dimanche 20 décembre 2015

Amen, viens Seigneur Jésus.

Ἀμήν, ἔρχου κύριε Ἰησοῦ
Amèn, erchou kurié Ièsou (Ap 22,20)

Chers amis
Noël approche à grands pas… et cela se sent dans la ville, surtout dans mon quartier de la Porte Neuve qui est une zone très majoritairement chrétienne.
Mercredi, j’étais à la Bibliothèque ; le soir, petite soirée sympa avec les étudiants pour célébrer Noël ensemble. Un certain nombre profitent des vacances pour rentrer chez eux ; d’autres préfèrent fêter Noël in situ… Jeudi matin, j’ai présenté mon petit exposé sur un livre en anglais : The Quest for Paul’s Gospel. Le livre était assez dur à lire : propos très dense, peu de connecteurs logiques, jamais de petit résumé (qui dispense de lire les 20 pages qui précèdent), un vocabulaire que même le gros Harrap’s de la bibliothèque ne connaît pas… Bref, ça a été du boulot. Mais finalement c’est intéressant. L’auteur propose de jeter aux oubliettes le modèle théologique de la justification par la foi, tel qu’il a été compris depuis la Réforme protestante. Il faut dire qu’en ce moment, il y a beaucoup d’études sur la compréhension de la foi chez saint Paul, notamment la fameuse expression : πίστις Χριστοῦ (pistis Christou, la foi du Christ). Le problème est double : premièrement, comprendre le complément du nom : s’agit-il de la foi en Jésus (génitif objectif) ou de la πίστις que Jésus a (génitif subjectif) ; deuxièmement comprendre le sens du mot πίστις, qui peut désigner la foi ou la fidélité, la fiabilité, le crédit, ce qui fait foi… 
Et après avoir liquidé le modèle JF, il propose un modèle PPME (Pneumatologically participatory, martyrological, eschatological = je vous laisse traduire et comprendre) qui n'a pas arrêté de me faire penser au PPNA (Pre-pottery Neolithic A) dont nous parlons souvent en cours d'archéologie.
Burbara
Heureusement, ce jour-là pour me remettre de mes émotions, Suzanne la cuisinière a apporté du burbara. Au début, je ne trouvais pas ça très engageant… Imaginez un cassoulet en boîte, froid, duquel on a enlevé toute la charcuterie et on vous amène ça pour le dessert… J’étais pas emballé. J’en ai pris par politesse. Et en fait, je me suis régalé. C’est du blé ou de l'avoine que l'on fait gonfler et auquel on ajoute des morceaux d’amande, de noix, de la cannelle et d’autres épices, des raisins secs. Réchauffé, c’est excellent. Ce dessert s’appelle burbara, en l’honneur de sainte Barbe (Barbara, par ici) dont c’était la fête la veille dans le calendrier julien, suivi par les orthodoxes. Suzanne est grecque-orthodoxe.
Une photo qui m'a coûté cher...
Vendredi, cours sur saint Marc et messe à midi à l’Ecce Homo. C’est bien paisible… c’est très agréable. En montant à la salle-à-manger après le repas, je suis monté sur la terrasse prendre quelques photos et en descendant, je me suis cogné sous une porte bien basse. Comme à l’habitude, je n’y suis pas allé avec le dos de la cuiller. Je n’ai pas trop saigné et quelques cheveux sont partis (c’est un luxe que je peux de moins en moins me payer…).
En fin d’après-midi, j’ai participé au Conseil d’École avec Kevin l’autre délégué et les profs. Ça s’est bien passé, calmement. Intérieurement, je râlais car cela me faisait rater l’inauguration du sapin de Noël de la Porte Neuve. En sortant du Conseil, j’ai entendu une détonation, mais il ne s’agissait que d’un feu d’artifice tiré depuis le toit du Collège pour fêter l’événement. Plus j’approchais et plus il y avait de monde… Les scouts catholiques étaient sortis avec leur fanfare (percussions et cornemuses, héritage du mandat britannique !). Les gens s’étaient garés sur la voix du tramway (vendredi soir, c’est déjà shabbat et le tram ne circule pas !). Une foule immense était rassemblée pour l’événement, deux patriarches participaient officiellement (le grec-orthodoxe et l’arménien), ainsi que les Franciscains de Saint-Sauveur. Une chanteuse interprétait en arabe des chants de Noël ; quelques papas Noël se promenaient, une machine à faire des bulles de savons… spots, éclairages… La fête était bien réussie. L’importance de cet arbre de Noël se comprend lorsqu’on sait qu’une infime minorité de la ville de Jérusalem est chrétienne (2% !) ; c’est une manière de dire aux musulmans et aux juifs : « Nous sommes ici, nous existons, nous avons nos traditions et nos fêtes ».
En soirée, un verre au Jérusalem Hôtel (devant l’EBAF, pour dire au revoir à ceux qui rentraient en Europe pour Noël).
Hier samedi, matinée de travail à la bibliothèque. L’après-midi, je suis allé me balader. Je suis d’abord passé au YMCA où se tenait le marché de Noël… Il y a quelques jours, une manifestation de sionistes religieux voulait en empêcher la tenue. Ils avaient des panneaux « Dehors, impurs ! ». Tout en délicatesse…
En ce moment, je regarde sur Internet une série de reportages, intitulée 24h Jérusalem. Le concept, c’est de suivre des habitants de Jérusalem, juifs, palestiniens, expatriés, tout au long d’une journée, de 6 h du matin à 6 h du matin le lendemain. Chacun des 24 épisodes dure exactement une heure et fait passer le téléspectateur dans tous ces lieux quotidiens de Jérusalem. J’en suis aux derniers épisodes qui sont moins intéressants (c’est la nuit, donc on passe pas mal de temps en boîte de nuit et dans les centre d’appel du SAMU). Mais c’est vraiment intéressant pour voir ce que les gens sentent et vivent quand ils habitent ici.
Ces reportages m’ont aussi permis de faire évoluer mon trajet quotidien de course à pied… Au début, j’allais rue de Jaffa mais le soir, c’est trop animé. Du coup, j’ai suivi un conseil m’orientant vers le parc de l’Indépendance. De fait, le tour n’était ni trop long, ni trop facile (de toute façon, comme le Collège des Frères est sur un sommet, on doit toujours monter à la fin !). Seulement, je me posais une question… Pourquoi au parc de l’Indépendance, y a-t-il tant de monde assis sur les bancs, dans l’obscurité, à regarder son portable ? Veulent-ils dépouiller les honnêtes passants ? ou se livrer à des trafics de substances illicites ? Le reportage m’a fait comprendre que ce lieu était le seul de Jérusalem, pour rencontres discrètes “entre hommes”. Bon sang, quelle naïveté de ma part… Du coup, j’ai mieux compris les faits et j’ai changé de parcours.
La nuit dernière, j’ai accueilli le P. Pierre Coulange de NDV. Il vient passer Noël en Terre Sainte et loge chez les Frères. Aujourd’hui, nous sommes allés concélébrer à la paroisse Saint-Sauveur. J’ai oublié le nom du président, mais j’ai rarement vu quelqu’un d’aussi expressif avec ses gestes. À côté de lui, un Italien passerait pour un manchot… Rien qu’à le regarder gesticuler, on comprenait 25% de l’homélie ! En plus, il a parsemé son prêche de quelques mots et phrases en français. Je l’ai remercié à la fin car il y avait dans l’assistance deux familles françaises.
Les pierres du temple
(photo février 2007)
Cet après-midi, un grand tour dans Jérusalem. Avec Pierre, nous avons visité le centre Davidson, au sud du Mont du Temple. Je n’avais pas embarqué mon appareil photo mais je voulais surtout préparer la visite que je ferai pour un groupe de jeunes du diocèse de Lille, cornaqués par le P. Matthieu Aine, jeudi prochain au matin. Le site est passionnant, car il permet de retracer l’histoire de Jérusalem depuis l’époque de Jésus jusqu’à nos jours : les archéologues ont creusé autour du mur du temple (au sud du fameux Mur occidental, dit « des Lamentations ») pour atteindre le niveau du sol naturel. Ils ont atteint le niveau de la rue qui était cachée sous des monceaux de pierres (énormes !) tombées lors de la destruction du Temple par les Romains, en 70 après J.-C. Cela permet de réaliser l’ampleur de cette destruction.
Vue du site visité (en rouge, notre parcours)
Après la visite, nous sommes remontés le long de la muraille sud de la Vieille Ville, en suivant le canal qui acheminait l’eau depuis les vasques de Salomon, jusqu’au Temple (plus de 20 km d’aqueduc). On le repère le long du mur, puis il passe derrière l’église de Saint-Pierre-en-Gallicante et on a fini par le retrouver au-dessus de la piscine du Sultan, en contrebas du joli quartier de Yemin Moshé. Avec tout ça, on est rentré à 18h…
Soirée calme, le fr Rafael était content, car le Real Madrid a gagné son match (il n’en rate aucun !) et maintenant, il attend les résultats des élections espagnoles. Je crains qu’il ne soit moins enthousiaste.
Sinon en ce moment, nous n'échappons pas à la folie "מלחמת הכוכבים" (milamath hakokhavîm) qui s'est emparée de la ville. Je vous laisse deviner ce que c'est...
Rendez-vous mercredi, après l'excursion à Lakish, Tel Maresha et Beth Guvrin.
À bientôt,
Étienne+

1 commentaire:

Anonyme a dit…

מלחמת הכוכבים
Ha j'ai trouvé ! Merci Google translate !!!!
ravie de t'avoir eu au tél hier soir. Je te tiens au courant pour les horaires d'arrivée.
Bisous Frérot,
Guilhemette