מעבר לנהרי־כוש
mˁeber lenahărê-khûš
mˁeber lenahărê-khûš
Chers amis,
Rien de particulier ces jours-ci… Lundi, j’ai
travaillé à “Patmos”.
Mardi matin, cours de topographie. L’après-midi,
nous sommes allés visiter la Tour de David ; je connaissais déjà. J’en ai
profité pour regarder avec plus de précisions les douves de la citadelle, dans
lesquelles des vestiges du double palais d’Hérode sont visibles. J’ai déploré
qu’on n’aille pas voir la maquette de Jérusalem à la fin du xixe siècle qui est si bien
faite. En plus, au sommet de la grande tour, on ne voyait pas la Jordanie,
noyée dans la brume de chaleur…
Ensuite, nous sommes allés au patriarcat grec
melkite catholique. C’est une Église catholique (donc en pleine communion avec
Rome depuis 1724) mais de rite byzantin. À l’époque du Concile de Chalcédoine
(451), elle a refusé le monophysisme de beaucoup d’autres églises de la région
(Coptes, Arméniens…) qui se sont mises à les appeler avec un brin de mépris Melkites, c’est-à-dire
“partisans de l’Empereur” (malka’ en syriaque).
Mgr Jules Joseph Zerey, en tenue liturgique |
Le vicaire patriarcal (≈ archevêque) du
diocèse de Jérusalem s’appelle Joseph Jules Zerey ; je l’avais
déjà croisé dans l’une ou l’autre célébration à Jérusalem (il concélèbre
souvent avec les Latins). Né à Alexandrie, d’un père libanais et d’une mère
grecque, il a étudié chez les Frères de la métropole égyptienne et s’exprime
dans un français parfait. Ça m’impressionne toujours de voir la qualité de l’enseignement
du français, à l’époque, dans les établissements lassaliens.
Il a présenté rapidement l’Église grecque-catholique melkite
puis il a parlé un bon moment ; c’était un peu catéchétique (j’ai pris
beaucoup de notes pour éviter de sombrer dans la sieste). Et la plupart d’entre
nous n’ont pas résisté.
Puis nous avons vu l’église de l’Annonciation et admiré la
vue de la terrasse.
Icône de saint Étienne, dans le chœur de l'église melkite de Jérusalem (peinte en 1974) |
Avec quelques étudiants, nous avions ensuite rendez-vous
dans la rue du monastère éthiopien avec Getachew (ça se prononce comme le Pikachu…).
Il nous a montré l’église du monastère. Il a évoqué l’origine
du christianisme en Éthiopie : le fonctionnaire royale de Candace (Ac 8),
dont la rencontre avec le diacre Philippe et le baptême étaient représentés sur
un des murs. Getachew a décrit la structure spatiale d’une église éthiopienne :
le saint des saints, avec l’autel accessible seulement au prêtre, un rideau (ou
une cloison de bois) le sépare du saint, et enfin, la partie où se tiennent
ordinairement les fidèles.
Dans l’autel, le taboth, c’est-à-dire une reproduction de l’Arche
d’alliance contenant les tables de la Loi de Moïse (puisque, vous le savez, l’original
se trouve en Éthiopie, ramené par Ménélik, fils du roi Salomon et de Makeda,
reine de Saba).
Abune Mathias, patriarche de l’Église orthodoxe éthiopienne |
Ensuite, nous sommes allés dans le monastère éthiopien situé
sur le toit du Saint-Sépulcre : arrivés les derniers, les Éthiopiens ont
pris ce qui restait… Leur installation a longtemps été contestée par d’autres
communautés chrétiennes (notamment les Coptes) mais le statu quo garantit
désormais leur installation. Nous avons vu un évêque puis le patriarche
éthiopien orthodoxe est sorti d’une petite église : quelle classe, quelle
allure, quel port !
Getachew nous a ensuite montré les deux églises que l’on
traverse lors du chemin de Croix.
En soirée, nous étions invités chez Michelle et Denis. La
veille c’était l’anniversaire de Michelle et le surlendemain, je ne sais pas de
qui… Une raclette était prévue. On s’est bien régalés…
À 20 h, une sirène a retenti, dans la rue, les gens se
sont arrêtés, ainsi que les moyens de transport en commun. Cela faisait un peu
comme pour Yom Hashoah de jeudi dernier. Cette fois-ci, c’était pour Yom
Hazikaron, le « jour du souvenir pour les victimes de guerre israéliennes
et pour les victimes des opérations de haine », la veille de la fête
nationale. La célébration commence par cette minute de silence la veille au
soir.
Cela a interrompu notre apéritif et ensuite la raclette
était excellente… L’ambiance amicale et sympathique.
Aujourd’hui encore, il y a eu une nouvelle
minute de silence à 11 h. Évidemment, côté Est, ça n’est pas vraiment
suivi. Chez les ultra-orthodoxes non plus (même l’autre jour, pour la journée
du souvenir de la Shoah, ils continuaient à marcher alors que tous les autres
restaient immobiles).
Ce soir, après la journée de souvenir, c’est la
fête nationale. Littéralement, « fête de l’Indépendance » qui
commémore la déclaration d’indépendance d’Israël le 14 mai 1948, dernier jour
du mandat britannique. C'est la date du calendrier hébraïque (5 Iyar) qui commémore cet événement mais on fait en sorte que la célébration de ces deux jours ne coïncide jamais avec un sabbat. Cette année, le 5 Iyar (qui est aussi le 13 mai) tombe un vendredi : la fête de la fondation d'Israël est dont anticipée au jeudi 4 Iyar (12 mai) et Yom Hazikaron au mercredi 3 Iyar (11 mai).
Feu d’artifice au loin, musique à fond devant la
municipalité (j’en profite dans ma chambre).
Côté palestinien, ce n’est pas la fête… Ils
appellent la fondation de l’État d’Israël, النكبة (an-Nakbah, c’est-à-dire
la catastrophe).
Sinon, j’ai travaillé toute la journée à la
bibliothèque, naviguant entre Clément et Philon d’Alexandrie. Saviez-vous que
le nombre sept n’est pas engendré et n’engendre pas ? Je l’ignorais moi
aussi et j’ai mis un peu de temps à comprendre ce que cela signifiait.
(La réponse au prochain billet)
À bientôt,
Étienne+
1 commentaire:
Merci Etienne pour tous ces derniers billets, j'ai l'impression parfois de vivre au rythme de Jérusalemn ;-).
Et puis, surtout, en ce jeudi 4 Iyar, je viens te souhaiter un joyeux anniversaire, le dernier dans la 30aine !
Je t'embrasse,
Guilhemette
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