètres de l’épicentre
de l’explosion. Providentiellement, tout était vide au moment de l’explosion. À
en parler avec lui, on sent à quel point cet événement a marqué les esprits.
Dans mon bureau, je guette le coup de canon qui signale le coucher du soleil et
donc la fin du jeûne pour les musulmans. Depuis ma fenêtre on est aux premières
loges… En fait, les gens parlent de coup de canon, mais c'est juste une fusée qui fait un gros boum. Depuis l'École Biblique, on a l'impression d'être sous les bombes car la fusée est tirée d'un endroit voisin. Le matin, il y a aussi une fusée un peu avant 5 heures, pour se réveiller en ayant le temps d'avaler quelque chose avant le lever du soleil.
La vidéo est prise de ma chambre.
Messe avec les Frères, dîner et rédaction de ce billet.
À très bientôt,
Étienne+