ψυχρὸς ἄνεμος βορέης
πνεύσει
Psychros anemos
boreès pneusei
Chers amis,
Chers amis,
Bonne et sainte
année à vous tous !
Avec cette
nouvelle année, j’ai l’occasion de retourner à Jérusalem... Ce sera
essentiellement un séjour d’étude même si des retrouvailles amicales sont
prévues. Je passé donc trois semaines à Jérusalem pour
préparer et présenter ma “leçon doctorale” à l’École Biblique : il s’agit
d’un exposé d’une heure au cours duquel je devrai présenter les grandes lignes
de mon projet de recherche (problématique, méthode, axes de travail) et montrer
qu’il est cohérent et viable par un exemple précis. Après validation (ou pas !)
de cette leçon, il me faudra passer à la rédaction de la thèse proprement dite,
avant de penser la vraie soutenance ! Préparez prie-Dieu, cilices et chapelets pour le lundi 23 janvier à 16 h 00 (17 h 00, heure de Jérusalem).
La semaine qui a
précédé mon départ, je ne me suis pas ennuyé. Lundi, ménage (c’était pas du
luxe), marché provençal à Saint-Didier (ultra important pour le contact
pastoral : bonjour, monsieur. Les affaires marchent bien ? Bonne
année !... et surtout la santé. Un pot de miel, s’il vous plait). L’après-midi,
je reçois quelques paroissiens (priez pour eux !).
Mardi et
mercredi, après une messe matutinale aux Chênes, je me pose deux jours complets
au Studium pour travailler. Une petite interruption tout de même pour quelques
passes de rugby avec les séminaristes. Je suis content, mon épaule qui tire un
peu ces temps-ci ne me fait pas mal. Il faut dire que j’ai joué avec la brutalité
d’une dentellière.
Jeudi, matinée
calme propice à la paperasse (factures de la paroisse, mise à jour d’actes de
baptême, statistiques paroissiales de 2016…), messe à la maison de retraite
puis groupe de réflexion et de partage. Nous avons parlé du roi David.
Vendredi matin,
rangement divers (angoisse matinale : je ne retrouve plus mes clés ;
je finis par les découvrir dans le placard de la bibliothèque... Improbable
mais elles sont là.) Cours d’hébreu avec les étudiants que j’aurais au second
semestre : la prof est tétanisée par ma présence ! Après-midi KT avec
les CM2, puis re-groupe de réflexion et de partage. Les gens avaient dû se dire
que, 6 janvier oblige, quelqu’un apporterait une galette ou une brioche des
rois... Eh bien non! Nous n’avons eu que du salé.
Samedi, messe à
Sainte-Garde avec les nouveaux professeurs, surveillants, etc. des
établissements sous tutelle NDV. Je file vite après la messe car je retrouve
les fiancés de la paroisse. Très bon échange sur la vie de couple
(communication, projet de vie, prière) avec deux jeunes paroissiens, dont le
témoignage correspond tout à fait au thème. Merci à eux !
Puis Daniel m’embarque
et me dépose à la gare TGV, nous grignotons un sandwich. Je monte dans mon
train qui est presque vide. Lecture dans le train. Autant la Provence était
lumineuse et glaciale, autant Paris est gris, froid et humide. Je me rends chez
ma sœur Blandine, près de la station Commerce. Je goutte les joies d’une grosse
valise en montant au 5ème sans ascenseur ! Thé et papotage avant de
reprendre avec Blandine le métro vers Olympiades. Christophe et Anne-Cécile ont
quitté Jérusalem il y a six mois après trois belles années dans la Ville sainte
et les voilà de retour dans la « grisâille pârisiênne ». C’est l’occasion
de retrouver Henri, leur fils, ancien du Jeune Amandier, que j’avais préparé à
la confirmation l’année dernière. Il a encore grandi (Quo non ascendet ?) et mûri. Bon repas et retrouvailles ; évocation de
souvenirs montpelliérains et hiérosolymitains. Retour chez Blandine,
installation du dodo.
Réveil à l’heure
où Paris fait de même, une demi-heure plus tard, Marcel vient me
chercher. En fait, il s’appelle Boukary (Marcel, c’est le nom de la boîte de
taxis). 6h03, il me dépose et j’accomplis les formalités. En regardant autour
de moi, j’imagine qu’on a dû organiser à Tel Aviv, une convention des sosies de
Barbra Streisand.
Installation
dans l’avion. Je suis du côté du hublot et profite de la vue (Venise) malgré
mon placement au niveau de l’aile. Il faut patienter car mes deux voisines ont
dû prendre l’option Stilnox et n’interrompent leur sommeil que pour
prendre une tisane (peut-être du papaver somniferum ?). Je commence
à regretter le demi-litre d’eau absorbé en vitesse avant les contrôles de
sécurité.
Je passe le
temps à prier et à bouquiner un livre attrapé au moment du départ sur l’étagère
de Blandine : La romancière et l’archéologue d’Agatha Christie. La
fameuse “Reine du crime” avait, en effet, épousé en secondes noces un archéologue de
quinze ans plus jeune qu’elle et l’a accompagné dans bons nombres de ses
chantiers de fouille en Irak et en Syrie. Même habituée aux côtés les plus
sombres de l’être humain, en bonne britannique, elle ne se départit jamais de sa capacité à
analyser les situations, de son génie narratif et surtout de son sens de l’humour.
Il y a dix ans, j’avais lu son autobiographie qui est si drôle elle aussi.
Bonne lecture estivale pour se cultiver sans se prendre la tête.
Sur le coup de
dix heures, un homme se lève, et s’affuble d’un talith et de phylactères. Un
livre est rapidement sorti et la prière commence. Effet de groupe ? Sans
doute, car un bon paquet de messieurs s’y mettent, à la suite du premier. Nulle
discrétion dans cette activité, il s’agit de s’incliner sans cesse pendant une
vingtaine de minutes en disant les prières prescrites à toute allure... La
récitation des laudes et du milieu du jour ne donne pas lieu à de telles manifestations
extérieures.
L’avion arrive
avec un quart d’heure de retard. Nous survolons Apheq, visité en mai dernier.
Les formalités
d’entrée dans le pays sont rapides, je récupère ma valise, j’avale un sandwich.
Sherout (sourire non contractuel) |
La civilité ordinaire
des locaux fait encore ses preuves durant le trajet : deux des passagers
ont passé un bon moment à “morigéner” le chauffeur parce qu’il n’était pas
passé par la bonne route pour aller à Pisgat Ze’ev. Le peu que je comprends de
l’hébreu évoquait un langage fleuri dont on aurait peine à retranscrire la
franchise dans nos relations franco-françaises. Quand on n’est pas d’accord
avec le chauffeur, soit on subit, soit on lui pose une question bien
tournée : « N’aurions-nous pas pu prendre cet itinéraire alternatif ? »
ou alors on s’étonne : « Ah, vous passez par là, c’est
original ! ». Dans le sherout, adieu le savoir-vivre ! « Tu
fais n’importe quoi ! Qui t’as appris ton boulot ? Tu es sûr de
connaître Jérusalem ? T’es payé à rien foutre ! » et les réponses
du chauffeur : « C’est moi qui conduis ; tu la fermes ! Je
fais ce que je veux avec mon taxi ; mêle-toi de tes affaires… ». Je
dois avouer que pour les autres passagers, c’est plutôt inconfortable d’être
témoins de la conversation qui se fait à très haute voix. Je pense que le
chauffeur s’est vengé en les déposant en dernier. J’étais l’avant-dernier.
J’ose à peine imaginer l’ambiance dans le fourgon une fois que ce qu’il restait
de peur du qu’en-dira-t-on s’est évanoui en même temps que le dernier témoin
muet est descendu…
Le sherout
me laisse donc devant Notre-Dame et j’arrive devant le portail. Les dernières
fois, j’étais toujours arrivé au milieu de la nuit ou presque, il m’avait fallu
attendre un moment que le portail s’ouvre. Je me disais qu’en arrivant en
milieu d’après-midi, je ne serai pas victime de cette attente. Eh bien
si ! Nous étions dimanche… Pas de portier l’après-midi. Finalement, je
réussis à me connecter aux lambeaux du WiFi du Collège, échange quelques
messages avec Fr. Daoud qui est au Liban... En plus, le
croiriez-vous, il fait un froid vif et pénétrant en ce moment. La maison est un
frigo. On se croirait à Avignon, un jour de décembre par temps de mistral...
Le portail finit par s’ouvrir lorsque la voiture du manager du Collège vient se garer. Son passager a la clé de la loge du gardien… Nous appuyons sur toutes les touches du téléphone et j’arrive à contacter Fr. Luis. En fait, il m’a attendu jusqu’à 16 heures et je suis arrivé entre 16 h 05 et 16 h 10 !!! Quelle malchance. En attendant, j’ai eu tout loisir d’observer les décorations de Noël, elles sont encore plus élaborées que l’année dernière. Même dans ma chambre on se croirait dans une boîte de nuit.
Surtout avec la belle couverture peau de tigre qui orne mon lit.
Le portail finit par s’ouvrir lorsque la voiture du manager du Collège vient se garer. Son passager a la clé de la loge du gardien… Nous appuyons sur toutes les touches du téléphone et j’arrive à contacter Fr. Luis. En fait, il m’a attendu jusqu’à 16 heures et je suis arrivé entre 16 h 05 et 16 h 10 !!! Quelle malchance. En attendant, j’ai eu tout loisir d’observer les décorations de Noël, elles sont encore plus élaborées que l’année dernière. Même dans ma chambre on se croirait dans une boîte de nuit.
Surtout avec la belle couverture peau de tigre qui orne mon lit.
Du coup, je n’ai
plus le temps d’aller à la messe à l’extérieur et je célèbre seul dans la
chapelle des Frères. Ici à Jérusalem, c’est le baptême du Seigneur. Pour éviter
de manquer l’Épiphanie cette semaine, je l’ai donc célébrée vendredi à l’église
de Saint-Didier.
Je vais manger
avec Marie des Neiges chez Catherine, correspondante de Routes Bibliques à
Jérusalem. Bon repas (français !) et bonne discussion. Je ne pars pas trop
tard car le sommeil me gagne.
Lundi, levé à 6
heures, je célèbre les laudes avec Fr Luis. Je prie et arrive à la bibliothèque
vers les 9 heures. Matinée studieuse dont le début est consacré à la
restauration de mon fonds de bibliothèque : commentaires, monographies,
éditions de textes que je rassemble à mon bureau. L’après-midi, je m’attelle au
traitement de B2, la fameuse deuxième béatitude de l’Apocalypse citée dans de
nombreuses versions de la liturgie des funérailles : « Heureux les
morts qui meurent dans le Seigneur,– oui, dit l’Esprit – qu’ils se reposent de
leurs peines car leurs œuvres les accompagnent » (Ap 14,13).
Voici celui que
j’ai chanté à Fribourg, extrait du Requiem de John Rutter (1985). [Les
images sont belles comme un fond d’écran Windows, mais vous pouvez fermer les
yeux et écouter…]
À bientôt,
Étienne+
6 commentaires:
Contente de voir que tu as apprécié le bouquin d'Agatha Cristie !
Contente de voir que tu as apprécié le bouquin d'Agatha Christie !
Nous penserons très fort à vous le 23 janvier.
Amicalement Leïla
J'adore te lire Etienne ! tu as un humour décapant !
J'imagine très bien la scène dans le sherout !
Bises frérot !
J'adore te lire Etienne ! tu as un humour décapant !
J'imagine très bien la scène dans le sherout !
Bises frérot !
Guilhemette
Je me suis souvenu dans le froid Beuxellois que tu avais ce blog. Je profite de mon trajet en train pour te lire.
Bon séjour.
Roch
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