jeudi 28 juin 2007

Camp de réfugiés de Aida (Bethléem)

Cher tous,
Après un lundi et un mardi calmes, je suis retourné mercredi à Bethléem, non pas pour prier sur les lieux saints mais pour visiter un des trois camps de réfugiés qui entourent la ville. Nous (Agnès, Jaime, Brian, Javier et Pedro) avons donc fait le trajet habituel : Sherout 124, check point, un petit quart d’heure de marche à la relative fraîcheur du matin autour du mur qui serpente autour du tombeau de Rachel et nous sommes arrivés devant l’ Intercontinental Hotel. Là, Lorianne nous attendait, elle est étudiante à Bordeaux et fait un stage de quatre mois dans ce camp pour enregistrer et archiver les témoignages des réfugiés.
Le camp a été installé en 1950, après la Nakba, la “Catastrophe” (c’est ainsi que les Palestiniens appellent la première guerre israélo-arabe) pour recueillir les habitants des villages arabes se trouvant dans le territoire pris par Israël, en plus de ce que le plan de partition prévoyait. Il y eut une seconde vague de réfugiés en 1967 après la “guerre de 6 jours”. Depuis 2002, de nouveaux réfugiés arrivent : ceux qui se trouvent sur le tracé du Mur de Séparation ou pris entre la Ligne Verte (cessez-le-feu de 1948 reconnu comme frontière entre Israël et la Palestine) et le Mur.
Actuellement, 5000 personnes vivent dans ce camp. Il y en a 18 autres en Cisjordanie, totalisant près de 200 000 réfugiés. À la télévision, lorsque l’on parle de réfugiés, on voit les images de l’Afrique avec des gens sous des tentes de l’ONU, dans un coin désertique. Ici, en près de 60 ans, on a pris le temps de s’organiser. Toute la zone est construite, goudronnée, avec électricité et eau courante, la mosquée rutile. La vie a continué son chemin : on a grandi, on s’est marié, on a eu des enfants. Beaucoup des gamins que nous avons vus dans les rues appartiennent à la deuxième génération née dans le camp. Le plus impressionnant est de réaliser leur désir de retourner dans leur village. Le long du mur de clôture de l’Intercontinental, il y a deux ans, les gens ont peint une immense fresque représentant la trentaine de village d’où les réfugiés sont originaires. Certains sont à seulement 15 km du camp mais de l’autre côté de la frontière…
Lorianne nous a montré les anciens locaux du centre culturel où elle travaille. Une baraque minuscule. Maintenant, ils ont installé là une chambre noire pour les activités du club photo animé par Anne. On a rencontré John, un juif américain vivant en France ; il venait de passer une dizaine de jours dans le camp pour mettre son savoir-faire de photographe amateur au service du centre. Comme juif, il nous a parlé avec émotion de ce qu’il a vécu ici. Son témoignage était vraiment bouleversant. Il a fait la même remarque que moi concernant le poster Peace be with you au check point.
Ensuite, Anne nous a montré les nouveaux locaux du centre. Des enfants partout jouant, surfant sur le Net… À l’étage un cours d’anglais (le centre sert aussi pour le soutien scolaire, pour permettre à tous les enfants d’être scolarisés malgré la trop faible capacité des deux écoles du camp), un bibliothèque, une ludothèque. Le tout est financé par des associations européennes et américaines ainsi que par l’Islamic Relief (Secours Islamique : oui, je sais ça sonne drôle pour nos oreilles catho mais franchement ils n’ont pas l’air de fous furieux).
Nous sommes retournés à l’entrée du camp en parcourant les rues, des enfants dans la rue, des femmes vêtues de robes noirs brodées… Prendre des photos n’est pas facile, surtout que les femmes n’aiment pas que des hommes le fassent, Agnès a eu moins de problèmes…
Regardez en cliquant sur le lien, ce petit film trouvé sur Youtube, vous verrez à quoi ressemble le check point.
À bientôt,
Étienne+

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