אשפוך את־רוחי על־כל־בשר
ˀešpôkh ˀet-rûḥî ˁal-kol-baśar
ˀešpôkh ˀet-rûḥî ˁal-kol-baśar
Chers amis,
Comme le commentaire du dernier billet vous l’a
révélé, c’était jeudi mon anniversaire : la municipalité avait donc
organisé un feu d’artifice une fois chantées les premières vêpres de la
solennité… Non, c’était pour la fête nationale. Mais j’ai apprécié la
coïncidence des dates !
La journée a été malgré tout assez ordinaire (sauf
que les rues étaient quasiment vides). J’ai travaillé à la Bibliothèque sur les
malédictions que l’on trouve dans l’Apocalypse… J'ai aussi fait le deuil de mon stylo quatre couleurs qui a dû tomber la semaine dernière, dans la sacristie de campagne de la mosquée de l'Ascension, quand j'ai enlevé mon aube.
En fin d’après-midi, notre professeur de
topographie a donné une conférence passionnante sur ses recherches à propos de
l’urbanisme de la Vieille Ville de Jérusalem. Tout est parti de la datation de
l’Arc de l’Ecce Homo, situé au départ du Chemin de Croix. Au Moyen-Âge, les
Franciscains ont pensé que c’était le lieu de la condamnation à mort de Jésus,
là où Pilate a montré Jésus flagellé à la foule en disant : « Voici l’homme »
(Ecce
Homo en latin). Cette hypothèse prévalut jusqu’au
début du xxe siècle
lorsque le monument fut reconnu comme un arc de triomphe construit sous l’empereur
Hadrien en 130-135 ap. J.-C. Un peu trop jeune, donc, pour avoir été connu
par Jésus, surtout qu’entre-temps le consensus des historiens a transporté le
lieu de la condamnation de Jésus de la forteresse Antonia (Arc de l’Ecce Homo)
à la Citadelle de Jérusalem (actuel musée de la Tour de David) complètement à l’ouest
de la Vieille Ville.
Or, depuis une trentaine d’années, certains
historiens, archéologues et autres refusent cette datation de l’Arc… Sur des
critères stylistiques, ils pensent que ce n’est pas un arc de triomphe et
surtout pas de l’époque d’Hadrien (la décoration est trop sobre). L’arc serait
en fait plus vieux de 140 ans et aurait été construit par Hérode sur le modèle
des portes de ville de l’époque de l’empereur Auguste (27 av. J.-C.–14 ap. J.-C.) :
il nous a montré les portes d’Aoste, de Nîmes, de Rimini, toutes augustéennes
et sobres, alors que l’arc de triomphe de Jérash, incontestablement
hadrianique, soutient une décoration très chargée. Mais si nous avons affaire à
une porte de Jérusalem à l’époque d’Hérode, cela signifie qu’il y aurait un mur
et des rues…
Je ne vais pas plus loin car c’était assez long
à expliquer mais assez génial à écouter. En gros, il remet en cause tout ce que
l’on dit à propos de l’histoire de ce quartier.
Retour au Collège. Vendredi studieux, messe à l’Ecce
Homo que j’ai donc regardé avec un œil neuf. Et grâce au P. Dominique-Marie, j’ai
découvert un itinéraire plus direct et moins bondé pour me rendre à la
basilique ! Merci !
Marie qui fait tomber les murs |
En fin d’après-midi, je suis parti en bus vers
Bethléem avec le P. Matthieu, étudiant à l’École. La petite équipe de jeunes
français se préparant à la confirmation vivait un temps de retraite au
monastère de l’Emmanuel qui se situe juste de l’autre côté du mur de
séparation. Devant l’entrée du monastère, une icône de Marie qui fait tomber
les murs a été peinte pour porter dans la prière l’enjeu de la paix dans ce
pays afin que tous les murs, intérieurs et extérieurs, tombent.
Ce soir-là, célébration pénitentielle pour vivre
la miséricorde. Puis repas du Fils prodigue, un peu festif. Le P. Matthieu est
rentré à Jérusalem pour pouvoir étudier.
Un petit film pour la soirée (avec quelques
chamallows casher).
Le lendemain matin, prière à 8h30 (avant j’avais
pu prier et avoir l’office avec les sœurs : ce sont des bénédictines mais
de rite grec-catholique). Au petit-déj’, j’ai été impressionné : soit les
jeunes sont bien élevés, soit ils n’aiment pas le Nutella® (je laisse leurs mères en juger). Mais ils n’en
ont pratiquement pas pris alors qu’habituellement, avec les ados, c’est un peu la curée…
Temps de lectio divina avec
eux (Ac 12-14) pour introduire à la prière ; temps perso de lecture d’Ac 2
(le récit de la Pentecôte).
Messe dans la chapelle du monastère.
Comme les sœurs
sont de rite byzantin, il y a une iconostase. J’ai donc célébré une messe
latine dans une chapelle byzantine. Dans la tradition byzantine, pour montrer
que ce qui importe, ce n’est pas ce que l’on voit (l’aspect de l’eucharistie
demeure celui du pain et du vin) mais ce que l’on entend puisque « la foi
vient de ce que l’on entend » (Rm 10,17).
Repas avec les sœurs sous le préau, il faisait
une chaleur… Ce WE il a fait chaud comme une chaude journée d’été par chez nous
(Il a fait 38° aujourd’hui !).
Dans l’après-midi, fin du film de la veille et reprise avec le groupe du déroulement de la célébration. Les mamans sont venues chercher les enfants à 17h.
Dans l’après-midi, fin du film de la veille et reprise avec le groupe du déroulement de la célébration. Les mamans sont venues chercher les enfants à 17h.
En soirée, repas au resto avec Jérôme et
Marie-Hélène, cousins lointains et amis du temps de mes études à Rome. Ils sont
à Jérusalem et en Terre Sainte pour la semaine.
Après le bon repas chez Rossini (le Fukhara de poulet était à tomber par terre), je les ai raccompagnés vers le Mont des Oliviers où ils logent. En rentrant au Collège, le Frère Miguel était devant la télé pour regarder l'Eurovision : il avait un petit carnet dans lequel il notait soigneusement ses impressions sur les "artistes" qui se produisaient. Ça m'a fait rire !
Après le bon repas chez Rossini (le Fukhara de poulet était à tomber par terre), je les ai raccompagnés vers le Mont des Oliviers où ils logent. En rentrant au Collège, le Frère Miguel était devant la télé pour regarder l'Eurovision : il avait un petit carnet dans lequel il notait soigneusement ses impressions sur les "artistes" qui se produisaient. Ça m'a fait rire !
Aujourd’hui, fête de Pentecôte. Pour les frères,
c’est aussi le jour (15 mai) où ils célèbrent leur saint fondateur :
Jean-Baptiste de la Salle.
Rendez-vous à 9h30 près du consulat pour être
récupéré par Anne-Cécile, la maman d’Henri, et arrivée à Abu Gosh à 10h00
pétantes.
Belle célébration de la Pentecôte : les
frères et sœurs d’Abu Gosh chantent l’ordinaire de la messe en grégorien mais
ajoutent l’un ou l’autre moment en polyphonie. L’évangile est accompagné à la
kora sénégalaise (certains disent le gaffophone : sauf que la kora a un
joli son cristallin moins destructeur que le gaffophone) ce qui donne à la
proclamation une note de joie toute particulière : c’est vraiment une
bonne nouvelle.
Le P. Abbé, Charles, qui leur a donné le
sacrement par délégation du Patriarche, a fait une très belle homélie, bien
adaptée aux jeunes. Il faut dire qu’il les connaît bien, car il les voit
presque chaque dimanche à l’abbaye.
Je regardais aussi les fresques d’Abu Gosh si
belles et en même temps endommagées par le temps et la fureur des hommes… Comme
s’il nous était donné de voir quelque chose de la beauté du ciel, mais
seulement de manière partielle, incomplète, pour que nous puissions désirer en
voir la totalité pour en jouir. Le regard de ces personnages se dérobe, nous empêchant d'être happé par ce Visage qu'ils contemplent.
Après la messe, les familles avaient décidé de
ne pas rentrer chacun chez soi mais d’offrir un buffet familial : taboulé
levantin, houmous, crudités, brochettes, et pâtisseries maison. Le vin était
abondant mais je n’en ai pas pris : à la messe, j’avais donné la communion
au Précieux Sang et le calice était assez gros et bien rempli… J’ai dû le
terminer à la fin… Et avec la chaleur de cette journée, j’étais
un peu pompette…
En tout cas, c’était très sympathique (mais cela
n’aurait pu être différent puisqu’il n’y avait que des gens sympas).
Vers 16h30, tout était rangé, plié (merci à tout
le monde). Retour à Jérusalem. Douche, oraison, repos…
Au repas de ce soir, ce fut léger. Mais Frère Daoud avait préparé un bon gâteau d'anniversaire pour moi. Vous me voyez là en train de le découper.
C'était juste ce qu'il fallait pour célébrer la fête.
Juste un peu de temps pour mettre en forme cet article.
Cette semaine, les étudiants de l’École partent en Jordanie. Leur programme était alléchant mais connaissant déjà les lieux, j'ai préféré rester ici pour étudier. Espérons que cela sera profitable.
Réponse à l’énigme mathématique du dernier
billet : le sept n’est pas engendré (c’est un nombre premier) et il n’engendre
pas dans la décade (on ne peut pas le multiplier par un entier pour trouver un
nombre entre 1 et 10)… Cette propriété fascinait les anciens… Allez savoir
pourquoi.
À bientôt,
Étienne+
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