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leˁannôt maśkîl
leˁannôt maśkîl
Chers amis,
Vendredi soir, je pensais aller faire un petit
tour en Ville pour admirer les illuminations… Mais c’était Shabbat, et donc pas
de lumières… En revanche, samedi soir ! la foule était extrêmement dense.
Samedi matin, à la bibliothèque… Calme, je
commence à ranger ma table et à rapatrier mes affaires au Collège.
L’après-midi, j’ai profité des températures
douces pour aller me promener. Consulat de France, Ancienne gare, Avenue Koenig
et ainsi de suite jusqu’au monastère de Mar Elias, qui se situe sur une crête à
mi-chemin de Jérusalem et Bethléem. Il est occupé par des moines orthodoxes et
commémore un arrêt du prophète Élie sur la route du Sinaï. Entre 1949 et 1967,
le monastère était situé sur la ligne verte de cessez-le-feu, côté jordanien.
Sur la petite butte derrière le monastère, on voit encore les installations
militaires jordaniennes. Depuis la butte, on a une vue imprenable sur
Jérusalem-Ouest et on comprend les Jordaniens de s’y être installés. Au sud, c’est
Bethléem et plus loin, l’Hérodion. À l’est, on voit l’énorme colonie
israélienne de Ḥomat Shmuel : cela ressemble à une cité
futuriste dans un film de science-fiction. J'ai prié un bon moment, c'était un petit pèlerinage élianique.
Jérusalem vue depuis la colline de Mar Elias |
En revenant, je croise une joggeuse sortie tout
droit d’un sketch des Inconnus (bandeau fluo, tee-shirt fluo, short fluo et
baskets fluo) qui m’avait doublé deux heures plus tôt, près de l’ancienne gare…
Pendant mes balades, il m’arrive souvent de croiser à plusieurs reprises les
mêmes personnes.
Je suis revenu par la promenade Haas, Abu Tor,
Yemin Moshe.
Ce soir-là, les Frères ont regardé la finale
Real/Atletico : de ma chambre,
j’entendais le Frère Rafael (burgalais,
inconditionnel du Real) qui poussait des cris à chaque occasion de but… Je suis
aussi allé admirer les illuminations : j’ai suivi le chemin bleu qui
passe dans la très étroite (1,5 m) rue du foyer maronite et serpente dans le
quartier chrétien (il n’y avait pas de vraies illuminations mais les magasins
étaient ouverts). Seule la fontaine du Muristan était éclairée en bleu avec des
abat-jour XXL très kitchs. Pour compléter la déco, il y avait juste une bonne
dizaine de policiers. Le chemin se terminait dans le cardo, au milieu du
quartier juif. Rentrer à la maison a représenté un beau défi : des
barrières de partout pour obliger les gens à circuler dans le même sens. Je
suis donc passé par les toits, ça m’a fait gagner du temps. En redescendant, j’ai
été bloqué par une barrière et le bonhomme m’a dit : « You can’t go
this way » ; je lui ai répondu « No one asked your opinion »
et je suis passé, il n’a rien dit…
Fontaine du Muristan |
Ambiances lumineuses dans la rue des Maronites |
Ce matin, tram puis bus vers Abu Gosh. Cela fut
un peu compliqué : j’attendais le 185 à l’arrêt près de la gare centrale.
Un bus avec un voyant lumineux indiquant 185 arrive. Sur le pare-brise, il y a
un pauvre écriteau où était péniblement écrit “187” (le type avait dû apprendre
à tracer ses chiffres la veille). En montant, je demande au chauffeur « Abu
Gosh » (en raclant un brin le g), il me répond quelque chose qui ne
ressemblait ni à de l’hébreu, ni à de l’arabe, mais dans lequel je comprends Abu
Gosh. Je monte, je paye. Je lis sur mon ticket “Ligne 192” et j’ai fini par
descendre à l’entrée d’Abu Gosh à un arrêt de la ligne 195… J’ai marché une
vingtaine de minutes, heureusement, j’étais en avance.
Belle messe, comme toujours.
J’ai vu les Agnès, Nicolas et leurs enfants qui
m’ont invité à déjeuner à Ramallah. En voiture ! Ramallah n’est pas très
loin mais le trajet prend du temps puisqu’il faut aller chercher le check-point
de Gib… Repas excellent et soigné (sauf le “saignant” qui ressemblait plutôt à
du “cuit”, mais la viande était savoureuse – ça changeait du poulet et du
kebab).
Mausolée de Yasser Arafat |
Après le repas, on a discuté un bon moment puis
Agnès m’a emmené faire le tour des curiosités de la capitale palestinienne.
Tout d’abord le mausolée de Yasser Arafat, c’est un petit bâtiment cubique au milieu d’un
espace large. L'arête du mausolée mesure 11 mètres pour évoquer la date du décès de Yasser Arafat (11/11/2004). La pierre tombale est gardée par deux policiers, qui ne sourient JAMAIS !!
Un policier nous
a accompagnés, il parlait réellement trois mots d’anglais, mais il était très
sympa. J’ai demandé à voir la mosquée qui jouxte le mausolée, d’une sobriété
quasi cistercienne (c’est assez rare en Palestine pour pouvoir être noté !).
Derrière le mausolée, se trouve la Mouqata’a, le palais présidentiel de
Palestine.
Puis le petit musée Mahmoud Darwish, le grand
poète palestinien proche de Yasser Arafat. Le musée est tout petit mais
présente quelques objets ayant appartenu au poète (mort en 2008). Il est un des
rédacteurs de la déclaration d’indépendance de la Palestine écrite en 1988. Sur
une photo, on le voit avec Jean-Paul II. Je vous laisse cet extrait d’un
discours, prononcé en 2003 :
Mais nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir. Espoir de libération et d’indépendance. Espoir d’une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l’école. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire. Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d’amour et de paix. Merci de porter avec nous le fardeau de cet espoir.
Puis il fut temps de rentrer à Jérusalem… Mais aussi
de dire au-revoir à ces amis devenus chers : depuis le barbecue au monastère de l’Emmanuel,
à l’excursion dans le Néguev en passant par la messe de Noël et les randonnées
dans le Wadi Qelt… que de rencontres et de souvenirs, que j’espère entretenir !
Je suis arrivé au Collège, au moment où une
grande foule était réunie dans la cour pour la procession mariale de la fin du
mois de mai : Ave Maria de Lourdes en arabe, les scouts, les filles en
enfants de Marie qui portaient la statue de la Vierge Marie, les franciscains
presque au complet et la foule des fidèles.
Soirée calme et brève…
À bientôt,
Étienne+
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