ἰδὼν ἐθαύμαζεν
Idôn ethaumazen
Idôn ethaumazen
Chers amis,
Vendredi, pour diverses raisons, je ne suis pas allé à la bibliothèque, mais
rassurez-vous j’ai quand même travaillé ! Samedi matin, travail en
bibliothèque.
L’après-midi, un bon petit tour en ville… Finalement, j’ai parcouru 15 km…
J’ai terminé un polar qui se passe entre Nice, Jérusalem et Naplouse. Ce qui
est amusant, c’est qu’il fait référence à des lieux que je connais et même au Mövenpick
de Ramallah que j’ai fréquenté à l’occasion, il y a trois ans ! Puis j’ai
commencé La conquête de Jérusalem, de Myriam Harry, un roman de 1903,
qui a frôlé le Goncourt, mais, soyons sérieux, on n’allait tout de même pas se
couvrir de ridicule en donnant le Goncourt à une femme ! Donc, on a créé
le Prix Fémina. Le roman a tout de même sacrément vieilli (et pas bien !)
mais l’histoire s’inspire de celle de Shapira, le fameux revendeur des “vestiges moabites” de la fin du XIXe s., et pour cause, Myriam Harry est le pseudonyme de sa fille ! L’histoire
verse souvent dans un orientalisme de bazar, avec une vision romantique de
Jérusalem qui fait un usage excessif du champ sémantique de la mort : « éblouissement
triste, désolation infinie et infinie grandeur, vent de feu et soleil de mort,
partout la mort éblouie de soleil, la vallée de Josaphat, carrefour du trépas »…
Et il y a même un passage d’un érotisme torride… (pour l'époque, je vous rassure !) Mais je ne vous le citerai pas…
Dans l’après-midi, on m’a invité pour le lendemain… Chouette ! La journée
a été super (crevante mais super !).
Rendez-vous était pris à 7h30 (pas de grasse mat’, ce dimanche) à la Porte
neuve. Il s’agissait donc de Laurent-Pierre et Laurence, avec leurs deux
enfants (Jean et Marie). Ils étaient accompagnés d’Amélie et Gontran, des amis
français en visite. Nous étions donc sept dans la voiture ! J’ai fait
connaissance avec Amélie et Gontran, qui connaissent très bien le P. Michel
Plagniol, mon ancien aumônier scout. Direction, la Galilée. Le départ matinal
avait pour but de nous permettre de faire une visite avant la messe prévue à 11 heures
à la Primauté de Pierre, sur les bords du lac de Tibériade. Pour la visite,
Laurent-Pierre et Laurence avaient proposé Belvoir. J’avais déjà visité ce
château croisé en novembre 2015 avec l’EBAF. La visite avait été rapide mais
là, j’avais pris le temps de préparer la veille au soir pour avoir trois choses
à dire sur le site. La forteresse a donc été édifiée à partir de 1168, sur un
promontoire dominant la vallée du Jourdain, entre Beth Shéan et le lac de
Tibériade. Après la bataille des Cornes de Hattin, Saladin y a mis le siège et
les Hospitaliers de Saint-Jean (futur Ordre de Malte) ont résisté un an et demi…
Saladin fit détruire le château qui fut rendu pendant quelques années au milieu
du XIIIe s. aux
croisés, sans leur laisser le temps de le reconstruire. Jusque dans les années
50, il y avait un village arabe et les Israéliens ont fait des fouilles dans
les années 60. Depuis quelques années, une équipe franco-israélienne conduit
chaque année des fouilles pour mieux connaître le site. À cause de la présence
de Français dans l’équipe, on trouve pas mal de documents sur l'Internet. Le
château est composé de deux ensembles concentriques : le château extérieur
est entouré sur trois côtés de douves larges et profondes, le quatrième côté
étant composé de la pente naturelle de la montagne qui descend vers le Jourdain
(550 mètres en dessous !) La destruction systématique menée par Saladin a
laissé presque intact le glacis en basalte du château extérieur.
Une fois
franchie la barbacane orientale, on entre dans l’enceinte : tout au long
est (ou était, devrais-je plutôt dire !) édifiée une “salle sans fin”, une
simple voûte ménageant un espace assez vaste pour les activités du château. Au-dessus
de la voûte, le chemin de ronde. Au centre, le château intérieur (les thérésiens
apprécieront) dont la structure est la même que l’extérieur, sinon que l’unique
entrée se trouve du côté ouest : ainsi les éventuels assaillants devaient
contourner le château intérieur pour y rentrer. À l’intérieur, là aussi, une salle
sans fin avec encore quelques restes de cloisons ménageant divers espaces. Dans
la cour centrale, les vestiges de la cuisine et une rampe qui monte à l’étage
(disparu). À l’étage, il y avait vraisemblablement les installations
conventuelles, dont la chapelle. Les archéologues lyonnais ont récupéré les
pierres éparses autour du site pour tenter de restituer le plan, les volumes et
la décoration de ladite chapelle.
Vue aérienne de Belvoir, le nord est à droite (source : https://journals.openedition.org/bcrfj/7398) |
Une autre caractéristique du château est l’utilisation, lors de la construction
d’agrafes métalliques pour assurer la cohésion du bâti (d’autant que le mortier
est de mauvaise qualité). Par conséquent, sur place, j’ai cherché ces fameuses
agrafes et de fait, nous en avons vu plusieurs. La conférence d’Anne Baud, qui co-dirige les fouilles, est très intéressante.
Nous ne nous sommes pas attardés car nous avions rendez-vous pour la messe à 11 heures
à la Primauté de Pierre. Nous y avons retrouvé le P. Cyprien Comte, du
diocèse de Toulouse. Il a étudié, comme moi, à l’Institut Biblique de Rome mais
deux ans après. Depuis 10 ans, il est directeur spirituel au séminaire de
Toulouse. Son oncle est prêtre dans le diocèse de Montpellier et célébrait les
messes pour les louveteaux, in illo tempore. Avec lui, trois de ses six
frères et sœurs… Et, invités surprises !, cinq séminaristes du séminaire
de Toulouse (un Cadurcien, deux Perpignanais, un Toulousain et un
Montpelliérain). Le Cardurcien connaît le parrain de mon neveu… Ce petit groupe
hétéroclite s’est retrouvé uni par l’eucharistie dominicale (mais nous avons
célébré la messe de la Primauté de Pierre). Puis nous nous sommes dirigés vers
le Capharnaüm orthodoxe. Le lieu est bien plus calme que celui des Latins, à
200 mètres à l’ouest. Il faut dire que c’est moins intéressant sur le plan
archéologique, mais la petite église byzantine est charmante avec ses jolies icônes illustrant les épisodes évangéliques situés autour du lac, et une grande
table permet un pique-nique sympathique. Nous renouions avec le soleil,
invisible depuis longtemps (entre le 26 et le 28 février, il est tombé 135 mm
d’eau, soit 25 % de la moyenne annuelle !)
Après le pique-nique, nous nous sommes séparés. Avec mon véhicule, nous avons
opté pour Magdala, avec ses vestiges de la ville portuaire d’où Marie Madeleine
était originaire. Et notamment la fameuse synagogue du Ier siècle, peut-être même
fréquentée par Jésus. Je n’y étais pas passé depuis trois ans et les
constructions du centre d’accueil des Légionnaires du Christ ont avancé. Puis,
il a fallu rentrer à la maison, il n’était que 16 h, mais il y avait de la
route. La lumière sur la rive est du lac était magnifique. Dans la voiture, j’ai
écrasé.
Arrivé chez Laurent-Pierre et Laurence, installation du couvert, apéro et le P. Cyprien
et ses amis sont arrivés. Laurence avait préparé le désormais traditionnel poulet
à l’arak et aux clémentines. En voici la recette trouvée sur Internet. En
attendant qu’il soit à point, Gontran nous a fait une démonstration de ses
talents de prestidigitateur : quelques tours de carte qui disparaissent,
changent de couleur et se retrouvent là où on ne les attendait pas ! J’étais
époustouflé.
Le repas fut très sympathique mais nous ne nous sommes pas attardés car la
journée avait été fatigante…
Ce lundi, messe matutinale à l’Ecce Homo, puis journée à la bibliothèque.
À bientôt,
Étienne+
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