lundi 4 mars 2019

Ayant vu, il s’émerveilla (Ac 7,32)

ἰδὼν ἐθαύμαζεν
Idôn ethaumazen


Chers amis,
Vendredi, pour diverses raisons, je ne suis pas allé à la bibliothèque, mais rassurez-vous j’ai quand même travaillé ! Samedi matin, travail en bibliothèque. 
L’après-midi, un bon petit tour en ville… Finalement, j’ai parcouru 15 km… J’ai terminé un polar qui se passe entre Nice, Jérusalem et Naplouse. Ce qui est amusant, c’est qu’il fait référence à des lieux que je connais et même au Mövenpick de Ramallah que j’ai fréquenté à l’occasion, il y a trois ans ! Puis j’ai commencé La conquête de Jérusalem, de Myriam Harry, un roman de 1903, qui a frôlé le Goncourt, mais, soyons sérieux, on n’allait tout de même pas se couvrir de ridicule en donnant le Goncourt à une femme ! Donc, on a créé le Prix Fémina. Le roman a tout de même sacrément vieilli (et pas bien !) mais l’histoire s’inspire de celle de Shapira, le fameux revendeur des “vestiges moabites” de la fin du XIXe s., et pour cause, Myriam Harry est le pseudonyme de sa fille ! L’histoire verse souvent dans un orientalisme de bazar, avec une vision romantique de Jérusalem qui fait un usage excessif du champ sémantique de la mort : « éblouissement triste, désolation infinie et infinie grandeur, vent de feu et soleil de mort, partout la mort éblouie de soleil, la vallée de Josaphat, carrefour du trépas »… Et il y a même un passage d’un érotisme torride… (pour l'époque, je vous rassure !) Mais je ne vous le citerai pas…
Dans l’après-midi, on m’a invité pour le lendemain… Chouette ! La journée a été super (crevante mais super !).
Rendez-vous était pris à 7h30 (pas de grasse mat’, ce dimanche) à la Porte neuve. Il s’agissait donc de Laurent-Pierre et Laurence, avec leurs deux enfants (Jean et Marie). Ils étaient accompagnés d’Amélie et Gontran, des amis français en visite. Nous étions donc sept dans la voiture ! J’ai fait connaissance avec Amélie et Gontran, qui connaissent très bien le P. Michel Plagniol, mon ancien aumônier scout. Direction, la Galilée. Le départ matinal avait pour but de nous permettre de faire une visite avant la messe prévue à 11 heures à la Primauté de Pierre, sur les bords du lac de Tibériade. Pour la visite, Laurent-Pierre et Laurence avaient proposé Belvoir. J’avais déjà visité ce château croisé en novembre 2015 avec l’EBAF. La visite avait été rapide mais là, j’avais pris le temps de préparer la veille au soir pour avoir trois choses à dire sur le site. La forteresse a donc été édifiée à partir de 1168, sur un promontoire dominant la vallée du Jourdain, entre Beth Shéan et le lac de Tibériade. Après la bataille des Cornes de Hattin, Saladin y a mis le siège et les Hospitaliers de Saint-Jean (futur Ordre de Malte) ont résisté un an et demi… Saladin fit détruire le château qui fut rendu pendant quelques années au milieu du XIIIe s. aux croisés, sans leur laisser le temps de le reconstruire. Jusque dans les années 50, il y avait un village arabe et les Israéliens ont fait des fouilles dans les années 60. Depuis quelques années, une équipe franco-israélienne conduit chaque année des fouilles pour mieux connaître le site. À cause de la présence de Français dans l’équipe, on trouve pas mal de documents sur l'Internet. Le château est composé de deux ensembles concentriques : le château extérieur est entouré sur trois côtés de douves larges et profondes, le quatrième côté étant composé de la pente naturelle de la montagne qui descend vers le Jourdain (550 mètres en dessous !) La destruction systématique menée par Saladin a laissé presque intact le glacis en basalte du château extérieur.
Vue aérienne de Belvoir, le nord est à droite (source : https://journals.openedition.org/bcrfj/7398)
Une fois franchie la barbacane orientale, on entre dans l’enceinte : tout au long est (ou était, devrais-je plutôt dire !) édifiée une “salle sans fin”, une simple voûte ménageant un espace assez vaste pour les activités du château. Au-dessus de la voûte, le chemin de ronde. Au centre, le château intérieur (les thérésiens apprécieront) dont la structure est la même que l’extérieur, sinon que l’unique entrée se trouve du côté ouest : ainsi les éventuels assaillants devaient contourner le château intérieur pour y rentrer. À l’intérieur, là aussi, une salle sans fin avec encore quelques restes de cloisons ménageant divers espaces. Dans la cour centrale, les vestiges de la cuisine et une rampe qui monte à l’étage (disparu). À l’étage, il y avait vraisemblablement les installations conventuelles, dont la chapelle. Les archéologues lyonnais ont récupéré les pierres éparses autour du site pour tenter de restituer le plan, les volumes et la décoration de ladite chapelle.
Une autre caractéristique du château est l’utilisation, lors de la construction d’agrafes métalliques pour assurer la cohésion du bâti (d’autant que le mortier est de mauvaise qualité). Par conséquent, sur place, j’ai cherché ces fameuses agrafes et de fait, nous en avons vu plusieurs. La conférence d’Anne Baud, qui co-dirige les fouilles, est très intéressante.
Nous ne nous sommes pas attardés car nous avions rendez-vous pour la messe à 11 heures à la Primauté de Pierre. Nous y avons retrouvé le P. Cyprien Comte, du diocèse de Toulouse. Il a étudié, comme moi, à l’Institut Biblique de Rome mais deux ans après. Depuis 10 ans, il est directeur spirituel au séminaire de Toulouse. Son oncle est prêtre dans le diocèse de Montpellier et célébrait les messes pour les louveteaux, in illo tempore. Avec lui, trois de ses six frères et sœurs… Et, invités surprises !, cinq séminaristes du séminaire de Toulouse (un Cadurcien, deux Perpignanais, un Toulousain et un Montpelliérain). Le Cardurcien connaît le parrain de mon neveu… Ce petit groupe hétéroclite s’est retrouvé uni par l’eucharistie dominicale (mais nous avons célébré la messe de la Primauté de Pierre). Puis nous nous sommes dirigés vers le Capharnaüm orthodoxe. Le lieu est bien plus calme que celui des Latins, à 200 mètres à l’ouest. Il faut dire que c’est moins intéressant sur le plan archéologique, mais la petite église byzantine est charmante avec ses jolies icônes illustrant les épisodes évangéliques situés autour du lac, et une grande table permet un pique-nique sympathique. Nous renouions avec le soleil, invisible depuis longtemps (entre le 26 et le 28 février, il est tombé 135 mm d’eau, soit 25 % de la moyenne annuelle !)
Après le pique-nique, nous nous sommes séparés. Avec mon véhicule, nous avons opté pour Magdala, avec ses vestiges de la ville portuaire d’où Marie Madeleine était originaire. Et notamment la fameuse synagogue du Ier siècle, peut-être même fréquentée par Jésus. Je n’y étais pas passé depuis trois ans et les constructions du centre d’accueil des Légionnaires du Christ ont avancé. Puis, il a fallu rentrer à la maison, il n’était que 16 h, mais il y avait de la route. La lumière sur la rive est du lac était magnifique. Dans la voiture, j’ai écrasé.
Arrivé chez Laurent-Pierre et Laurence, installation du couvert, apéro et le P. Cyprien et ses amis sont arrivés. Laurence avait préparé le désormais traditionnel poulet à l’arak et aux clémentines. En voici la recette trouvée sur Internet. En attendant qu’il soit à point, Gontran nous a fait une démonstration de ses talents de prestidigitateur : quelques tours de carte qui disparaissent, changent de couleur et se retrouvent là où on ne les attendait pas ! J’étais époustouflé.
Le repas fut très sympathique mais nous ne nous sommes pas attardés car la journée avait été fatigante…
Ce lundi, messe matutinale à l’Ecce Homo, puis journée à la bibliothèque.
À bientôt,
Étienne+

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