lundi 9 avril 2007

Jours saints et Pâques

Chers tous,
Christ est ressuscité ! Vraiment ressuscité !
Ces jours saints ont été riches en surprises, en grâces, en découvertes...
Je reprends à jeudi après-midi. Terence m'avait proposé de l'accompagner à la cérémonie du lavement des pieds à la cathédrale arménienne. Un des profs était invité et bénéficiait de deux places et lui avait donné son invitation. Nous étions dans le carré des invités officiels, entre deux bénédictins, un légionnaire (du Christ !), le pasteur luthérien. Le patriarche était assis à côté, sous un dais. Cette liturgie ressemble un peu à une pièce de théâtre. Un grand rideau en soie brodée ferme le chœur surélevé de la cathédrale, on y accède par deux escaliers. Au début, des servants portant des cierges viennent se placer sur les marches. Puis le rideau s'ouvre (il ne manquait que les trois coups). Derrière, sont serrés un évêque revêtu d'ornements somptueux et douze prêtres en tunique noire et chape brodée. Les séminaristes sont devant le chœur, à genoux, pendant toute l'heure que dure la cérémonie, et chantent. Chants, proclamation de l'évangile. Le président se lève à un moment et tous les "apôtres" passent derrière l'autel. Le président revient après avoir enlevé sa chape et revêtu un grand tablier blanc mais il a changé sa mitre en tiare. Un par un, les prêtres viennent devant le président qui leur lave les pieds. Il y avait à côté de la vasque d'eau, une grosse motte de beurre (ça faisait l'effet du nappage des bûches de Noël). Ensuite, le nonce apostolique qui assistait à la célébration est monté dans le chœur, a revêtu une chape et une mitre et a proclamé l'évangile en anglais. Puis l'évêque a donné la bénédiction. A la fin, avec tous les invités, nous avons serré la main du patriarche arménien.
En fin d'après-midi, la messe de la Cène du Seigneur, à la basilique des Dominicains.
Après le repas, avec un petit groupe, nous sommes allés à Gethsémani, pour assister à l'heure sainte. L'église des nations, bâtie sur le lieu du jardin des Oliviers était bondée. Nous n'avons même pas essayé de rentrer. Du coup, nous sommes allés prier dans un petit jardin à une centaine de mètres de là, quelques oliviers, quelques cyprès et face à nous, la Ville. Avec la réverbération sur les nuages, on y voyait comme en plein jour. Mais nous avons pu prier un bon moment au calme. Vers 22h00, de retour à Gethsémani, la procession était partie vers Saint-Pierre en Gallicante, nous avons pu rentrer un instant dans l'église de Gethsémani qui s'était libérée de sa foule. Mais nous ne nous sommes pas attardés, l'atmosphère était irrespirable ! Toujours avec notre petit groupe, nous avons suivi la procession qui remonte à St-Pierre en Gallicante. L'église est bâtie sur un lieu considéré comme la maison de Caïphe, prison de Jésus. J'ai prié un moment, mais je suis vite allé me coucher. Le souk à minuit est dans un état de crasse inimaginable...
Vendredi matin, lever en vitesse et tôt, pour se rendre à 6h00 à la première station, avec quelques amis, nous avons fait le chemin de croix. Certains participaient à la liturgie de la passion à 7h00, au Saint-Sépulcre ou bien devaient travailler. Déjà, à cette heure, il y avait du monde. Juste avant nous, un groupe de Papouasie (c'est vrai !) avec guitare et chants très entraînants ; derrière, des Polonais. Nous avons traversé le couvent éthiopien. Devant le Saint-Sépulcre,une foule considérable attendait l'ouverture des portes pour assister à la liturgie de la Passion. J'ai attendu un peu pour voir arriver la procession du patriarche et l'ouverture des portes. Pour simplifier les affaires, deux tracteurs à ordures sont arrivés pour récupérer deux vieilles chaises en plastique : la manœuvre de demi tour n'a pas été aisée. Enfin, j'ai assisté au rituel de l'échelle, des clefs... Quand la police a ouvert les barrières pour laisser entrer la foule, ce fut la ruée (j'ai vu voler une barrière !). L'espace au niveau du Golgotha est exigu et tout le monde veut monter et voir. De plus, les portes ne restent ouvertes que quelques minutes, le temps que les gens rentrent et sortent entre les offices mais aucune ouverture n'est concédée en dehors des heures prévues. Tout cela pour conserver un (certain) recueillement (plutôt que recueillement certain) dans la Basilique.
De retour à l'école, j'ai participé à l'office des ténèbres.
A midi et quart, j'étais à la première station pour le départ du chemin de croix officiel. Dans la foule, j'ai réussi à rencontrer des gens de Carpentras dont la fille est élève à l'Immaculée... Derrière la procession du chemin de croix, un groupe original : des coréens émigrés en Amérique. En premier, une chanteuse blonde à micro (l'arabe qui lui portait le haut-parleur se bidonnait !), puis quatre danseuses en noir enfin, le cortège autour d'un Jésus aux yeux bridés, couvert de "sang", couronné d'épines, encadré par deux soldats romains et suivi par des saintes femmes... Plutôt étrange. Voyez la photo... J'ai continué ma route et suis allé prier au Cénacle, où tout était paisible. Sur le chemin du retour, j'ai voulu aller au Saint-Sépulcre. A côté de l'église luthérienne, le groupe de coréens en était à la crucifixion. Gémissements, hurlements et un attroupement de photographes... Dans la Basilique, l'ambiance était indescriptible. Du monde dans tous les sens, impossible de faire un pas sans rencontrer un groupe barrant le passage. Une rumeur, des chants, bousculade. Je ne me suis pas attardé.
Regardez le petit vendeur de café de la Porte de Damas. Il porte sur son dos cette bonbonne de cuivre et se penche pour servir le café (le bec verseur est sous son coude gauche).
A 18h, liturgie de la passion au couvent. Le soir, je suis allé au Couvent de l'Ecce Homo, pour confesser les participants à la session du Chemin Neuf et des Dames de Sion. Ce fut une soirée sympa. Mais cela m'a empêché de participer à une des célébrations les plus suggestives des Franciscains : la procession funèbre au Saint-Sépulcre. On commence en procession depuis la chapelle des Franciscains, avec une croix portant un Christ. La procession monte au Golgotha et la croix est mise derrière l'autel des grecs. Puis lentement, on enlève la couronne d'épines du Christ, puis un des clous (comme la statue est articulée, le bras tombe le long du corps), et le second. On a préalablement installé un linge sous les bras de Jésus et il peut être descendu avec respect. Les Franciscains transportent le corps jusqu'à la pierre de l'onction à l'entrée de la Basilique. Là, la statue est ointe avec des huiles parfumées contenues dans des fioles en argent. Puis, la procession entre dans l'édicule du Sépulcre et laisse le corps de Jésus. Pour les photos, voyez le lien à droite (Procession funèbre).
Samedi matin, office des ténèbres. La journée a été relativement calme, mais avec des répétitions de chants, des préparatifs. Je voulais aller au saint-sépulcre dans l'après-midi mais on m'en a dissuadé. Les orthodoxes ont leur vigile pascale, qui attire des milliers de personnes. La police israélienne met des barrages partout dans la ville pour réguler la foule. Les orthodoxes attendent impatiemment le "feu sacré" : au cours de la vigile, le patriarche rentre seul dans la tombe. Un ange vient et lui donne le "feu sacré" (il y a quelques années, le sacristain franciscain a dû prêter son briquet). Ce feu se propage rapidement, puisque tous ont des cierges, des lampes à huile ; il sort de la Basilique et en un instant, s'est répandu dans toute la ville. Le miracle consiste surtout dans le fait que personne ne prend feu malgré la pression de la foule. Le feu est ensuite, transporté dans le monde entier, dans les églises orthodoxes. Si vous n'avez pas peur des émotions fortes et des images choquantes, regardez le lien suivant FEU NOUVEAU DES ORTHODOXES ) C'est vraiment impressionnant ! C'est le feu saint de l'année dernière. Vous voyez les gens avec des bouquets de bougies qui sont de véritables torches ! Le "feu sacré" a une autre vertu, il ne brûle pas : regardez les gens passer leurs mains dans le feu, parfois on voit les hommes passer leur barbe !
A 21h00, c'était la vigile pascale. Le feu et le vent ont fait des leurs... Le vent agitait d'un côté et de l'autre le feu et le diacre a éprouvé quelque difficulté à allumer le cierge. Le reste de la célébration s'est bien passé, même si je trouve qu'à NDV, c'est mieux. (Chut !) Après la vigile, nous avons pris un petit chocolat chaud. Et avec Terence, Benoît et Guillaume, nous sommes allés au Saint-Spéulcre, il y avait un office grec et un autre copte, les deux processions se croisant, passant l'une devant l'autre. La foule était relativement calme. Et en faisant preuve de patience, nous avons pu approcher l'édicule et prier en silence un moment. Puis Guillaume a lu l'évangile de Marie-Madeleine au tombeau. Puis dodo.
Hier, réveil par les évangéliques américains de Garden Tomb. Guillaume nous a fait un cadeau. Il célébrait la messe au Couvent du Cénacle. C'est un couvent franciscain qui se trouve à côté du Cénacle proprement dit qui n'appartient pas aux chrétiens mais à une yeshivah. (Je sais qu'il existe des transactions entre le Saint-Siège et Israël pour récupérer ce lieu saint). Il célébrait la messe pour une petite famille française en pélé. Ce fut très sympa de célébrer la messe dans ce lieu, où Jésus a donné l'Eucharistie, s'est montré à ses disciples et répandu son Esprit Saint sur les Apôtres. Regardez le tableau présent dans le Saint-Sépulcre : j'adore la bêche négligemment jetée sur l'épaule. Marie-Madeleine n'est pas à blâmer si en plus Jésus se déguise...
Après la messe, je suis allé dire les Laudes au Saint-Sépulcre. La messe latine commençait. Il y avait cette plénitude joyeuse du jour de Pâques. On est heureux mais pas excité. Puis j'ai été à la Basilique pour la messe du couvent car j'étais attendu pour chanter.
Le repas de midi fut très sympa. Avec quelques amis (pèlerins belges, volontaires, membres de l'Emmanuel) nous sommes allés dans un resto arabe. Le patron est un ami du comptable de l'école où Caroline, celle qui avait organisé le repas, travaille. On a bien mangé. Mais on est sorti bien tard.
Repas du soir, léger et Nathanaël nous a proposé de regarder "Goldfinger". On a bien rigolé.
Ce matin, j'ai célébré la messe au Calvaire pour Gilles. J'espérais pouvoir me glisser dans le Saint-Sépulcre où Guillaume célébrait la messe dans le créneau après le mien pour la famille française. Mais l'accès était gardé par une barrière de la police, deux franciscains et les portes fermées de l'édicule... J'ai donc prié un peu à l'extérieur.
Voilà, demain nous partons en Galilée, pour un voyage archéologique mais aussi pour voir le Seigneur qui nous y précède.
A bientôt,
Étienne+