wayyiqsherû
alayw qesher bîrushalayim wayyanos lakishah
ויקשרו עליו קשר בירושלים וינס לכישה
Chers
amis
Et
oui, bravo à ceux qui ont deviné que מלחמת הכוכבים faisait référence à
la Guerre des Étoiles ; pour un hébraïsant moyen, c’est très facile
puisque ces deux mots font vraiment partie du vocabulaire de base.
Lundi,
ben… c’était comme un lundi quoi ! Sinon, que j’ai eu un cours
supplémentaire sur saint Paul car notre professeur quitte Jérusalem en janvier.
Ce
matin, après la messe, rendez-vous était fixé à l’École à 7h20. À cause de la
proximité de Noël, plusieurs étudiants étaient retournés en France, une était
malade et d’autres avec leur famille venue les visiter… Du coup nous étions
seulement treize dans un bus 54 places… Nous ne nous sommes pas disputés…
Direction
la Shephelah, une région de petites collines au sud-ouest de Jérusalem, en
bordure de la plaine côtière. La végétation est assez maigre, un peu comme
notre garrigue sur la Gardiole. Nous avons d’abord visité Lakish, c’est (encore !)
un tell occupé du néolithique à l’époque hellénistique (après Alexandre le
Grand). Le site a été pas mal fouillé mais n’est pas vraiment aménagé pour la
visite. Dans la Bible, on en parle dans le livre de Josué lorsque l’armée des
Hébreux s’en empare (Jos 10) puis dans le Deuxième Livre des Rois, lorsqu’on
rapporte rapidement la mort du roi Amasias : « On trama un complot contre lui à Jérusalem, il s'enfuit vers Lakish,
mais on le fit suivre à Lakish et mettre à mort là-bas » (2R 14,19).
Vous voyez qu’il ne faisait pas nécessairement bon être roi à cette époque.
Lakish est surtout connue pour le siège qu’elle a subi de la part du roi d’Assyrie,
Sennachérib, aux alentours de l’an 700 avant J.-C. L’Assyrie était un empire
hyper puissant et pour subvenir à ses besoins, elle faisait régner la terreur
autour d’elle (cela évitait parfois d’avoir à se battre, on ne faisait que
montrer ses crocs). Elle soumettait les royaumes autour d’elle en leur imposant
de lourds tributs, si le royaume se rebellait, elle déclenchait un coup d’état
pour mettre un roitelet à sa botte et si ça continuait, alors là, elle se
mettait très en colère… Elle débarquait avec ses armées et saccageait tout. À Lakish,
on a retrouvé le charnier consécutif au siège… Pas beau à voir.
En plus, on connaît assez précisément le déroulement du siège puisque
Sennachérib a décoré une des pièces de son palais de Ninive avec des
bas-reliefs qui dépeignent les événements du siège, et a fait décrire sa
campagne militaire sur un prisme en argile cuite découvert par un certain
Taylor. Pas besoin d’aller à Ninive pour voir tout cela, c’est au British Museum.
À la même époque, Sennachérib a menacé Jérusalem alors gouvernée par Ézéchias.
C’est le moment où le fameux tunnel a été vraisemblablement creusé. Jérusalem
ne s’en est pas trop mal sortie : dans la Bible, on dit que l’ange du
Seigneur a envoyé la peste sur les Assyriens qui sont repartis chez eux ;
il semble quand même que le royaume de Juda a été soumis au tribut (selon le
prisme de Sennachérib, ils ont payé 900 kilos d’or et 2400 kg d’argent, des
blocs de pierre précieuse, de l’ivoire, des laines colorées, des armes, des
femmes...)
Sinon, sur le site lui-même nous avons pu admirer tout de même la
porte double de la ville : une rampe permet d’accéder à une première porte
puis on fait un tournant à angle droit et on pénètre dans la ville par une
porte à tenaille (comme celles que l’on a vues à Ḥaçor et Megiddo). Lakish est
connue aussi pour sa double enceinte qui la rendait plus facile à défendre. En
revanche, le fameux temple fosse est plutôt décevant : heureusement qu’on
nous a dit qu’il y avait quelque chose… En parcourant ces sites, on s’aperçoit
que laisser les fouilles à l’air libre est très destructeur : la pluie, la
végétation ont tôt fait de tout recouvrir. Mais si l’on y prête attention, l’archéologie
n’est que la destruction méthodique et soigneusement consignée des vestiges de
l’ancien temps.
La porte à tenaille de Lakish |
Puis nous avons continué à quelques kilomètres de là pour gagner Tel
Maresha. Le lieu a été bâti par Roboam, fils de Salomon, selon 2Chr 11,5.
Sur le site, on voit bien le tel mais sur le tel, il n’y a absolument rien à
voir. Tout a été recouvert… On a mis à jour à l’époque la ville hellénistique
avec son plan hippodamien (en damier, avec les rues à angle droit) mais les
vestiges visibles sont surtout autour du tel.
Le sol de cette région est composé de calcaire. La première couche
appelée nira est dure mais épaisse d’un bon mètre seulement… En dessous,
c’est de la craie que l’on peut creuser à la petite cuillère… Les habitants ont
donc profité du fait qu’il était plus facile de creuser que de construire. Les
maisons ont disparu mais les citernes et caves sont restées. On a vu comme ça
un immense columbarium souterrain, des pressoirs à huile.
Une des citernes s’appelle
la « grotte polonaise », non à cause de la présence d’une colonie
polonaise à l’âge du Fer mais tout simplement à cause du graffiti d’un soldat
polonais de la deuxième guerre mondiale… Les pressoirs à huile sont très bien
conservés et mis en valeur… Les olives étaient d’abord broyées sous une petite
meule tournée par un âne ; la bouillie grasse ainsi obtenue était mise
dans des sortes de paniers en cordes que l’on empilait avant de les presser à l’aide
de pierres très lourdes qui exprimaient l’huile contenue dans les olives. L’huile
coulait hors du panier et était recueillie en dessous. On laissait décanter
pour séparer l’huile et l’eau, et voilà !
Pressoir à huile hellénistique |
Nous avons aussi parcouru le labyrinthe, un réseau complexe de
citernes, columbariums, pressoirs, souterrains. On y passe un bon moment et en
sortant on se rend compte qu’on n’a parcouru qu’une cinquantaine de mètres
depuis l’entrée.
La matinée s’est achevée aux tombes sidoniennes. Après l’exil, la
région n’était plus occupée par des juifs mais par des Iduméens (les
descendants d’Ésaü, dont le nom est aussi Édom). Alexandre le Grand y a fait s’installer
une colonie phénicienne (originaire de Sidon, au Liban actuel).
Les tombes ont
été découvertes dans les années trente et des relevés précis des peintures qui
les ornaient ont été réalisés par le P. Vincent de l’École Biblique. Il y a une
vingtaine d’années, les Antiquités Israéliennes ont demandé les relevés pour
pouvoir reproduire les peintures que le temps avait fait disparaître… On attend
toujours leur retour et les Antiquités Israéliennes affirment qu’ils ne sont
plus en leur possession… Les peintures représentent un bestiaire plus ou moins
fantastique : éléphant, rhinocéros, girafe (chameau-léopard en grec), lion
à tête humaine. Regardez à qui vous fait penser le lynx… Il y a aussi une inscription en grec qui montre que deux amants, séparés par le mariage de la dame, ont dû se servir de la tombe comme lieu pour se faire passer des messages...
Lynx dans les tombes sidoniennes |
Aux environs de l’an 100, le roi hasmonéen Jean Hyrcan a pris la ville
et l’a judaïsée de force. Après l’arrivée des Romains, elle reprit son
indépendance et est détruite par les Parthes alors qu’elle était défendue par
Hérode. Certains historiens pensent qu’il y est né.
Après le pique-nique, nous avons voulu prendre un café mais la bonne
femme du magasin nous a éconduits avec la délicatesse qui gouverne les
relations humaines dans ce pays. Et en plus, Marie des Neiges était absente et
nous ne pouvions même pas compter sur le thermos qu’elle emporte habituellement
en excursion.
Vers Sandahanna |
Nous en avons été réduits à reprendre le chemin vers Sandahanna, l’abside
d’une église byzantine, retapée par les croisés et dédiée à sainte Anne. Puis
nous sommes arrivés aux Bell Caves. À cet endroit, l’exploitation de la craie a
été faite à l’échelle industrielle de la fin de l’époque byzantine jusqu’au
début de l’époque islamique. Environ 800 cloches sont recensées dans le site :
on commençait par creuser un petit trou d’un mètre de diamètre dans la roche
dure de surface puis lorsqu’on arrivait à la craie, on élargissait le trou et
on creusait couche par couche.
Cela produit des trous en forme de cloches, d’où
le nom du site… Les bases des cloches se rejoignent et dessinent un immense
réseau souterrain. À quelques endroits, c’est éboulé mais d’autres lieux sont
très expressifs. Une séquence du film musical Jesus Christ Superstar a été tournée là-bas dans les
années 70 : Jésus baba cool à son paroxysme.
Les cloches |
Le
site est très beau mais il y avait là quelques 200 moutards et c’était
insupportable ! Les animateurs les encourageaient même à hurler pour
profiter de l’acoustique flatteuse du lieu. Avec les étudiants, on a chanté Les
anges dans nos campagnes. Et nous avons eu 2 secondes de silence ensuite.
Merci, bravo !
La
visite s’est achevé par Beth Guvrin, la cité hellénistique, romaine et
byzantine. Ce nom araméen signifie la maison des braves. Septime Sévère lui
donna le nom d’Éleuthéropolis (≈ Villefranche). À l’époque talmudique, on sait
qu’il y avait une importante communauté juive.
L'amphithéâtre de Beth Guvrin |
Le
site a été peu fouillé et on voit surtout un amphithéâtre, le mieux conservé de
toute la Terre Sainte, mais il ferait gentiment sourire les Nîmois et les
Arlésiens… À côté, une église byzantine recyclée et une forteresse croisée,
plus connue sous le nom de Gibelin (déformation du Jivrin arabe, lui-même
dérivé de Guvrin). L’église possède de beaux restes car après son recyclage croisé,
elle a été mosquéïfiée… Les croix ont donc été martelées…
Il n’était
pas encore 15h mais nous étions crevés et nous sommes donc repartis vers la
maison. On a hésité à passer par Hébron mais le chauffeur n’était pas chaud (c’est
un comble !) du coup, on a repris la route du matin et nous sommes arrivés
à l’École à 16h20.
Jusqu’à
lundi, la bibliothèque est fermée… Pas de cours, ce sont les vacances !
À bientôt,
Étienne+
1 commentaire:
La famille Espenon-Michelet-Berger vous souhaite de Joyeuses Fêtes de Noël ! Véronique Michelet
Enregistrer un commentaire