jeudi 14 avril 2022

Si vous avez de l’amour les uns pour les autres (Jn 13,35)

ἐὰν ἀγάπην ἔχητε ἐν ἀλλήλοις
ean agapên echête en allêlois

Chers amis,
Rien de bien particulier en ce début de semaine… Lundi, mardi et mercredi, j’ai travaillé d’arrache-pied à mon bureau de la bibliothèque… J’ai vu débarquer le P. Dominic dont je squattais le bureau en son absence. Il m’a dit que je pouvais rester et qu’il travaillerait depuis sa chambre (comme professeur, il a le privilège de pouvoir emporter les bouquins hors de la bibliothèque !) Mercredi soir, j’ai envoyé un début de chapitre 6 à Anthony.
Ce matin, je suis allé à la messe au Saint-Sépulcre, c’est une messe “deux-en-un”, puisqu’elle rassemble la messe chrismale et la messe de la Cène du Seigneur. Il y a donc quatre lectures avant l’évangile. Je pensais que deux des lectures correspondaient à celle de la messe chrismale mais ce n’est pas le cas… Voici le programme (les lectures spéciales sont en italiques) :
     * Gn 22,1-18 : le sacrifice (la “ligature” devrait-on dire !) d’Isaac ;
     * Ps 39,7-11 : Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté ;
     * Ex 12,1-14 : Institution du repas pascal ;
     * Ps 115 : Bénis soient la coupe et le pain, où ton peuple prend corps ;
     * Pr 9,1-6.10-11 : le festin de la Sagesse divine ;
     * Ps 33 : Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ;
     * 1Co 11,23-26 : l’institution de l’Eucharistie ;
     * Jn 13,1-15 : Le lavement des pieds.
Avant la messe, la procession se met en place. Le cérémoniaire a insisté, une fois de plus pour que les prêtres ne fassent pas usage de leur portable pour prendre des photos ou filmer… Je me trouvais dans la procession, au niveau de la porte d’entrée de la chapelle des Latins. Le frère Stéphane était à côté, je le salue et il me dit : « Tu as ton portable ! N’oublie pas de prendre des photos ! » Je lui ai fait remarquer que je connaissais un évêque qui tirait à vue et sans sommation quand il voyait un prêtre prendre des photos pendant la messe et que ça m’avait permis de ne pas prendre de mauvaises habitudes…
La procession s’est mise en branle et nous avons approché la zone devant l’édicule où la messe est célébrée. J’étais au milieu de la procession des prêtres, mais j’ai été verni pour le placement : sur le même banc que dimanche dernier, d’où l’on pouvait voir tous les gestes liturgiques. Je n’ai pas boudé mon plaisir. En regardant mes archives, je me rends compte que j'étais à la même place pour la Vigile pascale il y a trois ans et pour la Messe in Cena Domini en 2016.
Dans l’homélie, le patriarche a insisté sur le don de Jésus : « En ce jour saint, mémorial de son don eucharistique et de sa remise entre les mains de ses ennemis, Il vient à nouveau à notre rencontre, dans la Parole et dans le sacrement, sans défense comme alors, doux comme alors, prêt à faire de la mort un don pour transformer la violence en pardon. Il ne fuit pas la décision de Caïphe, Il ne conteste pas le jugement de Pilate, Il ne menace pas les bourreaux ; et cela non pas par pacifisme maniéré ou par simple non-violence passive, mais pour affirmer une réaction nouvelle et vraiment victorieuse : celle de confiance en Dieu et d'amour pour tous ».
Suivent le lavement des pieds (Lotio pedum en latin) ; la rénovation des promesses sacerdotales ; la bénédiction des huiles ; la prière universelle puis la liturgie eucharistique.
Comme d’hab, les prêtres communient puis les fidèles : on fait jouer la montre pour utiliser tout le temps qui est imparti aux Latins par le statu quo. Après la messe, la procession du Saint-Sacrement se met en marche, comme dimanche dernier, on fait trois fois le tour de l’édicule. Puis au troisième tour on quiche tous les prêtres dans le vestibule de la Basilique (qui est restée portes closes) avant de repartir vers l’édicule. Le patriarche entre et dépose le Saint-Sacrement dans un tabernacle dans la tombe. Vous pouvez voir les photos sur le site du patriarcat latin.

Après la messe, je retrouve Henri que j’invite à prendre un café au Collège, il fait signe à Arnaud, un prêtre de Poitiers qui est aumônier militaire. Nous prenons le café sur la terrasse en admirant le paysage et en faisant un petit cours de topographie de Jérusalem.
Déjeuner avec les Frères, après je cours à la Poste acheter des timbres. Je glandouille un peu, fait la sieste, puis je vais me balader du côté de la rue de Jaffa. Le but est d’acheter des enveloppes : les cartes postales sont trop grandes pour rentrer dans une enveloppe standard… Je finis par trouver. Ensuite, je suis allé faire oraison au Mur occidental. J’ai traversé le quartier juif avec pas mal de changements : la synagogue de Tiferet Israel est en reconstruction. Sur la place du Mur, un bâtiment recouvre la zone fouillée ces dernières années. En ce moment, je lis un bouquin sur le quartier maghrébin de la Vieille Ville. Fondé en 1187, il se trouvait jusqu’en 1967 sur le lieu où s’étend aujourd’hui l’esplanade du Mur. Il servait, entre autres, à héberger, vêtir, nourrir et même inhumer, les pauvres pèlerins musulmans venus du Maghreb. Les terres aux alentours d’Ain Karem servaient à financer ses activités. À proximité immédiate du Mur occidental, lieu saint pour les Juifs, trois jours après la prise de la Vieille Ville lors de la guerre de Six Jours, le quartier a été évacué et détruit en une nuit, officiellement par des entrepreneurs de travaux publics exaltés par la prise de Jérusalem. En fait, le livre montre que depuis longtemps, on lorgnait dessus et que, profitant de la confusion qui régnait alors, on a tout fait très rapidement pour mettre tout le monde devant le fait accompli, meilleur moyen d’obtenir ce que l’on veut dans la région.
En quittant l'esplanade du Mur, j'entends le 
“coup de canon du Ramadan” ; ensuite, en remontant vers le Collège, je ne suis pas trop surpris de voir tous les marchands devant leur boutique de souvenirs, de quincaillerie manger et boire. Meilleur moyen de savoir qui est musulman !
Finalement, trop fatigué pour aller à Gethsémani. Je dois avouer que la foule et le bruit…
À bientôt,
Étienne+

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