dimanche 17 janvier 2016

Et ces dix morceaux de fromages… (1S 17,18)

ואת עשרת חרצי החלב האלה
weˀēṯ ˁăśereṯ hăriṣê heḥālāb hāˀēlleh

Chers amis,
Cinq jours déjà sans message ! Quelle paresse de ma part…
Bonne fête de la saint Antoine aux paroissiens et habitants de la Roque-sur-Pernes.
De mercredi à vendredi, rien à signaler : travail en bibliothèque. Mon poste de travail s’appelle désormais Patmos (j’ai hésité avec Harmaguedon, mais j’ai préféré les îles grecques) J’ai terminé la partie traductions de mes versets. Il faudra sans doute y revenir. J’ai goûté à nouveau les délices enchanteresses du syriaque. Heureusement, les moyens numériques dans le domaine sont très fournis et de bonne qualité. Jeudi, petite différence dans l’emploi du temps : le collège était fermé à cause du Nouvel An orthodoxe (je commence à comprendre pourquoi on met du temps à réaliser l’unité des chrétiens : ça ferait sauter des jours de congés). Au lieu d’arriver à 8 heures du matin, j’ai commencé à 8h45…
J’ai aussi rencontré le sous-directeur vendredi soir, on a beaucoup parlé de mon travail et de la suite.
Samedi matin, toujours à la bibliothèque.
Parcours sud de l'aqueduc, près de Bethléem
L’après-midi, promenade. Je suis retourné du côté de Talpiot et j’ai retrouvé des vestiges de l’aqueduc inférieur construit à l’époque hasmonéenne (iie s. av. J.-C.) pour alimenter en eau le temps de Jérusalem. L’eau vient de diverses sources situées dans les montagnes autour d’Hébron, elle était récoltée aux vasques de Salomon (visité le 22 octobre dernier) puis acheminée par l’aqueduc jusqu’au mont du Temple. La longueur totale de l’aqueduc entre les vasques de Salomon (juste au sud de Bethléem) et Jérusalem est de 21,5 km pour 30 mètres de dénivelé seulement soit une pente d’un mètre tous les 717 mètres. Au niveau du mont du Mauvais Conseil au sud de la Vieille Ville, ils ont creusé un tunnel à travers la colline, pour économiser de la longueur d’aqueduc et ne pas avoir à faire une pente moins importante (sinon, l’eau ne s’écoule plus aussi facilement). Ce fut une sacrée entreprise avec un tunnel de 400 m de long avec des puits. J’ai retrouvé le quatrième devant les bâtiments de l’ONU basé sur ce Mont du Mauvais Conseil.
Le nom de ce mont vient d’une tradition chrétienne affirmant que c’est là que les chefs du peuple, les scribes et les pharisiens ont décidé de la mort de Jésus… C’était en effet un mauvais conseil. C’est là aussi, ironiquement, que résidait le gouverneur britannique entre 1918 et 1948 : peut-être était-il lui aussi parfois mal conseillé… Depuis 1948, c’est le QG de l’ONU puisque la zone se situe dans le no man’s land entre Israël et la Jordanie conclu au moment du cessez-le-feu de la première guerre israélo-arabe.
L'Hérodion vu du Mont du Mauvais Conseil
 À côté du quatrième puits, j’ai un peu mis du temps à trouver le troisième. Il est recouvert par une dalle de béton décorée d’une mosaïque reproduisant le tracé de l’aqueduc inférieur et indiquant les lieux marquants du parcours. Au loin, on voit l'Hérodion.
De là, j’étais à deux pas de Talpiot Est et j’ai trouvé la fameuse dalle de béton qui recouvre l’entrée du tombeau de Talpiot que j’avais vainement cherché il y a quelques semaines. Cette fois-ci, j’ai mis la main dessus. Honnêtement, ça casse pas trois pattes à un canard. C’est une dalle de béton entre deux immeubles.
Dalle du tombeau de Talpiot
Je suis rentré par la route de Bethléem. Il y a de jolies maisons construites au début du xxe siècle, abandonnées par les Arabes en 48 et depuis habitées par des Israéliens. L’architecture urbaine de la première moitié du siècle dernier est vraiment très belle : pierre apparente, ouvertures soignées, jardins luxuriants, arcades, colonnes…
Ce soir-là, retour à Ramallah pour déguster la fondue au Mövenpick (chaîne suisse !)… Le mélange était très bon mais (pays musulman oblige) manquait de vin blanc… On s’est quand même régalé.
Au retour (à 1h du matin bien sonnée), nous avons repris la route vers Jérusalem. Ce qui m’a surpris c’est le nombre de Juifs orthodoxes qui font du stop à cette heure de la nuit. Ils ne doutent de rien !
Ce matin, lever matinal grâce aux cloches de l’église Saint-Sauveur. Merci les cloches !
Laudes avec les frères. À 9h45, j’avais rendez-vous près du Collège pour partir en randonnée familiale avec deux familles d’expatriés. Nous étions une bonne douzaine en deux véhicules. Nous nous sommes dirigés vers la dépression du Jourdain. Le désert de Judée était recouvert d’un mince manteau de verdure. Près de Jérusalem, c’était impressionnant et de moins en moins prononcé au fur et à mesure de la descente. Traversée de Jéricho et nous avons laissé les véhicules sur un petit parking au débouché du Wadi Auja.
Nous avons remonté la rivière un petit moment, jusqu’à la source d’Ain Auja, qui coule en abondance en cette période, pas autant que sur la vidéo tout de même. Je suis quand même estomaqué de l’état de saleté du site (canette, bouteilles en plastique, sacs…) Une fois dépassé la rivière, les locaux ne s’aventurent pas et c’est beaucoup plus propre. À un moment, nous avons rencontré un chevrier bédouin accompagné d’un âne et de trois chiens. Il appelait ses chèvres avec de drôles de cris inimitables… Rien à voir avec les « Tchoun, tchounette » de la bergère de Valfourcade en juillet 1982. On a parlé un petit moment avec lui (heureusement, Christophe l’un des papas parle arabe).
Messe au Wadi Auja
Après avoir fait demi-tour, nous nous sommes arrêtés pour la célébration de la messe, sur un rocher dans le lit asséché du wadi. Le chevrier a eu l’air intrigué, Christophe lui a dit que j’étais l’ange Jibrīl (Gabriel, en arabe). Il a attendu un petit moment et quand j’ai fait le premier signe de croix il a décampé comme le diable avec l’eau bénite…
Retour au parking qui, entre temps, avait été rempli d’autres véhicules. Les familles pique-niquaient au bord de la rivière. Auto-radio à fond (avec de la techno arabe), barbecue et photos de famille…
On est allé manger un peu plus loin en bordure du canal qui capte les eaux de la rivière. Nous aussi, nous avons sorti notre barbecue. Et sur les 16h, alors que le soleil s’était déjà caché derrière la montagne, nous sommes repartis vers Jérusalem. Dans la voiture, je me suis assoupi…
Sur le chemin du retour, j'ai reçu un coup de fil d’une paroissienne de la Roque-sur-Pernes m’annonçant le départ pour le ciel de Jacques, un venasquais de presque 95 ans. Une belle vie bien remplie ; Jacques avait un caractère bien trempé mais une foi profonde. Un nouvel ami au ciel…
À bientôt,
Étienne+

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