Cher tous,
Rapidement, les premières impressions du festival Sounding Jerusalem. Une grosse vingtaine de concerts de musique de chambre gratuits dans des lieux inattendus de Jérusalem et des environs, avec des artistes de renommée internationale ; le plus original des concerts est celui du 6 juillet, il a été baptisé Sunrise Temptation, il commence à 5h15 du matin au monastère orthodoxe de la Tentation qui domine la ville de Jéricho (on y accède par un téléphérique) et le soleil doit se lever en musique. Je regrette un peu de ne pouvoir y assister mais c’est le jour où le groupe NDV débarque en Terre Sainte.
Samedi, la journée s’est passée sans rien de particulier. À 18h00, j’étais avec Agnès dans l’Hospice Autrichien qui se trouve devant la 3° Station. C’est une belle bâtisse de la fin du 19° siècle, à l’origine un hôpital et maintenant une maison d’accueil pour groupes germanophones. La maison est réputée pour ses Apfelstrudel. Au premier étage, un petit salon de musique charmant : un motif de lyres et de feuilles d’acanthe sur fond vert sapin orne les murs. Les plafonds sont décorés de thèmes religieux et musicaux. Le cadre enchanteur donne une ambiance belle époque. Le salon n’a qu’un défaut, ce n’est qu’un salon et on y étouffe vite d’autant plus que ce début d’été hiérosolymitain se distingue par des températures exceptionnellement hautes.
Le programme de ce Grand Opening était assez classique. Trois Scottish Songs de Beethoven, huit de Haydn interprétées par un piano, un violon, un violoncelle et une jeune soprano française délicieuse à écouter. Une impression de facilité et de naturel qui cache un sacré travail. Hélène Le Corre, retenez ce nom. Puis, il y a eu un entracte pour permettre au muezzin de la mosquée d’en face d’appeler les croyants à la prière. On a repris avec un trio de Schubert pour piano, clarinette et soprano Der Hirt auf dem Felsen. Un régal de précision, de simplicité, bref la musique de chambre de Schubert.
Puis, nous avons eu un ovni musical par un jeune improvisateur jazzman autrichien. La veille, il avait parcouru les rues de la ville en enregistrant les sons, l’atmosphère si particulière de cette ville d’orient. Le matin, il a mixé le tout puis il nous l’a diffusé en accompagnant ces “sounds” d’une improvisation au piano. Je suis d’habitude assez méfiant envers ce genre d’expériences conceptualo-intello-fumeuses et là, j’ai été ébahi ! Les bruits utilisés (muezzin, chants arméniens, mélopées juives du Mur, cris des marchands de la rue, rires d’enfants, oiseaux) se mariaient avec sa musique, l’expérience donnait un résultat imagé et réellement évocateur de la ville.
Le concert s’est achevé par un trio pour violoncelle, clarinette et piano de Frühling (début 20°). Très agréable et original. Je me suis enfui rapidement pour ne pas être trop en retard au repas chez les Frères. Je me suis étonné moi-même d’avoir pu courir tout le long du chemin mais comme je fais pas mal de vélo dans la salle de gym des frères, j’ai du souffle…
Dimanche 24 juin, Nativité de saint Jean Baptiste, avec la fourgonnette de l’École Biblique, je suis allé à Abu Gosh pour l’ordination diaconale de Frère Olivier Hellouvry. Le nom suffit à vous dire d’où il est originaire mais il est en fait né à Toulon. C’est le frère hôtelier du monastère d’Abu Gosh. Avec quelques amis, nous l’avions rencontré en février lors de notre passage à Abu Gosh. Il accueille depuis des années des jeunes israéliens qui viennent rencontrer un moine chrétien dans le cadre du service culturel de l’armée, il parle hébreu et arabe et on le retrouve même cité dans le Guide du Routard. La célébration était présidée par Sa Béatitude Mgr Michel Sabbah, le patriarche latin de Jérusalem. L’assemblée était assez bigarrée : Israéliens, soldats en treillis, un groupe de motards venus en Harley-Davidson, Palestiniens, habits religieux variés et inattendus. La liturgie était comme à l’habitude parfaite mêlant le grégorien au polyphonique. Un régal. La première lecture était en hébreu, la seconde en arabe, le Notre Père en hébreu sur une mélodie russe... Le buffet qui a suivi était bien mais les boissons manquaient un peu.
De retour à Jérusalem, douche, sieste…
Puis à 18h00, concert à l’École Biblique, le thème était French Impressions. Les artistes de la veille changeaient de registre pour interpréter les compositeurs français du 20° siècle. D’abord une sonate pour piano et violoncelle de Debussy. Puis le solo de clarinette du Quatuor pour la fin du temps de Messiaen, ce n’est pas le genre de musique que je goûte habituellement, mais je dois reconnaître que le clarinettiste avait un sacré talent. Puis des poésies de Verlaine mises en musique par Debussy, avec toujours la délicate soprano française. Nous avons pu apprécier la qualité de sa diction dans un répertoire où souvent les ports de voix et les trémolos nuisent à l’intelligibilité du texte ; là, on comprenait chacun des mots de Verlaine. Après un entracte rafraîchissant, nous avons continué avec des poésies de Baudelaire adaptées pour le piano par Henry Duparc. Il y avait la fameuse Invitation au Voyage :
Mon enfant, ma sœur,Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble!
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble!
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Luxe, calme et volupté.
C’était magique. Sauf qu’au moment où elle chantait « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté » quelqu’un est entré dans la salle et a provoqué un bang disgracieux… Sauvages !!!
Le concert s’est achevé par la sonate pour piano et violon de Ravel. La jeune pianiste autrichienne et la violoniste néerlandaise ont été merveilleuses de précision, de technique, de virtuosité. Impressionnant. Le programme était assez austère avec ces musiciens français “peu évidents” mais les interprètes en ont fait quelque chose de magique.
Ensuite, Terence m’avait invité au dîner à l’école ainsi que Marie-Claire Rouquet (son père est médecin à la retraite et habite Montpellier) car il part aujourd’hui, lundi. Puis, Nathanaël nous a rejoints, ainsi que Luc Devillers et on a tchatché jusqu’à 22h30. Quelle fine tranche de rigolade !
À bientôt,
Étienne+
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