dimanche 10 avril 2022

Le Seigneur en a besoin (Lc 19,34)

ὁ Κύριος αὐτοῦ χρείαν ἔχει
ho Kurios autou chreian echei

Chers amis,
Le dimanche des Rameaux s’achève…
Samedi matin, je suis arrivé un peu en retard à la bibliothèque. En fait, j’ai prolongé le petit déjeuner pour parler avec le Frère Fadi sur les questions de formation, d’éducation. Très intéressant.
Dans la matinée, j’ai lu un article sur le lien entre l’Apocalypse et le cérémoniel impérial. L’après-midi, j’ai continué à étudier puis je suis allé faire un tour. La reprise de mon rythme de vie hiérosolymitain m’a révélé ce que je pressentais… Je n’ai presque plus d’activité sportive alors que l’année dernière, couvre-feu ou pas, j’allais marcher une heure le soir entre trois et cinq fois par semaine. Cette année, c’est plutôt un rythme de thésard vissé à son bureau… Je m’essouffle très vite. Ce mois en Terre Sainte est l’occasion rêvée pour reprendre quelques bonnes habitudes ! Je suis donc allé marcher une bonne heure. Il faisait un peu chaud mais j’ai fait un bon tour, vers la première gare, le YMCA, le Parc de l’Indépendance, la rue de Jaffa. Ce fut l’occasion de voir les changements : tel magasin qui a fermé, tel bâtiment dont la construction est finie… J’avais déjà remarqué trois nouveaux gratte-ciel visibles depuis la fenêtre de ma chambre. Le Centre culturel français a déménagé…
Le soir, j’avais rendez-vous à Versavée, un restaurant près de la porte de Jaffa pour dîner avec Marie des Neiges et Catherine. Marie des Neiges rentrait en France le lendemain matin après trois semaines de travail pour le Terra Sancta Museum. Catherine est responsable d’une agence de pèlerinages. Ce fut un précieux sésame pour pouvoir dîner au restaurant : le restaurant avait ouvert pour un groupe et était plein. Mais le patron a tout de même fait une fleur à madame “Routes bibliques”. S’est jointe à nous Valérie, une journaliste française, correspondante entre autres de Radio Vatican. Le repas a été passionnant parce que la journaliste a plutôt la tchatche. Après la fermeture du restaurant, nous avons continué au café Aroma. Du coup, coucher un peu tardif…

Lever matinal pour être à pied d’œuvre pour la messe des Rameaux au Saint-Sépulcre. J’avais pris la précaution de réserver pour concélébrer. Avant la célébration, le cérémoniaire a fait les gros yeux pour nous inviter à ne pas photographier pendant la messe. (oui, il y a des prêtres qui prennent des photos pendant les messes quand ils sont à Rome, à Jérusalem, avec le Pape, ou…) La messe devait commencer à 8 h mais les autres confessions avaient un peu de retard. On commence par se rendre devant la Tombe ; là, on écoute l’Évangile des Rameaux, puis le patriarche bénit les rameaux qu’il distribue à la foule. Je me suis donc retrouvé avec une belle palme. Ensuite nous partons en procession et faisons trois fois le tour de l’édicule de la Tombe, en chantant
Lauda Jerusalem Dominum ! Ce faisant, on passe devant l’oratoire des coptes qui célèbrent leur liturgie. Mais ils avaient eux aussi des Rameaux (qu’ils ne célèbreront que la semaine prochaine).
Enfin, le troisième tour passe dans l’entrée de la Basilique dont les portes sont closes. Cela faisait déjà une heure trente qu’on battait le pavé… Puis, on retourne dans la chapelle de l’Ange où le patriarche enlève la chape et revêt la dalmaticelle et la chasuble pour la messe. Puis on retourne dans la basilique, je me suis retrouvé au troisième rang, bien assis (avec un dossier). Belle proclamation de l’évangile de la Passion (chantée à trois voix). J’ai été surpris parce que le patriarche n’a pas fait d’homélie. Finalement, la messe s’est terminée à 11h15 bien sonnées. Dans la sacristie, un petit café est servi. Je retrouve Henri et nous discutons un peu sur le chemin du retour.
Arrivé au collège, je retrouve les Frères prêts à se mettre à table. Je retrouve Frère Rafael qui est rentré d’Amman dans la matinée. Quelle joie ! Il a 93 ans et demi, toujours bien alerte même si je le trouve amaigri et avec le visage marqué. Mais si le Seigneur me fait la grâce d’arriver à cet âge, je voudrais que ce soit dans le même état. Il y aussi le Frère Allan, un frère philippin qui “vient voir”.
Après le repas, je pars avec Frère Daoud et Frère Malak vers la gare routière de Bab al-Amoud ; devant la porte de Damas, nous retrouvons quelques jeunes et nous allons en bus vers le Mont des Oliviers. Arrivés au sommet, je passe au Carmel du Pater pour laisser un paquet à une jeune novice. Sa sœur suit quelques cours au Studium et m’a demandé de faire le facteur (cela ne m’a pas empêché de dire la semaine dernière que personne ne m’avait confié de paquet à transporter : mais je ne vois pas quel danger peuvent représenter un Gaffiot, deux Pagnol et quelques plaques de chocolat). Pour le chocolat, il y avait des chocolats Ferrero ©… J’aurais peut-être dû goûter pour vérifier qu’il n’y avait pas de salmonelle.
Je descends vers Bethphagé, je retrouve le Frère Rafael qui est monté en voiture (plus vite que nous en bus !). Cette procession est aussi un lieu de socialisation : j’y retrouve tout le monde, Jean, les frères d’Abu Gosh, les sœurs de la Maison d’Abraham, un Légionnaire du Christ doctorant à l’EBAF, un couple franco-palestinien qui tient une agence de pèlerinages…
Derrière la chapelle, une sono à fond avec - c'est plutôt étrange - une version en arabe de Bella Ciao ! Quel bruit !
Je trouve un pot de fleur à l’ombre et pique un bon roupillon. La procession se met en branle.

Il y a pas mal de monde. Mais finalement peu de Palestiniens... En fait, à cause des attentats en Israël de ces derniers jours, il était à prévoir que les chrétiens venus de Cisjordanie ne pourraient pas venir. Devant le Pater, je retrouve Marie-Claire, arrivée la veille de Toulouse. Nous nous sommes connus il y a 15 ans et nous ne nous voyons qu’à Jérusalem !
Entre temps, j’ai rejoint le groupe de l’EBAF qui épuise le répertoire du renouveau : Que soit béni le nom de Dieu !, Voici celui qui vient au nom du Seigneur !, Debout, resplendis !... Nous arrivons ensuite à Sainte-Anne. Je rencontre le nouveau recteur du domaine français de Sainte-Anne, un Père blanc toulousain. Il fait un doctorat en Bible à Toulouse et Madrid. Je n’avais pas prévu de rester à Sainte-Anne et le temps de discuter avec le P. Laurent, c’était déjà fini. Il faut dire que le patriarche ne lambine pas.
Le plus dur a été de sortir au milieu de la foule et des scouts. Je remonte toute la Vieille Ville. Les scouts finissent par arriver au Collège au son des cornemuses et des tambours… Quel vacarme !
Admirez la dextérité du tambour-major! 
Dîner, discussion avec le Frère Fadi. Du coup, je rate l’annonce des résultats du premier tour (c'est la troisième fois que j'assiste à une présidentielle depuis Jérusalem)… À bientôt,
Étienne+

Aucun commentaire: