kullakh yaphah raˁyatî ûmûm ˀên bakh
כלך יפה רעיתי ומום אין בך
Chers amis,
Bonne fête de la Toute Sainte et sans tâche Vierge Marie.
Quelle belle journée j’ai passée, hier ! L’École
biblique est très pieuse et chôme pour l’Immaculée : pas de cours et en
plus la bibliothèque est fermée au public… Donc si l’École m’empêche d’étudier,
il faut chercher le sens spirituel de cette journée de congé… Je me suis dit
que cela pourrait être bien d’en profiter pour une journée de solitude. Et quel
endroit mieux indiqué pour une journée de solitude un 8 décembre que Ein Gedi. La
semaine dernière, je vous rappelais que c’est à Ein Gedi que l’on situe
traditionnellement le Cantique des Cantiques. Et c’est dans le Cantique que la
Bien-Aimé est dite « sans tâche »…
Après la messe matinale et le petit-déjeuner rapide, me
voilà parti vers la gare centrale où je prends le bus 486 vers Ein Gedi. Départ
à 8h et dépose à 9h12 très exactement. C’était ma quatrième visite à Ein Gedi
mais je voulais découvrir le lieu où on ne va jamais, le deuxième wadi…
Habituellement, les gens vont au wadi David, où il y a beaucoup de belles
choses à voir mais au sud, il y a un second wadi, le wadi Arugot. C’est celui-là
que j’ai voulu explorer.
On commence par une gorge étroite, dominée par des
falaises escarpées.
Au fond de la gorge, un petit torrent, le chemin a des
variantes qui font passer par son lit. Et puis, à un moment, le chemin (rouge)
change de couleur et devient noir. C’est la grande bavante, 500 mètres de
dénivelé à faire en une petite heure. J’ai du mal à trouver les mots pour
décrire à quel point c’était beau. Et pour la solitude, j’étais servi, j’ai
croisé une personne en tout et pour tout. Le chemin est assez difficile, il y a
des endroits où il faut presque grimper et ça monte tout droit. Heureusement
les balises sont bien visibles et rapprochées. À un moment, le chemin suit le
bas d’une falaise et je me demandais vraiment comment j’allais la franchir. Au
détour d’un rocher, j’ai eu l’impression de m’envoler : le panorama
s’ouvrait largement sur le bas du wadi et la Mer morte… C’était vertigineux et
splendide.
Tout à coup, sans presque s’en apercevoir, on franchit la
falaise et on se retrouve sur le plateau, écrasé de soleil mais pas très chaud
tout de même, nous sommes en hiver. Au loin, j’apercevais la chaîne centrale
avec Hébron sur la croupe (Ein Gedi est très proche de la ligne de
cessez-le-feu de 48, on est au sud, donc en Israël mais juste au nord, c’est
“normalement” la Palestine.
J’atteins Mitspeh Ein Gedi (Vue sur Ein Gedi). C’est
magnifique. Puis c’est la descente. Je regagne le Temple chalcolithique dont je
vous ai parlé la semaine dernière. Je suis ensuite allé du côté du wadi David,
bien connu. Seulement, si l’ÉBAF chômait aujourd’hui, les écoles d’Israël aussi,
à cause de Ḥanoukkah… et le
wadi David faisait penser à l’ouverture des soldes aux Galeries Lafayette…
Pour
la solitude, c’était un peu râpé… Autant vous dire que les nombreux ibex et damans vus la
semaine dernière avaient quasiment disparu. Et puis les promeneurs dans le
pays, pour leur arracher un shalom, faut presque les supplier et quant au
« merci ! » pour les avoir laissé passer dans la montée alors
qu’on descend, ne pas y compter.
J’ai heureusement
trouvé un coin calme à la grotte de David (juste au-dessus de la cascade du
même nom). C’est impressionnant, l’eau sourd de partout… alors qu’on est en
plein désert. À la grotte, pas grand monde, j’ai fait trempette un moment. Un
groupe d’enfants est arrivé (braillards…) ; ils se sont mis à manger alors
qu’il est explicitement marqué qu’on ne doit pas apporter de nourriture dans la
réserve et ne pas manger et ne pas nourrir les animaux… J’ai demandé aux
adultes (il y en a toujours un avec une mitraillette, certainement un BAFA
spécialisation tir à la carabine) si c’était une école : « Is it a
school ? ». Et là,
j’ai eu un moment de… petite jouissance… Ils me répondent en anglais :
« No, this is a מוֹשָׁב,
a… settlement. ». Et je réponds en français : « Ah, oui, une colonie de vacances ! ». Leur
tête quand j’ai dit colonie en
appuyant bien fort.
Il faut une petite explication. La
situation politique compliquée en Israël/Palestine a fait qu’il y a des
installations juives israélienne (illégales en terme de droit international)
dans les Territoires palestiniens (ce que les Français appellent Cisjordanie, West
Bank, rive ouest du Jourdain, en anglais). Le nom donné à ces
“installations” dépend de la personne qui parle : si on regarde du côté israélien, on dit settlement,
ça veut dire peuplement en français, c’est une manière “neutre” de dire
qu’il y a une urbanisation du lieu. Mais si on voit les choses du côté palestinien, on dit colony, qui évoque une colonisation, et les Israéliens ne peuvent absolument pas appeler
leurs colonies avec ce nom-là ! Mais moi, indépendamment de toute idée
politique, j’ai donné l’équivalent français…
Carte de la randonnée |
Je suis resté les pieds dans l’eau dans
la grotte du Bien-Aimé, à relire le Cantique, jusqu’au dernier moment possible
et suis redescendu. À l’entrée, j’ai pris mon pique-nique (à 15h bien sonnées)
au milieu d’une horde de moutards.
J’ai rejoint mon arrêt de bus et j’ai
finalement pris le taxi… Il désespérait de trouver un client pour rentrer à
Jérusalem et il m’a fait la course au prix du ticket de bus (augmenté de 0,50 ₪,
c’est pas la ruine). Retour rapide, Vêpres à la Dormition (sur le Mont Sion)…
Repas avec les Frères et dodo !
Bon mais ça c’était mardi… Dimanche,
la journée n’a pas été mal non plus…
Après une expédition d’urgence pour aller acheter des
gants en laine (spécial écran tactile) et des grosses chaussettes pour la nuit,
je suis allé à la messe à Saint-Sauveur. C’était Ramzi qui présidait… C’est son
prénom. Puis à 14h, rendez-vous à la Porte Neuve avec un père de famille pour
aller se balader dans le désert (en ce moment, le désert, c’est génial :
il y fait bon, c’est-à-dire ni trop chaud, ni trop froid = 19°C).
Juste avant les Vêpres, 15h30... |
Le lieu dominait la basse vallée du Jourdain et la Mer
Morte… Après les Vêpres, Agnès nous a montré l’hôtel tenu à l’époque par son
mari sur la rive jordanienne de la Mer Morte.
Puis retour vers le caravansérail de Nebi Musa (le lieu
est vénéré par les musulmans comme la tombe de Moïse (Nebi Musa = prophète
Moïse), pour un petit goûter. Dès que le soleil s’est couché (16h25) on s’est
mis à (presque) grelotter. Puis retour à la nuit noire (17h30…)
Hier, journée normale à la bibliothèque… En allant courir
le soir, j’ai vu que le morceau de la muraille qui avait été illuminé avec le
drapeau français après les attentats du 13 novembre est maintenant éclairé avec
des motifs ḥanoukkiens…
En effet, selon Flavius Josèphe, la
fête est aussi « la fête des lumières » (Ant. Jud. XII, 6, 7)
mais il donne à ce nom une origine symbolique : « parce que la
liberté avait lui pour nous d’une manière inespérée ». D'après une légende
talmudique, nous apprenons que :
« Au moment où les Grecs
pénétrèrent dans le Sanctuaire, ils rendirent impures toutes les fioles d’huile
du Temple. Lorsque la maison des Hasmonéens reprit le pouvoir et les vainquit,
ils fouillèrent le Temple et n’y trouvèrent qu’une seule fiole d’huile, sur
laquelle était apposé le sceau du grand prêtre. L’huile contenue dans cette
fiole ne permettait d’allumer le chandelier qu’un seul jour, mais un miracle
eut lieu et on put l’allumer pendant huit jours. L’année suivante, ils
désignèrent cette période comme des jours de fête, pour louer et rendre grâce à
Dieu. » (Talmud de Babylone, Shabbat 21/b).
C'est ce miracle qui est désormais
célébré avec le chandelier de Ḥanoukkah : la « ḥanoukkIah ».
C'est un
chandelier à huit branches comportant huit bougies, plus une appelée shammash
qui sert à allumer les autres. Le shammash a toujours une place à part sur la ḥanoukkiah (plus haut, ou
à côté…) Il n'est pas permis
d'utiliser ce chandelier pour un autre usage. La lampe de Ḥanoukkah doit être
allumée près d'une fenêtre pour qu'elle soit bien visible de l'extérieur, ceci
afin de rendre public le miracle et de communiquer la joie de la fête aux
passant
La
ḥanoukkiah est placée près d'une fenêtre ;
chaque soir de la fête, on allume une bougie en plus. En allant acheter mes gants, j’ai vu que l’on trouvait des bougies « casher »…
Je sais qu’en France aussi, on a fait la Fête des Lumières ! plus dans l'esprit originel. Merci Marie…
A bientôt,
Étienne+
Étienne+
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