ἐτέχθη ὑμῖν σήμερον Σώτηρ
Mon Dieu qui dormez, faible entre mes bras,
Mon enfant tout chaud sur mon cœur qui bat,
J’adore en mes mains et berce, étonnée,
La merveille, ô Dieu, que m’avez donnée.
De fils, ô mon Dieu, je n’en avais pas.
Vierge que je suis, en cet humble état
Quelle joie en fleur de moi serait née ?
Mais vous, Tout-Puissant, me l’avez donnée.
Que rendrai-je à Vous, moi sur qui tomba
Votre grâce ? O Dieu, je souris tout bas,
Car j’avais aussi, petite et bornée,
J’avais une grâce et Vous l’ai donnée.
De bouche, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour parler aux gens perdus d’ici-bas…
Ta bouche de lait vers mon sein tournée,
Ô mon Fils, c’est moi qui te l’ai donnée.
De main, ô mon Dieu, Vous n’en aviez pas
Pour guérir du doigt leurs pauvres corps las…
Ta main, bouton clos, rose encor gênée,
Ô mon Fils, c’est moi qui te l’ai donnée.
De chair, ô mon Dieu, Vous n’en aviez pas
Pour rompre avec eux le pain du repas…
Ta chair au printemps de moi façonnée,
O mon Fils, c’est moi qui te l’ai donnée.
De mort, ô mon Dieu, Vous n’en aviez pas
Pour sauver le monde… ô douleur, là-bas,
Ta mort d’homme, un soir, noire, abandonnée,
Mon petit, c’est moi qui te l’ai donnée.
etechthè humin
sèmeron Sôtèr
Chers amis,
Joyeux et
saint Noël ! J’ai eu la grâce de le vivre à Bethléem, in situ.
Ces
derniers jours ont été bien occupés… Mercredi matin, j’ai fait une petite
grasse matinée (7h00 !). Après la messe de midi, célébrée avec Pierre C.,
nous sommes partis avec les Frères pour le repas de Noël des professeurs et
personnel du Collège. Nous étions dans un grand resto derrière la cathédrale
anglicane de Jérusalem (celle dont le clocher ressemble à ceux de la cathédrale
de Montpellier). L’ambiance était très sympa ; le directeur académique, le
fr Rafael et le fr Daoud ont dit un petit mot chacun très court, pour remercier
et encourager.
Sinon, à
peine rentré à la maison, j’ai retrouvé le groupe anglais conduit par Monique
et Odile (de NDV). Quand je dis anglais, c’est qu’ils viennent d’Angleterre
mais en fait, il y a deux Philippins, trois Brésiliens, quelques Français, un
Italien, un carme anglais… Diversités des âges aussi, bref un groupe que je
peux décrire autrement que par l’adjectif hétéroclite mais avec ce petit
grain de folie anglais qui fait l’unité. J’ai visité avec eux la Dormition et
le Cénacle, puis nous sommes rentrés chez eux, au foyer maronite qui se trouve
près de la Porte de Jaffa. Le quartier était en ébullition, car une attaque
avait eu lieu en tout début d’après-midi, provoquant la mort de deux personnes
(l’une d’entre elles touchée par une balle perdue des policiers qui sont
intervenus…) Le guide leur a donc déconseillé de sortir, c’était dommage car
nous voulions aller prendre un verre en Vieille Ville. J’ai profité de l’occasion
pour admirer la vue que l’on a depuis la terrasse. On est presque à la jonction
entre les quatre quartiers de la Vieille Ville et surtout, on aperçoit la
piscine d’Ézéchias, qui date en fait de l’époque hérodienne. Le lieu n’a jamais
été construit mais est inaccessible au public ; il faut pouvoir trouver un
habitant qui accepte d’ouvrir sa porte…
En fin d’après-midi,
le frère Daoud est venu rencontrer le groupe ; il a parlé du système
éducatif palestinien, des défis éducatifs et des relations chrétiens/musulmans
dans les écoles. C’était passionnant. Le repas a suivi puis il y a eu une
petite célébration pénitentielle. Nous étions trois prêtres, le P. Pierre, le
P. Matt (ocd anglais) et moi-même. Simple et authentique.
Jeudi matin,
rendez-vous était fixé à Saint-Pierre-en-Gallicante pour retrouver le groupe de
Jeunes pros cornaqué par le P. Matthieu Aine (NDV-Lille). Le petit-dèj a été
vite expédié mais je n’ai rien demandé à Matthieu, car il avait d’autres soucis…
Une de leurs voitures avait été volée la veille au Wadi Qelt… Une des filles n’avait
plus de passeport, etc. J’ai guidé la vingtaine de jeunes depuis la maquette de
la Jérusalem byzantine (pour expliquer l’histoire de la ville).
Ensuite,
nous avons parcouru la cité de David, pour moi, pas de problèmes car nous l’avions
visitée avec l’École dix jours plus tôt, c’était frais dans ma tête. Mais au
lieu de prendre le tunnel cananéen (tunnel sec) nous avons suivi le tunnel d’Ézéchias :
533 mètres de long, 0,70 mètre de large et de l’eau à mi-mollet, le tout creusé
en 701 avant Jésus-Christ, pour envoyer de l’eau dans un bassin et se mettre
ainsi à l’abri de la soif en cas de siège. Quelle aventure !
Puis nous
sommes remontés par le fameux égout de la semaine précédente, qui heureusement
était sec cette fois-ci. Nous sommes allés jusqu’au bout pour atteindre le
centre Davidson avec les vestiges qui entourent le mont du Temple au sud et à l’ouest.
Ma visite de dimanche dernier n’avait pour autre but que de me rafraîchir la
mémoire. Et puis, il était déjà 12h30 passée et grand temps de se séparer. Le
groupe était sympa, intéressé mais je me suis dit que quelqu’un avait dû leur
mettre du Valium® dans le café du matin… Pour ma part, j’ai remonté le fameux
égout à toute vitesse mais, ils allaient à un train de sénateur…
Repas avec
les Frères puis sieste, nécessaire pour affronter la longue soirée. À quatre
heures, j’ai célébré la messe avec Pierre et à 17h00, rendez-vous devant le
Consulat général. Christophe nous y a récupéré et nous avons filé vers Beit
Sahour, village voisin de Bethléem et lieu du sanctuaire appelé “Champ des
Bergers”. Nous étions très en avance et nous avons donc attendu un bon moment.
Les familles sont arrivées bien comme il faut. Nous étions dans la grotte 2 (j’y
avais déjà célébré la messe en 2007 avec la Route des Jeunes : j’avais
gardé un souvenir d’une étuve bouillante et depuis, le Champ des Bergers ne me
passionnait pas du tout). Mais là, l’ambiance nocturne, la fraîcheur de
décembre, la grotte et les lumières, tout concourrait à nous plonger dans la
grâce de la Nativité. Familles nombreuses avec des tout-petits, quelques grands
parents, et un beau recueillement.
La messe a
été très belle (au moins de mon point de vue) ; sauf que les gens avec qui
j’étais avaient un gros défaut : ils ne prennent pas de photos pendant la
messe ! Nous n’aurons d’autre image que celles que nos cœurs garderont.
Pendant l’homélie, j’ai repris la belle poésie de Marie Noël (1883-1967), Berceuse
de la Mère-Dieu, que je trouve tout à fait adaptée à la circonstance.
Mon Dieu qui dormez, faible entre mes bras,
Mon enfant tout chaud sur mon cœur qui bat,
J’adore en mes mains et berce, étonnée,
La merveille, ô Dieu, que m’avez donnée.
De fils, ô mon Dieu, je n’en avais pas.
Vierge que je suis, en cet humble état
Quelle joie en fleur de moi serait née ?
Mais vous, Tout-Puissant, me l’avez donnée.
Que rendrai-je à Vous, moi sur qui tomba
Votre grâce ? O Dieu, je souris tout bas,
Car j’avais aussi, petite et bornée,
J’avais une grâce et Vous l’ai donnée.
De bouche, ô mon Dieu, vous n’en aviez pas
Pour parler aux gens perdus d’ici-bas…
Ta bouche de lait vers mon sein tournée,
Ô mon Fils, c’est moi qui te l’ai donnée.
De main, ô mon Dieu, Vous n’en aviez pas
Pour guérir du doigt leurs pauvres corps las…
Ta main, bouton clos, rose encor gênée,
Ô mon Fils, c’est moi qui te l’ai donnée.
De chair, ô mon Dieu, Vous n’en aviez pas
Pour rompre avec eux le pain du repas…
Ta chair au printemps de moi façonnée,
O mon Fils, c’est moi qui te l’ai donnée.
De mort, ô mon Dieu, Vous n’en aviez pas
Pour sauver le monde… ô douleur, là-bas,
Ta mort d’homme, un soir, noire, abandonnée,
Mon petit, c’est moi qui te l’ai donnée.
Après la
messe, vin chaud, thé et brioches ont été partagés dans la joie. Puis chaque
famille est rentrée chez elle prendre le repas de Noël. J’étais chez
Anne-Cécile et Christophe dont la maison était remplie de vie puisqu’ils
accueillaient aussi, la sœur de Christophe et son mari et leurs trois enfants.
En plus de cela, ils avaient fait signe à quatre membres du consulat qui
étaient ici en “célibataires”. Ils avaient assisté à la messe, il fallait aller
au bout de la fête. Le repas a été excellent : salade de saumon, mangue et
crevette de Gaza (ne me demandez pas comment elles ont passé la frontière… Je l’ignore),
Parmentier de canard (à tomber par terre). Le dessert avait été confié aux
enfants, qui s’étaient surpassés : un igloo (ce sont des carrés de
guimauve qui tiennent lieu de blocs de glace !) composé par les filles
(avec un pingouin et un ours blanc pour la déco) ; et un “gâteau-très-bon”
(c’est son nom !), œuvre des garçons, à base de chocolat. Sain, économique
et nourrissant ! comme on dit par chez nous.
Retour pas
trop tard à la maison et dodo. Ce matin, laudes avec Pierre et départ pour
Bethléem en bus. Nous retrouvons les Anglais sur la place de la Mangeoire,
excellent timing. Nous entrons dans la basilique et fonçons vers la grotte de
la Nativité. Il y avait pas mal de monde et ça bousculait pas mal pour rentrer
dedans et vénérer l’étoile d’argent. Les Indiens m’ont surpris par leur
capacité à bousculer les gens et à pousser pour se faufiler devant toi…
À 10
heures, messe dans la grotte de saint Joseph. Ce fut très beau et simple. Petit
tour au Champ des Bergers après une rapide visite de la basilique de la
Nativité. L’ambiance diurne change tout. Repas au Restaurant la Tente,
qui évoque en effet une tente de bédouin. Excellent repas de Noël. Les Lillois
du P. Matthieu Aine étaient là aussi (nous les avions croisés à la Nativité). A la fin, notre guide nous a fait danser pour participer à la joie de Noël !
Nous
sommes montés dans le bus pour nous rendre à la crèche, un orphelinat tenu par
les sœurs de St-Vincent de Paul. Au détour d’une route, un peu plus loin,
quelques gars masqués, avec fronde au milieu des panaches de lacrymogènes… Même
pas de trêve à Noël…
La visite
de l’orphelinat a été un beau moment, qui a apporté une note de gravité à cette
fête : les sœurs accueillent une quarantaine d’enfants abandonnés, ou
placés par les services sociaux. Il y a beaucoup de filles-mères en Palestine,
souvent à la suite de viols à l’intérieur des familles et si la grossesse vient
à être connue, elles risquent la mort « pour laver l’honneur de la famille »…
L’orphelinat ne survit que grâce à des dons et aux bénéfices de la Guest
house voisine (celle où les Prêtres de NDV avaient passé une nuit en 2014).
Les services sociaux palestiniens n’ont d’autre souci que de s’assurer que ces
enfants, légalement réputés musulmans, ne deviennent pas chrétiens. C’est
pratiquement leur seul intervention… Ces jours-ci, trois enfants sont arrivés au centre. Le dernier a été nommé Majid (Gloire !) parce qu'il est né hier : on ne peut leur donner de prénom chrétiens, les sœurs ont donc contourné l'interdit.
Après
cela, nous avons quitté le groupe qui rentrait à l’hôtel et nous avons suivi
Peter, le guide, qui devait nous ramener à Jérusalem. Mais auparavant, nous
sommes allés goûter chez ses parents qui habitent une jolie demeure en
contrebas de Bethléem… La déco est typiquement palestinienne…
Thé,
beignets aux pommes. Les parents de Peter parlent un excellent français
(monsieur Sabella est un ancien des Frères, en auriez-vous douté !). Puis
vers 19h00, nous avons regagné, sans encombre Jérusalem. J'ai un peu parlé avec Peter ; je l'ai senti meurtri de la situation politique, des difficultés quotidiennes... Priez pour lui ! Petit repas léger et
dodo rapide après avoir commencé à rédiger ce billet.
Que l’Enfant
de la crèche vous bénisse tous et vous comble de sa grâce d’humilité ! Je vous laisse avec ce beau chant et ce témoignage organisé par les Franciscains de Budapest, lors du 3ème dimanche de l'Avent.
À bientôt,
Étienne+
PS (9h55) : Au moment où je postais ce billet, des détonations ont éclaté. N'ayant pas entendu de sirènes ensuite, je ne me suis pas inquiété outre mesure. En fait, la police montée a abattu un jeune homme sur la place Tsahal (National Garden), juste derrière le Collège. Notre cuisinière passait un coup de balai sur la terrasse a tout vu et me dit que le jeune homme était à plus de 20 mètres des policiers et vraisemblablement désarmé. Quoiqu'il en soit, la légitime défense paraît difficile à plaider... Prions pour la paix...
PS (9h55) : Au moment où je postais ce billet, des détonations ont éclaté. N'ayant pas entendu de sirènes ensuite, je ne me suis pas inquiété outre mesure. En fait, la police montée a abattu un jeune homme sur la place Tsahal (National Garden), juste derrière le Collège. Notre cuisinière passait un coup de balai sur la terrasse a tout vu et me dit que le jeune homme était à plus de 20 mètres des policiers et vraisemblablement désarmé. Quoiqu'il en soit, la légitime défense paraît difficile à plaider... Prions pour la paix...
2 commentaires:
merci Etienne pour ton blog qui nous passionne!
bonne fete et bonne annee a Jerusalem
affection
Michel et Sylvie
merci Etienne pour ton blog qui nous passionne
bonne fete et bonne annee a Jerusalem
affection
Michel et Sylvie
Enregistrer un commentaire