Ἐγένετο τότε τὰ ἐγκαίνια ἐν τοῖς Ἱεροσολύμοις, χειμὼν ἦν.
Egeneto tote ta enkainia en tois Hierosolymois, cheimôn èn (Jn 10,22)
Egeneto tote ta enkainia en tois Hierosolymois, cheimôn èn (Jn 10,22)
Chers amis
Je sais que certains de mes paroissiens n’en croiront pas
leurs yeux, mais, en ce moment à Jérusalem, on se pèle, ça caille... Depuis
deux jours la douceur automnale a laissé la place à la rigueur de l’hiver. En
ville, on voit apparaître les décorations de Noël, euh pardon… de Ḥanoukkah…
Ḥanoukkah vient
de la racine hébraïque ḥnk qui signifie « inaugurer », et c’est
le nom de la fête qui commémore la dédicace du Temple de Jérusalem. On retrouve
la racine en 1R 8,63, pour la dédicace du Temple par Salomon. Mais, ce n’est
pas cette dédicace que Ḥanoukkah commémore… Il s’agit en fait de la
purification du Temple accomplie par les Maccabées en 164 avant Jésus-Christ.
La Judée était alors soumise, depuis Alexandre le Grand, aux Grecs, d’abord les
Lagides (les Ptolémées d’Égypte), puis les Séleucides. Le roi séleucide,
Antiochos IV Épiphane, désirait implanter profondément la culture grecque en
Judée et, pour cela, il avait consacré le temple de Jérusalem à des dieux
païens (Jupiter, ou Baal Shamem, c’est le même) ; pour éradiquer la
religion juive, il fait sacrifier des porcs dans le Temple et interdit la circoncision.
À ce moment-là, Matthatias, prêtre d’une petite ville de
la plaine côtière, se révolte : il tue le soldat qui était chargé de lui
faire accomplir le sacrifice et s’enfuit avec ses cinq fils pour soulever le
pays. Le plus connu des cinq fils, Judas surnommé Maccabée (מקבי, signifie
marteau = un peu comme Charles Martel qui refusait, lui aussi, une influence étrangère)
profite de la mort d’Antiochus pour reprendre le temple de Jérusalem et le rendre
au culte juif.
« Le vingt-cinquième jour du neuvième mois,
c’est-à-dire le mois de Kisléou, en l’année 148, de grand matin, les prêtres
offrirent le sacrifice prescrit par la Loi sur le nouvel autel qu’ils avaient
construit. On fit la dédicace de l’autel au chant des hymnes, au son des
cithares, des harpes et des cymbales. C’était juste l’anniversaire du jour où
les païens l’avaient profané. (…) Pendant huit jours, ils célébrèrent la
dédicace de l’autel, en offrant, dans l’allégresse, des holocaustes, des
sacrifices de communion et d’action de grâce. (…) Judas Maccabée décida, avec
ses frères et toute l’assemblée d’Israël, que l’anniversaire de la dédicace de
l’autel serait célébré pendant huit jours chaque année à cette date, dans la
joie et l’allégresse. » (1M 4,52-59). Une vingtaine d’années plus
tard, vers 142, la dynastie des Hasmonéens, descendante de Simon, le dernier
des cinq fils de Matthatias va réussir à imposer un royaume juif relativement
indépendant. Souvent, Ḥanoukkah
est présentée par les juifs comme l’anniversaire d’une résistance culturelle à
une culture païenne et étrangère. C’est partiellement vrai parce qu’en fait, les
Hasmonéens étaient complètement hellénisés : ils portaient des noms grecs :
Alexandre Jannée, Johanan Hyrcan, Alexandra Salomé, Aristobule…
La fête dure donc huit jours et cela commence demain. De
fait, Ḥanoukkah
a souvent lieu un peu avant ou pendant Noël. C’est pour cela que les
décorations de Ḥanoukkah
peuvent être prises par nous, occidentaux étroits, pour des décorations de
Noël.
Il y a d’autres histoires avec Ḥanoukkah mais j’en
garde pour la prochaine chronique.
Depuis mes aventures de jeudi dernier, la vie a repris son
cours, le plus normalement possible. Heureusement que je ne vis pas seul car la
soirée de jeudi m’a permis de verbaliser, d’échanger avec les Frères... Hier
dans le journal, il y avait un article. J’ai reconnu la photo de l’endroit mais
écrit en arabe, j’en suis réduit à admirer la typographie...
Vendredi, cours sur saint Marc le matin puis travail en bibliothèque.
À midi, nouvelle destination pour la messe. Il y a un prêtre à la Maison d’Abraham
pendant tout le mois décembre, du coup, je peux rendre service à l’Ecce Homo,
sur la Via Dolorosa. La maison est historiquement tenue par les Sœurs de
Notre-Dame de Sion mais une équipe du Chemin Neuf les assiste. L’église de l’Ecce
Homo fut construite, comme beaucoup à la fin du xixe
siècle. Le chœur de l’église correspond à un arc de l’époque romaine, dont on
croyait qu’il correspondait à celui où Jésus avait été montré à la foule par
Pilate avec ces mots « Voici l’homme », en latin « Ecce homo »
(Jn 19,5). Au sous-sol, lors de la construction du couvent, on découvrit
un dallage, identifié à ce moment au λιθόστρωτος (lithostrôtos, en
hébreu Gabbatha, cf. Jn 19,13), d’autant que sur une des dalles était
gravé un plateau de jeu, dit « Jeu du roi »… C’était pour le moins
évocateur, mais la datation actuelle des vestiges les associe plutôt à l’époque
de l’empereur Hadrien, soit une centaine d’années après la passion de Jésus. Il
n’empêche que le lieu est magnifique et plein de paix alors que la Via Dolorosa
et le quartier musulman sont agités.
Après la messe, repas avec les Sœurs. Et surtout joli vue
depuis la terrasse : on domine le quartier musulman et on a une vue plongeante
sue l’esplanade des Mosquées. En plus le temps était de la partie : pas un nuage
dans le ciel. L’après-midi, bibli (what did you expect ?)
Ce matin, j’ai bossé au Collège (flemme d’aller à l’ÉBAF)
j’ai lu un bouquin sur saint Paul pour un exposé dans 15 jours. Ça m’a l’air
moins intéressant que celui de Sanders, il y a deux mois. J’ai fait une pause
pour me réchauffer avec un café. Je pensais naïvement que sur la terrasse le
soleil me réchaufferait... Mais c’était encore pire. J’ai trouvé le petit salon
avec sa baie vitrée, orientée plein sud. Et enfin, il faisait bon. Dans l’après-midi,
balade au gré du soleil (je n’ai pas regretté mon vieux caban chiné 20 € il y a
cinq ans). Au parc Sacher, j’ai vu les familles avec lesquelles j’ai passé l’autre
dimanche qui jouaient au rugby avec les enfants. Une combine se monte pour
aller chanter Vêpres le lendemain avec les moines et moniales d’Abu Gosh dans
le désert en l’honneur de saint Jean Baptiste.
Je ne rentre pas trop tard pour aller assister au Concert
de Noël des écoles, au centre Notre-Dame, juste en face du Collège, en sortant
par la Porte neuve. Onze écoles de Jérusalem et des environs avec chacune un
chant (7 min maximum).
Regardez ce que donnent les filles de l’école des Sœurs du
Rosaire de Jérusalem.
J’ai la surprise de retrouver Michèle, madame la
proviseure du Lycée français de Jérusalem. C’est son mari qui est proviseur. Elle,
je la connais car elle suit le cours de topographie de l’ÉBAF. Son mari avait
une place réservée mais pas elle, donc on a passé le concert ensemble et on a
bien rigolé. Au début, le chantre de la paroisse grecque orthodoxe a chanté
quelque chose en arabe et tout le monde s’est levé. Vers la fin, je comprends
deux ou trois mots et réalise qu’il cantilait simplement le récit de la
Nativité dans l’évangile selon saint Luc.
Le lycée français a fait deux chants très "laïcs et
républicains" (le renne au nez rouge et « tes yeux se voilent, écoute
les étoiles… »(, alors que les autres ont fait du traditionnel : on a même
eu droit à Minuit, chrétiens en anglais. Et le collège des Frères a fait une
sorte de crèche vivante, c’était très mignon. Pas besoin de vous préciser ce
que racontait le chant, tout est dit dans le mime…
A bientôt, que Dieu vous bénisse et vous donne d'attendre, dans la paix, la venue de son Fils,
Étienne+
A bientôt, que Dieu vous bénisse et vous donne d'attendre, dans la paix, la venue de son Fils,
Étienne+
1 commentaire:
Merci beaucoup toutes ces nouvelles très vivantes qui nous font partager ton expérience de Jerusalem. Le contraste entre la scène de violences et celle de la fête Chrétienne des école est saisissant.
Enfin, l'Etoile de Jacob est là, qui nous montre le chemin.
Philippe C.
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