lundi 4 avril 2016

Montez donc au Néguev (Nb 13,17)

עלו זה בנגב
ˁălû zeh banneḡev


Chers amis,
Pas de message pendant plus de quatre jours !!! Ne vous inquiétez pas. C’est tout simplement que, malgré la fantastique nouvelle de la Résurrection, ma vie quotidienne n’a pas changé dans ses formes extérieures. Mes condisciples sont partis dans le Néguev. Comme je connaissais déjà la plupart de sites qu’ils ont visités, j’ai préféré rester à Jérusalem à la Bibliothèque. Et de fait, je n’ai pas perdu mon temps.
La nuit de mercredi à jeudi a été particulièrement froide : seriez-vous étonné mais j’étais frigorifié. Pour pallier cela, j’ai enfilé des chaussettes, rajouté une couverture, fermé la fenêtre et mis le chauffage…
Sinon dans la journée, il faisait très bon.
Samedi matin, j’ai bien bossé et l’après-midi, je suis parti avec quatre familles françaises d’expatriés pour un “camping” dans le Néguev…
Après avoir chargé les voitures, il fallait caser 9 adultes (4 couples plus un prêtre) et 16 enfants (belle moyenne pour ces familles !), les tentes, le couchage, et de quoi manger.
Pour partir là-bas, nous avons pris la route des crêtes qui passe par Hébron. Les collines de Judée étaient splendides, verdoyantes. Je m’émerveille à chaque fois de la beauté de ces collines. Je ne connais cette impression que par chez nous… en Languedoc ou en Provence. Cela doit jouer dans la fascination que cette terre exerce sur moi.
Passage de check-point au moment de sortir des Territoires palestiniens. Nous étions près de Beer-Sheva. À partir de ce moment-là, la région est plus aride. On entre dans le désert du Néguev, le désert du Midi (du sud) qui s’étend de cette ville (qu’est-ce qu’elle est moche !) jusqu’à Eilat, sur la rive de la Mer rouge.
Petite halte à Avdat pour faire le plein, pour faire le vide et prendre un petit goûter. Nous n’avons pas visité le parc national avec la cité nabatéenne de la route de l’encens (entre Pétra et Gaza). Mais j’ai trouvé que cela se disneylandisait : il y a un McDo et un café Aroma à l’entrée, jouxtant la station-service.
Encore une petite heure de route pour atteindre Borot Lots, à mi-chemin entre l’extrémité sud-ouest du Maktesh Ramon et la frontière égyptienne. Borot signifie “citernes” en hébreu. Au cœur du parc national, un bivouac est aménagé pour servir de point de départ de balades. Il y avait trois structures pour planter la tente : les enfants ont pris celle du centre, les adultes celle sise à l’ouest. La structure orientale était déjà remplie de sacs, de tentes, de jerricans… Peu après nous, un groupe de lycéens de Saint-Jean d’Acre est arrivé. Ils terminaient quatre jours de randonnée dans le Néguev. Nos inquiétudes sur le bruit qu’ils auraient pu faire pendant la nuit sont vites tombés. Ils étaient “rincés”, si l’on peut dire et une fois avalé leur repas, ils se sont couchés. Le lever aux aurores a été moins cool avec de la pop sirupeuse israélienne.
Avec les papas, nous sommes allés repérer un lieu possible pour la messe du lendemain. Après un essai infructueux, nous trouvons un coin sympa, au sommet du Har Ramon, le point culminant du Néguev, à 1037 mètres d’altitude. Le soleil est vite tombé et nous sommes revenus alors qu’il faisait nuit noire. Le ciel étoilé régalait les yeux : cela nous change de Jérusalem où la pollution lumineuse noie les astres dans une bouillie orangée.
La soirée a été sympathique : les enfants se sont beaucoup amusés à faire un jeu d’approche sur le parking. Avec les parents on a refait le monde. Pour les repas, j’avais gardé en réserve certaines délices saint-didiéroises que Daniel m’avait apportées pour Mardi gras : tout le monde en a profité et a apprécié : nougalettes au chocolat, nougats. Du coup, l’idée de venir me voir une fois rentré dans mon Comtat fait son chemin dans la tête de mes amis. Il y a eu aussi du foie gras au piment d’Espelette, d’une famille de toulousains… Les enfants ont adoré les chamallows grillés au feu de bois… Pour ma part, le chamallow nature, je trouve ça écœurant ; grillé, j’ai l’impression de manger un vieux morceau de charbon. Mais en plus, dans le pays, ne pensez pas trouver le bon vieux chamallow ® que nous connaissons par chez nous… Ici le chamallow est casher, à la gélatine de poisson ! Pouah !
La nuit a été bonne même si (tenter de) dormir sous la tente me montre que j’ai vieilli. Lorsque j’avais 15 ans, je dormais comme une souche n’importe où. Maintenant, j’ai dû tourner vieux garçon et j’ai besoin de mon petit confort…
Le matin, en revanche, pas de grasse matinée. La lumière du jour qui approchait m’a réveillé. Une rapide toilette au robinet et je suis monté sur la colline regarder le soleil se lever sur le désert. Quelle beauté !
Petit déjeuner pantagruélique… rangement. Et nous partons en balade. Une jolie boucle qui nous fait d’abord découvrir les citernes qui donnent leur nom au site. À une époque reculée, ces citernes furent creusées afin de retenir l’eau de pluie et fournir ainsi de quoi alimenter en eau les cultures.
Quand je dis « une époque reculée », c’est que la datation de ces citernes est sujet à controverse. Sur le site de loisirs en Israël, il est dit que ces citernes ont été creusées par le roi Salomon et furent utilisées jusqu’à l’exil… Le problème, c’est qu’on ne sait pas vraiment si le royaume de Salomon allait jusque-là. Le texte biblique a parfois tendance à “sur-vendre” l’étendue du territoire. Certains archéologues pensent que les citernes sont plus anciennes et remontent à l’âge du Bronze. Toujours est-il, qu’aujourd’hui encore, les citernes fonctionnent. Autour d’elle, une abondante végétation les signale à l’œil du randonneur. Les oiseaux se régalent de cette eau, si rare dans la région. Les enfants s’étaient équipés de petits livrets pour reconnaître, les animaux, les oiseaux et les plantes du pays. On compte une vingtaine de citernes sur une superficie de 2 km². Sur les vues satellites, la végétation qui pousse autour dessine des points sombres qui permettent de les distinguer.
Lorsqu’on va dans le Néguev, on est sans conteste dans le désert mais on ne se rend pas compte que cette zone fut cultivée en mettant en œuvre des techniques permettant de planter sur de petites surfaces des céréales. Lors de notre promenade, nous en avons vu des exemples : les habitants du Néguev construisaient de petits murs perpendiculaires aux vallons. Ces murs formaient ainsi des amas de terres plus ou moins arables et où l’eau pouvait passer. Certains de ces murs ont résisté au temps et, si on n’y fait plus pousser de blé, c’est un ravissement de voir les fleurs printanières y pousser. Surtout lorsqu’on sait que dans 15 jours, tout aura cuit au soleil.
En route vers Rosh Elot
La balade nous a conduits vers Rosh Elot, un rocher qui domine les wadis environnants. Puis il a fallu retourner au camp pour se diriger vers le Mont Ramon où j’ai célébré la messe. Dans l'homélie, j'ai insisté sur les "cadeaux" que Jésus nous fait dans l'évangile du jour : la paix, l'Esprit Saint, la joie, la mission et l'assurance de notre bonheur dans la foi. Au sommet, un peu de cagnard, mais de l’air. C’est le point culminant du Néguev, à la pointe sud-ouest du Maktesh Ramon. 
Messe au désert, sur la crête on aperçoit les tumulus.
À proximité du lieu, on aperçoit des tas de cailloux que les archéologues ont identifiés comme des tumulus. À 4,6 km de là, près de notre lieu de camp, un autre champ de tumulus : entre les deux, la ligne K, un mur bâti en ligne droite pour relier les deux sites…
Retour au parking pour le repas… Les pâtés truffés ont été appréciés. Quelques macarons de Ramallah en dessert. Il était grand temps de rentrer à Jérusalem… Presque trois heures de route sans encombre… Le soir, j’étais au lit à 9 heures à peine.
Bonne fête de l’Annonciation !
À bientôt,
Étienne+

1 commentaire:

Unknown a dit…

Les nouvelles de Terre Sainte manquaient. La lecture du blog me permet de faire une coupure dans mes cours indigestes (pire que vos chamallows casher !!!)
Amitiés
Ghislaine