samedi 7 décembre 2019

Or, ce tombeau était proche (Jn 19,42)

ἐγγὺς ἦν τὸ μνημεῖον
engus èn to mnèmeion

Chers amis,
Semaine calme…
Rassurez-vous, ma prière a été entendue. Lundi matin, quand je me suis réveillé, il avait plus (3 petits millimètres). La semaine a été assez ordinaire. Le Frère Rafael est parti lundi à Amman mais c’est alors le Frère Albert d’Amman qui est arrivé pour la semaine. Il vient faire les formalités de permis de séjour (il est né à Jérusalem, tout de même, et sa famille y est installée depuis les croisades…). Mais comme jeudi, il n’avait rien obtenu, il doit rester jusqu’après shabbat (en Israël, les administrations sont fermées le vendredi).
Mercredi matin, cours avec Anthony. C’était la première des deux séances dédiées à l’étude des inscriptions antiques. On appelle cette discipline l’épigraphie. Il a présenté les différentes publications qui permettent de prendre connaissance de ces textes. Il y a une liste longue comme le bras et quand on va les voir dans la bibliothèque, ce sont d’énormes grimoires anciens écrits au mieux en latin, sinon en allemand et qui recensent les inscriptions en fonction des lieux, des dates (quand il est possible de leur en attribuer une), des types… Bref, un fantasme de bibliothécaire ! Cela m’a donné l’occasion d’aller secouer la poussière des in-folios du secteur 100 de la bibliothèque (le secteur 100 rassemble les livres qui concernent l’Antiquité classique : latin et grec. On y trouve la collection Budé, les études historiques sur la Rome antique, la Grèce, et les textes anciens).
Anthony nous a demandé de chercher un exemple d’inscription utile à nos recherches respectives. J’en ai trouvé une intéressante qui éclaire quelques détails de l’Apocalypse. Elle m’a donné du fil à retordre parce qu’elle a été publiée à plusieurs reprises entre 1853 et 1997 et que les interprétations données par les auteurs sont différentes. En fait, deux fragments découverts dans les années 90 ont permis de comprendre qu’il y avait en fait deux inscriptions distinctes mais presque identiques, une sur chaque face d’une des portes de la ville de Laodicée, une des villes de l’Apocalypse.
Mercredi, c'était aussi la Sainte-Barbe, très vénérée dans la région. Suzanne avait donc préparé un burbara, le dessert propre à ce jour. C'est à base de grains de blés que l'on fait cuire dans de l'eau avec des épices (cannelle, anis...) et du sucre. On ajoute des fruits secs (amandes, noix, pignons) et des morceaux de fruits (pommes, abricots secs, grains de grenade). L'aspect n'est pas très appétissant mais c'est très bon. L'ingrédient principal rappelle un épisode de la vie de la sainte : fuyant la persécution, elle avait traversé un champ de blé laissant derrière elle une trace au milieu des épis. Ils ont repoussé tout de suite, cachant ainsi le chemin emprunté par la sainte. Vous comprenez aussi pourquoi en Provence on plante du blé (ou des lentilles) à la Sainte-Barbe.
En fait, cette semaine, Suzanne s'est lâché sur la nourriture : elle nous a fait jeudi une moussaka à tomber par terre.
Jeudi soir, je me suis couché tôt… En fait, le lendemain matin, j’avais réservé la messe à la Tombe du Christ. En horaire d’hiver, elles ont lieu de 5 heures à 7 heures du matin, par créneau de 30 minutes. Évidemment, j’avais écopé du créneau de 5 heures… Mais bon, je n’allais pas bouder mon plaisir. J’avais fait signe à quelques amis, dont ceux de l’Ecce Homo pour lesquels je célèbre la messe habituellement le vendredi matin.
Ce fut une belle messe émouvante. Quelques “passagers clandestins” s’étaient joints à nous, dont l’éternelle bonne sœur… Il y a toujours une bonne sœur dans la tombe quand on y célèbre la messe, ce n’est jamais la même mais on a l’impression que c’est une institution, peut-être fixée ainsi par le statu quo qui régit la vie à l’intérieur de la basilique de la Résurrection (et autres lieux), ou bien décidée motu proprio par les religieuses !
Journée studieuse à la bibliothèque. Le soir, Anthony avait rassemblé les doctorants de l’ÉBAF et m’avait demandé de présenter quelques aspects de mon travail. J’ai parlé une demi-heure puis il y a eu des questions.
Cela s’est bien passé et finalement, l’auditoire connaissant les mêmes affres que moi, a été je ne dirais pas indulgent mais bienveillant. Ce qui m’a intéressé, c’est que les uns et les autres ont réagi par rapport à leur propre recherche et que cela a institué un dialogue que j’espère fructueux.
Le soir, j’ai montré à Rémi un de mes films préférés, Que la lumière soit ! Un petit bijou de comédie où Dieu fait son cinéma. J’ai dû le voir vingt ou trente fois, je connais les répliques et la musique par cœur mais je pleure toujours à la fin…
Malgré le lever précoce de la veille, le coucher pas vraiment tôt du soir, je me suis réveillé à 4 heures ce samedi matin… Mystère du sommeil et du repos. Le matin, en bibliothèque, j’ai travailloté, surtout autour de l’Hymne à Déméter d’Homère qui est la plus ancienne béatitude connue dans la littérature grecque.
À bientôt,
Étienne+

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