vendredi 6 mai 2016

Enlevé dans la gloire (1Tm 3,16)

ἀνελήμφθη ἐν δόξῃ
anelèmphthè en doxè

Chers amis,
Mercredi fut calme : juste deux heures de cours dans la matinée sur la vie de saint Paul. Sinon, j’ai travaillé à la bibliothèque.
Jeudi matin, c’était la fête de l’Ascension. Vers 7h30, je suis parti avec les Frères vers le sommet du Mont des Oliviers où la tradition situe l’événement (cf. Lc 24,50 et Ac 1,12). Une église fut construite là à l’époque byzantine (on distingue très bien la structure octogonale, encore que très irrégulière, du monument actuel). Elle fut retapée à l’époque des croisades et à la chute du royaume latin de Jérusalem, elle devint une mosquée… Au centre de l’octogone, un petit édicule. À l’intérieur, on vénère la trace des pieds de Jésus… Bon…
Bien que mosquée depuis la fin du XIIe siècle, le lieu accueille la célébration de l’eucharistie pour la fête de l’Ascension. Et on ne fait pas dans la demi-mesure, les messes se succèdent tout au long de la journée. Avec les frères, nous sommes allés à la messe paroissiale qui obligeait tout de même à se lever tôt pour être là à 8h. En arrivant, j’ai voulu entrer dans l’édicule pour faire mes dévotions mais son excellence le nonce les faisait déjà.
J’ai eu de la chance d’être placé à l’ombre de l’édicule car le soleil (qui au départ ne devait pas se montrer) tapait sec...
À la fin de la messe paroissiale, les Franciscains et les autres pèlerins ont débarqué... Il a dû y avoir du monde.
Retour au Collège avec les Frères. Il était 9h30. J’avais la journée devant moi... Du coup, sur un coup de tête, j’ai décidé d’aller au Musée d’Israël. En fait, avec le cours de topographie, nous devions faire trois visites au Musée pour parcourir de manière approfondie les galeries archéologiques mais nous n’en avons fait qu’une seule fin octobre et je vois mal que nous ayons le temps de faire les deux autres d’ici la fin de l’année.
J’ai pris mes affaires et me voilà parti. Sur le coup de dix heures j’étais dans une rue assez passante. Et j’ai vu les voitures s’arrêter, les gens sortir de voiture et se tenir debout... A ce moment-là, je me suis rendu compte qu’une sirène hurlait... En fait, ce 5 mai est correspond au 27 nisan... En Israël, c’est le jour de souvenir de la Shoah. La minute de silence est universellement observée dans la rue et il y a aussi des cérémonies civiles. Du coup, je me suis arrêté moi aussi et, intérieurement, j’ai prié.
Une fois que la sirène a fini son hurlement, les gens sont remontés en voiture et ont redémarré, les passants ont repris leur marche. J’arrive à ce moment-là au-dessus de la vallée de la Croix. Et je me déroute pour aller visiter le Monastère de la Croix qui a donné son nom à la vallée. Il s’agit d’un monastère orthodoxe construit sur le lieu traditionnel de l’arbre qui servit à faire la croix du Christ (sans garantie). On ne sait pas à quelle époque le monastère fut fondé : par sainte Hélène (326) ? Justinien (527-565) ? Héraclius (610-641) ? La présence de l’arbre de la croix est aussi lié à toutes sortes de traditions à propos
Église du monastère de la Croix
de l’inceste de Lot en Gn 19,33-35 : il prit conseil auprès d’Abraham pour savoir comment implorer le pardon de Dieu. Abraham donna à son neveu les bâtons de marche des trois mystérieux visiteurs venus annoncer la naissance d’Isaac (Gn 18). Il lui demanda de les planter aux environs de Jérusalem et de les arroser avec de l’eau du Jourdain. Malgré les tentatives d’empêchement du diable, Lot réussit à faire fleurir les bâtons, signe du pardon de Dieu. Miracle supplémentaire, les trois bâtons ont donné un seul arbre combinant les espèces de pin, cyprès et cèdre. Cet arbre unique fut utilisé pour façonner la croix du Christ.

L’église est jolie mais manque d’entretien...
Une fois la visite terminée, je continue ma marche vers le Musée. Je prends mon billet...
Saint des Saints d’Arad (avec une seule stèle...)
Malgré ce qui est indiqué à l’entrée, leur audio-guide n’est pas en français pour l’archéologie (et en plus la machine a planté au bout de deux ou trois stations...). J’ai rejoint une visite guidée en anglais. Enfin, en fait de visite guidée, il s’agissait plus exactement d’un survol thématique. À la fin, je suis reparti au début. Avec les étudiants, nous avions déjà visité les parties préhistoriques (homme de Neandertal, première poteries, chalcolithique), je suis donc passé assez vite dans ces salles. Et j’ai attentivement regardé la suite. On va donc des débuts de l’humanité jusqu’au début de l’époque ottomane (XVIe siècle).

Ce qui était intéressant, c’était de voir des objets trouvés dans des lieux que nous avons visités, ici et là dans le pays. Les stèles du temple de la basse ville de Ḥaçor ; les chapiteaux proto-éoliens trouvés dans cette même cité et à Jérusalem ;
Stèle de Dan, le nom de David est en blanc
la fameuse stèle de Dan, unique attestation extra-biblique de la maison de David ; le fameux sceau d’Ézéchias dont la découverte a été rendue publique en décembre dernier ; le saint des saints du temple d’Arad (mais où est donc passée la seconde stèle du temple ?) ; les amulettes en argent où est inscrit Nb 6,24-26, la bénédiction sacerdotale, la plus ancienne attestation d’un texte biblique ; l’ostracon de Khirbet Qeiyafa ; l’inscription marquant le lieu où l’on sonnait la corne de bélier dans le temple ; le sarcophage supposé d’Hérode retrouvé à l’Hérodion en 2007 ; l’inscription de Ponce Pilate trouvée à Césarée ; l’ossuaire et le calcanéum de Yoḥanan ben Hagkol (seule attestation archéologique d’une crucifixion : le clou est encore fiché dans l’os) ; des vestiges de l’époque byzantine (églises,
Sarcophage d'Hérode (?)
synagogues juives – notamment celle de Chorazin – et samaritaines) ; à l’époque croisée, il y a beaucoup de vestiges du château de Belvoir, visité en novembre. Pour terminer la visite, je suis allé faire un coucou à Hadrien, l’expo est toute petite mais fascinante.
Calcaneum de Yoanan ben Hagkol











J’ai parcouru à toute vitesse la galerie sur la culture juive : manuscrits de la hagadah de Pâque, vêtements, objets de la synagogue. On y voit quatre synagogues qui ont été transportées ici et provenant de Vittorio Veneto (Italie), Horb (près de Bamberg en Allemagne), Kadavumbagam (Cochin, Inde) et Paramaribo (Surinam)… La synagogue indienne et la sud-américaine sont surprenantes !
Puis je suis allé jeter un coup d’œil à la nano-Bible :
l’intégralité du texte de la Bible hébraïque a été gravée sur une puce de silicium doré de 0,5 mm². Il faut une bonne loupe pour y lire quelque chose. Puis j’ai passé un peu de temps devant la maquette de Jérusalem. Quand je suis sorti, il était presque 16h30, j’avais une faim de loup. Je suis donc rentré à la maison.
Ce vendredi, travail à la bibliothèque, messe à l’Ecce Homo. Le soir, le P. Augustin de l’abbaye de Latrun et spécialiste d’astronomie médiévale a donné une conférence sur le cadran solaire de Qumran. Il a été découvert en 1954 par le P. de Vaux et décrit comme un disque de pierre. En 1997, on se rend compte qu’il s’agit d’un instrument de mesures astronomique. Le P. Augustin a donc étudié l’objet, conservé au Musée d’Israël (ce que l’on voit dans la vitrine est un moulage !). À l’École, nous avons aussi un moulage en plâtre qui est passé de main en main.
Le cadran solaire de Qumran
Le Père nous a présenté toute une série de calculs compliqués pour montrer comment l’objet a été conçu et utilisé. C’était très technique mais passionnant. Le cadran donnait l’heure (c’est ce qu’on attend d’un tel objet) et l’on pouvait aussi déterminer la date de Pâque, dans le calendrier propre à Qumran!
Ce soir, coucher tôt.
À bientôt,
Étienne+

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